Seigneurs et seigneurie d’Aubière
Épisode 2 : L’éclatement de la terre d’Aubière
XX – Gilbert II de Jarrie d’Aubière
Seigneur d’Aubière, Cléravaux, Laschenal et Saint-Avit en Marche.
Fils de Jean et de Jeanne de Laschenal, on ne lui connaît pas d’union. Cependant, il laisse une fille Ysabeau, née en 1600, et la reconnaît, puisqu’elle porte le nom d’Aubière.
Dès la mort de Gilbert II de Jarrie d’Aubière, le fief d’Aubière est morcelé par un acte du 21 septembre 1622. Nous apprenons cette dispersion et le devenir de la Terre d’Aubière par un mémoire, daté du 2 septembre 1743, retrouvé dans les archives communales d’Aubière.
Le partage, en quatre parts égales, aura lieu entre les frères et sœurs de Gilbert : Annet, François, Gilberte et Françoise.
Claude de Jarrie, le chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, religieux, a disparu : est-il décédé à cette date ? En revanche, un nouveau frère apparaît : Annet, sieur de Cléravaux !?
* Annet de Jarrie, sieur de Cléravaux, se dessaisit de son quart en 1627. Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu’à ce que le sieur Destrada rachète cette part en 1642.
* François, sieur de Lavau : il décède en 1634, à l’âge de 57 ans. Son quart est partagé en trois parts entre ses frère et sœurs Annet, Gilberte et Françoise.
Annet de Cléravaux, vend le tiers reçut de son frère François, en 1635, au sieur Carmantrand qui le revend en 1641 au sieur Destrada. Ce dernier est, en 1642, propriétaire de toute la part dévolue au sieur Annet de Cléravaux et peut dès lors prétendre au titre de coseigneur d’Aubière.
XXI – Gilberte de Jarrie
* Gilberte de Jarrie, épouse de Annet de la Rochebriant depuis 1588, meurt en 1636. Elle a reçu du premier partage de 1622, une partie du château, comme son frère Annet. Tous les deux seront donc coseigneurs d’Aubière, jusqu’en 1636 pour Gilberte, et jusqu’en 1627 pour Annet, date à laquelle il vend sa part. Une partie de cette part revient à l’abbesse de Sainte-Claire, qui devient par ce fait coseigneur d’Aubière. En effet, une reconnaissance passée chez maître Gorce, notaire à Clermont, le 18 juillet 1635, stipule : « …promet porter à ladite dame [l’abbesse de Sainte-Claire] en son château audit Aubière à chacune feste de Saint-Julien au mois d’août… ». N’est-ce pas cette abbesse, qui est la « dame » de la cave dite « à ma dame », aujourd’hui Musée de la Vigne et du Vin de Basse-Auvergne ?
* Françoise de Jarrie, dame de Cordebeuf, n’ayant pas plus d’attachement pour les portions qu’elle avait de la Terre d’Aubière, en disposa par trois différents actes. Par un de ces actes, elle disposa au profit de la dame de la Rochebriant de la portion du château et d’un champ qui faisait partie du premier quart qui lui était venu du premier partage.
Par acte de 1637, elle vendit au sieur de la Rochebriant son neveu [Amable, qui suit] la portion qui lui était échue de la succession du sieur de Lavau par le partage de 1634.
Enfin, par acte du 3 juillet 1642, la dame de Cordebeuf vendit ce qui lui restait du premier partage à François de Montagnac, seigneur de Lignières, époux de Gilberte de la Rochebriant qui suit.
XXII – Amable de la Rochebriant
Coseigneur d’Aubière, il est le fils d’Annet de la Rochebriant et de Gilberte de Jarrie d’Aubière, il épouse, en 1614, Jeanne de Saint-Chamant. Ils auront plusieurs enfants dont Gilberte de la Rochebriant qui héritera de la terre d’Aubière.
XXIII – Gilberte de la Rochebriant de Chovance
Dame d’Aubière. Elle épouse le 5 janvier 1637 François de Montagnac, seigneur des Lignières. Sa vie durant, elle va s’acharner à reconstituer le fief d’Aubière tel qu’on le connaissait du temps de Gilbert II de Jarrie.
La Dame de la Rochebriant eut de son mariage avec le sieur de Montagnac quatre enfants mâles et une fille : Gaspard l’aîné ; Amable, sieur de Chovance ; Claude, connu dans la famille sous le nom de Commandeur ; François, connu sous le nom du sieur de Lignières ; et Gabrielle, mariée par la suite avec le sieur Dethianges.
François de Montagnac, père commun, étant décédé, les enfants devinrent propriétaires de la portion de la terre d’Aubière qu’il avait acquise de la dame de Cordebeuf par contrat du 3 juillet 1642.
La dame Gilberte de la Rochebriant sa veuve, ayant réunit en sa personne toutes les portions de la terre d’Aubière qui lui étaient venues par le décès du sieur de la Rochebriant son père, était propriétaire en son nom du cinq douzième de la Terre d’Aubière, et encore de la portion du château et d’un champ faisant partie d’un autre quart et elle jouissait en qualité de tutrice de ses enfants de la portion qui avait été acquise par ledit défunt sieur François de Montagnac.
La dame de la Rochebriant fit, le 26 mars 1667, donation de tous et un chacun des biens présents et avenir à celui de ses enfants mâles qu’il lui plairait de nommer, et au défaut de nomination, à l’aîné aux charges et conditions suivantes :
« 1° de payer à chacun de ses autres enfants mâles la somme de cinq mille livres pour leur droit légitime ;
2° sous la réserve de 24.000 livres dont elle pourrait disposer à son gré ;
3° à la charge par le donataire de payer toutes les dettes de la donatrice et par exprès la somme de 20.000 livres qu’elle avait constitué en dot à la dame Dethianges, sa fille, en l’année 1665, et à la charge en outre de payer le débit de son compte de tutelle sous la réserve de faire une substitution graduelle du tout ou de partie de ses biens donnés.
Par ses articles, la dame de la Rochebriant nomme le sieur Gaspard de Montagnac, son fils aîné, pour recueillir l’effet de ladite donation qu’elle confirma avec toutes les charges et conditions qu’elle y avait imposées, restreignant néanmoins sa réserve de 24.000 livres à 20.000 livres. Et en exécutant les clauses de ladite donation par laquelle elle s’était réservée de substituer telle partie de ses biens qui lui plairait, elle fit une substitution graduelle dont il est important de rapporter les termes. Et parce que la dame de la Rochebriant désire que la Terre et seigneurie d’Aubière qu’elle a eu de la succession de défunt messire Amable de la Rochebriant son père, demeure et soit conservée dans la famille.
Pour cela, la dite dame en exécutant la clause contenue en la dite donation veut et entend que la dite Terre d’Aubière soit portée dans un contrat de mariage et dans un acte entre vifs. »
2° sous la réserve de 24.000 livres dont elle pourrait disposer à son gré ;
3° à la charge par le donataire de payer toutes les dettes de la donatrice et par exprès la somme de 20.000 livres qu’elle avait constitué en dot à la dame Dethianges, sa fille, en l’année 1665, et à la charge en outre de payer le débit de son compte de tutelle sous la réserve de faire une substitution graduelle du tout ou de partie de ses biens donnés.
Par ses articles, la dame de la Rochebriant nomme le sieur Gaspard de Montagnac, son fils aîné, pour recueillir l’effet de ladite donation qu’elle confirma avec toutes les charges et conditions qu’elle y avait imposées, restreignant néanmoins sa réserve de 24.000 livres à 20.000 livres. Et en exécutant les clauses de ladite donation par laquelle elle s’était réservée de substituer telle partie de ses biens qui lui plairait, elle fit une substitution graduelle dont il est important de rapporter les termes. Et parce que la dame de la Rochebriant désire que la Terre et seigneurie d’Aubière qu’elle a eu de la succession de défunt messire Amable de la Rochebriant son père, demeure et soit conservée dans la famille.
Pour cela, la dite dame en exécutant la clause contenue en la dite donation veut et entend que la dite Terre d’Aubière soit portée dans un contrat de mariage et dans un acte entre vifs. »
On remarquera cependant que quatre ans avant ces articles de mariage, la dame de la Rochebriant, ayant rendu son compte de tutelle, fut reconnue créancière de ses enfants qui, pour paiement de ses créances, lui délaissèrent en propriété la portion de la Terre d’Aubière qui avait appartenue à François de Montagnac leur père, et qu’en 1673, elle acquit du Sr Destrada les portions qui lui appartenaient dans le château.
Dans l’intervalle de ces articles de mariage sous seing privé et de la ratification de ceux-ci par devant notaire qui ne fut faite que six semaines après, la dame de la Rochebriant disposa d’une partie de la réserve par une donation entre vifs qu’elle fit confirmer devant notaire d’une somme de dix mille livres au profit du Sieur de Chovance son fils puiné, le 10 mai 1675.
Enfin, par acte reçu par maître Vernet notaire royal, le 25 mai 1675, les articles furent approuvés, convenus et accordés dans les termes suivants :
« Ont été présents en leurs personnes les parties dénommées aux articles de mariage cy-dessus, lesquels de leur bon gré ont reconnu avoir passé lesdits articles de mariage, et être demeurés d’accord des constitutions, renonciations et autres dispositions et convenances portées par lesdits articles ».
Il est à remarquer que dans la ratification il n’est nullement parlé de substitution en termes exprès ; il est aussi à remarquer que tant dans les articles que dans la ratification, la dame de la Rochebriant n’a pas signé son nom mais seulement Chovance. Elle meurt le 25 octobre 1693.
XXIV – Gaspard de Montagnac
Seigneur d’Aubière et des Lignières, il épouse Marie Françoise de Mascon du Cheix, dont il a un fils, Jean Jacques.
Un an après ce contrat de mariage, le Sr de Montagnac acquit par contrat du 5 février 1676 les portions de la Terre d’Aubière qui appartenaient à M. Destrada à la réserve de sa portion du château ci-dessus vendue à la dame de la Rochebriant, desquelles il jouit particulièrement jusqu’à la mort de sa mère, après lesquelles il réunit en sa personne toutes les portions de la Terre d’Aubière dont il jouit jusqu’à sa mort arrivée le 26 décembre 1693. Gaspard de Montagnac, étant décédé, laissa un fils unique nommé Jean Jacques, qui fut mis sous tutelle.
La veuve de Gaspard de Montagnac, Marie Françoise de Mascon du Cheix, restitua les terres d’Aubière et des Lignières à son frère Gilbert de Mascon du Cheix, qui se trouvait être créancier de son défunt époux.
XXV – Gilbert de Mâcon du Cheix
Seigneur d’Aubière et du Cheix. Il rendit hommage au roi en 1700.
Il s’en suivit moult tractations, transactions et procédures plus ou moins douteuses et bien des revirements entre les familles du Cheix, des Lignières et Montagnac, jusqu’en 1717. C’est, en effet, après le décès de Gilbert de Mascon du Cheix, survenu cette année-là, que son fils, Jean-François du Cheix, décida de se défaire de la terre d’Aubière.
Il la vendit le 20 juillet 1718, par contrat pur et simple moyennant 66.000 £ à Messire Guillaume André, conseiller au présidial, qui en jouit paisiblement jusqu’au mois de septembre 1720.
XXVI – Guillaume André de la Roche
Sieur de la Roche et seigneur d’Aubière. Il avait épousé le 1er juillet 1682 à Clermont-Ferrand, Amable Jadon.
Le 20 septembre 1720, il fut fait des offres de la somme de 50.000 £ en cinquante billets au sieur André, avec sommation de se désister des trois quarts de la terre d’Aubière et en délaisser la libre possession au sieur de Chovance, « cédataire » du sieur Jean Jacques de Montagnac. Les offres ont été suivies d’une consignation, mais il n’y eut pas d’exécution.
Guillaume André meurt le 23 mai 1727. Il laisse la baronnie d’Aubière à son fils Jean.
Blason des André d'Aubière |
XXVII – Jean André d’Aubière
Baron d’Aubière, il épouse le 5 mai 1727 Marie Le Court.
Les ennuis qu’avait connus son père à partir de 1720 rebondissent en 1740.
Le 28 octobre 1740, Jean André se voit assigné à la requête et sous le nom dudit sieur Jean Jacques de Montagnac « pour voir déclarer contre lui exécutoire la sentence de 1705 ». En conséquence, Jean André est condamné à se désister de la terre d’Aubière telle qu’elle est substituée, à en laisser la libre jouissance au sieur de Montagnac avec la restitution des fruits depuis l’année 1718.
Jean André dénonce cette demande en désistement. L’affaire traîne en longueur. Jean Jacques de Montagnac meurt en mai 1742.
Finalement, le litige est jugé à Paris, en septembre 1743, où le Conseil laisse Jean André propriétaire de la terre d’Aubière.
Jean André meurt le 28 novembre 1754. Il laisse la seigneurie à son fils Pierre.
XXVIII – Pierre André d’Aubière
Marié le 20 janvier 1766 à Anne Favard, il sera le dernier seigneur d’Aubière.
Comme ses prédécesseurs, il connaîtra, jusqu’à la Révolution de 1789, la vigueur des Aubiérois à contester les droits seigneuriaux. Il s’attirera même la haine (osons le terme) d’un de ses sujets, Amable Girard, notaire, procureur et syndic du Bureau intermédiaire. Ce dernier, sous le couvert de la loi des suspects, le fait arrêter et conduire à Lyon où il sera exécuté aux Brotteaux, le 29 pluviôse de l’an 2 (17 février 1794). A-t-il été mitraillé ou décapité ? Là est toute la question à laquelle nous essayerons de répondre dans un prochain article…
Le fils aîné de Pierre André et d’Anne Favard, Jean-Baptiste André, qui racheta le titre de Baron d'Aubière, fut par deux fois maire de Clermont-Ferrand.
© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière (Pierre Bourcheix)
Suivez l'histoire et la généalogie d'Aubière sur : http://www.chroniquesaubieroises.fr/
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