Fait divers
C’est
pour une banale histoire de fille qu’une rixe, qui aurait pu avoir un
dénouement tragique, a éclaté ; mais, peut-être, y avait-il un contentieux
entre les divers acteurs de cette bagarre.
3 - Interrogatoire
d’Amable PIGNOL père
Et, de suite,
attendu la présence du dit Amable PIGNOL père, nous l’avons interrogé, comme il
suit :
Interrogé de ses
noms prénoms, âge, profession et demeure,
A répondu se nommer Amable PIGNOL père, cultivateur,
habitant la Commune d’Aubière, âgé d’environ 48 ans
Interrogé si le
quinze Fructidor, présent mois environ l’heure de huit du soir, il n’a pas
maltraité Guillaume DECITRE et Sébastien BAYLE, l’un et l’autre cultivateurs à
Aubière,
A répondu qu’il ne les avoit pas vu ce dit jour et qu’à
cette heure-là il étoit couché chez luy.
Interrogé s’il n’a
pas tiré par trois fois son fusil sur François LAGARDE, le même soir et environ
la même heure,
A répondu que le dit soir, ayant entendu du bruit, il
sortit de son lit, prit sa culotte et regarda par la porte de sa maison, qu’il
apperçu dans le même moment le dit LAGARDE, armé d’un sabre, qui l’insultoit et
le provoquoit à descendre, en luy disant de venir, qu’il voulait le saigner et
l’éventrer, que pendant que le dit LAGARDE parloit ainsy, le dit Lagarde
frappoit avec son sabre sur les pierres de la maison du répondant et en faisait
jaillir des étincelles, que le répondant craignant pour sa vie et voulant faire
peur au dit LAGARDE, avoit pris sur le champ son fusil qui étoit à côté de luy
et l’avoit tiré par deux fois, sans faire feu.
Interrogé si’il
n’avoit pas chargé son fusil avant de le tirer,
A répondu que non, qu’il n’avoit ny lumière ny plomb,
ny poudre
Interrogé si son
fusil étoit chargé quant il a tiré,
A répondu qu’il n’étoit pas chargé et qu’il y avoit
plus de onze mois qu’il n’avoit pas servi, qu’il n’avait pas même de pierre.
Qui sont tous ses
aveux et dénégations dans lesquels il persiste après en avoir ouy la lecture,
et avons signé avec le répondant et le greffier. Pignol - Jaladon - Achard
Ordonnance qui renvoye en liberté le dit PIGNOL père
Sur quoy attendu
que aucune des déclarations des témoins n’impute à Amable PIGNOL père, d’être
auteur ni complice des mauvais traitements exercés le quinze Fructidor présent
mois sur les personnes de Guillaume DECITRE et de Sébastien BAYLE, plaintifs,
qu’il résulte au contraire des dites déclarations que le dit PIGNOL père étoit
tranquille dans sa maison pendant le moment que les mauvais traitements ont eut
lieu et qu’il n’a su l’évènement dont il s’agit que par les menaces et
provocations de François LAGARDE et que par les réponses du dit Amable PIGNOL
père il s’est entièrement disculpé des imputations qui luy sont faites par la
plainte des dits CEBERET et BAYLE, avons , en vertu de l’article 66 du Code des
Délits et des Peines, renvoyé ledit Amable PIGNOL père en liberté.
Et attendu que des
dites déclarations, Amable PIGNOL fils du dit Amable PIGNOL père est l’auteur
des mauvais traitements graves exercés sur le dit CEBERET et sur le dit BAYLE,
avons ordonné que nous décernerons mandat d’amener contre le dit PIGNOL fils.
Fait le dit jour, vingt quatre Fructidor An sept de la République Française Une
et Indivisible.
