En ce mois de juillet 1716, Monde Bonnabry vient
d’enterrer son second époux, Guillaume Dégironde d’Aoust. Avec ses fils de ce
second mariage, elle se résout à vendre un cuvage et ses dépendances, le tout
situé au quartier du Verdier à Aubière à François Bayle. Les bâtiments menaçant
ruines, ce dernier engage des travaux d’entretien en 1720 et 1729, afin qu’ils
deviennent habitables.
Quatre textes qui nous
permettront de faire plus connaissance avec tous les acteurs de ces opérations
immobilières.
C’est le 25 juillet 1716 que la vente est passée devant
maître Courtes, notaire à Aubière. Monde Bonnabry, veuve de Guillaume Dégironde
d’aoust, et ses fils Guillaume et François sont présents, ainsi que François
Bayle, l’acheteur.
Le bien
D’après l’acte de vente, il s’agit d’un cuvage avec « ses aizes et appartenances », situé
au quartier du Verdier (lire Verger). Ce bien joint deux rues : la rue
publique de midi et une rue à bout de nuit (1), la maison de Jehanne Cladière
de bize.
Le prix en est fixé à la somme de quatre-vingt cinq livres.
François Bayle en verse d’hors et déjà, « en bonne monnaye d’or et d’argent » trente cinq livres. Le
reste sera payé aux prochaines fêtes de Noël.
Seulement, François Bayle ne paiera ce solde que le 3 avril
1717, tel que l’atteste la quittance de ce jour-là, passée devant maître
Courtes, en présence de Monde Bonnabry et de ses fils.
Les travaux
Les bâtiments, cependant, n’étaient pas en très bon état.
Au-dessus du cuvage, dont les murs sont grêlés, une chambre surmontée d’un
grenier. Les escaliers pour y accéder, sont détruits ou inexistants ; les
planchers sont crevés et pourris. François Bayle veut les rendre habitables et,
pour cela, il va s’entourer d’un maçon et d’un charpentier.
Il fait des économies et, en 1720, commande une première
série de travaux.
Le 25 avril, il réceptionne les travaux réalisés ces
derniers mois par Michel Mazière, le maître maçon, et par Amable Mazen, le
maître charpentier, tous deux d’Aubière.
C’est maître Courtes, le notaire, qui rédige les quittances.
Réalisés par le maçon en 1720 :
Dans le cuvage, Michel Mazière a construit une cheminée en
pierres de taille, percer deux fenêtres, une de nuit et une de midi, bouché les
plus gros trous des murs.
Dans la chambre, à l’étage, il a crépi les murs, bouché une
brèche du côté de la maison de Guillaume Jallut. Le toit a été ressuivi. Il a
fourni les pierres, la chaux, le sable et les tuiles.
Pour le tout, y compris les journées de l’ouvrier qui l’a
aidé, le maçon a été payé soixante six livres.
Réalisés par le charpentier en 1720 :
Amable Mazen a refait entièrement le plancher de la chambre,
pour lequel il a fourni une poutre et cinq douzaines de planches et les clous.
Il a fait un escalier en bois pour monter dans la chambre et
a fourni tout le bois nécessaire.
Il a fait les portes et les fenêtres de la chambre et du
cuvage.
Pour le tout, il a été payé cinquante huit livres.
La deuxième tranche de travaux aura lieu en hiver 1729. Les
mêmes artisans sont à l’œuvre.
Le maçon, Michel Mazière, construit un escalier extérieur en
pierres, une étable à pourceaux sous ledit escalier, l’encadrement de la porte
du cuvage en pierres de taille. Pour le tout, la fourniture des pierres, de la
chaux et du sable, ses journées et celles de ses ouvriers, il a reçu
quatre-vingt-dix livres.
Le charpentier, Amable Mazen, a fait le plancher, l’escalier
pour monter au grenier, les portes du cuvage (en sapin) et de la maison (en
chêne). Pour le tout et avoir fourni les poutres, solives, planches, clous et
ferrements, pour ses journées et celles de ses ouvriers, il a reçu
quatre-vingt-quinze livres.
Quittance établie par maître Courtes, notaire royal, le 14
mars 1729.
Notes généalogiques
Monde Bonnabry :
Quelques mois après la vente et qu’elle ait reçu le solde du
paiement de la transaction, en avril 1717, Monde Bonnabry
décède à l’âge de 74 ans, nous dit son acte de décès du 24 octobre 1717. Elle
serait donc née en 1643 à Aubière. Il y a sans doute une erreur d’appréciation
de son âge, puisque ses parents Michel et Jeanne SOULIER (cette dernière
originaire de Fontsalvy, paroisse de Bromont-Lamothe) se sont mariés par
contrat devant Me Robert à Montferrand, le 31 octobre
1645. On peut toujours imaginer que le mariage religieux ait eu lieu plusieurs
années plus tôt (lacunes dans les BMS d’Aubière).
