Fait divers
C’est
pour une banale histoire de fille qu’une rixe, qui aurait pu avoir un
dénouement tragique, a éclaté ; mais, peut-être, y avait-il un contentieux
entre les divers acteurs de cette bagarre.
2 – Procédure de contumax et Audition des
témoins
La procédure se
poursuit.
Tribunal
correctionnel
Procédure 1687 - CONTUMAX
Contre
Amable PIGNOL, cultivateur
de la Commune d’Aubière,
Prévenu d’excès et
mauvais traitements
24 Fructidor An 7
(10
septembre 1799)
Procédure contre
Amable PIGNOL, fils d’autre Amable, cultivateur, habitant la Commune d’Aubière,
prévenu d’avoir gravement maltraité à coups de couteau Guillaume CEBERET et
Sébastien BAYLE, tous deux d’Aubière ; ce dernier étant en danger de
perdre la vie.
Témoins :
- Guillaume
Cassière,
dit "Gaulot", cultivateur
- Jean Monnet, dit "Maculet",
cultivateur (1)
- la
femme de Jean Monnet (2)
- Antoine
Arnaud, Président de ladite Municipalité d’Aubière
- Jean
Cougout, fils à Blaize le cadet, actuellement aux Cazernes
- la
fille de la femme de Jean Monnet, dit "Maculet" (3).
Procès-verbal d’audition de témoins
contre
Amable et autre
Amable PIGNOL, père et fils, cultivateurs à Aubière
Aujourd’huy Vingt
quatre Fructidor An 7 de la République Française Une et Indivisible,
Nous, Gilbert Jalladon, Directeur du Jury de l’arrondissement de
Clermont-Ferrand, assisté de Hugues Achard, notre greffier, en exécution du
jugement de renvoye devant nous, rendue cematin par le Tribunal Correctionnel
de l’arrondissement de Clermont-Ferrand et encore en vertu des articles 140 et
141 du code des délits et peines, exerçant les fonctions immédiates d’officier
de police judiciaire, avons procédé à la réception des déclarations des témoins
assignés sur la plainte rendüe par Guillaume
DECITRE et Sébastien BAYLE,
cultivateurs, habitans la Commune d’Aubière, contre Amable PIGNOL fils et autre
Amable PIGNOL père. L’un et l’autre cultivateurs habitans ladite Commune
d’Aubière. Les dites déclarations reçues en présence de Amable PIGNOL père, le
fils PIGNOL étant en fuite - le dit Amable
Pignol père ayant été arrêté à l’audience de ce matin . Les dits témoins
entendus séparément les uns des autres ainsy qu’il suit :
-1- Jean PEZANT, fils à Annet
PEZANT tailleur habitant la Commune d’Aubière, âgé de 19 ans, après avoir
promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare avoir vû,
le quinze fructidor présent mois, à entour huit heures du soir, Sébastien
BAYLE, un des plaintifs, tout ensanglanté disant qu’il perdait son sang et
qu’il seroit estropié et qu’il le conduisit dans cet état chez le citoyen
BARDELOT, officier de santé à Aubière, et a , le témoin, déclaré ne pas savoir
signer de ce enquis, et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard
-2- Bertrand CHALAMET,
cordonnier habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 22 ans, après avoir
promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le dit
jour quinze Fructidor présent mois, à entour huit heures du soir, étant chez
luy , il entendit un grand bruit , qu’il sortit pour voir ce que c’étoit, qu’il
vit Sébastien BAYLE, un des plaintifs qui étoit tout ensanglanté et perdoit
beaucoup de sang du bras droit; qu’aussitôt le déclarant et Jean PEZANT prirent
le dit BAYLE sous le bras et le menèrent chez le dit Bardelot, officier de
santé, pour le faire penser, et que le dit BAYLE se plaignit que c’étoit Amable
PIGNOL fils d’autre Amable, de la Commune d’Aubière qui l’avoit blessé d’un
coup de sabre ou de couteau, et a déclaré ne pas savoir signer et avons signé
avec le greffier. Jaladon Achard
-3- Marie CHATANIER, fille de Ligier,
cultivateur, habitante la Commune d’Aubière, âgée d’entour 28 ans, après avoir
promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le
quinze du courant , a entour huit heures du soir, se disposant à se coucher,
elle entendit un grand bruit, qu’elle descendit et entendit qu’une fille
appelloit Amable PIGNOL père , qui étoit dans sa maison, luy disant de venir
que son fils se disputoit, que devant la maison dudit Amable PIGNOL père étoit
Sébastien BAYLE, l’un des plaintifs, qui parloit et plaisantoit avec la fille
du dit mable PIGNOL père, que de suite le dit BAYLE et la fille PIGNOL
accoururent au lieu de la dispute. La déclarante y alla aussi, mais elle ne
courru pas, de manière que le dit BAYLE et la fille PIGNOL y étoient avant
elle, déclarante, et qu’aussitôt qu’elle se fut rendüe au dit lieu elle trouva
le dit Sébastien BAYLE qui rependoit beaucoup de sang d’un coup qu’il avoit
reçu au bras droit, mais la déclarante n’a pas vû donner le dit coup, ny n’a
pas vû le père PIGNOL dans la dite querelle, la dite déclarante aida à conduire
BAYLE chez l’officier de santé d’Aubière et déclare ne pas savoir signer , et
avons signé avec le greffier. Jaladon Achard
-4- François LAGARDE, cultivateur
habitant la Commune d’Aubière, âgé de 36 ans, après avoir promis parler sans
haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare qu’au
moment de la querelle il étoit couché, qu’ayant entendu crier "On a
saigné Sébastien BAYLE et Guillaume DECITRE" il s’étoit levé et étoit
allé à l’endroit d’où partent les cris, qu’il avoit apperçu Guillaume DECITRE
qui perdoit beaucoup de sang du flan gauche, qu’il disoit que c’étoit "PIFRAT"
fils qui l’avoit frappé d’un couteau ou d’un autre instrument, que le
déclarant, transporté d’indignation étois alors allé à la porte de PIGNOL père,
en luy criant "descend donc, vient achever de tuer le dit Citre" ,
qu’aussitôt le dit PIGNOL père s’étoit armé d’un fusil, avoit visé le déclarant
et avoit tiré trois fois sur luy, le dit fusil qui heureusement avoit manqué.
Interpellé, le
témoin pourquoy il alloit chercher le dit Pignol père et s’il est de sa
connoissance que le dit père eut participé aux mauvais traitements , soit de
BAYLE, soit de Guillaume DECITRE, a répondu qu’il n’avoit aucune connoissance
que le dit PIGNOL père fut l’auteur ou le complice des mauvais traitements dont
il s’agit et que c’est par un effet seulement de sa sensibilité qu’il étoit
allé à la porte du dit Pignol père, et a déclaré ne savoir signer et avons
signé avec le greffier. Jaladon Achard
-5- Jean MARTIN, cultivateur
habitant la Commune d’Aubière, âgé de 22 ans, après avoir promis parler sans
haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le
quinze de ce mois, à entour l’heure de huit du soir, il a entendu du bruit,
aussitôt il est allé au lieu où il se faisoit, que s’y étant, il a trouvé
Amable PIGNOL fils et Guillaume DECITRE qui se tenoient aux collets, DECITRE
promettoit à Amable PIGNOL de le maltraiter s’il revenoit faire du bruit à sa
porte, pendant ce moment est arrivé au lieu de la querelle la sœur du dit
Amable PIGNOL fils, qui, voyant son frère aux prises avec le dit DECITRE, a
sauté au collet du dit DECITRE, alors le dit Amable PIGNOL fils a lâché le
collet du dit DECITRE et luy a donné un coup de couteau qui l’a blessé dans le
flanc gauche, mais le déclarant n’a pas vu frapper Sébastien BAYLE. Le dit
déclarant ne sait pas si c’est un couteau de poche ou un couteau de chasse
qu’avoit le dit PIGNOL fils, et a déclaré ne pas savoir signer, et avons signé
avec le greffier. Jaladon Achard
-6- Catherine TAILLANDIER, fille majeure,
habitante à Aubière, âgée d’entour 37 ans, après avoir promis parler sans haine
ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le
quinze de ce mois, à entour l’heure de huit du soir, étant allé au lieu où elle
entendoit du bruit, elle vit Guillaume DECITRE et Amable PIGNOL fils se tenant
au colet. Dans le même moment survint la sœur du dit Amable PIGNOL fils qui se
fâcha après le dit DECITRE, alors ce dernier répondit à la ditte PIGNOL fille
que c’étoit une simple réprimande, qu’il fesoit à Amable PIGNOL son frère, qui
étoit venu la veille occasionner du bruit près de sa maison, l’ayant fait
assassiner à coups de pierres ; pendant cette explication Amable PIGNOL
fils lâcha le collet du dit Guillaume DECITRE. Il passa derrière cellui-ci et
fit un mouvement avec son bras qui se dirigea sur la personne du dit DECITRE.
Aussitôt la déclarante vit jaillir le sang du côté du dit Guillaume DECITRE,
mais elle ignore l’instrument dont PIGNOL étoit armé. A déclaré ne pas savoir
signer de ce enquis et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard
-7- Mary MARTIN, boucher, habitant
la Commune d’Aubière, âgé d’entour 20 ans, après avoir promis parler sans haine
ny crainte et de dire vérité :
Déclare qu’il est
arrivé à l’endroit de la dispute au moment que la sœur d’Amable PIGNOL fils
tenoit au collet Guillaume DECITRE, en luy reprochant qu’il vouloit tuer son
frère ; dans ce même moment Amable PIGNOL fils a passé derrière le dit
Guillaume DECITRE et l’a frappé au flanc gauche sans que le déclarant sache
avec quelle arme, mais, de suite, il a vû sortir le sang du dit DECITRE de
l’endroit où il avoit été frappé par Amable PIGNOL ; et a déclaré ne pas
savoir signer et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard
-8- Michel BREULY, cultivateur,
habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 56 ans, après avoir promis parler
sans haine ny crainte et de dire vérité, déclare qu’il étoit chez luy, couché,
lorsqu’il entendit François LAGARDE, crier au bas de la maison d’Amable PIGNOL
père, luy dire, ainsy qu’à Amable PIGNOL fils, "Descendez, foutu gueux,
foutu canaille, venez finir de tuer Guillaume DECITRE que vous avez saigné".
À quoy PIGNOL père a répondu : "Attend, attend, je viens".
Alors le déclarant s’est mis en chemise à sa fenêtre et a vu Amable PIGNOL père
qui est venu armé d’un fusil, en a visé le dit LAGARDE, l’a tiré mais heureusement
le coup n’a pas atteint le dit LAGARDE. Le déclarant a encore vu Amable PIGNOL
fils suivre le dit François LAGARDE avec une arme à feu avec laquelle il a tiré
deux fois, mais heureusement le coup n’est pas parti. Le déclarant a ensuite
été invité. L’officier de santé de penser Guillaume DECITRE qui étoit blessé au
côté d’une manière si grave qu’il a vu l’officier de santé entrer son doigt
dans la playe, mais le déclarant ignore quel est l’auteur du coup qu’a reçu le
dit DECITRE ; ajoute le déclarant qu’au moment où le dit LAGARDE étoit
armé d’un sabre avec lequel il donnoit des coups sur le mur de la maison des
dits PIGNOL, toujours en les provoquant à descendre ; et a le déclarant
dit ne pas savoir signer de ce enquis, et avons signé avec le greffier. Jaladon
Achard
-9- Martin DUTEMPLE, cultivateur,
habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 26 ans, après avoir promis parler
sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare n’avoir
rien vu de ce qui s’est passé le quinze Fructidor, présent mois, qu’il a
seulement vu, le seize de ce mois, François LAGARDE et Amable PIGNOL père se
disputer et se tenir réciproquement des propos injurieux. François LAGARDE
reprochoit au dit PIGNOL de l’avoir voulu tuer d’un coup de fusil qu’il luy
avoit tiré la veille, a quoy le dit PIGNOL père répondit qu’il étoit fâché que
le coup ne fut pas parti ; et a le déclarant dit ne pas savoir signer, et
avons signé avec le greffier. Jaladon Achard
-10- Thomas JULLIEN, cultivateur
habitant a Aubière, âgé de 51 ans, après avoir promis parler sans haine ny
crainte et de dire vérité, déclare que le quinze de ce mois, à huit heures du
soir il a vû François LAGARDE venir , armé d’un sabre, avec lequel il frappoit
la pierre de la porte d’Amable PIGNOL avec tant de violence qu’il en faisoit
sortir des étincelles de feu ; le dit François LAGARDE a provoqué pendant trois
fois le dit PIGNOL à descendre et à venir achever de tuer Guillaume DECITRE. Le
dit François LAGARDE tenoit même des propos injurieux contre le dit PIGNOL, le
traitant de gueux et de canaille et de voleur. Le dit Amable PIGNOL père qui
étoit chez luy répondit au dit LAGARDE qu’il alloit venir. Enfin le déclarant a
vû descendre le dit PIGNOL père sur le pallier de son escalier, armé de son
fusil, qu’il a couché en joue sur le dit LAGARDE et l’a tiré par trois fois
sans que le coup soit parti ; le déclarant a vû très distinctement à trois
différentes reprises le feu de la baterie du dit fusil alors le dit LAGARDE
s’est enfuy ; et a, le déclarant, dit ne pas savoir signer et avons signé
avec le greffier. Jaladon - Achard
Notes :
(1) – Jean Monnet
dit Maculet : Beau-père de Guillaume Cassière dit Golaud.
(2) – La femme de
Jean Monnet : Françoise Decorps, seconde épouse de Jean Monnet.
(3) – La fille de la
femme de Jean Monnet : Marie Belle, fille d’Henry Belle et de Françoise
Decorps.
© Cercle
Généalogique et Historique d'Aubière - André Chapeau
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