Mon grand-père, Emmanuel Decorps, a effectué son service militaire à Blida de 1900 à 1903. Dans la lointaine Algérie, il n'était pas le seul Aubiérois : Pierre Villevaud était à la Maison Carrée, et dans son régiment, le Premier Tirailleurs Algériens, il y avait un dénommé Arnaud et Antoine Feyfeux.
Ce dernier semble avoir gardé un certain enthousiasme pour la chose militaire ; peut-être exalté par le fait qu'il possédait dans sa famille une lettre d'un de ses parents ayant participé à la Bataille de Solferino.
A la bataille de Solferino |
Au dos de la photo (ci-dessous) montrant un Antoine Feyfeux martial, on lit la missive suivante :
« Beaumont,
le 9 janvier 1952.
L’ex
élève Caporal au plauton [sic, lire : peloton] des élèves Caporaux du
1er Régiment Actif du 1er Régiment de Tirailleurs
Algériens, FEYFEUX Antoine, né à Aubière le 1er septembre 1879,
Classe 1899, viens adressez à son camarade Emmanuel Decor, une photo faite à
Blida, province d’Alger en 1900-1901, datée du temps que nous avons passé
ensemble. Je t’adresse en même temps, une copie de la bataille de Solferino en
1859. Garde pour toi et pour toute ta famille ses bons souvenirs et vous
souhaitez à vous tous, santé, joie et bonheur. »
[Signé :]
Feyfeux Antoine
Antoine Feyfeux à Blida (Algérie) |
La bataille de Solferino, la photo de Blida, et la
copie de la lettre ont rapidement rejoint le fond d’un tiroir.
Par la suite, ma mère a été la
gardienne avisée de ces précieuses archives que j’ai le plaisir de vous livrer.
Lettre de Jean Abraham, du 11 juillet 1859
« En Italie, le 11 juillet 1859
Mes
chères oncles [sic] et Chères tantes et cousines, (1)
Je
vous écris cette lettre pour m’informer de l’État de votre santé et pour vous
donnez de mes nouvelles, quant à moi je me porte assez bien pour le moment je
désire que la présente lettre vous trouve de même.
Mes
chers parents, je vous dirais que depuis deux jours après la bataille de
Solferino la plus grande qui peut exister, il y avait pour le moins six lieux.
Et
c’est là que les français se sont essayez leurs forces avec les autrichiens.
Napoléon premier (2) a perdu cent mille ames sans pouvoir gagner
la bataille. Et cette fois les autrichiens est été forcée de renoncé de partir
d’abandonner toutes les positions qu’ils avaient. Cependant, il aurait pensé
qu’il ne reculerait pas jusque la dernière goutte de santé. Et il avait écrit
sur des pierres que c’était là le tombeau des français, sa était plutot le
tombeau des autrichiens parce que ils ont perdu plus de monde que nous. Je vous
dirais que le Régiment a tenu des positions assez dangereuses mais pour sa il
n’a pas eu beaucoup de mal, il y a des Régiments qui ont été abimés, et
d’autres qui n’ont pas eu de mal, c’est souvent les positions où ils se
trouvaient. Et il y a plus d’officiers à proportions que de soldats parce que
aussitôt qu’ils appercoivent un Officier ils se mettent trois ou quatre pour
tiré sur lui.
Et
je vous dirais que Bertrandon de Beaumont a été blessé par une balle légèrement
à l’épaule il est à l’Hopital en se moment et j’ai reçu de ses nouvelles mais
il sera bientôt guérit, il pense venir nous rejoindre bientôt. Il n’y a que lui
tous les autres, Thévenon, Arnaud, ainsi que Ballet de Romagnat sont comme moi,
il se porte bien pour le moment. Et ils vous font bien des compliments à tous.
Et oubliez pas d’en faire savoir à leurs parents de leurs parts.
Mes chers parents je vous direz que
pour le moment la guerre est suspendue jusqu’au quinze Aout. Et si les affaires
ne s’arrange pas nous recommencerons à la date de ce jour mais tout le monde
espère que sa va s’arranger dans quelques jours, parce que les Autrichiens ont
vu qu’il n’était pas assez fort pour se battre avec les français. C’est pour sa
qu’ils ont demandé une suspension des guerres. Rien d’autres choses à vous dire
pour le moment qu’à bien faire des compliments à mon père, frère et sœur, si
vous le voyez vous lui demanderez s’il a reçu ma lettre que je lui est envoyée
le 4 juin parce qu’il n’a pas fait de réponse.
Je
finis ma lettre en vous embrassant tous de cœur et amitiés.
Je
suis toujours pour la vie votre chère [sic] neveu.
[Signé :] Jean Abraham
Mon adresse au 44ème de
ligne : Grenadier au 2° Bataillon, 3° Corps, Armée d’Italie.
Chez
les cousins vous leurs ferez des compliments si vous pouvez parce que je lui et
écrit aussi. » [sic]
Liens de parenté entre Jean Abraham et Antoine Feyfeux |
Note :
(1) – Cette lettre est adressée
en particulier à Étienne Cohendy, époux de Jeanne Abraham (voir graphique
ci-dessus).
(2) - Il s’agit, bien sûr, de
Napoléon III.
Rappel
historique :
La
bataille de Solferino (24 juin 1859)
est l'épisode décisif de la lutte pour l'unité italienne. Les Français - alliés
des Sardes -, avec à leur tête l'empereur Napoléon III, affrontent les troupes
autrichiennes. Les premiers coups de fusil éclatent peu après 3 heures du
matin ; à 6 heures la bataille fait rage ; un soleil ardent écrase
quelque trois cent mille hommes qui s'entretuent. Dans l'après-midi les
Autrichiens abandonnent leurs positions l'une après l'autre ; lorsque le
soir tombe, près de 6.000 morts et plus de 20.000 blessés gisent sur le champ
de bataille.
© - Cercle
généalogique et historique d’Aubière -
(G. F.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire