Le garde-champêtre est un personnage qui a marqué jusqu’à
peu la vie des communes rurales. Dans le bourg, il officiait aux carrefours et
sur les places : un roulement de tambour et son « Avis à la
population » faisaient sortir les ménagères aux fenêtres et accourir les
enfants. Dans la campagne, sa silhouette faisait fuir les braconniers, les
grappilleurs de récoltes et autres contrevenants aux règlements de police
rurale. On le craint ou on en rit. Il ne laisse personne indifférent.
On trouve la trace
des premiers gardes-champêtres bien avant l'an 900 dans l'ancien droit établi par les
chartes-lois et les coutumes des seigneuries et des provinces de France
(Auvergne, Dauphiné, Normandie, et autres régions du Midi de la France). On
l’appelait alors le « messier », le gardien des moissons. Dans les
pays viticoles, il surveillait également les vignes, à l’Automne.
C'est sous le règne
du roi Louis XIV, que ces gardes ont, en plus de la surveillance des
récoltes, à surveiller "le droit exclusif de chasser", en vertu de
l'ordonnance royale de 1669. Ces gardes sont gérés par une administration
spéciale appelée Capitainerie, dans
les seigneuries les plus importantes.
Appelés
"Baugards", "Gardes-champs", "Gardes-messiers",
"Sergents de Verdure" ou "Gardes-champêtres", ces agents
chargés de surveiller les territoires de chasse des seigneurs ainsi que les
récoltes, sont poussés par leur maître, à exercer une police impitoyable envers
les braconniers et les glaneurs. Leur comportement à l'égard des contrevenants
leur vaut une totale impopularité de la part du monde paysan qui, à l'aube des
États Généraux de 1789, prie d'être délivré des Gardes-chasse et des
Capitaineries.
Le système féodal disparaît avec les décrets d’août 1789 qui abolissent le droit exclusif de chasse
ainsi que la justice seigneuriale. Le monde paysan est satisfait et découvre
une grande liberté sans garderie, qui va se traduire rapidement par des abus et
un grand désordre qui durera encore longtemps, malgré la loi du 30 avril 1790
qui réintroduit une surveillance des campagnes par des gardes communaux.
Les communes
reçoivent alors la lourde charge de recruter des gardes-champêtres. Cependant,
ceux-ci sont sans pouvoirs réels, puisque l'article 8 de la loi d'avril 1790
précise que l'on peut poursuivre les délits constatés par les gardes que si le
propriétaire porte plainte.
La mission des
gardes est donc impossible voire dangereuse. Le désordre persiste dans les
campagnes et les conseils généraux des communes font part de leurs vives
inquiétudes aux autorités départementales.
C'est par les lois
du 23 septembre et du 6 octobre 1791, qui définissent la police rurale dans le
cadre de l'élaboration du code rural, qu'est véritablement instauré le corps
des gardes-champêtres. Mais c'est la loi du 20 Messidor an iii (8 juillet 1795) prise par
l'assemblée thermidorienne qui définit le statut du garde champêtre, le rendant
entre autre obligatoire dans toutes les communes rurales et établit des
critères de recrutement précis.
Les gardes-champêtres
doivent avoir au moins 25 ans, savoir lire et écrire, avoir une bonne condition
physique, faire partie des vétérans nationaux ou des anciens militaires
pensionnés ou munis de congés pour blessures. Ils sont choisis par les maires
qui soumettent leur choix au conseil municipal et en donne avis au sous-préfet
de leur arrondissement.
Le garde-champêtre
doit prêter serment devant le Juge de paix du canton « de veiller à la conservation de toutes
propriétés qui sont sous la loi publique et de celles dont la garde leur est
confiée ».
Il devient un agent
de la force publique par son inscription au registre de la Gendarmerie qui peut
le requérir et avec qui il partage une mission de police commune : la
surveillance des campagnes.
Le rôle du garde-champêtre va encore évoluer au cours du XIXème
siècle. Il disparaîtra progressivement avec l’apparition de la police
municipale dès la fin du XXème siècle.
