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mercredi 18 avril 2012

Des maçons de la Creuse... en Auvergne



...On a fait des chansons de toutes les manières
Sur les joyeux garçons, les bergers, les bergères
Pour ne pas répéter une chose ennuyeuse
Amis, je vais vous chanter les Maçons de la Creuse...


La Marche est un pays granitique et peu fertile, mais à forte densité de population, si bien que les habitants ont cherché à améliorer leur situation en quittant temporairement leur village et en allant gagner leur vie ailleurs, pendant l’été. Comme beaucoup de "migrants", ils avaient leur spécialité. Ils étaient maçons. Ils apprenaient le métier de leur père, puis, laissant aux femmes la gestion de leurs biens et de leur famille, ils allaient, pendant tout l’été, sur les chantiers du bâtiment, partout en France, et même parfois à l’étranger.
Le maître des Œuvres du Roy Philippe le Bel, en 1287, part, avec 10 compagnons de la région de La Souterraine, construire une cathédrale au pays de Saint-Olaf (celle d’Upsala, en Suède). On en retrouve au XVIème et XVIIème siècle, aux environs de Bourges ou à Maisons-Lafitte...
Au XVIIIème siècle, après les années terribles de 1709, on verra tous ces "marchos", circuler, bâtir et vivre dans toutes les régions de France. Ils font tous les métiers : scieurs de long, peigneur de chanvre, puis de plus en plus se spécialisent en maçonnerie.
Très souvent ils ne partaient pas au hasard, et on voit certains d’entre eux retrouver chaque année les mêmes régions. Cela va de chantiers proches de leur domicile à des chantiers de la région parisienne...
En principe, il revenait chez eux chaque hiver, mais il arrivait qu’ils trouvent la mort au cours de leur périple ou qu’ils rencontrent l’amour et finissent par se fixer dans le village où ils étaient partis travailler.
Il y a, dans mon ascendance, des "Maçons de la Creuse", et tous ces cas de figure se retrouvent dans ma famille.
En cherchant les ancêtres de mon arrière-grand-mère, Marie MINGAT, née à Orcival, j’ai trouvé que ce patronyme était très présent dans ce lieu et je pensais qu’il s’agissait d’un de ces noms que l’on trouve depuis des temps immémoriaux dans une localité. Puis j’ai trouvé le mariage du premier "MINGAT" ayant convolé à Orcival.
Le 2 mai 1745, mariage de Pierre Mingat, fils de feu Jean et de feue Marie Gomot, originaire de Saint-Sylvain-Bellegarde, diocèse de Limoges, avec, Marie Chabozy, fille de Pierre, tisserand à Orcival, et de Madeleine Brunel.
Le plus étrange est que ce même jour, un deuxième mariage était célébré. Il s’agit de celui de Pierre Brouillé, fils de Gilbert et de Catherine Valleix, maçon, originaire de Saint-Sylvain-Bellegarde, diocèse de Limoges, avec Marguerite Merend, fille de Pierre et de feue Antoinette Brunel.
Les témoins des deux mariages sont les mêmes, et les mères des épouses sont toutes les deux des Brunel.
Si Pierre Brouillé a eu trois enfants, il n’en va pas de même pour Pierre Mingat, qui, avec 11 enfants, dont 7 garçons, est à l’origine de nombreux villageois portant ce nom.
En cherchant dans les plus anciens registres de catholicité d’Orcival, très lacunaires, et filmés en blanc sur noir, donc difficilement lisibles, j’ai pu trouver la naissance, le 21 avril 1697, de Madeleine Brunel, fille de Gabriel et de Marguerite Tronche.
Il est possible qu’elle soit la sœur d’Antoinette Brunel, mais je n’en ai pas la preuve.
J’ai prolongé mon enquête par une recherche aux Archives Départementales à Guéret et par une visite au stand du Cercle Généalogique de la Marche et du Limousin lors d’un Congrès de généalogie, et j’ai pu trouver des renseignements sur les époux, nés au même lieu.
Ils sont nés le 2 octobre 1714, pour Pierre Brouillé et le 14 décembre 1716, pour Pierre Mingat. S’ils ne sont pas parents, ils ont le même prénom parce qu’ils ont le même parrain : Pierre Queyrieux.

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Les registres paroissiaux d’Orcival, signalent aussi, le 11 juillet 1742, le décès de Gilbert Mingat, maçon, originaire également de Saint-Sylvain-Bellegarde. Ses parents ne sont pas mentionnés, mais il y a des chances pour qu’il soit le frère de Pierre Mingat.
Les archives départementales de la Creuse nous apprennent que Gilbert était marié depuis le 22 février 1725, avec Catherine Parreau, à Saint-Sylvain-Bellegarde, mais les parents des époux ne sont pas mentionnés. Deux enfants sont nés de cette union : Michel en 1725, et Jean en 1728. Le parrain de ce dernier s’appelle Jean Mingat, Gilbert et Pierre Mingat sont-ils frères ou oncle et neveu ? Je l’ignore, mais ils sont sûrement proches parents.
Les archives départementales de la Creuse m’ont aussi livré des renseignements sur le couple Jean Mingat - Marie Gomot (comme toujours l’orthographe des noms de famille est assez fluctuant) leur mariage fut célébré le 7 février 1701 à Mautes (23). Jean Mingat était le fils de Marien et Marie Seval, originaire de Sannegrand, paroisse de Saint-Sylvain-Bellegarde et Marie Gomot, fille de Jean Gomot et Isabeau Rivet, de Naleichard, paroisse de Saint-Sylvain-Bellegarde.
Ce Jean Mingat ou Migaix ou Mygat n’est pas inconnu en Auvergne. Les hasards de la recherche généalogique, alors que je dépouillais les archives notariales des environs de Gelles, Orcival et Rochefort-Montagne, dans celles de Me Mornac, notaire à Tracros (Gelles), m’ont permis de trouver, en 1724, deux quittances d’un autre "maçon de la Creuse", Jean Mygat, maître maçon, originaire aussi de Saint-Sylvain, dont l’une donne le détail des travaux qu’il a effectués dans une maison récemment achetée par un prêtre de Gelles. Ce document se termine par une "prise de possession" de la maison en question, par son propriétaire, dont le texte est joint à la fin de cet article.

