La « Gauloise » fête la
Saint Verny en musique
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Place des Ramacles : Défilé de "La Gauloise" en 1925 |
Un
article de la presse de l’époque :
« Les musiciens de « La
Gauloise », qui sont de vrais artistes, et dont la plupart cultivent la
vigne avec presque autant d’amour que la musique, ont la vieille habitude de
célébrer, chaque année, une fête solennelle et jolie en l’honneur de Saint
Verny, patron des vignerons d’Aubière. Cette année la fête était double :
nos amis de « La Gauloise », en effet, avaient devancé, de quelques
jours, le calendrier et confondu délibérément la Saint-Verny avec la fête nationale
de Jeanne d’Arc. Ils associèrent ainsi dans un pareil et religieux hommage le
Saint de leur petite patrie et la Sainte de la grande.
La fête débuta, suivant l’usage, par une
messe célébrée, à 9 h. 30, dans l’église d’Aubière, devant une foule immense et
recueillie. À l’évangile, M. le chanoine Bayle prononça le sermon de
circonstance. L’orateur – on sait en Auvergne que M. le chanoine Bayle en est
un – retraça la vie miraculeuse de Jeanne d’Arc et l’histoire non moins
extraordinaire de sa protection posthume, le long des siècles, sur notre pays.
Il établit entre sa vie et celle de saint Verny, un parallèle original et
émouvant, dont il dégagea, avec éloquence, les enseignements.
Pendant la cérémonie, « La
Gauloise » exécuta quelques-uns des beaux morceaux de son répertoire, sous
l’habile direction de M. Montel, son talentueux chef de musique. Patrie, de Bizet ; Sérénade, de Schubert ; Sirènes for ever, d’Andrieu, furent
particulièrement goûtés par l’assistance.
Après la messe, eut lieu le défilé
habituel, avec les tambours et les clairons. Les jeunes gymnastes de la
« Fraternelle » d’Aubière ouvraient la marche, avec leur drapeau.
Puis venaient, groupés derrière la bannière de « La Gauloise », les
membres honoraires et exécutants de la Société. Sous le ciel ensoleillé, dans
une atmosphère d’enthousiasme, le long cortège brillamment ordonné, parcourut
les places et les principales rues de la ville, salué par les acclamations des
spectateurs. Ceux-ci avaient tout à coup la surprise de voir saint Verny en personne
descendu du ciel et venir au devant des musiciens, muni d’un parachute. Ils ne
tardèrent, d’ailleurs, pas à savoir que saint Verny n’était, en l’occurrence,
que le messager de l’aviateur Michel, un ami de « La Gauloise », qui
survolait le cortège. Celui-ci se disloqua devant l’Hôtel Montagnon, où devait
être servi, dans la salle des fêtes de « La Gauloise », le banquet
traditionnel.
Cette salle, gracieusement décorée pour la
circonstance, garde pieusement ses souvenirs.
On y admire deux jolies toiles, dues à des
artistes de talent, qui représentent sainte Cécile et saint Verny, patrons de
la Société. On lit sur les murs les diplômes obtenus par celle-ci depuis ses
origines et on y contemple les portraits de ses fondateurs et de ses anciens
présidents. C’est toute une noble histoire qui est là résumée, et que les vieux
de la Société content aux jeunes avec orgueil ou attendrissement. Car « La
Gauloise », qui est probablement la plus ancienne musique de notre
département, a dû lutter, héroïquement parfois, pour assurer sa prospérité,
tout en maintenant son indépendance. Fondée au lendemain de la guerre de 1870,
elle a manifesté sans répit, et malgré de dures difficultés, une vitalité
étonnante. Et aujourd’hui, bien que privée de toute subvention officielle, elle
va fièrement son chemin et regarde l’avenir avec une tranquille confiance.
C’est en évoquant le passé glorieux que les
membres et les amis de « La Gauloise » prirent place autour des
tables.
Le banquet – un banquet de 150 couverts –
fut présidé par M. Pezant, président de « La Gauloise », entouré, à
la table d’honneur, de MM. Mombarin, directeur de l’Harmonie Bergougnan, de
Frettes, chef de musique du 92ème régiment d’infanterie, Montel,
chef de musique de « La Gauloise », Johannet et Montel, présidents
d’honneur de « La Gauloise », Vacher, vice-président, Chataigner et
Téringaud, vice-président d’honneur, Bernard, trésorier, Aubény, secrétaire,
docteur Mercier, Tissot, Michel, aviateur, Dormoy, Chatard, architecte,
Francione et Peynaud, entrepreneurs, Dumontel, Chauvet, Roche, président de
l’Association musicale clermontoise, Barrier, chef de musique de Cébazat, etc…
Le repas se déroula dans l’atmosphère de
cordiale gaieté qui est de tradition dans les banquets de « La
Gauloise ». Au reste, M. Montagnon, le Vatel aubiérois, dont la réputation
n’est vraiment plus à faire, n’avait rien négligé pour satisfaire ses hôtes. Le
service fut impeccable et le menu copieux et succulent. »
[…]
(© - L’Avenir
du
15 mai 1928)