Le garde-champêtre et deux gendarmes en 1858 |
Les
gardes-champêtres aubiérois
Les gâtiers (1) du
Moyen-âge, s’il y en eut, ont depuis longtemps déserté les pâtures aubiéroises,
lorsque la Révolution survient en 1789. Seuls les gardes du seigneur faisaient
régner l’ordre mais uniquement sur les possessions de ce dernier. La fin du 18ème
siècle voit donc se créer un certain désordre dont profitent les braconniers,
les voleurs et les troupeaux errants.
Si les braconniers n’émeuvent personne, les moutons, vaches
et autres chèvres causent des dégâts dans les cultures qui irritent les
cultivateurs. Les voleurs, qui « entament » les récoltes en toute
impunité, agacent la population qui s’en plaint à ses édiles.
Dès 1793, le conseil général d’Aubière avait pris la
décision de désigner chaque jour, par le biais de la garde nationale, deux
gardes montés parmi les hommes les plus aisés de la commune. Apparemment, cette
mesure n’a pas été d’une grande efficacité.
Claude Brugière
Les archives communales d’Aubière font mention pour la
première fois d’un garde-champêtre en 1801, lors de la réunion du Conseil
général de la commune. (2)
Sensible aux plaintes de la population, le maire Guillaume
Girard réunit le Conseil général le 28 pluviôse de l’an 9 (17 février 1801), et
propose de nommer garde-champêtre le citoyen Claude Brugière (3), cavalier
réformé de la 2ème compagnie du 4ème Régiment, porteur
d’un congé. Il est originaire d’Aubière et y réside. « Le Conseil général, considérant qu’il est
urgent de prévenir les abus qui se commettent journellement dans le territoire
de la commune et d’en arrêter les suites, que le citoyen Brugière lui
paraissait jouir des qualités requises pour remplir cette tâche par sa moralité
et son impartialité bien reconnues, a nommé le dit Brugière garde de cette
commune, au traitement de trois cent trente francs par année dont trente francs
pour lui tenir lieu de logement jusqu’à ce qu’il lui en ait été fourni un dans
la Maison commune. De suite avons fait appeler le dit Brugière auquel il a été
fait part de la dite nomination, qu’il a acceptée à charge pour lui de faire le
serment au cas requis pardevant le Juge de paix du canton d’Aubière et de se
conformer aux statuts et règlement relatifs à sa place. »
Le garde Brugière ne fait guère parler de lui jusqu’à cet
arrêté préfectoral au terrible énoncé : « Le nommé Claude Brugière, ancien militaire et garde-champêtre de la
commune d’Aubière, tombé dans la démence, sera admis dans un des hospices de la
Ville de Clermont. » (4)
Le 31 mai 1915, le sous-préfet de Clermont écrit au maire
d’Aubière : « Je suis informé,
Monsieur le Maire, que le garde-champêtre de votre commune, se trouve dans une
position si fâcheuse, que ce malheureux a entièrement l’esprit alliéné [sic] et est privé par conséquent de l’usage de
la raison qui ne lui permet plus d’exercer la fonction de garde-champêtre.
Cet infortuné, ancien
militaire, paraît dénué de toute espèce de secours. J’ai sollicité en sa faveur
auprès de Mr le Préfet, une autorisation pour le faire placer à l’hôpital. Mais
en attendant la décision de ce magistrat, je vous engage au nom de l’humanité,
à lui faire distribuer tous les secours qui lui sont de première nécessité et
que les facultés locales permettront de disposer.
Je saisis cette
occasion pour vous proposer en remplacement, Barthélemy Pourrat, ancien militaire,
âgé de 51 ans, dont la moralité, la probité et le zèle me sont garantis
(…). »
Barthélemy Pourrat effectuera ce remplacement, mais on
ignore pour quelle durée.
Gabriel Courtial
Est-ce lui qui, finalement, sera nommé garde-champêtre à la
place de Claude Brugière ? Les archives communales restent muettes quant à
sa nomination.
Gabriel Courtial est né le 9 juin 1792 à Aydat (63). Fils de
Antoine et de Jeanne Morel, il se mariera avec Anne Blanchot, originaire de
Pérignat-lès-Sarliève, le 6 juillet 1824 à Aubière. Il démissionne au début du
mois de mai 1816, et deviendra domestique au château de Pérignat.
L’étendue de la commune d’Aubière, à laquelle s’est ajouté
le territoire de Pérignat-lès-Sarliève, inquiète le maire d’Aubière qui voit de
plus en plus difficilement son garde-champêtre exercer une surveillance
efficace sur une telle superficie. D’autant que les propriétaires aubiérois sur
la commune de Romagnat demandent que leurs biens soient aussi surveillés. Si
Claude Brugière, ancien cavalier dans l’armée, circulait peut-être à cheval, ce
n’était sans doute pas le cas de Gabriel Courtial. Ce qui pourrait avoir motivé
sa démission…
Le garde d’Aubière ne peut verbaliser sur le territoire de
Romagnat, sauf accord avec le maire de cette commune qui a aussi un
garde-champêtre. Cet accord ne sera sans doute pas possible.
Pour le maire d’Aubière, Pérignat étant sur la grande route
d’Issoire, il est indispensable que ce village ait un garde-champêtre à
demeure. Vaste réflexion qui va occuper les soirées du maire Voyret durant
quelques mois… (5)
Pierre Blanc
Il est né le 2 juin 1783 à Aubière, fils de Giraud et
Antoinette Chasal. Pierre Blanc se marie à Aubière le 31 décembre 1814 avec
Catherine Taillandier.
Il est donc le successeur de Gabriel Courtial.
En 1817, le besoin d’un second garde-champêtre à Aubière se
fait pressant. Le 7 décembre, le conseil municipal adopte à l’unanimité la
nomination de Guillaume Rouvet, demeurant à Pérignat, comme second garde. Son
salaire est aligné sur celui du premier garde, Pierre Blanc : 250 francs.
Le Préfet considère que la nomination d’un second garde à
Aubière reste facultative ; que c’est un avantage pour les propriétaires
et qu’en conséquence c’est à eux à en payer la dépense ; que si la commune
d’Aubière a des ressources suffisantes, elle doit d’abord les allouer pour des
améliorations ou en faire bénéficier le plus grand nombre en donnant du travail
sur les chemins vicinaux aux plus démunis. En somme, il décide que, si le
conseil municipal persiste à nommer un second garde, il devra être payé par une
surimposition.
Le conseil municipal persiste en effet, le 19 décembre 1817.
Il est d’avis que les salaires des 2 gardes soient couverts par les centimes
additionnels et, si nécessaire, par une surimposition.
Un mois plus tard, le Préfet ajourne « toute décision relative au traitement du
deuxième garde » jusqu’à ce que le budget de 1818 soit réglé.
Toutefois, il propose que, pour cet exercice, le salaire du second garde
« soit payé, par exception
temporaire, sur les revenus communaux s’ils sont suffisants pour les dépenses
ordinaires et pour une réserve applicable à des dépenses imprévues ».
Bref, désormais, Aubière a deux gardes. Mais nous n’avons
aucune information sur l’identité de Guillaume Rouvet, qui démissionne en juillet
1818. Le 12 juillet, son remplaçant est nommé. Il s’agit de Claude Pouzol,
militaire invalide de Clermont.
Quant à Pierre Blanc, lui, il ne manque pas de se faire
remarquer.
Parmi les charges du garde-champêtre il y a la poursuite et
l’arrestation des déserteurs, nombreux à cette époque. En cette fin d’hiver
1820, six insoumis aubiérois se cachent aux alentours du domicile de leurs
familles. Bien sûr, Pierre Blanc les connaît et a déjà repéré leurs
planques ; mieux, il sait quels jours et à quelles heures les gendarmes
font leur patrouille dans les parages. Plutôt que de les dénoncer, il les
protège et monnaye ses renseignements auprès des déserteurs. Pis, il se montre
en leur compagnie !
