Les champs des morts ou cimetières
successifs d’Aubière ont laissé des traces :
1- dès l’époque gallo-romaine (dans
les parages au nord et à l’ouest de l’église actuelle) ;
2- au Vème siècle
(également au nord de l’église) ;
3- à l’époque mérovingienne (VIIème
siècle, nécropole au bas du Mirondet) ;
4- au moyen-âge (autour de l’église
du XIIème siècle, signalé aussi dans un ancien terrier par un titre
de 1440 : « le cimetière au nord de l’église ») ;
5- des fouilles de 1927 et 1993
révèlent en surface (<50 centimètres de profondeur) des ossements humains
autour de l’église ;
6- le cimetière Saint-Roch (rue
Saint-Antoine), connu dès 1694 et indiqué par le plan cadastral de 1831 et qui
succède au précédent à proximité nord de l’église ; plusieurs testaments, à partir de septembre 1586, évoqueraient avec vraisemblance son ouverture ;
7- enfin, le cimetière actuel, entre
Foisses et Laschamp, ouvert au XIXème siècle (en 1836, selon toute vraisemblance).
A la veille de la Toussaint et de la
Fête des morts (2 novembre), nous allons nous intéresser aux balbutiements du
cimetière actuel, entre 1834 et 1868, date de son premier agrandissement.
Si l’on en croit les testaments de certains Aubiérois vivant
autour de 1600, les inhumations avaient lieu près de l’église dans le
cimetière. Bien sûr, les plus riches achetaient le droit d’être enterrés dans
l’église (fondations) et ce jusqu’au milieu du XVIIIème siècle ! Mais on sait aussi, grâce aux
visites pastorales, faites par l’évêque de Clermont ou par son vicaire général,
que, dès le dernier quart du XVIIème siècle, le cimetière n’était
déjà plus autour de l’église mais hors les murs au terroir de la Treille. Ce
nouveau cimetière, au-delà des fossés du bourg, était ceint de murs à
l’intérieur desquels, à l’aspect d’orient, s’élevait une chapelle dédiée à
saint Roch. Nous appellerons donc ce cimetière du nom de ce saint.
Ancien cimetière saint-Roch (en bleu) Nouveau cimetière projeté (en jaune) (Archives communales d'Aubière) |
En 1814, le cimetière saint-Roch est déjà trop petit, et le
maire demande au Préfet de réunir le conseil municipal pour délibérer du
déménagement du cimetière parce que « les miasmes qui s’en exhalent pouvant
corrompre la salubrité de l’air et procurer des maladies épydémiques, d’ailleurs le local est
trop resserré pour contenir toutes les inhumations d’une Commune aussi
populeuse et n’est pas à la distance voulue par le décret du 3 Prairial An 12 ».[1]
Personne ne voulant céder de terrains pour le nouveau
cimetière, on oublie tout pendant une quinzaine d’années. En 1833 cependant, le
conseil municipal, sous la présidence du maire Jean Foulhouze, estime que le
jardin clos de murs de Madame Anne André, veuve de Provenchère, situé au
terroir des Foisses aux confins du terroir de Laschamp, est idéal pour le
projet d’un nouveau cimetière.
Madame de Provenchère, après expertise qui fixe le prix du
jardin à 2.600 francs, accepte de vendre. La vente sera effective le 17 janvier
1835.[2]
Dès lors, le cimetière Saint-Roch devient hors-service, et les inhumations s'effectuent dans le nouveau cimetière des Foisses.
En 1842, le conseil municipal décide de vendre le cimetière Saint-Roch. L’autorisation préfectorale n’interviendra qu’en 1846.[3]
L’adjudication du 16 novembre 1846 attribue les sept lots de
l’ancien cimetière saint-Roch à : Pierre Noëllet, Michel Chaussidon,
Gabriel Desitre, Jean Dégironde dit Tarot,
gendre à Arnaud, Jeannon [lire Janon], Etienne Vilvaux [lire Villevaud] et à
Bayle dit Falet.
Agrandissement du cimetière entre Foisses et Laschamp (Archives communales d'Aubière - 1868) |
En 1859, le conseil municipal, sous la présidence du maire,
Mr Daumas-Foulhouze, accorde une concession gratuite à l’ancien maire Jean
Foulhouze, pour services rendus à la Commune. Ce sera la chapelle (le colombier
du jardin de Mme de Provenchères), à l’angle nord-ouest du nouveau cimetière.[4]
Dès 1866, le nouveau cimetière est complet : un
agrandissement est nécessaire.
Le 18 novembre 1866, François Bourcheix, expert-géomètre,
estime qu’il est nécessaire d’acquérir 20 parcelles au terroir de Laschamp pour
l’agrandissement du cimetière.[5]
L’enquête d’utilité publique est réalisée du 27 au 29
juillet 1867. Le commissaire enquêteur estime que « l’acquisition d’une plus grande étendue de terrain serait nécessaire
pour donner au champ de sépultures des dimensions plus en rapport avec les
besoins de la population ». Le maire Gioux et son conseil ne sont pas de
cet avis et le font savoir au Préfet dans une lettre du 17 octobre 1867.[6]
Le 22 octobre, le Préfet exige que le conseil municipal soit
à nouveau consulté sur l’insuffisance de l’agrandissement.
Finalement, les travaux auront lieu en 1868.[7]
Cimetière actuel (Google Maps) Encadré rouge : emprise du cimetière agrandi en 1868. |
Notes : A propos de l'ouverture du cimetière Saint-Roch, situé hors les murs dans le quartier de la Treille. Plusieurs testaments de 1586 parlent d'un "simetière nouveau". S'agit-il de la naissance de ce cimetière ?...
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre
Bourcheix)
[1] - Archives départementales du Puy-de-Dôme – 2 Z 71.
[2] - Archives départementales du Puy-de-Dôme – 2 O 14/14.
[3] - La Commune d’Aubière est autorisée à aliéner, par
acte notarié et par la mise aux enchères publiques, sur une mise à prix de
12.943 F en un seul ou plusieurs lots, le terrain servant autrefois de
cimetière, plus amplement décrit au procès-verbal susvisé…
Conformément à l’arrêté de Mr le Préfet, du 31 juillet 1846, qui
autorise cette aliénation d’un terrain dit l’Ancien cimetière,
appartenant à la Commune, quartier de La Treille, de la contenance de 8 a 3 ca
environ… confiné de nord par la rue de l’ancien cimetière, la maison de Galliot
au sud, par la grange de Bayle Falet
et par celle de Sébastien Bayle, et de nuit par la grande rue des Planches.
Pour la division du terrain et pour faciliter les constructions et leur
donner le jour nécessaire, une rue sera ouverte au milieu du plan, à peu
près ; elle aura une largeur de 4 mètres sur toute sa longueur, dont l’axe
sera au milieu du côté nord du cimetière, se dirigeant au sud, parallèlement au
côté est, sur une longueur de 20 m 20 cm, formant un angle de 104 degrés, pour
aboutir sur la rue dite des Planches, à 12m50 de l’angle sud-ouest de la
maison de Bayle François, dit Falet
(prolongement de la rue Turenne, aujourd’hui. La partie nord-ouest de la rue
des Planches prendra plus tard le nom de rue Saint-Antoine ; la partie
sud-est deviendra la rue de la République).
[4] - Archives départementales du Puy-de-Dôme – 2 O 14/15.
[5] - Ces 20 parcelles appartiennent à François Chatagner, Guillaume
Planche, Michel Planche jeune, autre Planche, Guillaume Cougout, Guillaume
Delonchambon, Antoine Pignol, Jean Galliot, Claude Théringaud, Jean
Taillandier, Jean Bayle notaire, Jean Avel menuisier, (non marqué), Marie
Thérieux veuve Gioux, Jean Vaury, Jean Thérieux, Martin Alligrot, Martin
Cellier, (non indiqué), et François Planche.
[6] - Lettre du 17
octobre 1867 : « Après avoir soumis vos
observations au Conseil municipal et aux plus forts contribuables de la
Commune, qui ont mûrement examiné la question, il a été décidé, à l’unanimité,
que les terrains que l’autorité municipale se propose d’acquérir, peuvent
largement suffire aux besoins de la population, attendu qu’il faudra plus de
dix ans pour couvrir de fosses le champ de sépultures, la moyenne des
inhumations étant d’environ 90 pour la période des dix dernières années, y
compris les enfants.
En conséquence, Monsieur le
Préfet, je vous prie de mettre la plus grande diligence possible pour que cette
affaire arrive à bonne fin puisque tous les propriétaires de terrains que
l’endroit joindra en champ de sépultures, consentent à traiter à l’amiable… ». [D’après le
recensement de 1866, la commune d’Aubière compte 3.920 habitants dont 417 à
Pérignat-lès-Sarliève].
[7] - D’autres agrandissements auront lieu et le premier
dès 1890. La maison du garde sera construite en 1929. Les deux plans (de 1834
et 1868) publiés ci-dessus sont issus des archives communales d’Aubière.