L’inventaire des archives
historiques de la commune d’Aubière, que le Cercle généalogique et historique
d’Aubière a réalisé ces trois dernières années, nous a permis de retrouver les
transactions entre les seigneurs successifs et la population d’Aubière jusqu’en
1789.
L’exposition, qui s’est déroulée du 10 au 18 décembre 2011, a, pour la première fois, donné l’occasion à tous les visiteurs de voir les originaux des plus anciennes transactions.
L’exposition, qui s’est déroulée du 10 au 18 décembre 2011, a, pour la première fois, donné l’occasion à tous les visiteurs de voir les originaux des plus anciennes transactions.
Dans cette série, nous vous
proposons les transcriptions de ces transactions, réalisées en 1928 par MM. Pierre-François
Fournier et Antoine Vergnette, suivies de leurs commentaires, publiés dans la
« Revue d’Auvergne » (Tome 42, 1928).
Vous lirez avec
attention les notes de cet avis liminaire, notamment ce qui concerne les
remarques sur l’édition, qui vous serviront tout au long de la publication des
dix-sept transactions.
Nous agrémenterons
le tout de plans, illustrations et de nos propres commentaires, le cas échéant.
(Le C.G.H.Aubière)
Les droits seigneuriaux à Aubière
Recueil de documents concernant les
contestations dont ils furent l'objet
(1422-1789)
Avis liminaire
La commune
d'Aubière conserve dans ses archives un certain nombre de documents relatifs
aux contestations répétées des habitants du bourg avec leurs seigneurs au sujet
de droits prétendus par ces derniers en qualité de seigneurs du lieu.
La multiplicité de
ces contestations n'est pas un trait propre à l'histoire d'Aubière. C'est un fait
bien connu que l'exercice des droits seigneuriaux se prêtait merveilleusement à
fournir des occasions de procès, en raison, notamment, de l'obscurité des
coutumes, de la difficulté d'interpréter des titres déjà anciens et parfois
contradictoires, des modifications apportées par l'usage, de l'incertitude des
mesures, des réclamations d'arrérages (1). Si cependant les documents d'Aubière
ne sont pas seulement intéressants du point de vue de l'histoire du bourg
lui-même s'ils le sont encore, en quelque mesure, du point de vue, plus
général, de l'histoire du droit, ils le doivent à l'ensemble qu'ils constituent
et qui fait ressortir l'évolution des débats, en même temps que la continuité
avec laquelle certains objets ont été contestés à travers quatre siècles. Un
choix de ces documents (complété par quelques documents des Archives
départementales du Puy-de-Dôme) a paru mériter d'être publié, quelque éloignés
qu'ils soient de procurer la connaissance complète des démêlés qu'ils
concernent et encore bien moins de tous les démêlés dont les droits
seigneuriaux ont été l'occasion entre les habitants d'Aubière et les seigneurs
du lieu. (2)
Ce recueil comprend
l'édition, intégrale ou sous forme d'extraits (3), de 17 documents ayant trait
aux contestations dont les redevances en argent ou en nature, les corvées, les
monopoles, les privilèges et droits de prééminence réclamés par le seigneur ont
fourni l'objet ; ce qui a trait à l'exercice du droit de justice a été
laissé de côté délibérément (4). Les documents non édités ont servi pour
l'annotation.
