Antoine Alexandre Gioux, fils unique, est mort
célibataire et donc sans descendance. C’est le cousin de tous les Aubiérois : je l’ai adopté, vous
l’adopterez peut-être. C’est notre poilu, notre héros, discret et magnifique. Voici
sa vie, qui m’a été inspirée par le récit de son père.
Antoine-Alexandre Gioux (1887-1918) |
Antoine Alexandre Gioux, fils de Martin
Gioux et de Marguerite Gioux, est né le 11 juin 1887 à Aubière.
Le milieu familial et rural dans lequel
s’écoulèrent ses premières années, façonna, à son insu, son esprit et lui
imprima les qualités maîtresses qui le caractérisèrent : amour profond de
la nature, attachement au travail, culte du devoir.
Dès l’âge de trois ans, Antoine Gioux
fréquente l’école communale d’Aubière qu’il quitte à l’âge de treize ans,
pourvu du certificat d’études primaires.
En 1900, il entre en sixième au lycée
Blaise-Pascal où, durant six années, il parcourt le cycle d’enseignement
secondaire. En 1905, Antoine Gioux obtient le baccalauréat ès-sciences
mathématiques qui couronne ses études secondaires. En juillet.1908, ses cycles
d’études achevés, il obtient le brevet d’Ingénieur agronome. En 1910, le
service militaire terminé, Antoine Gioux est affecté comme chimiste au
laboratoire central des fraudes à Paris ; puis, à la station agronomique
de Chartres. En 1912, reçu au concours pour le professorat d’agriculture, il
exerce à Toul jusqu’en 1914.
La guerre survient et il est mobilisé à
Clermont-Ferrand comme caporal à la 13ème section de commis-ouvriers
d’armée. En cette qualité, il prend part à la campagne, puis à la triste et
pénible retraite de Lorraine. Il passe ensuite dans l’Oise et y séjourne dix
mois. Mais ses chefs ont apprécié sa valeur, ses connaissances, et le chargent
des achats agricoles pour le ravitaillement des troupes. En 1915, il passe au 1er
génie. Il a la satisfaction d’y être affecté à une tâche en conformité avec ses
goûts. Il est chargé d’une exploitation forestière à proximité du front.
Antoine Gioux est plus tard versé comme
sergent au 91ème régiment d’infanterie. Il y suit des cours spéciaux
et est nommé chef de section et incorporé au 367ème régiment
d’infanterie. Il apporte au milieu des combats, dans ses nouvelles fonctions
qui nécessitent du courage, de l’intrépidité et des connaissances militaires,
le calme tranquille, magnifique qui le caractérise.
Dans ses lettres, il relate les vides
nombreux qui se font certains jours autour de lui. Le fracas des combats ne lui
fait pas perdre de vue la vie active des siens. « Je vous adresse des journaux agricoles, écrit-il en mai 1918 à son
père, vous y trouverez un article concernant le mildiou, et quelques idées
intéressantes. Où est le temps où nous pouvions nous occuper de ces
choses ? » Avec la même tranquillité d’âme il écrit quelques
jours après : « Ma première
patrouille en avant des réseaux m’a fortement intéressé, et puis on se sentait
pour ainsi dire en toute sécurité, tellement notre artillerie, merveilleusement
juste, sonnait le boche ! »
D’un mot, quand il écrit, il dépeint le
site où il se trouve. « Dans un
champ d’avoine, en toute première ligne » ; « En lisière d’un petit bois » ;
« Dans un bois près du canal de
l’Ourcq » ; « Couché
au milieu d’un champ de blé ». Telles sont les indications placées en
tête de ses lettres. La censure peut les laisser passer sans crainte :
même prises, elles ne fourniront pas de renseignements à l’ennemi.
« Pour sa belle conduite au
feu », pendant la journée du 8 juin 1918, Antoine Gioux est nommé
adjudant. Deux jours après, il est proposé pour le grade de sous-lieutenant.
Dans une lettre datée du 12 juin, il écrit : « qu’il fait bon se retremper des jours où on doit serrer le ceinturon et
ne boire que de l’eau boueuse ».
Le 28 juin, un mot écrit en hâte, portant
comme indication de lieu : « en
contact avec le boche dans l’Aisne », annonce aux parents d’Antoine
Gioux qu’il a été nommé sous-lieutenant « pour sa belle conduite aux derniers combats ».
Le 3 juillet, la lutte reprenait violente.
Dans la matinée un éclat d’obus blessait grièvement Antoine Gioux au coude. Il
fut conduit au poste de secours aux environs de Vinly (Aisne). Là, tandis qu’on
procédait à un pansement, un nouvel obus éclatait près de lui, le tuant net.
La citation suivante à l’ordre de la 73ème
division rend le plus juste hommage à cet officier fauché à l’aurore de la
victoire, dont il fut un artisan irréprochable :
« Gioux
Antoine, sous-lieutenant au 367ème R. I. : Officier extrêmement
brave, ayant fait l’admiration de tous pendant la période d’opérations du 31
mai au 2 juillet 1918. A été tué à son poste de combat, sous un violent
bombardement, le 3 juillet 1918. »
Son corps fut transporté au secteur de
Brumetz et inhumé au cimetière de ce village.
Le 7 mars 1921, il est fait chevalier de la
Légion d’Honneur à titre posthume.
Pierre Bourcheix, d'après Martin Gioux
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