Les gendarmes ne sont pas dupes et convoquent le garde en
mars. Pierre Blanc avoue les avoir rencontrés, notamment le sieur Planche que
les gendarmes poursuivent depuis… 4 ans. Il promet de les faire arrêter sous
huitaine. Foi de garde-champêtre !
En vain. Malgré les avertissements reçus du maire Voyret et
des gendarmes, Pierre Blanc se tait et les déserteurs restent introuvables.
Le 17 avril 1820, le Préfet charge le maire d’Aubière d’user
de son influence pour contraindre le garde Blanc à une meilleure coopération
avec les gendarmes. S’il n’obtempère pas, il pourrait perdre son emploi. Pierre
Blanc reste sourd.
Le 14 mai, la sanction tombe : « Le préfet, considérant qu’il est de fait
constaté que le nommé Blanc, garde-champêtre de la commune d’Aubière, loin de
s’employer aux moyens de faire arrêter les déserteurs, contrarie indirectement
l’action de la gendarmerie contre eux et ne s’occupe pas, d’ailleurs, des
autres devoirs de sa place à la satisfaction de l’autorité locale, arrête ce
qui suit, le sieur Blanc, l’un des gardes-champêtres d’Aubière, est révoqué de
son emploi. »
Barthélemy Pourrat
Barthélemy Pourrat est nommé garde-champêtre d’Aubière par
délibération du Conseil municipal d’Aubière du 21 février 1819 (6). Il sera
finalement nommé le 16 mai 1819. Après son intérim de 1815, il reprend du
service, en remplaçant Claude Pouzol. Nous n’avons pas plus de renseignements
sur son identité, sinon que c’est un « militaire
estropié, natif de Tiolière, commune d’Ambert ». A peine sa nomination
approuvée par le Préfet, il démissionne !
Jean Rémy Esconard
Il sera remplacé, le 20 juin 1819, par Jean Rémy Esconard,
ancien militaire, natif de Metz en Moselle.
La fonction de garde-champêtre peut parfois comporter des
risques. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1820, le garde-champêtre d’Aubière
(Jean Esconard ?) est agressé par un nommé Bayle. Celui-ci est remplaçant
militaire et doit partir avec son régiment, le 25 juillet prochain. La
préfecture avertit le maire d’Aubière qu’elle a demandé à l’intendant militaire
du délinquant « de le diriger sur
son régiment avant que la vindicte publique soit satisfaite. »
Jean Pagesse
Pour remplacer Pierre Blanc, révoqué, le conseil municipal
nomme son remplaçant le 4 juin 1820. Il s’agit de Jean Pagesse, « militaire invalide, ayant subi l’amputation
du bras gauche pendant qu’il était aux armées ».
Jean Pagesse est né à Aubière le 20 mai 1790. Il est le fils
de Michel et de Marie Pinsson. Il s’est marié le 21 janvier 1818 à Aubière avec
Marguerite Thévenon, fille de François et Marie Mazen.
Les jeunes gens d’Aubière et de Beaumont n’en finissent pas
de se défier sur le pré Rougier. Le dimanche 7 septembre 1823, une énième rixe
éclate entre eux. Jean Pagesse, garde-champêtre, intervient et réussit à
séparer les belligérants avec l’aide des gendarmes. Le maire et Pierre Pagesse
recevront les félicitations du Préfet par un courrier daté du 13
septembre : « Je ne puis que
vous exprimer la satisfaction que j’ai éprouvée en raison du zèle qui vous a
dirigé dans cette circonstance et pour la belle conduite de votre
garde-champêtre. »
On apprendra, par un courrier du Préfet du 14 mars 1835, que
Jean Pagesse est décédé.