Chronologiquement
les documents publiés sont répartis en deux groupes. Le plus ancien, du XVe
siècle, comprend trois transactions qui mirent fin à trois procès en 1422, 1454
et 1496 (I-III). Le groupe le plus récent comprend des documents du dernier
quart du XVIIe siècle et du XVIIIe. C'est en premier lieu
une procédure de 1686-1690 (IV-IX). Puis viennent des pièces relatives aux
démêlés des habitants du bourg avec les André, acquéreurs de la seigneurie
d'Aubière en 1718 (5) : en 1719-1720 (X-XI), vers 1724 (XII), en 1788-1789
(XIII-XVII). Après cette dernière date ces contestations s'éteignirent du fait
de l'abolition des droits considérés comme féodaux. (6)
Pierre-François
FOURNIER et Antoine VERGNETTE
Notes de l'avis liminaire sur les droits
seigneuriaux à Aubière :
(2)
- Certains démêlés ne sont plus connus que par de brèves mentions. Dès 1298 un
contrat entre les habitants et le seigneur parait bien, à s'en rapporter à la
manière dont il est mentionné dans un acte plus récent (IX, 3), avoir mis fin à
un débat sur des droits seigneuriaux. D'autres documents font mention d'une
sentence du sénéchal d'Auvergne, entre 1422 et 1454, semble-t-il (II, 12),
d'une autre du bailli de Montferrand du 4 (VIII, 3) ou du 14 (IX, 3) janvier
1465, n. s. d'un arrêt du parlement antérieur au 21 avril 1496 (III, 12), d'une
sentence rendue au profit de la dame d'Aubière par la sénéchaussée de Clermont
dans "un procès considérable avec
les habitants d'Aubière, pour des droits seigneuriaux", entre 1758 et
1767 (lettre de Dufraisse de Vernines recommandant sa tante Mme d'Aubière à
l'intendant et le priant de suspendre l'homologation d'un délibératoire des
habitants relatif à l'appel qu'on pense qu'ils voudront former contre la
sentence de la sénéchaussée ; "cette
affaire" explique-t-il "ne
peut en aucune façon être regardée comme une affaire de communauté, parce que
Mme d'Aubière n'agit qu'en vertue de titres et recognoissances particulières à
chaque portion de terre sur laquelle elle demande le droit contesté que le
corps commun des habitans n'a jamais passé aucune recognoissance et, en un mot,
il n'est question en aucune façon de droit universel ni de titre général" ;
orig., A. D., 1 C. 7697, n° 4, daté seulement : "Clermont, 1er
juillet" ; la date approximative est indiquée par une annotation de
la main de Ballainvilliers).
(3)
- Remarques sur l'édition :
- Restitution de lettres ou mots détruits par mauvaise état de la matière
subjective : entre crochets carrés [ ] ; en cas de non
restitution : emplacement marqué par 3 divisions entre crochets carrés [-
- -]. - Abréviations résolues purement et simplement en principe ; en cas
de doute (si minime qu'en soit l'objet) sur la résolution précise de
l'abréviation d'un mot qui ne se trouve pas en toutes lettres dans un autre
passage du même texte, au cas aussi d'utilité à préciser le mode de
l'abréviation : lettres omises pour abréger rétablies entre parenthèses (
). - Variantes simplement graphiques : non admises dans l'appareil
critique. - Témoins conservés et, parmi les témoins perdus, ceux que la
tradition mentionne expressément seuls énumérés ; mentions et
analyses : celles des inventaires et celles qui sont utiles pour
l'établissement du texte ou la bibliographie seules énumérées. - Passages
coupés par les éditeurs (redites, verbiage) : emplacement marqué par 3
divisions simplement - - - . - Indications ajoutées dans le corps d'un texte
par les éditeurs, résumés des longueurs coupées : en italique et entre
parenthèses. Numéros des paragraphes (ajoutés par les éditeurs) : entre
crochets carrés. Appels des notes : entre parenthèses.
- - Abréviations
pour les références. - A C. : Archives communales d'Aubière ;
Dél. : registre des délibérations, 1788-1822 (2 paginations).
- A. D. :
Archives départementales du Puy-de-Dôme. - Boudet, Coll. inéd. :
Marcellin Boudet, Collection inédite de chartes de franchises de Basse
Auvergne, dans les Mémoires de l'Académie des sc., b.-l. et arts de
Clermont-Ferrand, 2e série, t. 24, 1914. - Chabrol, Cout. :
Coutumes générales et locales de la province d'Auvergne - - - éd. Chabrol,
Riom, 1784-1786, 4 vol. - Chauny, Aubière : Abbé P. Chauny, Aubière,
notes historiques, dans le Bulletin paroissial d'Aubière, n°s de mars 1909
et suivants. - Mège, Charges : Francisque Mège, Charges et
contributions des habitants de l'Auvergne à la fin de l'ancien régime la dîme
et les droits seigneuriaux, Clermont-Ferrand 1898 (extr. de la Revue
d'Auvergne, 1897, t. XIV, p. 400-442, 1898, t. XV, p. 130-239). - Rivière, Instit. :
H.-F. Rivière, Hist. des institutions de l'Auvergne, Paris, 1874, 2 vol.
