...On
a fait des chansons de toutes les manières
Sur
les joyeux garçons, les bergers, les bergères
Pour
ne pas répéter une chose ennuyeuse
Amis,
je vais vous chanter les Maçons de la Creuse...
La Marche est un
pays granitique et peu fertile, mais à forte densité de population, si bien que
les habitants ont cherché à améliorer leur situation en quittant temporairement
leur village et en allant gagner leur vie ailleurs, pendant l’été. Comme beaucoup
de "migrants", ils avaient leur spécialité. Ils étaient maçons. Ils
apprenaient le métier de leur père, puis, laissant aux femmes la gestion de
leurs biens et de leur famille, ils allaient, pendant tout l’été, sur les
chantiers du bâtiment, partout en France, et même parfois à l’étranger.
Le maître des Œuvres
du Roy Philippe le Bel, en 1287, part, avec 10 compagnons de la région de La
Souterraine, construire une cathédrale au pays de Saint-Olaf (celle d’Upsala,
en Suède). On en retrouve au XVIème et XVIIème siècle,
aux environs de Bourges ou à Maisons-Lafitte...
Au XVIIIème
siècle, après les années terribles de 1709, on verra tous ces
"marchos", circuler, bâtir et vivre dans toutes les régions de France.
Ils font tous les métiers : scieurs de long, peigneur de chanvre, puis de
plus en plus se spécialisent en maçonnerie.
Très souvent ils ne
partaient pas au hasard, et on voit certains d’entre eux retrouver chaque année
les mêmes régions. Cela va de chantiers proches de leur domicile à des chantiers
de la région parisienne...
En principe, il
revenait chez eux chaque hiver, mais il arrivait qu’ils trouvent la mort au
cours de leur périple ou qu’ils rencontrent l’amour et finissent par se fixer
dans le village où ils étaient partis travailler.
Il y a, dans mon
ascendance, des "Maçons de la Creuse", et tous ces cas de figure se
retrouvent dans ma famille.
En cherchant les
ancêtres de mon arrière-grand-mère, Marie MINGAT, née à Orcival, j’ai trouvé
que ce patronyme était très présent dans ce lieu et je pensais qu’il s’agissait
d’un de ces noms que l’on trouve depuis des temps immémoriaux dans une
localité. Puis j’ai trouvé le mariage du premier "MINGAT" ayant
convolé à Orcival.
Le 2 mai 1745,
mariage de Pierre Mingat, fils
de feu Jean et de feue Marie Gomot, originaire de Saint-Sylvain-Bellegarde,
diocèse de Limoges, avec, Marie Chabozy, fille de Pierre, tisserand à Orcival,
et de Madeleine Brunel.
Le plus étrange est
que ce même jour, un deuxième mariage était célébré. Il s’agit de celui de Pierre Brouillé, fils de Gilbert et de
Catherine Valleix, maçon, originaire de Saint-Sylvain-Bellegarde, diocèse de
Limoges, avec Marguerite Merend,
fille de Pierre et de feue Antoinette Brunel.
Les témoins des
deux mariages sont les mêmes, et les mères des épouses sont toutes les deux des
Brunel.
Si Pierre Brouillé
a eu trois enfants, il n’en va pas de même pour Pierre Mingat, qui, avec 11
enfants, dont 7 garçons, est à l’origine de nombreux villageois portant ce nom.
En cherchant dans
les plus anciens registres de catholicité d’Orcival, très lacunaires, et filmés
en blanc sur noir, donc difficilement lisibles, j’ai pu trouver la naissance,
le 21 avril 1697, de Madeleine Brunel, fille de Gabriel et de Marguerite
Tronche.
Il est possible
qu’elle soit la sœur d’Antoinette Brunel, mais je n’en ai pas la preuve.
J’ai prolongé mon
enquête par une recherche aux Archives Départementales à Guéret et par une
visite au stand du Cercle Généalogique de la Marche et du Limousin lors d’un
Congrès de généalogie, et j’ai pu trouver des renseignements sur les époux, nés
au même lieu.
Ils sont nés le 2
octobre 1714, pour Pierre Brouillé et le 14 décembre 1716, pour Pierre Mingat.
S’ils ne sont pas parents, ils ont le même prénom parce qu’ils ont le même
parrain : Pierre Queyrieux.
*
Les registres
paroissiaux d’Orcival, signalent aussi, le 11 juillet 1742, le décès de Gilbert Mingat, maçon, originaire
également de Saint-Sylvain-Bellegarde. Ses parents ne sont pas mentionnés, mais
il y a des chances pour qu’il soit le frère de Pierre Mingat.
Les archives
départementales de la Creuse nous apprennent que Gilbert était marié depuis le
22 février 1725, avec Catherine Parreau, à Saint-Sylvain-Bellegarde, mais les
parents des époux ne sont pas mentionnés. Deux enfants sont nés de cette
union : Michel en 1725, et Jean en 1728. Le parrain de ce dernier
s’appelle Jean Mingat, Gilbert et Pierre Mingat sont-ils frères ou oncle et
neveu ? Je l’ignore, mais ils sont sûrement proches parents.
Les archives
départementales de la Creuse m’ont aussi livré des renseignements sur le couple
Jean Mingat - Marie Gomot (comme toujours l’orthographe des noms de famille est
assez fluctuant) leur mariage fut célébré le 7 février 1701 à Mautes (23). Jean
Mingat était le fils de Marien et Marie Seval, originaire de Sannegrand, paroisse
de Saint-Sylvain-Bellegarde et Marie Gomot, fille de Jean Gomot et Isabeau
Rivet, de Naleichard, paroisse de Saint-Sylvain-Bellegarde.