Jaladon - Achard
*
Continuation de l’audience des témoins faite le 22 Vendémiaire An 8 (14 octobre 1799) :
-11- Antoine ARNAUD, cultivateur
propriétaire et Président de l’administration municipale du canton d’Aubière, y
habitant, âgé de 50 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de
dire vérité, déclare que le jour cotté en la plainte il a entendu François
LAGARDE crier à PIGNOL père et fils : "descendez donc, vous avez
tué mon camarade, vous en ferez autant de moy", que pendant que le dit
LAGARDE tenoit ces propos il étoit armé d’un sabre dont il frapoit les pierres
du mur de la maison du dit Pignol, en faisant jaillir du feu, qu’il a vu PIGNOL
père prendre son fusil et dire "attends moi", que dans le même
moment le dit PIGNOL père a tiré deux fois son fusil sur le dit LAGARDE sans
que le coup soit parti mais qu’il s’est apperçu que l’amorce du fusil a brûlé
les deux fois, que peu de temps après il a entendu partir un coup de fusil
qu’il croit avoir été dirigé sur le dit LAGARDE mais ne sait pas qui a tiré le dit
coup ; observe le témoin qu’au moment où le dit LAGARDE est allé chez les
PIGNOL, le père et le fils étoient dans leur maison, les ayant distingué par le
son de leur voix pendant qu’ils parloient ensemble ; et a signé avec nous
et le greffier. Jaladon - Arnaud – Achard
-12- Jean MONNET cultivateur,
habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 48 ans, après avoir promis parler
sans haine ny crainte et de dire vérité, déclare que le jour et l’heure coté en
la plainte, il entendit Guillaume DECITRE qui crioit "A l’assassin !"
en disant "C’est le même qui hier m’a donné un coup de pierre, qui
aujourd’huy m’assassine", que le déclarant étant sorti de sa maison
apperçu Amable PIGNOL fils qui s’étoit caché près de la porte de Guillaume
DECITRE, que le déclarant observa à Guillaume DECITRE qui vouloit frapper le
dit PIGNOL de ne pas le faire et qu’il falloit plutôt le conduire à la Maison
Commune ; peu de temps après est arrivée la sœur du dit PIGNOL qui prit
entre ses b(ras) le dit DECITRE, que pendant qu’elle le tenoit ainsi le dit
PIGNOL fils donna trois coups de couteau au dit DECITRE dont un l’a gravement
blessé ; l’autre coup a frappé Sébastien BAYLE ; et a déclaré ne pas
savoir signer et avons signé avec le greffier. Jaladon – Achard
-13- Françoise DECORPS femme de Jean
Monnet, cultivateur, habitant la Commune d’Aubière, âgée d’entour 40 ans, après
avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité, déclare avoir vu
la dispute dans laquelle étoit Amable PIGNOL fils, mais n’a pas distingué qui a
donné les coups de couteau. Et a déclaré ne pas savoir signer, et avons signé
avec le greffier. Jaladon - Achard
-14- Marie BELLE, fille de Jean,
cultivateur, habitant à Aubière, âgée de 18 ans, après avoir promis parler sans
haine ny crainte et de dire vérité, déclare que le jour et heure cotté en la
plainte elle a vu PIGNOL fils et Guillaume DECITRE revenir ensemble, que dans
le même moment la sœur du dit PIGNOL aborda le dit DECITRE en luy disant "Coquin
tu voulois saigner mon frère" , qu’aussitôt le dit PIGNOL fils avoit
donné deux coups à Sébastien BAYLE. Et la déclarante dit ne pas savoir signer
de ce enquis, et avons signé avec le greffier. Jaladon – Achard
-15- Guillaume CASSIERE, cultivateur,
habitant à Aubière, âgé de 19 ans, après avoir promis parler sans haine ny
crainte et de dire vérité, déclare que le jour et heure cotté sur la plainte,
il a vu Amable PIGNOL fils tenir la nommée Marie TIXERON, que le dit Guillaume
DECITRE ayant dit à cette dernière de se retirer, elle luy avoit répondu
qu’elle ne le pouvoit, attendu que PIGNOL la tenoit par son tablier, alors
PIGNOL lança une pierre à DECITRE, ce dernier fut vers luy, le saizit en luy
disant "Coquin, tu m’assassinoit hier dans ma maison et aujour’huy tu
me lance des pierres", que le dit PIGNOL ne répondit rien mais que sa sœur
étant survenue et ayant pris entre ses bras le dit DECITRE en luy disant "tu
voulois assassiner mon frère" ; le dit PIGNOL fils passa derrière
le dit DECITRE et luy donna trois coups de couteau dont un seul l’a violemment
blessé, les autres deux coups ayant atteint Sébastien BAYLE, contre l’intention
de PIGNOL, autant que put en juger le déclarant. Et a déclaré ne pas savoir
signer, et avons signé avec le greffier. Jaladon – Achard
© Cercle
Généalogique et Historique d'Aubière - André Chapeau
Retour à la première partie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire