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vendredi 22 novembre 2013

La Gauloise fête Sainte-Cécile en 1924



En ce jour de la Sainte-Cécile, un article du journal « L’Avenir » en 1924 :

« La plus belle de nos sociétés musicales rurales, La Gauloise d’Aubière, fêtait dimanche, à la fois, la Sainte-Cécile et l’élection de son nouveau président, M. Pezant.
En raison du deuil récent qui a frappé la société, en la personne de M. Alfred Gioux, la fête eut simplement un caractère d’intimité familiale. On s’abstint de manifestations bruyantes, encore que très harmonieuses, comme le défilé traditionnel. Mais si La Gauloise, pour le motif que nous venons de signaler dût fêter la Sainte-Cécile plus discrètement que de coutume, elle n’en affirma pas moins une vitalité plus puissante que jamais, en dépit des vides que le mort creuse dans ses rangs.
On connaît le sens vrai de la phrase historique : « Le Roi est mort, vive le Roi ! » Ce raccourci qui exprimait d’une manière saisissante la continuité des institutions monarchiques de la vieille France peut s’appliquer en ce moment à La Gauloise.
Après avoir pleuré l’entraîneur d’hommes, le chef loyal qu’était Alfred Gioux, les sociétaires de La Gauloise, fièrement, comme l’ancêtre figuré sur leur bannière, ont relevé la tête et ont puisé dans le malheur qui les frappait la volonté de vivre et de se développer encore sous l’impulsion d’un nouveau chef. Voilà bien un des traits saillants de cette force race arverne dont les Aubiérois de La Gauloise sont les dignes rejetons.
La fête débuta par une cérémonie religieuse à l’église paroissiale.
Pendant la messe, La Gauloise, sous la direction de M. Montel, exécuta quelques morceaux appropriés d’un style très délicat.
À l’Évangile, M. le chanoine Lestrade, ancien aumônier militaire, chevalier de la Légion d’honneur, avec cette éloquence sobre et simple qui va droit au cœur, parla de l’Harmonie, qui a fait la beauté, en musique et la force dans les Sociétés. Le chanoine Lestrade évoqua le souvenir de M. Gioux et salua en M. Pezant le digne continuateur de son œuvre.

Sainte Cécile

Le banquet
À midi et demi, au restaurant Gioux, cent trente convives étaient réunis. Il y avait là tous les musiciens, un certain nombre de membres honoraires et quelques invités.
Un menu fut servi, qui était un véritable défi à la vie chère. MM. Gioux, vieux amis de La Gauloise, reçurent vraiment en amis généreux ; ils surent réunir, pour un prix tout à fait démocratique, l’abondance et la qualité ; de sorte que ce menu remarquable, appuyé sur le non moins remarquable vin des « Etats-Unis » (ainsi dénommé parce qu’aux Etats-Unis on ne boit plus de vin, emporta un franc succès.
A la table d’honneur, autour de M. Pezant, nous avons remarqué : M. Marc Blatin, conseiller général ; M. Monbarin, directeur de l’Harmonie des Usines Bergougnan ; M. Taravaud, président d’honneur de l’ « Union musicale » de Beaumont ; M. Montel, chef de La Gauloise, M. Joannet, président d’honneur ; MM. Montagnon et Vacher, vice-présidents actifs ; Chatagner, Théringaud, Bourcheix-Dutemple, vice-présidents d’honneur ; les docteurs Mercier et Sahut ; M. Matray, pharmacien ; MM. Bernard, trésorier, Aubény, secrétaire ; Bouchard, chef de l’ « Union musicale » de Beaumont ; l’aviateur Michel ; MM. Francione, Planche, membres honoraires ; M. Pignol, vice-président et M. Cohendy-Morel, secrétaire de l’ « Union musicale » de Beaumont ; MM. Bayle-Noëllet, Roche, membres honoraires, etc.
Lorsque le champagne pétilla dans les coupes, M. Bernard prit la parole.

