En
1616, la seigneurie d’Aubière est affermée à trois « fermiers
généraulz », et ce depuis plusieurs années. Or, ces fermiers n’ont pas
payé leur ferme au baron Gilbert de Jarrie, depuis 1613.
Celui-ci porte plainte auprès
du sénéchal d’Auvergne qui dépêche son sergent royal sur place. L’affaire,
commencée en 1613, va-t-elle se prolonger jusqu’en 1619 ?
Jehan Dompme, sergent royal auprès de Monseigneur le
sénéchal d’Auvergne, somme aussitôt Robert Labaulme, Anthoine Bournon et Beney
Pezand, les « fermiers généraulz »,
de payer au seigneur d’Aubière la somme de trois mille livres tournois. Ils
refusent.
Les raisons de ce refus ne sont pas mentionnées dans l’acte
en référence, mais nous présumons qu’ils ne disposent pas des liquidités
nécessaires.
Le sergent royal proteste au nom du seigneur d’Aubière et,
« dans l’instant », saisit
« la quantité de trente trois
poinssons pleines de vin clair, la plus grande partie en vin rouge, plus cent
quatorze poinssons de vin rouge, plus trois cuves de vin, provenant des
vendanges dernières. Le tout estant dans le cuvaige du château dudit Aubière ».
(1)
Il donne les clés du cuvage à Michel Dégironde, Martin
Bourcheix et Olivier Aubény, habitants d’Aubière, et leur fait interdiction et
défense de s’en dessaisir « jusqu’à
ce que acquisition par justice en soit ordonnée ». (2)
Il donne assignation auxdits Labaulme, Bournon et Pezand de
venir voir passer la vente sous huit jours en place publique « en la manière accoutumée ». Nous
étions alors le 29 décembre 1616.
Vente aux enchères
C’est le cinquième jour de janvier 1617 que la vente eut
lieu sur la place publique d’Aubière. Jehan Dompme, sergent royal, cria ledit
vin et il n’y eut aucun enchérisseur. Le vin fut donc mis au nom du seigneur
d’Aubière à la somme de huit livres tournois par chaque charge de vin avec ses
fûts.
Les fermiers Labaulme, Bournon et Pezand furent convoqués
devant le sénéchal d’Auvergne sous huit jours pour voir confirmer la vente et
adjuger le prix audit seigneur d’Aubière, aussi pour délivrer lesdits gardiens,
Dégironde, Aubény et Bourcheix, dépositaires de justice.
L’affaire s'est poursuivie par le paiement desdits Labaulme et
consorts, le deuxième jour de décembre 1618, devant Me Guillaume
Aubény, notaire royal à Aubière, Me Paul Galoubye, procureur
d’office à Aubière. Ont signé : Dompme, Gilbert d’Aubyère (sic), Aubeny et
Galoubye.
La seconde porte sur « la somme de cinq centz quarante neuf livres
troys sols », reçue par Monseigneur Gilbert d’Aubière des mains de
Robert Labaulme, Anthoine Bournon et Benoid Pezand, ses fermiers. Cet acte « fait à Aubière dans la maison du chasteau
dudit Seigneur en présence de honorable homme Me Paul Galoubye,
procureur d’office audit Aubière, et Me Pierre Perron, consierge
dudit chasteau, qui ont signé avec lesdites parties, le quatorziesme jour de
janvier mil six cent dix neuf avant midy. »
Une
belle addition en quatre ans
C’était sans compter sur les deux quittances retrouvées dans les minutes du
notaire royal d’Aubière, Guillaume Aubeny, reliées ensemble, dans une liasse de
1617.
Dans la première en date, messire Gilbert d’Aubière, seigneur et baron du
lieu, « confesse avoir heu et receu
de Roubert Labaulme, Anthoine Bournon et Benoid Pezand, fermiers dudit seigneur
d’Aubière, la somme de dix mil cent une livres quatre sols six deniers tournois »,
venant en déduction du prix total de la ferme sur les quatre dernières années,
qui s’élève à 12.400 livres ! S’ensuit la liste de toutes les sommes dues
au Sgr d’Aubière. Cet acte « fait et passé dans le chasteau dudit Aubière en présence d’honorable
homme Me Paul Galoubye, procureur d’office audit lieu, et Pierre
Perron, consierge dudit chasteau, qui ont signé avec les parties, le vingt
septiesme jour de juing mil six cent dix sept après midy. » Les signatures :
Gilbert d’Aubière, Guillaume Aubeny, notaire royal, Paul Galoubye, procureur d’office,
Pierre Perron, concierge du château, Robert Labaulme, Anthoine Bournon et
Benoid Pezant, fermiers.
Quittance du 14 janvier 1619 (Archives départementales du Puy-de-Dôme – 5 E 44 32) |
Sources : Archives départementales du Puy-de-Dôme
– 5 E 44 32 et 33.
Notes :
(1) – Poinssons ou poinçons : pour le vin, un poinçon est
un tonneau d’environ 200 litres qui représente en général la moitié de la queue
de 402 litres, les deux tiers ou les trois quarts du muid.
(2) – Note
généalogique sur les gardiens : Michel Dégironde, fils d’Audebert et
de Catherine Barbeyrou, marié par contrat en 1591 à Anthonia Feuilhade (sosa
5026). Martin Bourcheix, fils de Guilhaume et de Jacquette Macheboeuf, marié
par contrat en 1602 à Anthonia Delaire (sosa 2272). Olivier Aubény, fils de
Pierre et de Françoise Obi, marié par contrat en 1591 à Agnès Morel (sosa
4126). Ce sont donc trois de mes ancêtres. Ils étaient tous vignerons.
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre
Bourcheix)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire