Fait divers
C’est
pour une banale histoire de fille qu’une rixe, qui aurait pu avoir un
dénouement tragique, a éclaté ; mais, peut-être, y avait-il un contentieux
entre les divers acteurs de cette bagarre.
1 - Les faits et Citation à comparaître
Voici les faits
tels qu’on peut les lire à travers les documents de la série U TRA/87, aux
Archives départementales du Puy-de-Dôme.
Le 15 Fructidor an
7, vers 8 heures du soir, Amable PIGNOL, fils d’autre Amable, discutait avec
une jeune fille - Marie COUSSERAND (ou Marie TIXERON ?) - dans le bourg
d’Aubière « au devant de la maison du citoyen Montel, arpenteur à
Aubière, quartier du petit vergier... ».
[voir la situation du quartier du Petit Vergier sur le cadastre de 1831]
Cette jeune fille
était, semble-t-il, la cousine du dénommé Guillaume DECITRE (DESSITRE) (dit Ceberet ?).
Parmi les témoins
de la scène, Sébastien BAYLE (Besle ou Belle) « s’approcha pour porter
secours et appaiser les personnes qui y donnaient lieu ... » et, dans
cette action, fut blessé par un coup de couteau, au bras droit, que Amable
PIGNOL fils lançait vers Guillaume DECITRE ; ce dernier a été grièvement
blessé au flanc gauche.
Les blessures de
Sébastien BAYLE et de Guillaume DECITRE, soignées par l’officier de santé
BARDELOT, sont décrites dans l’acte d’accusation du 3 Brumaire an 8.
Cette bagarre,
malgré ses conséquences douloureuses, n’était qu’entre les participants, mais
les choses risquèrent de devenir tragiques lorsque un autre témoin, François
LAGARDE,- qui se trouvait armé d’un sabre - vint tenir des propos injurieux et
provocateurs à Amable PIGNOL père, et à son fils, réfugié dans sa maison,
semble-t-il, à grand renfort de coups de sabre sur les pierres de la maison.
Amable PIGNOL père
sortit, armé de son fusil, et mit en joue François LAGARDE. Heureusement, le
fusil ne fonctionna pas, soit par son mauvais état, soit qu’il ne fut pas
chargé. Cela évita probablement plusieurs victimes.
L’enquête initiale
se fit sur les déclarations des témoins. On ne retrouve, dans les papiers
archivés, ni déclaration de la jeune fille (Cousserand ou Tixeron), ni celle
d’Amable PIGNOL fils, "déserteur des armées de la République".
Amable PIGNOL fils,
fut néanmoins interrogé, assisté de Vital Allary, le 17 Prairial an 9, au cours
de son procès. Ses déclarations n’ont pas satisfait le jury, qui le condamna, à
2 ans de détention.
Son père, Amable
PIGNOL, qui avait été arrêté à l’audience, fut remis en liberté après sa
déposition.
Voici la citation à comparaître, du 22 Fructidor
an 7 (8 septembre 1799), présentée au domicile d’Amable PIGNOL fils :
Aujourd’huy vingt deux Fructidor, An Sept de la
République Française, une et indivisible, à la requette de Guillaume DECITRE et de Sébastien BAILE, cultivateurs,
habitant de la Commune d’Aubière, lesquels font élection de domicile en leur
maison, Je, François Mambet,
huissier au Tribunal de Commerce de Clermont, y résident, soussigné et patenté
n° 30 ...
Me suis transporté au domicile d’Amable PIGNOL fils, et d’autre Amable PIGNOL, son père, cultivateur communs et
demeurant ensemble, habitants de la dite Commune d’Aubière, auxquels en parlant
à leurs personnes.
- J’ai fait citation à comparoir le Vingt quatre du
courant, heure de neuf du matin, pardevant et à l’audience du Tribunal de
police correctionnelle de l’arrondissement de Clermont Ferrand, pour voir
donner acte audit.....(jurants ?) de la plainte qu’ils rendent contre les
dits compris, résultante de ce que le Quinze du courant, sur les sept à huit
heures du soir, les requérants, étant au devant de la maison du citoyen MONTEL,
arpenteur à Aubière, quartier du Petit Vergier, et Guillaume DECITRE, un des
dits jurants, ayant voulu faire retirer Marie
Cousserand, sa cousine, qui était retenue par ledit Amable Pignol fils,
ce dernier irrité contre ledit Guillaume DECITRE de ce qu’il fesait retirer
cette fille, saisit, et à l’instant ledit Decitre lui tint des propos injurieux
et finit par lui donner un coup de
sabre ou de couteau en forme d’un couteau de boucher dont il l’atteignit au côté gauche et lui fit
une profonde blessure avec effusion de sang, que le dit Sébastien BAILE , autre
des dits jurants, s’étant apperçu qu’il y avait une rixe, sans en connaître ni
le sujet, ni les autheurs, s’approcha pour porter secours et appaiser les
personnes qui y donnaient lieu, étant arrivé, il vit le dit Amable Pignol fils,
armé d’un sabre ou couteau , qui cherchait à en frapper ledit DECITRE, et ayant
voulu s’opposer et appaiser la querelle il fut lui-même atteint d’un coup de
cet instrument, au bras droit, et duquel il éprouva une profonde blessure avec
effusion de sang, que ce mauvais procédé de la part dudit PIGNOL n’a eu ni
causes ni motifs ; cependant ledit Amable
PIGNOL père, au lieu de retenir son fils, est rentré chez lui, en est
sorti avec son fusil, et a
cherché à tirer sur les citoyens qui étaient assemblés, et notamment sur un
nommé LAGARDE qui ne cherchait
qu’à s’enfuir, que vraisemblablement plusieurs personnes auraient été tuées ou
dangereusement blessées, mais heureusement que ce fusil manqua pendant les
trois fois que ledit PIGNOL père le fit mouvoir, qu’au lieu , pour ledit PIGNOL
père de s’être repenti de cet acte, il a témoigné avoir eu du regret que son
fusil ait manqué.
- être présent à la disposition des témoins qui seront
entendus sur la dite plainte les récuser s’il y a lieu, en produire de sa part,
si bon lui semble, et au fond, se voir condamner à payer aux dits jurants, la
somme de deux mille francs, à laquelle ils se restreignent pour leurs dommages
intérêts, avec les intérêts. Se voir faire deffense de récidiver à l’avenir, et
se voir en outre condamner aux dépens, dans lesquels entreront les frais de
pansement et incidemment de l’officier de santé, sans préjudice à autres
conclusions et sauf au Commissaire du Directoire exécutif à prendre pour la
vindicte publique telles conclusions qu’il avisera.
Fait et laissé copie à chacun desdits compris, parlant
comme dessus du présent exploit, les dits jour et an.
(original) Vu par nous Directeur du Jury de
l’arrondissement de Clermont-Ferrand pour en venir à l’audience du Tribunal
Correctionnel du Vingt quatre du présent. Fait à Clermont-Ferrand le Vingt
Fructidor, An sept de la République Française Une et Indivisible.
(A.D.63 - U TRA - 87/1687)
© Cercle
Généalogique et Historique d'Aubière - André Chapeau
Vers la seconde partie
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