Jacques Boudant
26 mars 1822, où l’on apprend par une lettre adressée au
maire d’Aubière par le Préfet que Jacques Claude Boudant est agréé
garde-champêtre, en remplacement du sieur Esconard, démissionnaire.
On apprend que Jacques Boudant décède le 1er
février 1823. Le conseil municipal d’Aubière devra se réunir en mars pour
nommer son remplaçant.
Annet Massis
Il est agréé par la préfecture le 26 mars 1823 en
remplacement de Jacques Boudant. Annet Massis est originaire de Clermont. Il
résidera à Pérignat.
En 1829, des plaintes sont émises contre le garde-champêtre.
Le 10 octobre 1829, le Préfet s’adresse au maire pour « autoriser le conseil municipal à se réunir
pour qu’il soit entretenu des plaintes auxquelles à donné lieu le
garde-champêtre de votre commune. Si le conseil municipal croit devoir demander
la révocation du garde, il peut, dans la même délibération, agréer, s’il y a
lieu, le nouveau garde que vous lui aurez proposé. »
Ces plaintes semblent à l’encontre d’Annet Massis, puisque
le Préfet le révoque par arrêté, le 26 mai 1830.
Le paiement des salaires des gardes-champêtres est toujours
un casse-tête pour le maire d’Aubière. La seule solution demeure le recours à
l’impôt. Le 5 novembre 1829, le Préfet autorise la commune d’Aubière à
s’imposer de 329,58 francs, somme qui sera comprise dans le rôle des
contributions directes de 1830.
Le registre des délibérations du conseil municipal de 1823 à
1837 ayant disparu, il nous manque certaines informations concernant la
nomination du remplaçant d’Annet Massis. Il semble, comme nous le verrons plus
tard, qu’un certain sieur Bloquet ait été nommé à sa place, comme
garde-champêtre à Pérignat.
François Villevaud
Jean Pagesse décédé, c’est François Villevaud qui le
remplace, à partir du 1er avril 1835. Il est né à Aubière ; il
est le fils de François et d’Antoinette Fournial. Il épouse Antoinette
Joséphine dont il a une fille, Marie, née le 28 décembre 1824 à Aubière.
Joseph Taillandier
Le sieur Bloquet ayant démissionné, c’est Joseph Taillandier
qui est nommé pour le remplacer, le 24 novembre 1835.
Joseph Taillandier est né le 4 décembre 1794 à Aubière,
d’Antoine et Anne Guillot. Il s’est marié à Aubière, le 18 août 1825 avec Agathe
Deschamps, née le 26 octobre 1803 à Ajaccio.
La 4 mai 1838, le conseil municipal augmente le salaire des
gardes-champêtres : il passe de 250 francs à 300 francs pour chacun d’eux.
La Révolution de février 1848 va être fatale aux deux
derniers gardes-champêtres nommés : François Villevaud et Joseph
Taillandier. Je ne connais pas les détails, mais c’est immédiatement après les
évènements de février 1848 qu’ils sont révoqués.
On en apprend un peu plus en lisant la délibération du
conseil municipal du 3 octobre 1848 : « Aujourd’hui, 3 octobre 1848 sur les midi, le conseil municipal de la
commune d’Aubière s’est occupé à examiner le motif de révocation des sieurs
Joseph Taillandier et François Villevaud, tous deux gardes-champêtres de la
commune d’Aubière, ayant cessé d’être en fonction depuis environ six
mois ; il a été pourvu momentanément depuis cette époque à leur
remplacement. Les membres de la Commission administrative, instituée après la
révolution de février, avaient révoqué les deux gardes alors en fonction sur
les plaintes portées contre eux, et ont été remplacés par les nommés Guillaume
Noellet et Michel Breuly, anciens militaires, qui demandent que cette
nomination soit confirmée. » (7)
Ce qui a été aussitôt fait.
Guillaume Noellet
N’ayant aucune précision quant à son identité, il m’est
impossible de déterminer de qui il s’agit parmi les homonymes contemporains. Ce
Guillaume Noellet est donc nommé le 3 octobre 1848.
Michel Breuly
Même constat pour Michel Breuly : pas assez
d’informations pour faire un choix parmi les homonymes. Il est nommé le 3
octobre 1848 et décède en 1851.
Pour le remplacer, le conseil municipal se réunit le 9 août
1851. Parmi plusieurs candidats, le maire choisit Michel Villevaud, ancien
soldat et natif d’Aubière. Il le propose à l’agrément du conseil. Celui-ci
désavoue le maire et demande que soit nommé Amable Valleix, lui aussi ancien
soldat.
Le 29 septembre, le Préfet écrit au maire d’Aubière :
« Je vous prie de faire connaître au
conseil qu’il ne lui appartient point de faire de présentation ni de prendre
aucune initiative de nature à gêner le droit de nomination exclusivement
réservé au maire ou constituant un empiètement sur ses attributions. Telle
paraît être l’intention du conseil municipal puisque en désapprouvant le choix
du maire, sans motiver son avis, il veut faire donner la préférence au candidat
qu’il présente (…). Je ne saurais donc par ces motifs donner suite à cette
délibération, et du reste je n’accepterais même, quand il serait présenté par
vous, le sieur Valleix, sur lequel j’ai les renseignements les plus
défavorables. »
Le 15 décembre 1851, le conseil municipal se réunit pour
nommer deux gardes-champêtres pour remplacer les nommés Michel Breuly, décédé,
et Guillaume Noellet, révoqué par le Préfet.
Dans l’urgence, le maire propose Joseph Taillandier et
François Villevaud, tous deux anciens gardes. Le conseil valide ces choix.
Après leur mise à pied d’un mois en 1853, les deux compères
gardes-champêtres reprennent leur office.
à suivre…
Sources et bibliographie :
Fédération Nationale des Gardes Champêtres, Archives communales d’Aubière,
Archives privées, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaire
du monde rural, Dictionnaire des métiers.
Notes :
(1) – Gâtier ou gastier : gardien de bestiaux
sur les pâtures, également chargé de surveiller les troupeaux errants et de les
saisir au cas où ceux-ci brouteraient l’herbe d’autrui. On peut les considérer
comme des gardes-champêtres.
(2) – Le 3 juillet 1796, les élus municipaux
d’Aubière avaient proposé de nommer un « garde messier » en la
personne de Jean Salmon, invalide de Clermont. Il aurait pour charge de
surveiller les champs semés et les vergers. Pas de trace de l’homologation de
cette délibération, datée du 15 messidor an 4.
(3) – Claude Brugière est né à Aubière le 26
juillet 1760 ; il est le fils de François et de Françoise
Dégironde-d’août. On le sait marié à Françoise Millet, originaire de Stenay
(Meuse), décédée à Aubière le 4 août 1818. Elle est fille de Henry et de Marguerite
Arbillon. Sans descendance connue.
(4) – Arrêté de la Préfecture du Puy-de-Dôme du 29
mai 1815 (Archives Communales d’Aubière, comme tous les documents cités dans
cet article : registres des délibérations ou séries I et K).
(5) – Qu’en est-il de la garde communale créée le
6 octobre 1816 ? Elle était composée de 6 hommes qui devaient patrouiller,
sous la responsabilité des gardes-champêtres (y en avait-il déjà deux ?),
successivement par deux sur tout le territoire de la commune.
(6) – Décision renvoyée par le Préfet.
(7) – Cependant, les archives communales
produisent un courrier du Préfet au maire d’Aubière, daté du 2 novembre 1853,
qui dit : « J’ai l’honneur de vous adresser ampliation de mon arrêté
de ce jour, par lequel j’ai suspendu de leur fonction pendant un mois, avec
privation de traitement, les sieurs Tailhandier et Villevaud, gardes-champêtres
de la commune d’Aubière ». Mais la suite nous donnera les explications…
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre
Bourcheix)
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