Antoine DUBOIS, Curé de
Saint-Nectaire
La période révolutionnaire :
1790-1800
Le 27 novembre
1790, le décret Voidel exige que les prêtres jurent fidélité à la nouvelle
constitution. Antoine n'est pas hostile aux réformes, il convient que beaucoup
d'injustices sont à corriger, mais il veut rester fidèle à sa foi. Il décide de
ne pas prêter serment.
Le 18 novembre
1791, les prêtres réfractaires (non-jureurs), sont mis hors la loi. Antoine
doit quitter Cournon. Il se retire à Farges chez son père où il pense être en
sécurité.
Le 28 avril 1793,
paraît le décret sur le bannissement et la déportation des prêtres réfractaires.
Le danger se précise, il durera environ deux ans, jusqu'au décret du 21
décembre 1795 qui instaure la séparation de l'Église et de l'État et tolère les
prêtres non-jureurs en civil.
Le décret du 27
avril 1797 annule les lois frappant les gens d'église. Est-ce la fin de la
clandestinité pour Antoine ? Pas encore, car le 5 septembre 1797, toutes
les mesures d'apaisement sont révoquées.
Il faudra attendre
le 1er mars 1801 pour que le concordat signé entre Bonaparte et le
pape Pie VII, règle les relations entre l'Église et l'État. Antoine sera alors
nommé à la cure de Fohet.
Durant cette
période, Donat aîné adhère aux idées de la révolution, il devient maire de la
commune (j'ai trouvé trace de sa signature sur les registres de la commune à
partir de décembre 1792). Il exécute les décrets de la Convention des 4
novembre 1793 et 1er mars 1794. Il fait raser le clocher de
l'église, il envoie les cloches à Clermont pour en faire des canons, il remet
au district de Besse le buste de saint Nectaire qui est en argent massif, il
brûle des ornements sacerdotaux. Il prend soin cependant de mettre en sûreté à
Farges une partie des reliques qui n'ont pas été réclamées par le district de
Besse.
Donat va-t-il faire
arrêter son frère Antoine qui habite pratiquement sous le même toit, qui
continue à célébrer la messe dans la maison paternelle, qui baptise les
enfants, célèbre les mariages religieux, assiste les mourants…, ou au contraire
va-t-il profiter de sa position de maire pour lui permettre d'échapper à la
justice.
Les opinions
divergent sur son attitude. Personnellement, je m'en tiens à la relation de ces
événements, faite par ma tante Marie la sœur de mon père, qu'elle tenait
elle-même de son grand-père Jacques, né en 1810, fils d'Antoine jeune, qui
avait bien connu ses oncles, et connaissait de première main les événements qui
s'étaient déroulés dans la commune durant cette période mouvementée de la
révolution.
Lorsque la
maréchaussée entreprenait des recherches, Donat maire de la commune en était
informé et il participait aux battues. Il prévenait son frère pour qu'il se
cache d'un côté et il orientait les recherches dans une autre direction. Si un
jour, Antoine a failli être pris, c'est sans doute à la suite d'un malentendu
ou d'un changement de dernière minute dans l'orientation des recherches,
indépendant de la volonté de Donat. Le danger devenant trop grand à Farges,
Antoine dut par la suite trouver refuge en d'autres lieux, jusque dans les
monts du Cantal.
Un autre élément me
paraît corroborer cette thèse : le testament d'Antoine, très favorable à
Donat aîné à qui il lègue douze cent francs venant de la succession de sa
propre mère, ainsi que les meubles de Donat qu'il avait achetés lors de la
vente de ceux-ci en justice, sans doute suite à des ennuis qu'il avait eu du
fait de son passé révolutionnaire. (Paul
Dubois)
Le village de Farges, blotti au creux d'un vallon |
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