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jeudi 16 mai 2013

Registre d’audience du Bailliage d’Aubière_06



commencé le 6 avril 1767

Cet épais registre, issu des archives communales d'Aubière, rassemble les jugements rendus à Aubière par le bailly Thoury entre 1767 et 1780.

Le bailli était, dans l'Ancien Régime français, le représentant de l'autorité du roi dans le bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration en son nom. La juridiction en charge d'un bailli s'appelle un bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal et la circonscription la sénéchaussée.
Mais il s’agit ici du bailliage seigneurial d’Aubière (les baillis royaux ayant perdu leur pouvoir au XVIème siècle).

Le notaire Thoury, bailli seigneurial d’Aubière, était néanmoins conseiller du roi en la ville de Clermont-Ferrand. C’était en quelque sorte un juge de proximité au service du seigneur d’Aubière.

On lave son linge sale aux fallaces !

Nous sommes en 1770. Le mois de décembre est-il le mois de la lessive annuelle ? Toujours est-il que les Villevaud remplissent les cuviers d’eau bouillante dans une grange pour laver le linge. Les cuviers sont contre le mur mitoyen du voisin, et sont éclairés par des fallaces qui brûlent à proximité de la paille et du foin. Que croyez-vous qu’il arrivât ? Un incendie se déclarât.
Plainte, puis jugement de maître Thoury.

Cuvier

du lundy 17 décembre 1770

« Entre le procureur d’office du bailliage d’Aubière plaintifs suivant l’exploit du 14 décembre 1770 contre Guilhaume Villevaud et Pierre Villevaud frères, vignerons, habitants du lieu d’Aubière, deffendeurs (1),
Vu les remontrances du substitut de notre procureur d’office tendante à ce qu’il fut enjoint au nommé Guilhaume Villevaud de faire élever avec un contre mur au-dessus de sa grange la cheminée de sa lessivière (2) qui est adossée, qu’il luy fut pareillement enjoint, ainsi qu’à Pierre Villevaud son frère, et à toutes les personnes qui ont des lessivières, de les faire vouter, qu’il fut fait deffances à tous particuliers de ce lieu d’Aubière de laver pendant la nuit, avec des fallasses (3), le tout sous cette peine qu’il appartiendrait et que notre ordonnance fut publiée dans le lieu d’Aubière et exécutée à peine de douze livres d’amende contre chaque contrevenant,
vu aussy notre ordonnance du quatre décembre présant mois qui permet d’assigner à notre prochaine audience de ce jourd’huy en la … [déchirure]
ouy les parties de leur propre bouche et de notre procureur d’office, nous, suivant les conclusions du substitut, enjoignons à Guilhaume Villevaud de faire élever au-dessus de sa grange avec un contre mur la cheminée de sa lessivière qui y est adossée,
luy enjoignons pareillement de faire vouter lad. lessivière, le tout dans la huitaine, à peine d’amande ;
et attendu la déclaration, faitte par Pierre Villevaud, qu’il n’entend aucunement se servir du coin de sa grange pour y faire des lessives, luy enjoignons de retirer dans le jour du coin de lad. grange lesd. cuviers (4) qu’il est convenu y avoir placé, y pratiquer une lessivière voutée dans la huitaine ; enjoignons pareillement à touttes personnes qui ont des lessivières dans ce lieu d’Aubière de les faire vouter si elles ne le sont pas, et ce dans la huitaine de la publication de notre présente ordonnance, à peine de douze livres d’amande contre chaque contrevenant ;
faisons deffances à toutes personnes de laver pendant la nuit avec des fallaces allumées, même de porter dans ce lieu d’Aubière lesd. fallaces, à peine, contre chaque contrevenant, de cinquante livres d’amande ;
condamnons lesd. Guilhaume et Pierre Villevaud solidairement aux dépens de l’assignation qui leur a été donnée et de l’assignation de la présante ordonnance,
ordonnons que par le premier huissier ou sergent sur ce requis qu’à ce faire commettons notre présante ordonnance sera incessament lu et publiée au milieu de la place publique (5) de ce lieu d’Aubière au sortir de la messe paroissialle. (6) »
Signé : Thoury.


Notes :
(1) – Guilhaume et Pierre Villevaud : Guilhaume Villevaud, fils de Guillaume et de Clauda Noellet, marié le 11 janvier 1763 à Clermont-Ferrand, à Michelle Courtadon, fille de jean et de Marie Leguay ; Pierre Villevaud, frère aîné de Guilhaume, est marié depuis le 17 janvier 1758 à Aubière, à Gabrielle Dégironde d’Aoust, fille de Martin et de Catherine Montel.
(2) – Lessivière : en d’autres régions, c’est un synonyme de lavandière ; dans le Puy-de-Dôme, c’est une lessiveuse, ou, par extension, une buanderie, lieu où l’on fait la lessive.
(3) – Fallasse ou fallace : Dans le Puy-de-Dôme, torche, flambeau ou lanterne.
(4) – Cuvier : cuve pour la lessive.
(5) – Place publique : à cette époque, la place publique était la place de la Halle ou la place de l’église.
(6) – Au sortir de la messe : à l’instar de l’église actuelle, l’ancienne église d’Aubière, du XIIème siècle, avait deux portes, dont l’une donnait au nord sur la place de la Halle (place de la Libération aujourd’hui).





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