Elle convole pour la première fois avec un boulanger
d’Aubière, Jean Thévenon, le 26 janvier 1670, contrat passé
devant Me Gilbert Aubény à Aubière (AD63, 5 E 44 86). En
1671, deux filles vont naître curieusement à 2 mois d’intervalle (!) :
Anthonia, le 5 mars 1671, et Jeanne, le 13 mai suivant. Nous resterons
circonspects sur les dates, même si la Faculté nous autorise à croire en cette
possibilité extrêmement rare. D’ailleurs, les fillettes ne survivront sans
doute pas, car dès lors, elles ne donnent plus aucun signe de vie. Leur père,
Jean Thévenon, s’éteint quelques mois après, le 17 septembre 1671.
Monde Bonnabry va vivre seule pendant un an,
puis elle se remarie le 22 septembre 1672 (contrat de mariage
devant Me Dégironde à Aubière) avec un laboureur, Guilhaume Dégironde
d’Aoust, fils de Guilhaume et de Martine Villevaud.
Son décès en 1716 provoquera la transaction de 1716 ci-dessus. Quatre enfants
naîtront entre 1673 et 1687 : Guillaume, le 6 décembre 1673, uni à Marie Decorps,
le 10 janvier 1696 ; François, le 2 mars 1676, uni à Gilberte Dutemple,
le 29 janvier 1704 ; Jeanne, le 12 septembre 1683, unie à Jacques Brunel,
le 6 février 1703 ; et autre François, le 26 février 1687, sans alliance
connue actuellement.
Nous noterons que le suffixe qui suit le patronyme Dégironde :
d’Aoust ou doust, n’apparaît plus régulièrement dans les actes
qui concernent les enfants (il finira par disparaître complètement au cours du
XVIIIème siècle).
Les enfants de Monde
Bonnabry :
Guilhaume Dégironde d’oust - Deux
fils seront cités dans la vente de 1716. Le premier est Guilhaume Dégironde
d’Oust, né le 6 décembre 1673 à Aubière. Il épouse Marie Decorps, le 10 janvier
1696 à Aubière, et tous deux avaient passé un contrat de mariage devant Me
Thiollier à Aubière, le 8 décembre 1695. Ils auront 7 enfants : Marie
Dégironde d’Oust, née le 27 novembre 1696, mariée à Annet Tisseranges, le 6
février 1720 à Aubière ; Jeanne Dégironde, née le 13 août 1699, sans
alliance connue ; François Dégironde d’Oust, né le 19 janvier 1702, marié
à Louise Tisseranges, le 12 janvier 1723 à Aubière ; Gilberte Dégironde,
née le 26 mai 1704, sans alliance connue ; Françoise Dégironde, née le 28
mars 1706, sans alliance connue ; André Dégironde, né le 16 avril 1707,
marié à Isabeau Cohendy, le 16 février 1733 à Aubière ; Amable Dégironde
d’Aoust, né le 8 septembre 1711, marié à Magdelaine Chalameaux, le 9 février
1740 à Aubière.
François Dégironde d’Oust - Le second fils, François Dégironde d’Oust, né le 2 mars 1676 à Aubière, se marie à Gilberte Dutemple, le 29 janvier 1704 à Aubière. Le contrat de mariage, du 7 avril 1701, avait été passé devant Me Thiollier à Aubière. Nous ne leur connaissons qu’un seul enfant : Guillaume Dégironde, né le 27 mars 1706 à Aubière, sans alliance connue.
N’apparaissant pas dans l’acte
de vente de 1716, le troisième fils de Monde Bonnabry devait être décédé à
cette date.
