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vendredi 20 septembre 2013

Donation pour un prêtre filleul_1594



Au moment de cette donation, en 1594, le donateur, Guillaume Noellet, représente la deuxième génération d’Aubiérois de cette famille. Son père a épousé une Bourcheix et la naissance de Guillaume survient vers 1540. Les Noellet, n’en doutons pas, font partie des familles aubiéroises aisées. Aisées et pieuses. Au point de consacrer (cela se vérifiera par la suite) un garçon par génération à la prêtrise.
François Noellet et Martin Deperet vont recevoir le même jour de leur père une donation destinée à subvenir à leur subsistance dans la communauté des prêtres aubiérois…

Les prêtres, ne faisant pas vœu de pauvreté, devaient subvenir à leurs besoins et subsistance par des revenus. Le curé de chaque paroisse, comme titulaire de la cure, disposait d’un « bénéfice » curial, revenu lié à son activité de curé chargé des âmes de ses paroissiens : le principe canonique voulait que tout clerc vive de l'autel. Toute fonction ecclésiastique était associée à une dotation économique pour former le bénéfice ecclésiastique. Lorsqu’il y avait un vicaire, ces bénéfices étaient partagés selon un accord écrit, passé devant notaire, entre le curé et son vicaire.
En Auvergne et en Limousin, il existait des prêtres filleuls qui, s’ils étaient plusieurs à vivre dans une même paroisse, étaient appelés prêtres communalistes. Les prêtres filleuls venaient essentiellement des familles locales car pour avoir le droit de faire partie de ces communautés, le filleul devait être « né et rené », c'est-à-dire né et baptisé, dans la paroisse. Les prêtres filleuls sont généralement institués à une période où les « bénéfices » à pourvoir dans une paroisse ne sont pas assez nombreux pour permettre aux prêtres séculiers de vivre décemment. Beaucoup de ces derniers, sans espoir d’obtenir un bénéfice ou désireux de vivre dans leur lieu d’origine, choisissent de devenir prêtres filleuls ou communalistes. Ils jouissent en commun de revenus, fonciers ou non. Retenons que les prêtres filleuls ne peuvent pas administrer les sacrements, sources de revenus réservés au titulaire de la cure. Leur rôle se résume à leur participation aux services religieux par leur chant, mais surtout, ils doivent dire les messes pour les morts, conformément aux dispositions testamentaires des donateurs à l'église.

Donation Noellet - 2 mars 1594 - Guillaume Aubeny, notaire
(Archives départementales du Puy-de-Dôme - 5 E 44 9)

A la fin du XVIème siècle à Aubière, vivait une communauté de prêtres. En 1594 par exemple, on compte près d’une dizaine de prêtres, sous la houlette de Messire Pierre Pin, le curé. Il a succédé à Mre Pierre Salirgues à partir de 1591, semble-t-il. Ces derniers ne sont pas nés à Aubière. Un vicaire aubiérois, Pierre Feuilhade, des prêtres communalistes aubiérois : Michel Degironde et Claude Feuilhade, des prêtres communalistes non originaires d’Aubière : Jehan Veilh, Anthoine Constantin et Anthoine David, et enfin deux autres : François Noellet et Martin Deperet, qui entrent dans la communauté des prêtres filleuls aubiérois en cette année 1594.
Tous ces prêtres, filleuls ou non, n’ont pas tous vécu leur prêtrise à Aubière jusqu’à leur décès. Ceux qui ne sont pas originaires d’Aubière quitteront la paroisse Saint-Martin et finiront leur vie ailleurs. Les prêtres filleuls ont des destins divers : Michel Deperet obtiendra les bénéfices de la cure de Pérignat-lès-Sarliève, village voisin d’Aubière ; François Noellet, quant à lui, deviendra curé d’Aubière, au départ de Pierre Pin, et y mourra.

