Estienne Thévenon est fils de Pierre
l’aîné, le laboureur, et d’Halips Legay. Comme ses ancêtres et ses frères, il a
d’abord travaillé la terre et la travaillera jusqu’à la fin de sa vie.
Cependant, Estienne est surtout connu comme tailleur d’habits.
Cette profession fut-elle une
vocation ou une nécessité ? Va-t-il la pratiquer dès le règne du bon Henri
IV ou bien Louis XIII était-il déjà sur le trône de France ? Ces questions vont-elles rester sans réponses ? C’est ce que nous allons voir…
Le tailleur d'habits |
Pour son contrat de mariage, le 5 janvier 1606, avec Michelle
Chastanier, Estienne Thévenon est laboureur (1). Comme la plupart des
laboureurs aubiérois, il cultive du chanvre et du lin dans ses champs des Gravins ou des Ronzières (2). Le rouissage se fait dans les routoirs qui longent l’Artière
ou qui bordent le lac de Sarliève.
Si l’on observe la parentèle d’Estienne, on trouve des
tisserands mais pas de tailleurs d’habits. Sa nièce, la fille de son frère Pierre
le jeune, Marguerite Thévenon, épouse en 1619 un tisserand, François
Tisseranges, fils de Michel, lui-même tisserand, et de Jehanne Tixier. Si le
métier à tisser est dans le bourg, au rez-de-chaussée de la maison, le foulage
des textiles se fait hors les murs, au quartier du Massadou, le long de l’Artière.
Des tailleurs de braguettes
C’est auprès des Gioux Braguette
qu’Estienne Thévenon fit ses « classes » dans le métier de tailleur d’habits.
Depuis la nuit des temps, les Gioux, tailleurs d’habits,
traînent avec eux le sobriquet de « braguette » ! Oubliez l’acception
actuelle de ce terme, même si l’on finira par y revenir.
L’origine remonte à nos ancêtres gaulois et à leurs braies. Les Romains, qui portaient des
vêtements amples, non cousus, apprirent à connaître ce vêtement masculin (en
latin : braca), ancêtre des
chausses, caleçons et culottes. D’abord ridiculisé, ce vêtement fut adopté
partout et le mot passa dans les langues romanes, et devint braga ou braya dans l’ancien provençal. La culotte était donc appelée brayette au moyen âge. Au 16ème
siècle, on lui substitua braguette
pour désigner la partie du costume masculin, de forme triangulaire, attachée au
devant du haut-de-chausses et formant une poche. Il faut sans doute en conclure
que nos Gioux étaient spécialisés dans la confection des culottes d’homme qui
deviendront nos pantalons.
On ne saura jamais si c’est le hasard ou la nécessité qui
conduisit Estienne vers ce métier. De ses trois enfants connus, Pierre
Thévenon, Halix Thévenon et Claude Thévenon, les deux fils devinrent apprentis,
compagnons puis maîtres tailleurs d’habits. Pierre, l’aîné, s’installa à
Montferrand avec sa femme, Gilberte Bernard, d’où elle était originaire.
Claude, le cadet (sans alliance connue), s’installa au Broc, près d’Issoire ;
on sait qu’il tenait boutique à Clermont en 1673.
Notes :
(1) – 1606. A cette date, Pierre l’aîné Thévenon, le père d’Estienne,
est décédé. L’épouse de ce dernier, Michelle Chastanier, est fille de Jehan et
d’Anna Salignat. Les Chastanier sont aussi laboureurs.
(2) – Gravins et Ronzières : noms de terroirs
aubiérois.
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière – (Pierre
Bourcheix)
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