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Comme souvent les maçons de la Creuse, Pierre Mingat avait épousé la fille d’un tisserand. On restait toujours entre artisans.
Il est intéressant de voir que Pierre Mingat a transmis son savoir-faire à ses garçons. Il en avait 7 et la plupart devinrent maçons à leur tour, mais ne quittèrent pas tous le pays ; c’est ainsi que le troisième enfant de la famille, Guillaume Mingat, était maçon. Son fils, Pierre, prit la suite, mais comme il n’eut que des filles, parmi lesquelles mon arrière-grand-mère, la lignée de maçons se termina après 4 générations de "maçons de la Creuse".

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Les Creusois à Orcival
Pierre Brouillé et Marguerite Meyrant ont eu trois enfants, nés à Orcival :
- Marie Brouillé, née le 11/11/1748, épouse de François Mignot, le 13/02/1776
- autre Marie, née le 15/09/1752
- Jean Brouillé, né le 10/04/1759, époux de Anne Andanson, le 14/02/1788.
• Il n’y a ensuite plus de trace de Brouillé à Orcival.

Quant à Pierre Mingat et Marie Chabozy, ils eurent 11 enfants, dont 7 garçons, ce qui explique la fréquence de ce patronyme à Orcival. Parmi eux, beaucoup de maçons ou de tailleurs de pierre :
1.1- Pierre ° 23/09/1745 à Orcival (63) x Marguerite SOUCHARD, le 17/10/1788 à Clermont-Ferrand
1.2 - Pierre, ° 01/05/1747 à Orcival x Marguerite CHARDON, le 21/05/1775 à Orcival
1.3 - Guillaume, maçon, ° 05/05/1749 à Orcival, x1 Anne LEGAY, le 07/01/1777 à Orcival, (qui suit) ; x2 Marie ROUCHON, le 29/01/1782 à Orcival
1.4 - Jean ° 16/06/1751 à Orcival x Jeanne VENDANGE, le 11/12/1782 à Orcival
1.5 - Jeanne ° 16/04/1754 à Orcival x1 Annet ROUBIN, le 03/04/1783 à Clermont-Ferrand ; x2 Joseph GERVAIS, le 03/02/1784 à Orcival
1.6 - Françoise ° 12/10/1755 à Orcival x François LAFARGE, le 07/01/1777 à Orcival.
1.7 - Gabrielle ° 13/05/1757 à Orcival x François MEYRAND, le 12/11/1782 à Orcival
1.8 - Pierre, dit "Pianotas", maçon, ° 03/05/1759 à Orcival x Anne LEGAY, le 21/02/1786 à Orcival
1.9 - Etienne, ° 30/06/1761 à Orcival
1.10 - Charlotte ° 14/04/1763 à Orcival
1.11 - Antoine ° 28/05/1767 à Orcival.

Le troisième enfant de Pierre Mingat, Guillaume, s’est marié deux fois. On lui connaît, de son premier mariage avec Anne LEGAY, trois enfants :
Pierre ° 19/11/1771 à Orcival, x Charlotte COHADE le 22/01/1807, à Orcival
Louis ° 24/10/1779 à Orcival
Jean ° 11/01/1781 à Orcival.
De sa seconde union, avec Marie ROUCHON, quatre enfants :
Jean ° 16/11/1782 + 13/01/1783 à Orcival
Antoine ° 16/02/1784 à Orcival
Jeanne ° 21/05/1786 à Orcival
François ° 04/08/1788 à Orcival.
A part Pierre, mon ancêtre, aucun d’eux n’a fait souche à Orcival.
Ce Pierre Mingat, était aussi maçon. De son mariage avec Charlotte COHADE, sont nés huit enfants :
Marie ° 08/11/1808 à Orcival
Marie ° 25/03/1816 à Orcival x Pierre PASSELERGUE, menuisier, le 07/11/1836 à Clermont-Ferrand
Marie ° 05/09/1812 à Orcival x Jacques-Joseph DELANEF, ébéniste, le 13/10/1836, à Clermont-Ferrand
Jeanne ° 11/02/1816, + 15/05/1825 à Orcival
Anne ° 09/06/1819 + 09/09/1842 à Orcival
Michel ° 10/02/1822 + 22/06/1825 à Orcival
Marie ° 04/06/1825 à Orcival x Jean TOYE, commis marchand, le 24/01/1849 à Clermont-Ferrand
Catherine ° 10/02/1831 à Orcival, x Pierre COULON, cultivateur, le 30/10/1854 à Orcival.
Le seul garçon de la famille étant mort en bas âge, ainsi se termina cette lignée de maçons, originaire de la Creuse.
(…)

© C.G.H.A - (Marie-José Chapeau)

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