Ce Jean Mingat ou
Migaix ou Mygat n’est pas inconnu en Auvergne. Les hasards de la recherche
généalogique, alors que je dépouillais les archives notariales des environs de
Gelles, Orcival et Rochefort-Montagne, dans celles de Me Mornac,
notaire à Tracros (Gelles), m’ont permis de trouver, en 1724, deux quittances
d’un autre "maçon de la Creuse", Jean Mygat, maître maçon, originaire
aussi de Saint-Sylvain, dont l’une donne le détail des travaux qu’il a
effectués dans une maison récemment achetée par un prêtre de Gelles. Ce
document se termine par une "prise de possession" de la maison en
question, par son propriétaire, dont le texte est joint à la fin de cet
article.
*
Comme souvent les
maçons de la Creuse, Pierre Mingat avait épousé la fille d’un tisserand. On
restait toujours entre artisans.
Il est intéressant
de voir que Pierre Mingat a transmis son savoir-faire à ses garçons. Il en
avait 7 et la plupart devinrent maçons à leur tour, mais ne quittèrent pas tous
le pays ; c’est ainsi que le troisième enfant de la famille, Guillaume
Mingat, était maçon. Son fils, Pierre, prit la suite, mais comme il n’eut que
des filles, parmi lesquelles mon arrière-grand-mère, la lignée de maçons se
termina après 4 générations de "maçons
de la Creuse".
*
Les
Creusois à Orcival
Pierre Brouillé et
Marguerite Meyrant ont eu trois enfants, nés à Orcival :
- Marie Brouillé,
née le 11/11/1748, épouse de François Mignot, le 13/02/1776
- autre Marie, née
le 15/09/1752
- Jean Brouillé, né
le 10/04/1759, époux de Anne Andanson, le 14/02/1788.
• Il n’y a ensuite
plus de trace de Brouillé à Orcival.
Quant à Pierre
Mingat et Marie Chabozy, ils eurent 11
enfants, dont 7 garçons, ce qui explique la fréquence de ce patronyme à
Orcival. Parmi eux, beaucoup de maçons ou de tailleurs de pierre :
1.1- Pierre ° 23/09/1745 à Orcival (63) x
Marguerite SOUCHARD, le 17/10/1788 à Clermont-Ferrand
1.2 - Pierre, ° 01/05/1747 à Orcival x
Marguerite CHARDON, le 21/05/1775 à Orcival
1.3 - Guillaume, maçon, ° 05/05/1749 à
Orcival, x1 Anne LEGAY, le 07/01/1777 à Orcival, (qui suit) ; x2
Marie ROUCHON, le 29/01/1782 à Orcival
1.4 - Jean ° 16/06/1751 à Orcival x Jeanne
VENDANGE, le 11/12/1782 à Orcival
1.5 - Jeanne ° 16/04/1754 à Orcival x1 Annet
ROUBIN, le 03/04/1783 à Clermont-Ferrand ; x2 Joseph GERVAIS,
le 03/02/1784 à Orcival
1.6 - Françoise ° 12/10/1755 à Orcival x François
LAFARGE, le 07/01/1777 à Orcival.
1.7 - Gabrielle ° 13/05/1757 à Orcival x
François MEYRAND, le 12/11/1782 à Orcival
1.8 - Pierre, dit "Pianotas", maçon,
° 03/05/1759 à Orcival x Anne LEGAY, le 21/02/1786 à Orcival
1.9 - Etienne, ° 30/06/1761 à Orcival
1.10 - Charlotte ° 14/04/1763 à Orcival
1.11 - Antoine ° 28/05/1767 à Orcival.
Le troisième enfant
de Pierre Mingat, Guillaume, s’est marié deux fois. On lui connaît, de son
premier mariage avec Anne LEGAY, trois enfants :
Pierre ° 19/11/1771
à Orcival, x Charlotte COHADE le 22/01/1807, à Orcival
Louis ° 24/10/1779
à Orcival
Jean ° 11/01/1781 à
Orcival.
De sa seconde
union, avec Marie ROUCHON, quatre enfants :
Jean ° 16/11/1782 +
13/01/1783 à Orcival
Antoine °
16/02/1784 à Orcival
Jeanne ° 21/05/1786
à Orcival
François °
04/08/1788 à Orcival.
A part Pierre, mon
ancêtre, aucun d’eux n’a fait souche à Orcival.
Ce Pierre Mingat,
était aussi maçon. De son mariage avec Charlotte COHADE, sont nés huit
enfants :
Marie ° 08/11/1808
à Orcival
Marie ° 25/03/1816
à Orcival x Pierre PASSELERGUE, menuisier, le 07/11/1836 à Clermont-Ferrand
Marie ° 05/09/1812
à Orcival x Jacques-Joseph DELANEF, ébéniste, le 13/10/1836, à Clermont-Ferrand
Jeanne °
11/02/1816, + 15/05/1825 à Orcival
Anne ° 09/06/1819 +
09/09/1842 à Orcival
Michel ° 10/02/1822
+ 22/06/1825 à Orcival
Marie ° 04/06/1825
à Orcival x Jean TOYE, commis marchand, le 24/01/1849 à Clermont-Ferrand
Catherine °
10/02/1831 à Orcival, x Pierre COULON, cultivateur, le 30/10/1854 à Orcival.
Le seul garçon de
la famille étant mort en bas âge, ainsi se termina cette lignée de maçons,
originaire de la Creuse.
(…)
© C.G.H.A -
(Marie-José Chapeau)
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