1790-1842
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Épisode 22
Juin 1792
Juin 1792
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Prix des
denrées : vin 6£ 5s ; froment 35£ ; bled 30£
1- Nous avons enfin
reçu un récépissé de liquidation pour être donné en payement de contribution
patriotique (1), montant à la somme
de dix sept cents vingt huit livres, principale de la rente de ma grand-mère,
que l’on avait donné pour cet objet. Il a été reçu chez M. Pyrent qui a remis
la somme de onze cents vingt huit livres sur celle de douze cents qui avait été
déposée pour les deux premiers termes, s’étant retenu 72 £ pour compléter les
1800 £, montant de nos deux contributions patriotiques.
2- On a fait arranger
par Chirol le charron l’avant-train du chariot des chevaux (2) ; on a fait marché avec lui à dix-huit
francs et on lui remet le bois qu’il fournit, celui que nous avons ne s’étant
pas trouvé assez fort pour être employé.
3- Le dimanche dix du
mois, on a encore rompu la petite porte des Ramacles. On l’a faite arranger le
lendemain. Et en plus, pour empêcher le passage, on a fait faire un fossé de
cinq pieds de profondeur sur sept de largeur, pour la façon duquel on a donné
dix francs. On a fait charger le terrain à journée ; il sera porté dans la
grande terre et [… …] en attendant
près de la porte de la garenne, à prix fait c’est sur le pied de 27 sols la
toise cube.
4- On a fait porter en
haut de la grande terre la terre qui était contre le mur ; on a fait
bêcher par-dessous et arracher beaucoup de racines de noyers.
5- On a fait fossoyer,
émandroner et échalasser les plus forts seps [sic] du plantier près la cave.
6- On a nettoyé la
grange du bois ; le terreau qui en est sorti a été mis à part pour les
fleurs. On a aussi baissé le terrain devant la porte et on l’a porté dessous le
mur de la vigne.
7- On a commencé à
faucher le 18 du mois. Le prix fait a été donné au mourat et au Teringaud pour
le prix de 20 £ ; ils ont mis 12 journées. La garenne a été assez bonne,
il y a eu 14 chars de foin. Le dimanche 24, il y a eu une violente
insurrection : on se porta en foule dans la garenne ; on abattit un
char de foin qui était chargé ; on enleva celui qui était ramassé. On
requiert la municipalité. Deux membres s’y transportent. Personne n’est maître
d’arrêter le désordre. J’en instruis le département. Il demande compte à la
municipalité. Elle envoie un procès-verbal dans lequel elle ose dire qu’elle
n’a connu personne à cause de l’éloignement. J’ai requis aussi le juge de paix
de faire le sien. On a achevé dans cette journée de démolir le mur à côté de la
cidevant grille de fer. (3)
8- Mr Cussat a
remboursé la rente de cinquante écus qu’il devait par contrat du 5 juin 1751
sur plusieurs parcelles d’héritage. Il lui a été donné quittance par devant
notaire, et nous avons gardé les actes parce qu’ils portent reconnaissance ou
ratification qui sont dus sur ces anciens héritages.
9- Les bœufs et les
chevaux continuent toujours de labourer la grande terre.
10- Il y a eu le 30 un
orage assez fort. Le ruisseau a creusé beaucoup entre le pré Rougier et la
garenne. Il a même gâté un peu le foin dans le pré Rougier, et l’on a fait une
diminution de 12 £ à ceux qui ont éprouvé ce dommage.
11- On a fait passer
sur les toits à Aubière et à Noyers. On avait eu soin de marquer les
gouttières, et on n’a rien dérangé ailleurs, ce qui vaut beaucoup mieux. Les
maçons gagnent 22 sols ; on tempe la soupe et on donne du petit vin.
12- On a perçu à
Noyers la dime du verger. Comme elle n’avait point été payée l’année passée,
nous avons eu deux petits chars de foin qui ont été portés à Clermont. On a
fait bâtir aussi à Noyers les piliers en pierre de taille qui soutiendront les
crèches, et qui avaient été commandés dans l’hyver.
13- Il y a eu dans ce
mois un décret qui m’empêche de faire usage de la reconnaissance provisoire de
liquidation que j’avais obtenue sur la dixme ; au moyen d’une
reconnaissance définitive on pourrait être payé des intérêts, mais pour le
principal il faut attendre le nouveau mode de remboursement. On ne fera aucune
démarche à présent.
14- Le foin levé, on a
détaupiéré et suivi les arbres des vergers pour les émandroner, comme on a fait
aussi pour la verge.
Annotations de Pierre
Bourcheix :
(1) – Contribution patriotique : En octobre 1789, les
impôts directs supprimés, on créa une contribution
patriotique. Ce nouvel impôt était très élevé : les citoyens possédant
plus de 400 livres de revenus devaient en verser le quart. Le système des
contributions fut réorganisé en 1797.
(2) - Chirol : François Antoine Chirol, dit Roudait (vers la place du Roudet), fils d’Antoine et de Jeanne Bouchaudy, né le 6 mai 1760 à Aubière,
marié le 11 janvier 1780 à Aubière avec Charlotte Boudet, décédé le 12 juillet
1808 à Aubière. Charron comme son père et comme le seront après lui ses fils
Antoine et François.
(3) - La municipalité en 1792 : Elle a le notaire
Amable Girard à sa tête, et ce maire a une « dent » contre le baron
Pierre André, le père de Jean-Baptiste, depuis quelques années. Inutile de
chercher plus loin les raisons de l’évidente « complicité » de la
municipalité avec les émeutiers. Dans quelques mois, sous la Terreur, Amable
Girard trouvera un prétexte pour envoyer Pierre André à la mort…
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