François Bayle
Il est jeune marié et orphelin
de père lorsqu’il achète le cuvage et ses dépendances, déjà en mauvais état, à
Monde Bonnabry et ses fils, le 25 juillet 1716. Né et baptisé le 14 janvier
1688, François Baisle est fils de François (+ avant 1705) et de Poncette
Chalameau. Il est laboureur et
tisserand à la mauvaise saison. Le 10
avril 1714 à Aubière, il épouse
Marie BESSE, originaire de Fontfreyde,
paroisse de Saint-Genès Champanelle, et fille de François et Alix Chade. Les
jeunes futurs avaient signé un contrat de mariage, le 20 mars 1714, devant Me
Courtes à Aubière. Deux enfants naîtront avant la transaction du 25 juillet
1716 : Antoine Baile, né le 24 février 1715, marié à Aubière le 11 février
1744 avec Isabeau Gioux ; Matthieu Baile, né le 21 avril 1716, sans
alliance connue ; trois autres enfants naîtront après : Géraud Baile,
né le 22 décembre 1717, sans alliance connue ; Jean Baile, né le 28 juin
1720, sans alliance connue ; et Henry Baile, né le 31 octobre 1723,
également sans alliance connue.
Les bâtiments (cuvage et
dépendances) que François Bayle achète en 1716, voisinent avec la maison de Jeanne Cladière (veuve de Victor
Tisseranges) au nord, et avec celle de Guillaume
Jallut dans le quartier du Verdier.
Jehanne
Cladière
Elle est née le 14
mai 1656 à Aubière, fille de Gilbert et de Jehanne Deroche. Elle se marie en
1679 à un tisserand, Victor Tisseranges, fils de Jamet et d’Antoinette Martin,
déjà deux fois veuf. Ils auront ensemble cinq enfants.
Guillaume Jallut
Il est né le 10 septembre 1662 à Aubière, fils d’Anthoine et
Françoise Arnaud. Il épousera le 16 mai 1688 Anthonia Peallat, fille de Jehan
et de Martine Dautour. Huit enfants naitront de cette union.
Michel Mazière
Il fait partie de ces fameux maçons de la Creuse venus s’implanter en Auvergne, et plus particulièrement à
Aubière, où ils vont vendre leur savoir-faire notamment pour la construction
des caves dans les coteaux. C’est, en effet, une période de grosses productions
vinicoles, et les vignerons aubiérois doivent s’organiser pour stocker leur vin. Michel Mazière est né à Ménec,
paroisse de Néoux (23) de Claude, également maçon, et de Jeanne Chazotte. De
son premier mariage avec Jeanne Vedel, établi par contrat devant Maître
Thiollier à Aubière, le 27 juin 1699, il n’aura pas de descendance (connue).
C’est de sa deuxième épouse, Marthe Montagne ou Montaigne, qu’il aura 4
enfants : François, né le 29 mai 1704 à Aubière ; Catherine, née le
26 octobre 1706 à Aubière ; George, née le 18 août 1711 à Aubière ;
et Michel, né le 24 mai 1718 à Aubière. Seul, ce dernier, devenu maçon à son
tour, lui donnera une descendance, après son union avec Michelle Arnaud, le 27
janvier 1739 à Aubière.
Amable Mazen
Ce maître
charpentier est né le 18 avril 1683 à
Aubière de Amable et de Anna Dautour. Son contrat de mariage avec Françoise Finaire, fille d’Antoine et d’Antoinette Bourdier, est passé devant Maître Thiollier à Aubière, le 8
janvier 1707. Le mariage religieux aura lieu le 1er février suivant
à Aubière. Le charpentier Amable Mazen
aura 6 enfants de ce premier mariage, tous nés à Aubière : Martin, marié
le 17 avril 1738 à Michèle Gioux ; Élisabeth, née le 26 février 1714 ;
Jeanne, née le 3 décembre 1716, mariée le 11 février 1744 à Jacques
Moinade ; Guillaume, né le 24 juillet 1718 ; Amable, né le 16 octobre
1723, marié le 22 février 1751 à Marie Chatagnier ; et Jean, né le 1er
mai 1725. Sa mère ne lui survivra que peu de temps.
Amable doit se remarier. Il
épouse Anne Pérol par contrat passé devant Maître Courtes à Aubière, le 1er
février 1726. Cette deuxième épouse lui donnera deux enfants : Martin, né
vers 1727 (lacune des BMS) (2), marié à Marie Decorps, le 10 février
1756 ; et Antoinette, mariée le 8 juillet 1760 à Jean Ranvier.
Sources :
Archives départementales du Puy-de-Dôme – 5 E 44 167, 5 E 44 171 et 5
E 44 180.
Notes :
(1) – Rue à bout : c’est une impasse. Selon toute
vraisemblance, il s’agit de l’impasse Job, aujourd’hui. La rue publique de midi
est la rue du Verger.
(2) – B.M.S. : abréviation de Baptêmes, Mariages,
Sépultures, retranscrits sur les registres tenus par les prêtres durant
l’Ancien Régime (A Aubière, à partir de 1601).
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre
Bourcheix)
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