Le mois d’août 1918 pointe ses
grosses chaleurs en Auvergne. Arrivé en avril à Aubière, le 55ème
Régiment d’artillerie américain va tirer sa révérence pour aller bouter l’armée
allemande hors de nos frontières.
Le lieutenant Frederick Morse Cutler,
aumônier du régiment, en fait le récit dans un livre paru aux US en 1920.
L’entrainement terminé, on met la
dernière main aux préparatifs de départ. Mais avant de partir, il est de
coutume de baptiser les canons. Les marraines sont choisies parmi les
demoiselles d’Aubière. Ces cérémonies et les adieux n’iront pas sans une petite
larme…
Ci-dessous, c’est la traduction de
ce texte, par Marie-José Chapeau, que vous allez lire, nous en sommes sûrs,
avec un grand intérêt. Voici le cinquième épisode :
Épisode 5 : le
Baptême des canons et les adieux
Le baptême des canons au terroir du Champvoisin à Aubière en 1918 |
Un
des souvenirs agréable d’Aubière était associé au mess des officiers. Il n’y
avait pas une meilleure cuisinière que Mme Chaussidon, et tout le bataillon
était en termes tellement amicaux avec une autre qu’elle passait près d’une
heure avec eux à table
Et
alors aussi Brighteyes (yeux
brillants) était un facteur de succès pour le mess, Brighteyes (ou Mlle Catherine) était la serveuse, et elle ne
pouvait pas vous demander si vous
vouliez davantage de pommes de terre ou de beurre, ou de café sans vous
donner une petite tape sous le menton, vous tordant les oreilles ou vous montrant
d’autre signes d’affection. Ce n’était pas si embarrassant quand les tables
étaient pleines car elle distribuait ses attentions impartialement, mais quand
vous arriviez en retard et deviez manger tout seul, vous étiez à sa merci. Elle
se glissait dans le jardin et revenait avec une poignée de marguerites et
commençait à effeuiller les pétales (tout
en français) : « Il m’aime, pas beaucoup, encore plus, avec ardeur,
passionnément, pas du tout ». Ce n’était pas mauvais si elle
s’arrêtait sur le 1er ou le dernier, mais si elle terminait sur
« avec ardeur », ou sur « passionnément », il était temps
de prendre de vigoureuses mesures de self-défense ; Brighteyes demandait aux officiers d’aller se promener sans en
attendre la réponse. Toutefois, le mess n’aurait pas été lui-même sans la
présence de cette adorable petite peste. Son cœur fut brisé quand finalement
elle ne fut pas invitée à être marraine au baptême des canons. Et elle
abandonna son emploi.
Les cuisines des batteries C et D au Champvoisin à Aubière (*) Parmi les cuistots, il y avait sans doute le grand-père de Aubière Hawkins, Ernest Tiller, cuisinier à la batterie C. |
Des
évènements plaisants et déplaisants marquaient les jours d’entrainement. La
Batterie C regarda comme la fumisterie la plus joyeuse, le 6 juillet, la remise
des brevets à des officiers nouvellement nommés et sans mandat, espérant faire
ainsi le début d’une longue progression dans une telle fonction sociale. Mais
le régiment n’avait pas pris un tel entrainement au sérieux jusqu’à ce qu’il
revienne aux USA après la guerre et se trouvèrent avec des déséquilibres du
budget de la trésorerie de la batterie attendant d’être dépensés.
Le
2 juillet arriva une des rares occasions où la punition dût être administrée en
public ; l’accusé qui avait été coupable de frapper une femme française
fut condamné, en présence de tout le bataillon, à un an de travaux forcés et à
la décharge déshonorante. Et à la conclusion de cela, il semblait plus
pitoyable à quelques-uns au moins, parce que la femme avait, elle-même, vendu à
l’homme le moyen de se griser jusqu‘à ce qu‘il soit complètement saoul ;
et chacun pensait que le colonel Sevier avait agi en toute justice en déclarant
que l’estaminet de cette femme était… peu recommandable.
Si
l’évènement de la batterie C, du commandant, fut plein de succès, le lieutenant
Holten proposa de choisir le 22 juillet pour célébrer le baptême des canons,
suivant un usage prévalant dans l’armée française. Les autres officiers du 2ème
bataillon entrèrent de plein cœur dans le plan et suggérèrent d’organiser des
réjouissances ouvertes à leurs bons amis français d’Aubière, lesquels
pourraient tous participer à l’évènement. Alors, M. le maire Noellet demanda
que la municipalité puisse participer à l’organisation et d’en faire une fête
authentiquement française. Puisque le maire et ses associés portaient une
partie du fardeau et, par leur généreuse coopération, assuraient le succès du
baptême, il est naturel de laisser l’ami de M. Noellet décrire ce qui s’est
passé. Voici la citation du « Moniteur
du Puy de Dôme » du 23 juillet :
« Une
cérémonie franco-américaine à Aubière : le baptême des canons ».
« Le
soleil jetait ses derniers rayons d’or et d’argent sur l’horizon derrière la
majestueuse chaîne de collines, il plongeait, prolongeant un instant ses
cajoleries et ses caresses sur les montagnes avec une délicate teinte de vert.
De légers nuages, légèrement teintés de rose traversant lentement le ciel,
l’air est tranquille et le pays repose en sécurité dans cette soirée splendide
où on peut rêver et penser en contraste avec d’autres régions françaises où
l’homme et la nature portent avec courage les terribles souffrances de la lutte
pour la liberté.
Sur
une pente s’élevant doucement, on peut voir un spectacle que l’on ne
s’attendrait pas à trouver dans ce lieu si sûr, ce coin enchanteur de notre
belle province d’Auvergne : huit gros canons, alignés, brillants et avec
leurs avant-trains donnant l’impression d’une force sûre d’elle-même. Ces
canons dégagent une atmosphère de fierté autour d’eux. Leur puissance étalée
derrière leur beauté rehausse en plus le silence qui pour nous prévoit du mal
pour les ennemis, au loin.
Ils
n’ont pas tiré encore. De magnifiques bouquets de fleurs semblent les imprégner
de leur douceur parfumée. Les drapeaux français et américains les drapent,
présageant la victoire à venir. Les canonniers restent immobiles à leurs côtés
et tout le bataillon, en kaki, leur rend hommage.
Les
canons vont être baptisés. Leurs gracieuses marraines, filles exquises de la
belle Auvergne, ont été galamment escortées depuis la Halle de la ville par les
officiers américains qui étaient reçus par le génial et distingué Maire, M.
Noellet. Ce dernier et le colonel américain Col. Granville Sevier ont organisé
cette cérémonie. Les Français et les Yanks
(yanks étant le nom par lequel les
sammies désirent maintenant être appelés) ont pris part à cette affaire avec un
enthousiasme sans limite.
Cordial
et rayonnant, Mr Noellet prit la tête de la procession avec le colonel. Les
huit marraines apparaissent charmées de cette escorte. Ces dames
parlaient-elles anglais ? Les Américains parlaient-ils français ? Ce
n’est pas se montrer discret de les troubler avec une enquête qui serait
inopportune. Notre indiscrétion serait seulement étendue au constat, que même
si souvent le coin du petit dictionnaire rouge peut être aperçu, ils ne semblaient
pas manquer de conversation. En cette période, un dictionnaire était autant une
aide que le portrait d’un véritable ami que l’on consulte seulement dans des
cas difficiles, le rangeant quand tout va bien.
Parmi
les assistants il y avait les vieux brisquards de la ville, tous arrangés dans
leurs meilleurs costumes et chemisettes. Ils ouvraient de grands yeux devant
ces choses qui étaient étrangement nouvelles pour eux. En plus, il y avait les
inévitables moutards qui, heureux comme des larrons en foire, si contents de
leurs amis américains avec lesquels ils parlaient, jouaient au ballon et,
marchaient main dans la main chaque jour.
L’orchestre
américain joua la Marseillaise. Chaque marraine monta sur l’affut du canon,
leur fragilité féminine gracieuse, dominant pour le moment le canon, les canons
nommés (Bat. C) : Hunter, Aubière, Helen, Winifred, (Bat D) : Avenger,
Civilizer, Liberty et Yankee Boy sont baptisés respectivement par les
demoiselles Planche, Cassière, Bayle, Bourchet (sic), Noellet (la fille du maire),
Gidon, Bernard, et Aubény.
L’eau
baptismale est du champagne pétillant de France. Pendant que les soldats
présentent les armes, chaque marraine prend une magnifique bouteille dorée du
nectar enivrant et la brise contre leur canon. Un bruit soudain, alors qu’une
mousse blonde scintille et crépite rapidement. Le champagne éclabousse les canons,
et leurs marraines prononcent le sacrement baptismal : « Je te
baptise… etc… ». Le soleil maintenant jette ses dernières lueurs avant
d’illuminer de sa lumière victorieuse d’un nouveau jour ces armes qui viennent
juste de naître, ces armes qui ont à présent une personnalité propre. Après
cela l’aumônier pria.
Le
bataillon rompt les rangs. Les marraines sont introduites vers les soldats de
diverses batteries. Les hommes, pleins de courtoisie, présentent à chaque
marraine, de magnifiques bouquets de fleurs, que souriantes et joyeuses, ces
jeunes demoiselles acceptent en rougissant. Plus tard, combien elles seront
intéressées par les exploits de ces batteries. Les Yanks leur écriront, leur donneront des nouvelles des nouveaux
filleuls. Ils oseront difficilement parler d’eux-mêmes, mais les filles ne les
oublieront pas.
Pleins
de regrets nous laissons le pays glorieux. Encore une très cordiale réception
attend les officiers des armées alliées dans les salons de l’Hôtel de ville. A
ce moment, les bouteilles de champagne ne seront pas cassées, mais aucune ne
restera cachée. Le champagne coule, mais pas sur l’acier froid, celui des
toasts qui doivent suivre l’éloquent discours de Mr Noellet, que le manque
d’espace seul empêche de rapporter intégralement. Nous ne pouvons pas nous
empêcher d’en citer une partie.
« L’année dernière, quand l’appel du Président
Wilson vous appelait à vous ranger derrière nous, je ne pensais pas que quelque
jour Aubière aurait l’insigne honneur de recevoir les soldats américains. Toutefois
ce jour est arrivé, et comme le général Pershing, dans une phrase si justement
exprimée : “Vous êtes là”.
Vous êtes là pour
défendre le droit, la justice, l’honneur et le respect, pour les traités et les
promesses sacrées.
Vous êtes là, sans
aucun désir de conquête, d’indemnité ou d’autre compensation.
Vous êtes là, ne
demandant qu’une chose, combattre à notre côté et défendre au péril de vos
vies, les descendants de ces quelques milliers de français qui, avec Lafayette,
vinrent à votre aide dans la lutte pour la liberté.
Je ne pense pas
trouver les mots appropriés pour exprimer notre gratitude. Mon cœur bat fort,
comme toutes les familles françaises qui ont quelqu’un de cher dans la
guerre ; je pense à la valeur sans prix de votre acte en venant à l’aide
de nos nobles « poilus », qui depuis presque 4 ans ont payé avec des
actes innombrables d’héroïsme de sacrifice de soi-même.
Vous êtes dignes
d’eux, comme ils sont dignes de vous et nous pensons à vous plus sincèrement
dans notre gratitude ».
Cette
adresse était excellemment traduite en anglais par un officier des armées
alliées et l’officier commandant américain, en répliquant expressément combien
les Américains étaient reconnaissants d’avoir été reçus à Aubière avec une
telle gentillesse.
Les
verres sont de nouveau vidés. Les dictionnaires, pauvres aides oubliés, restent
dans la poche, le champagne, le merveilleux professeur est un meilleur
interprète.
Il
est 10 heures. Les rues de la ville, habituellement si tranquilles à cette
heure de la nuit, sont très animées. La baraque Y est encore ouverte. A travers
l’air délicieux de la nuit, nous rentrons dans une auto roulant vite, la
lumière de ses phares révèle des groupes de Yankees,
parlant des villes élégantes, de leurs maisons aux USA et le plaisir que leur
ont procuré cette cérémonie baptismale, touchante. Ils remercieront longtemps
de la franche et délicate hospitalité auvergnate.
Pour
marquer une exception à la loi en vigueur, le maire permet aux officiers et aux
marraines, à la fin des cérémonies du baptême, une danse non autorisée. C’est parce
que les femmes françaises refusent leur passe-temps favori comme une expression
de leur patriotisme pendant les années terribles de la guerre ; et seul le
départ proche de leurs amis américains a justifié une suspension de cette
règle. »
C’était
le 30 juillet, quand le 3ème bataillon, baptisait leurs canons. Ce
fut l’occasion d’une des plus grandes réjouissances que firent les camarades du
2ème bataillon. Le 1er bataillon, lui aussi, accomplit
cette gracieuse coutume et quand les canons entrèrent en action chacun des 24
avaient un nom dûment approprié et souhaité pour lui. Voici la liste :
Batterie
A - 1 Allié, sergent Damon
2
Amy, sergent Johns
3
Floss, sergent Armitage
4
Avenger, sergent Herd
Bat.
B - 1 Madeline, sergent Hannay
2
Lieutenant Reed, sergent Stewart
3
Roaring Bertha, sergent Mahoney
4
Boston Baby, capitaine Harrigan
Bat.
C - 1 Hunter, sergent Logsdon
2
Aubière, sergent Graham
3
Helen, sergent Farnast
4
Winifred, sergent Widdowfield
Bat.
D - 1 Avenger, sergent Bradshaw
2
Civilizer, sergent Millette, capitaine Brenneke [1]
Bat.
E - 1 Lucky Evelyn, sergent Mc Vetty
2
Little Rhody, sergent Riback
3
Ella G., sergent Woolhouse, sergent Eaton
4
Edith Esther, sergent Bartlett
Bat.
F - 1 Strong, sergent Martin
2
Jiggerboffus, sergent Woods
3
Alky, sergent Jordan
4
Midget, sergent Dustin
Le
« Edith Esther » fut appelé
ainsi, comme la femme du capitaine Shaffer, et les autres canons, commémoraient
aussi des amis de cœurs ou des veuves. Le « Jiggerboffus », perpétuait un mot de passe mystique qui fut en
vogue à Fort Strong. « Alky »
était une abréviation du mot alcool
et était accompagné par le dispositif de boîtes marquées : « Jordan XXXX » et une paire de dés
pour montrer « Seven up ».
Le « Midget » était une
référence aux petits hommes qui formaient l’équipage du canon.
Le
champagne utilisé pour baptiser les canons était fourni par chaque batterie
séparément avec l’argent spécialement collecté dans ce but. Une batterie fit la
faute de prendre son argent dans la caisse de la compagnie et alors paya le
champagne sur la caisse de la compagnie. Quand le général inspecteur arriva, il
eut presque une attaque. Acheter du champagne sur la caisse de la compagnie
pour le briser sur un canon !! Pour presque chaque organisation, la caisse
de la compagnie fut examinée pour fourniture du champagne baptismal.
A
partir des lettres que les hommes écrivaient, il était possible d’apprendre
leur franche opinion de la France et aucun Américain n’eut jamais une meilleure
occasion de voir les Français comme ils sont réellement, que le 55ème,
en Auvergne. Les Français ont toujours été reconnus sans réserve comme des
soldats galants. L’appréciation américaine du pays a été progressive. Les premières
lettres affirmaient : « c’est un pays de vin rouge, d’amoncellement
de fumier et de travail dur, où l’eau est si mauvaise que les Français ne l’utilisent
même pas pour le bain ».
Après
le premier mois, une compréhension plus sympathique s‘était manifesté et les
faits étaient notés comme il s’en suit : « les femmes françaises de chaque classe, savent arranger leurs cheveux
convenablement… L’accueil des Français nous fait oublier tous les autres
accueils… Ils apprécient notre arrivée, non pour commander ou prendre une part
de gloire difficilement gagnée, mais pour aider... Cela semble être une absence
de bébés. Ils diluent leur vin rouge à l’extrême… Un effort pathétique est fait
par la population féminine pour paraître avoir de petits pieds… ».
« A un grand degré, les femmes monopolisent le
travail manuel… ». « Il y a
une décision tacite mais universelle de l’esprit féminin, qu’après la guerre,
leur seul espoir de mariage repose sur les soldats américains… ». « Une extrême civilisation et la barbarie sont
juxtaposées… ». « L’aéroplane
vole au-dessus de la zone à vaches… La lumière électrique illumine le tambour
de ville ; les vêtements sont à la dernière mode, mais le lavage est fait
avec un battoir sur une pierre plate, dans le ruisseau… »
Finalement,
les Américains en vinrent à reconnaître comme le trait caractéristique des
Français, la gentillesse de cœur, qualité qui rend un homme heureux de faire
des faveurs. Traitant les Yanks avec
courtoisie dans leurs demandes préférées ; rien n’était considéré comme
trop bon pour eux par nos généreux alliés. Quand le régiment eut terminé les
trois mois de séjour en France, les garçons étaient dans les meilleurs termes
avec les villageois, si bien que ces derniers reçurent beaucoup de cadeaux et
de nombreuses lettres, et pour la plupart, ces dernières se terminaient par des
mots qui étaient empreints de la conviction et de la sincérité du
correspondant : « Je vous prie
d’être assuré du plaisir que nous aurions à vous revoir ». Le 55ème
recevait de leurs amis français, l’adieu qu’ils n’avaient pas obtenu en
quittant Boston.