Discours de m. Bernard
Le sympathique trésorier de La Gauloise commença par ces belles paroles à l’adresse du regretté M. Alfred Gioux :
« La fête patronale de Sainte-Cécile qui nous rassemble aujourd’hui, semble voilée de tristesse celui que nous aimions voir présider nos agapes, donner la note de l’entrain, de la joie, du mouvement, n’occupe plus sa place habituelle.
Sans effort de pensée, nous le voyons encore au milieu de nous recevant ses invités, donnant ses ordres, tout heureux d’être au sein de sa Société environné d’amis.
Messieurs, nous nous rappellerons toujours de notre cher Alfred, de celui qui, sans nul souci de son poste autre que le plus grand bien de La Gauloise, se montra toujours le meilleur des camarades.
Que sa famille reçoive de tous notre reconnaissance et nos respects. »
M. Bernard parla ensuite du nouveau président :
« … Il y a une quinzaine de jours, la commission administrative se réunissait à l’effet d’élire un nouveau président, et aux acclamations générales M. Pezant était désigné.
Ce choix a été particulièrement heureux, il a été accueilli avec une égale approbation par la Société et par la population qui s’intéresse vivement à son existence.
Né d’une famille aubiéroise, M. Pezant vint à l’âge d’homme s’établir à Aubière.
Très doué au point de vue musical, il entra de suite à La Gauloise, certain d’y trouver la satisfaction de ses goûts artistiques, certains aussi d’y rencontrer de véritables amis.
C’est à son modeste pupitre de musicien que ses amis sont venus le prendre pour l’élever à la présidence.
Vous le savez tous, avec les ressources de son travail et de son intelligence, il a fondé à Aubière un des établissements les plus florissants de la région dans l’art horticole.
Nous sommes assurés que M. Pezant mettra au service de sa Société une bonne partie de l’activité et de la volonté déployées dans la création de sa maison commerciale.
L’année dernière, dans une réunion de famille, nous aimions à rappeler les souvenirs qui nous unissaient aux anciens Présidents dont les portraits ornent cette salle. Aujourd’hui nous venons saluer un nouveau venu, c’est le portrait de M. Ebely.
Vous l’avez tous connu, celui-là fut un modeste, mais il fut un des meilleurs serviteurs de La Gauloise, nous serons heureux et fiers de voir désormais ses traits ici, devant son image les anciens se souviendront, les nouveaux le prendront comme modèle. »
Des applaudissements nourris ponctuèrent le discours du sympathique trésorier ; lorsqu’ils se furent apaisés, M. Pezant se leva.

Discours de m. Pezant
« Ce n’est pas sans émotion que je me retrouve aujourd’hui à notre banquet traditionnel de Sainte-Cécile.
Pour la première fois depuis 20 ans, j’ai dû déserter, à cette table, le petit coin où (c’était une tradition) se réfugiait tout un groupe de nos vieux musiciens. Je l’aimais surtout parce qu’il n’y avait rien d’officiel.
Votre estime et votre affection m’appellent à l’honneur. Du plus humble de vos camarades vous avez fait celui qui présidera désormais aux destinées de notre belle Gauloise. Cela me grandit et m’étonne. Pour toute la fierté que j’en ressens soyez remerciés.
Mais pourquoi faut-il que votre choix se soit porté sur moi, tant d’autres en étaient dignes et je me sentais si bien à ma place à mon petit coin de table.
Messieurs, je ne voudrais pas vous attrister, mais je manquerais au premier de mes devoirs si je ne rendais un hommage ému à la mémoire de mon regretté prédécesseur. »
Et M. Pezant fit de M. Gioux un éloge délicat.
« Son nom restera gravé pour toujours, sur le Livre d’or de La Gauloise, comme son souvenir l’est déjà dans nos cœurs.
Permettez-moi maintenant, de saluer les nobles figures qui, ,sur les murs de cette salle, dans leur cadre doré, semblent nous regarder avec la fierté affectueuse des grands-pères pour leurs petits enfants.
Les unes représentent pour nous tout le passé de La Gauloise, l’incarnation de l’Honneur et du Devoir, les autres tout le présent avec ses belles espérances.
Permettez-moi de saluer bien bas encore le tableau d’honneur où sont inscrits les noms de nos héros morts pour la France.
Inspirons-nous des exemples donnés par tous ces braves gens pour qu’avec la bonne volonté de tous, nous arrivions à une Gauloise, toujours plus grande, toujours plus belle et pour que nos enfants aient un jour la fierté et la joie de fêter son centenaire.
Pourrions-nous jamais manquer de foi dans ces destinées, quand nous voyons autour de nous des hommes dont le dévouement se cache et se refuse à toute récompense comme M. Bernard, M. Aubény et notre chef aimé, M. Montel ; cette belle jeunesse enthousiaste et tant d’amis, tous ces vieux musiciens qui ont vu grandir La Gauloise et participe depuis plus de 40 ans à tous ses succès. »
M. Pezant salua ensuite les nouveaux élus du bureau : MM. Montagnon et Vacher, vice-présidents actifs, les vice-présidents honoraires : MM. Bourcheix-Dutemple, Chatagner et Théringaud, le nouveau sous-chef, M. Baptiste Gioux, M. Joannet, président d’honneur. Le président adressa aussi d’aimables compliments à M. Blatin, en qui il salua l’un des plus éclairés défenseurs de la cause paysanne, à M. Monbarin, directeur de l’Harmonie Bergougnan, à M. Taravaud, président d’honneur de l’ « Union musicale » de Beaumont, au représentant de l’ « Avenir » et termina ainsi :
« Nos remerciements vont aussi de grand cœur à tous nos amis et aux nombreux membres honoraires qui ont tenu à rehausser par leur présence l’éclat de notre fête.
Je n’aurais garde d’oublier notre restaurateur Mme Gioux qui nous a beaucoup gâté aujourd’hui.
Messieurs, je bois à votre santé à tous et en l’honneur de notre belle Gauloise. »

Un membre de la « clique », M. Chausseprat, au nom des tambours et clairons, adressa un « speech » très cordial à M. Pezant et lui remit une gerbe de fleurs. Le nouveau président se montra très touché de cette démarche et remercia M. Chausseprat avec émotion. »


In L’Avenir du 23 décembre 1924

et Cahier n°3 du C.G.H.A., Aubière, Musique, Théâtre,Chant choral, 2007


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