- Rouchon, inv. d'Aub. : Gilbert Rouchon, inventaire des arch. comm.
d'Aubière ant. à 1790, ms. : A. D., collections des inventaires d'arch.
comm., dossier d'Aubière ; autre copie aux arch. comm. d'Aubière. -
Rouchon, Inv. somm. C. : G. Rouchon, Invent. somm. des
arch. dép. ant. à 1790, Puy-de-Dôme, série C, Clermont-Ferrand, 1893-1916,
6 vol.
1° Appel des
habitants contre une ordonnance de Jean Pradal, juge d'appeaux d'Aubière, qui
portait règlement sur le fait de la police (28 févr. 1499, n. s.), connu par
une sentence du sénéchal d'Auvergne, du 7 sept. 1499 (C. copie informe, cahier
de papier, 31 fol. : FF. 2, no 3 ;
- DE. Résumé
par M. Rouchon et copie partielle : A. D., notes et copies tirées des
arch. comm., dossier d'Aubière).
- 2° Appel des
habitants contre une ordonnance des officiers de la Justice d'Aubière reportant
la date des assises du jour de la Chandeleur au 5 juillet, à 5 heures du matin,
procès commencé en 1770, non encore terminé en 1773 (dossier de 39 pièces : FF.
7 ; - Résumé du dossier par M. Rouchon : A. D., notes et copies
tirées des arch. comm., dossier d'Aubière) ; l'issue du procès n'est pas
connue ;. toutefois, en 1789, les assises se tinrent le jour de la
Chandeleur (A. C., Dél., 1ère pagin., p. 11, 12, 17).
(6)
Cependant on trouva encore l'occasion d'une discussion au sujet de l'indemnité
réclamée par le seigneur d'Aubière pour le rachat de la dîme inféodée qui lui
appartenait sur le territoire d'Aubière. Deux experts évaluèrent cette dime en
capital à la somme de 173.668 l. 4 s. 7 d. Leur rapport fut envoyé au conseil
général de la commune d'Aubière "pour
y faire ses observations". Sans se presser, il ne répondit qu'au mois
de février 1792 par l'envoi d'une pétition à l'assemblée nationale en date du
31 janvier : il y discutait longuement les termes du rapport, soutenait
que l'évaluation était exagérée et prétendait ramener la valeur en capital de
la dîme à la somme de 71.200 l. (A. D., Q, départ., cote prov. 37, ex.
ms. ; Q, distr. de Clermont cote prov. 22, ex impr ; A. C.,. Dél. 2e
pagin., p. 1 11, copiée 2 fois). La société populaire de Clermont s'empara de
l'affaire et rédigea une nouvelle pétition présentée à l'assemblée nationale le
12 février 1792 (Mège, Charges, p.12, note 1 ; Mège, Un fédéré
du l0 août, Barbat Du Clozel d'Arnery, dans la Revue d'Auvergne,
1886, p. 474). Si l'on voulait revoir de près cette discussion, il faudrait
tenir compte de l'inexactitude partielle des analyses de baux insérées dans la
pétition. Cf. l'extrait du répertoire de notaire joint à l'ex. impr. des A. D.
et A. D., C bis, Clermont, contrôle, reg. 282, fol. 46 V° (1784), 287,
fol 37 V° (1786), 289, fol. 106 (1787), 292, fol. 12 V° 106 (1788), 296 fol 149
V° (1790 et non 1770).
Les premières années
du XIXème s. virent aussi un procès entre la commune et les
héritiers des anciens seigneurs, au sujet d'usurpations commises par les
habitants dans les dernières années du XVIIIème s. Il fut terminé
par une transaction du 16 août 1809, approuvée par décret impérial du 24 avr.
1810 (A. D., O. o3, Aubière, liasse 1 ; A. C., Dél., 2e pagin.,
p. 375-380).
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