commencé le 6 avril 1767
Cet épais registre, issu des
archives communales d’Aubière, rassemble les jugements rendus à Aubière par le bailly
Thoury entre 1767 et 1780.
Le bailli était, dans
l'Ancien Régime français, le représentant de l'autorité du roi dans le
bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler
l'administration en son nom. La juridiction en charge d'un bailli s'appelle un
bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal
et la circonscription la sénéchaussée.
Mais il s’agit ici du
bailliage seigneurial d’Aubière (les baillis royaux ayant perdu leur pouvoir au
XVIème siècle).
Le notaire Thoury, bailli
seigneurial d’Aubière, était néanmoins conseiller du roi en la ville de
Clermont-Ferrand. C’était en quelque sorte un juge de proximité au
service du seigneur d’Aubière.
Chabre, le hors-la-loi
La règle voulait, en 1771, que l’on ne serve pas à boire
le dimanche. Priest Chabre, cabaretier à ses heures, contrevient à cette loi le
10 mars 1771. Le procureur d’office le prend en flagrant délit…
Du lundy 18 mars 1771
Ce Priest Chabre et son épouse Françoise Boissy (1) sont des
« familiers » du procureur d’office et du bailli d’Aubière (2).
Le fait est que le dimanche 10 mars 1771, c’est la saint
Guillaume, et quelques jeunes gens, la gorge sèche, frappent à la porte du
cabaret de Priest Chabre. C’est dimanche, certes, mais, par les temps qui courent,
il n’y a pas d’offense à gagner quelques sols, même à l’heure des vêpres.
Priest les fait entrer et leur sert à boire.
Seulement voilà, le procureur d’office l’apprend (par quelle
magie ?), entre dans le cabaret et dresse aussitôt procès-verbal !
Il mettra une semaine à rédiger un exploit qu’il adresse
aussitôt au bailli Thoury, qui doit venir le lendemain pour une de ses
audiences.
Les comparants :
Le procureur d’office d’Aubière, auteur d’un exploit du 17
mars 1771, contre Priet (sic) Chabre, cabaretier, habitant du lieu d’Aubière,
comparant en personne.
Le jugement :
« …le condamnons
en l’amande de trois livres pour avoir donné à boire dans son cabaret plusieurs
fois à des heures indues, notamment le dix du présant, jour de dimanche, après
trois heures du soir, à plusieurs jeunes gens. Luy fesonts deffances de récidiver
aux peines que nous avons liquidées à la somme de quarante trois sols non
compté l’expédition des présantes… » signé Thoury.
Notes :
(1) – Priest Chabre est originaire de Villard (63) où il
était cultivateur ; marié le 30 juin 1761 à Aubière avec Françoise
Boissy, elle-même originaire de Saint-Ours-les-Roches (63). Veuf, il se remarie
le 9 juillet 1776 à Aubière avec Jeanne Derouger, originaire de
Tours-Sur-Meymont (63). Il aura trois fils, Jean, Etienne et Claude. Les
deux aînés auront une descendance à Aubière. Priest Chabre sera, tout à tour ou simultanément, cultivateur, tisserand, marchand-débitant, et cabaretier.
(2) – Déjà, en 1768, ils avaient affaire avec la justice,
lire : Pour un crochet et deux poids…
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière –
Pierre Bourcheix
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