En 1594, le revenu d’un prêtre filleul est de 120 livres.
En cette matinée du 2 mars 1594, Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, va accueillir successivement en son étude deux familles aisées d’Aubière, les Noellet et les Deperet, car leurs fils aînés, François Noellet et Martin Deperet, entrent ce jour dans la communauté des prêtres filleuls d’Aubière.
Les parents devaient constituer ainsi à leur fils un capital dont les revenus, joints aux autres revenus des prêtres filleuls, devaient lui permettre de ne pas être réduit à la mendicité. En 1594, ces deux familles estiment qu’un revenu annuel d’environ 40 écus ou 120 livres est nécessaire et suffisant au bien-être de leurs rejetons. Sachant que les revenus de la communauté paroissiale procurent 20 écus (60 livres), le capital constitué par la donation doit rapporter par an également 20 écus.

Voici, pour l’exemple, le détail de la donation de Guillaume Noellet pour son fils François :


  • une terre de 3 éminées dans la justice de Clermont, au terroir des Landets, dont le revenu annuel est de 3 écus un tiers ;


Tous les autres biens sont situés dans la justice d’Aubière.


  • une maison et sa cave, au quartier du chasteau, revenu annuel : 3 écus sols et un tiers ;

  • une terre d’une septérée, au terroir de Rochegenès, revenu annuel : 3 écus un tiers ;

  • une terre d’un journal, au terroir de las Foissas, revenu annuel : 3 écus sols ;

  • une vigne d’une œuvre, au terroir de las Pedas, revenu annuel : 1 écu deux tiers sols ;

  • une vigne d’une œuvre et demie, au terroir du Puy, revenu annuel : 2 écus sols ;

  • une vigne de deux œuvres, au terroir de la Bezou, revenu annuel : 2 écus trente sols ;

  • un pré d’une œuvre, au terroir des Sauzes, revenu annuel : 3 écus sols.


Total : 21 écus un tiers, soit 64 livres (un écu d’or vaut trois livres tournois).

Et c’est ainsi que : « messires Anthoine Constantin et Anthoine David prêtres dudit Aubière, Me Jammet Dumolin greffier dudit Aubière, Anthoine Rancon et Guillaume Pignol, consuls l’année présente dudit lieu, et Michel Bourcheix luminier dudit lieu, lesquels ont attesté et attestent de par ces présentes, et attestent à tous qu’il appartiendra que ledit François Noellet, donataire et fils naturel et légitime dudit Guillaume Noellet et d’Halips Esclany ses père et mère, qu’il est filleul de l’église de St-Martin dudit Aubière, qu’il est de bonne vie et meurs et conversation, fréquentant ordinairement l’église et le divin service et toutes bonnes et honnêtes compagnies, où les gens de bien et de vertu se trouvent, et tel tenu et rapporte entre le peuple audit Aubière qu’il est âgé d’entour vingt cinq ans comme ils savent bien et qu’il est suffisant et capable pour gouverner les biens que son dit père lui a donnés… »

La donation octroyée à Martin Deperet par son père, Jehan, s’élève à 29 écus un tiers, soit 88 livres environ.

En 1628, le revenu d’un prêtre filleul est de 309 livres.
Le 1er mai 1628, Guillaume Noëllet, neveu de François Noëllet, devenu curé d’Aubière, voulant suivre les traces de son oncle, reçoit de ses parents (Anthoine Noëllet et Jehanne Reddon) ce qui lui est nécessaire pour devenir prêtre filleul. Le texte de cette donation est assez semblable à celle de son oncle. Mais ce qui change est la somme des revenus octroyés :

  •  63 écus provenant de sa famille, soit 189 livres, et

  •  40 écus provenant des revenus des prêtres-filleuls, soit 120 livres, soit un total de 309 livres de revenu annuel.

Augmentation du coût de la vie ou augmentation des revenus, nous l’ignorons. Cette fois, on nous donne la liste des autres prêtres communalistes de la paroisse d’Aubière : François Noëllet, curé, Claude Feuilhade et Jehan Dégironde. Martin Deperet, curé de Pérignat, est cité également.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière – Pierre Bourcheix


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