Le
12 octobre, alors qu’ils combattaient dans le Bois de Beuge, le 2ème
bataillon fit l’expérience de la joie supplémentaire de recevoir un mot que la
Commune d’Aubière leur avait envoyé, une amicale corbeille, qui dans le soleil
ou au milieu de la bataille témoignerait des amicaux sentiments de leurs
voisins d’autrefois. Malheureusement, ce cadeau se perdit à la Poste.
L’heure
du départ était arrivée. Tout le matériel et les biens étaient depuis longtemps
marqués en gros caractères (55), un nouvel ordre du 25 juillet, annulant cette
règle et ordonna que chaque référence à 55 soit enlevée, qu’un triangle rouge (la
marque du 1er régiment de la 31ème brigade), lui soit
substitué. Aucun officier de l’intelligence allemande n’était assuré de notre
identité, même en inspectant nos bagages. Supposant que ce « totem »
soit une faute pour l’emblème du YMCA, comme il arriva plus tard quand les
officiers visitaient Verdun. C’était la plus étrange preuve que le système de
camouflage était un succès.
Maintenant
la Place des Ramacles était remplie
de véhicules, canons, tracteurs de 10 tonnes, camions automobiles, side-cars. Le
colonel Howell avait raison quand il décida que le 55ème serait le
régiment à l’équipement le plus onéreux jamais organisé en Amérique. Suivant
l’équipement manuel, ils possédaient, 395 unités de transport, dont 359 étaient
motorisés, et parmi eux, 195 étaient des camions. Alors que pas plus d’un tiers
de cette abondance avait été reçue jusqu’à présent, la place était pleine. Les
canons partirent les premiers, en provenance du centre O et T où on leur avait
donné un survêtement en peinture de camouflage. Le Père Lavigne, toujours un
bon ami du 55ème, avait fourni à chaque soldat du 2ème
bataillon, catholique ou protestant, une médaille scapulaire de la médaille miraculeuse
de la châsse de Notre-Dame du Port à Clermont (N.-D., dont on croit qu’elle a
préservé la cité des Sarrazins, au 8ème siècle). Le bon prêtre pria
pour qu’elle puisse sauvegarder les amis américains des Huns du 20ème
siècle. Les gens de Cébazat chargèrent les camions du 1er bataillon
de fleurs, en signe de respect. Dans le dernier après-midi du 1er
août, les hommes dirent adieu aux gentils villageois et partirent pour le
front. Les Français retenaient leurs larmes et nous-mêmes, nous hésitions à
nous lancer dans un discours, en craignant de trahir nos émotions, comme un
militaire.
L’entrainement
était achevé. »
C’est
ainsi que se termine le séjour du 55ème Régiment d’artillerie
américain en 1918 à Aubière, tel que le raconte le lieutenant Frederick Morse
Cutler, aumônier du régiment.
Un
autre régiment américain a séjourné, de façon plus… discrète, à Aubière entre
1917 et 1918 : le 303ème RA. Parmi tous ces soldats, certains
ont épousé une Aubiéroise, d’autres ont entretenu une correspondance avec des
Aubiérois et leur ont fait parvenir des photos d’Amérique. Enfin, une délégation
de ces soldats est revenue à Aubière en 1927 !
De
tout cela, nous vous en parlerons dans le prochain et dernier épisode, dès la
semaine prochaine. Soyez attentifs !
Nota :
Les illustrations sont produites par le C.G.H.A., sauf celles dont la légende
est suivie d’un astérisque (*) qui sont tirées de l’ouvrage en référence du lieutenant
Frederick Morse Cutler.
© -
Cercle généalogique et historique d’Aubière.
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