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mardi 3 avril 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 3


1790 à 1842

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Épisode 3
Septembre – Octobre 1790

Septembre 1790
[Page 4]

Le bœuf continue toujours de languir. On le fait pacager matin et soir. L’autre reste à l’écurie. Quand ils seront un peu réparés, on tachera de les vendre. On a fait venir de la montagne une vache de Mr Derribes qui était domptée et on la attelée avec la vache à lait, la Ribeyre ; on leur a fait faire un joug par un nommé ... [en blanc]. Il coûte 30 sols sans nourriture. Ces vaches labourent assez bien, on a fini le second labour de toutes les terres qui doivent être semées en bled.
On a fait bêcher à journées le haut du petit champvoisin, environ quatre septerées, on y a employé environ deux cent journées qui, à douze sols, font quarante écus, c’est-à-dire dix écus la septerée.
Le regain du grand pré Rouger dont nous devions avoir la moitié n’a produit pour notre portion que quatre charretées. On la mêlée avec de la paille de pamoule.
On a acheté à la foire de Cornon (1) des cercles pour les pièces et les cuvettes. Ils coutent 20 sols la fouesse ; ils sont de trois pieds et demi.
On a affermé les pomes [sic] du pré Rouger 66 £ à Jacques Mazin et ses frères. Il n’y avait environ qu’une douzaine de pomiers qui en eussent et elles n’étaient pas belles.

8 septembre
On a affermé la dixme en vin moyennant soixante charges. Les preneurs sont Claude Fineyre, François Domat, Martin Chaussidon, André Durand, Pierre Vinaise, Ligier Falateuf, Michel Bourcheix, André et Jean Momys, Jean Bessey dit langot, Antoine de cors, Etienne Gioux, Guillaume Pignol et Michel Teringaud. Voyes l’obligation passée par devant notaire et qui a coûté 46 £ de contrôle.
le dimanche 17 septembre les dixmiers ont été maltraités par les habitants dans une assemblée qui se tint chez Girard, ils donnèrent leur démission, le lendemain j’ai présenté un mémoire au district de Clermont, voyes ce mémoire, la municipalité fut mandée au district, le résultat fut que l’on enverrait une proclamation pour être lue au prône ; elle fut envoyée le samedi au maire qui ne l’a point remise pendant deux dimanches de suite ; j’en ai prévenu le district, et l’on envoya la proclamation qui avait été ci-devant faite par le département, et elle a été lue le dimanche avant vendanges ; cela n’a pas suffi, les fermiers ont déclaré qu’ils ne voulaient pas faire la perception de la dixme, voyes l’acte qui a été fait à ce sujet, j’écris à Mr la Ribbhaute pour avoir la maréchaussée, je l’obtins ; les vendanges commencèrent le vendredi 15 octobre, la brigade vient ici depuis le jeudi au soir, le vendredi après diner arrive un contrordre de la part du département ; les cavaliers se retirent la nuit, mais on avait écrit au maire qu’il serait responsable de l’évènement, et heureusement tout s’est bien passé.
Les dixmiers ont repris moyennant 55 charges, excepté les Momis et Decors qui ont été remplacés par Claude Mallet dit glandou, Martin Cassière et François Téringaud.

[Il y a comme un petit souci : le 8 septembre, Jean-Baptiste André parle d’évènements qui ont lieu le 17 septembre et le 15 octobre ! ?]

Octobre 1790
[Page 5]

1er octobre
Le bœuf continuant toujours à être malade et les remèdes n’opérant pas, on s’est déterminé à le faire tuer. On lui a trouvé les poumons gâtés. Le cuir a été vendu 18 £ à Mayran, boucher de Clermont, qui l’a tué. Les assenseurs des noix ont pris la viande pour 22 £. Il pesait 400 tout écorché.

Le temps des vendanges

15 octobre
Les vendanges ont commencé aujourd’huy. Vendredi et samedi, las foissas ; lundi, les plantades ; mardi, Mallemouche ; mercredi, la bade ; jeudi, le Puy ; vendredi, la besoux. Les deux premiers jours nous avons eu les bœufs des vergnes et les autres jours ceux des noyers, attendu que nous n’avons qu’une paire de bœufs et que les vaches conduisent difficilement les chars.

[Les vergnes sont un domaine de la famille André sur la paroisse de Montferrand, les noyers sur celle d’Aulnat]

Les dixmiers ont remplis deux cuves et le tiers d’une autre dans le grand cuvage, et de plus la petite cuve du vin gris. La vendange de noyers où nos thiers (2) et percières ont rempli la cuve de 400 et celle de 300. L’année a été fort mauvaise ; beaucoup n’ont fait qu’une bacholée (3) par œuvre.
Les dixmiers ont rempli deux cuves du grand cuvage. La 1ère et la 3ème, la seconde était à peu près au thiers. Ils ont fait de plus la petite cuve de vin gris. La 1ère du grand cuvage a fait 556 pots de vin, savoir 452 de vin clair et 104 de vin de pressoir. La 3ème a fait 536 pots ; celle qui était au thiers a fait 182, savoir 124 de clair et 58 pots de pressoir. Celle de vin gris a fait 103 pots. Total : 1369 pots. La grande cuve du petit cuvage a fait 419 pots, la seconde 362. Au total : 2050 pots.
Les dixmiers n’ayant payé que la quantité de 39 charges et 4 pots de vin, ils demeuraient redevables de 16 charges dont on leur a fait remise, l’année ayant été fort mauvaise, et surtout, fort trompeuse. Il ne paraît pas d’ailleurs qu’ils en aient vendus. Ils ont fait la déclaration de ceux qui n’avaient pas payé. Ce sont Victor Brugière sur deux bacholées des thiers du château et cinq bacholées derrière le Puy ; Annet Bourcheix sur cinq bacholées ; Annet Arnaud sur huit ; Amable Thévenon sur une ; Antoinette Cougout, veuve d’Antoine Falateuf, sur six ; Antoine Montel le noir sur trois ; Antoine Arnaud, charretier, sur cinq ; Pierre Noellet sur huit ; Henri Gioux sur dix.

23 octobre
On a cueilli les pomes de la garenne ; elles étaient fort petites et très vilaines. Il y en a eu en tout … [en blanc] hottes.
On a battu pour les semailles la quantité de vingt deux septiers deux quartes de bled à journée. On avait battu précédemment la quantité de vingt deux septiers une quarte de pamoule pour avoir de la paille pour mêler avec le regain.
La vigne de la cave n’a donné cette année-ci que trois bacholées de vendange. Il est vrai que nous avons été forcés d’en céder deux œuvres aux héritiers de Dégironde, suivant une sentence présidiale, voyes les pièces de cette affaire.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Cornon : il s’agit de Cournon d’Auvergne, à quelques kilomètres au sud-est d’Aubière.
(2) - Thiers : lire tiers.
(3) - Bacholée : contenu d’une bacholle ou ancienne mesure de capacité propre au Puy-de-Dôme. Une bacholle pouvant contenir 100 litres de vendange ou de vin.


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