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vendredi 27 avril 2012

L’Artière



Son étymologie

Plusieurs thèses existent quant à l’étymologie du mot Artière. Dans un soucis d’éclectisme, nous donnons ci-après deux thèses : l’une, établie par Marcellin Boudet en 1890, qui puise ses sources dans des documents du Moyen Âge ; l’autre, plus récente, peut-être plus vraisemblable, affirme que le mot artière a des origines gauloises.

L'Artière : les 3 pierres

La thèse moyenâgeuse

« L’Artière (Art eyre) est le fluvius Arteria de la bulle de Pascal II, en 1107[1]. En latin, ce mot a le même sens que le mot français qu’il exprime ; artère, grosse veine, se dit exactement arteria. On serait d’autant plus tenté de le prendre dans le sens de grand ruisseau ou grande rase, que les Romains, dont la langue était sœur de la celtique, employaient celui de vena dans le sens de rases d’irrigations artificielles. La forme est la même dans la langue nationale, c’est-à-dire en patois celtico-roman : « Pont al Chastel… lo riu d’Arteyra » en 1242[2]. « Laigua qu hom appella Artheira » dit à la même époque le Terrier Dogue en parlant du territoire des Paulines, emplacement de la gare et des casernes de Clermont[3]. Artheyra en 1223[4]. Une voie qui longeait ce cours d’eau portait son nom : la via Artheira en 1242. De même une partie du village situé vers son embouchure dans l’Allier : la via per ont hom vai ad Artheira[5]. Ce village était une partie seulement des Martres ; la preuve en est que le surplus du bourg est nommé Les Martres dans le même document. Le groupe primitif est celui nommé Arteira que je crois être la partie basse du village, celle située près du ruisseau » n

(Revue d’Auvergne, Tome 7 – 1890 – Les premiers travaux de dessèchement du Marais de Limagne, par Marcellin BOUDET)

Cascade sur l'Artière

 La thèse gauloise

L’origine du nom Artière remonte sans aucun doute à l’époque gauloise. Comme chacun sait, il n’y a pas d’écriture gauloise et la persistance des noms est due à la tradition orale. Des modifications les ont affectés au cours du temps, et nos ancêtres ne se souciaient pas de transmettre leur signification.
Aussi, les interprétations de la toponymie et de l’hydronymie concernant cette époque sont toujours douteuses.

C’est d’abord le « Ar » un peu dur qui retient notre attention. On le retrouve dans le langage gaulois pour désigner des animaux symbolisant la force, ou une divinité les accompagnant : artos, l’ours ; Arduinna, la déesse au sanglier.
« Ar » caractérise souvent des noms de rivières : Ar, Aar, Arc, Ara, Are, Arga, Orvanne (déformation), Aragon, Isère (déformation de Is-ara), Yère (déformation de Av-ara), Arbuty…
Il apparaît également dans les toponymes associés à la rivière : Arlanc entre la Dore et la Dolore (encore des vocables gaulois) trouverait son origine dans Ar-len (entre deux rivières). On le trouve aussi dans des noms de lieu ayant un lien avec l’eau : une des îles d’Aran, au large des côtes d’Irlande est appelée dans la légende : ara na naomb (ara des saints).

La deuxième partie du nom, « tière », est plus douce à l’oreille. Les spécialistes de la langue celte nous expliquent que « tir » signifie terre.
L’association « Ar » et « tir » pourrait désigner la source, une source plutôt abondante comme le montrent deux exemples dans le département du Puy-de-Dôme :
  • Artonne possède des sources d’un débit important puisque les Romains exploitaient les dépôts ;
  • Au flanc du Cézallier, le cirque d’Artout possède de nombreuses sources : un groupe porte le nom de sources des neuf fonts (neuf symbolique et signe de multiplicité).

Artos, Arduinna, Artonne, Artout, Artière, le lien est-il autre que phonétique ?
La tentation est grande de l’affirmer, mais il est peut-être prudent d’en rester là [6] n


© Cercle généalogique et historique d’Aubière – « Aubière et l’eau » - Pierre Bourcheix et Georges Fraisse, 1993





[1] - Monum. pontif. Arverniae. Chaix de la Varène, page 129 (Note de M. Boudet).
[2] - Terrier Dogue [Archives départementales, Fonds Port] (Note de M. Boudet).
[3] - Ibid.
[4] - Mémorial de Jehan Bernars (chanoni dal Port). Mêmes archives. Le terroir des Paulines porte toujours ce nom romain. On l’a rapproché de celui de Pauline, femme de Titus Labienus, lieutenant de César et son principal officier dans la guerre de conquête des Gaules (Note de M. Boudet).
[5] - Terrier Dogue (Note de M. Boudet).
[6] - Bibliographie de la thèse gauloise : Guide de l’Auvergne mystérieuse (TCHOU) ; Les Druides, par Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarch (OUEST FRANCE) ; Divinités et sanctuaires de la Gaule, par Émile Thevenot (FAYARD) ; Les noms de lieu, par Charles Rostaing (Que sais-je ?, PUF).

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