Il fut un temps, et notamment entre 1600 et 1720 environ, où
les Aubiérois, un peu aisés, aimaient à se faire enterrer à l’intérieur de
l'église romane de la paroisse. Les testaments depuis la fin du 16ème siècle en attestent. La Fabrique et le curé y voyaient un bon moyen
d’assurer l’entretien et les travaux d’agrandissement de la dite église. Mais
les vœux, aussi pieux que possible, émis et paraphés sur les
« fondations », étaient-ils réellement tenus ?…
Fondation
et vente de tombeau de Victor TAILHANDIER
par la
Luminerie d’Aubière
28 avril 1694
C’est
après avoir enterré son père, Antoine, décédé le 25 novembre 1693, et sa mère,
Clauda Martin, décédée le 29 mars 1694, que Victor Tailhandier, laboureur,
époux de Michelle Chabert, décide d’acquérir un tombeau dans l’église
d’Aubière.
« Fut présent,
Victor Tailhandier, laboureur de ce lieu d’Aubière, lequel, de gré, a donné et
donne, par ces présentes, par forme de fondation, à la Fabrique de l’église
paroissiale dudit lieu, cy présents et acceptants, vénérable personne Messire
Durand Marie, prestre et curé dudit lieu, Anthoine Turgon, maréchal [1], et Michel Bourcheix, laboureur [2], marguillier de cette église, la somme de
vingt sols de rante annuelle et perpétuelle, pour l’entretènement et
réparations de la dite église, payable et portable, chacun an, en la Maison des
Luminiers ou marguilliers prépozés à la ditte église, à commencer aux Pâques
prochaines, et ainssy continuer jusqu’au rachapt de la ditte rante que le dit
Tailhandier se réserve pouvoir faire en payant en une seule fois en un seul
payement, la somme de vingt livres pour le solde final de la dite rante.
Laquelle serait néanmoins employable en un fond certain et purgé d’hypothèque
pour produire, à la ditte Fabrique, la ditte somme de vingt sols de
rante ; laquelle n’a été donnée par le dit Tailhandier qu’en considération
de la permission à luy accordée, par la ditte Fabrique, et lequel […] de
pouvoir se faire enterrer, et sa famille, à perpétuité, dans l’église
paroissiale du dit lieu et dans un tombeau estant au-devant de l’autel Saint-Roch,
lequel, le dit Tailhandier et ses successeurs, seront tenus à entretenir et
remettre la tombe toutes et quantes fois qu’ils y fairont ces enterrements, à leurs
frais et despenses ; lequel appartiendra entièrement au dit Tailhandier et
à ses successeurs sans qu’il y puisse être enterré aucune autre personne, pour
quelque cause et occasion que ce soit. Consentant, les dits sieurs curé et
luminiers que le dit Tailhandier et les siens en demeurent (seuls) maîtres
propriétaires et possesseurs, et au garantage, le dit curé et marguilliers, ont
obligé tous les biens de la ditte Fabrique ; et le dit Tailhandier au
payement de la ditte rante à chaque an et à chaque terme susdit, a obligé tous
ses biens car ainssy l’ont voulu et accordé, obligé et renoncé et soumis de
fait et passé au dit lieu d’Aubière, maison du dit sieur curé, le vingt
huitième avril mil six cens quatre vingt quatorze, avant midy, en présence de Me
Anthoine Beauregard [3], chirurgien et habitant du dit lieu, et de
Pierre Morel [4], laboureur, aussy habitant du dit lieu […],
les dits Tailhandier, Turgon et Bourcheix ont déclaré ne scavoir signer de ce
enquis, et le dit sieur Marie, curé, a signé avec le dit Beauregard ».
Sources :
A.D. 63 – 5 E 44 448 – Me Tiolier, notaire à Aubière.
Fondation
de Michelle DEPERES
pour la
Luminerie d’Aubière
26 juin 1697
« Fut présente
Michelle Deperes [5], veuve de Guillaume Gioux, habitante du
lieu d’Aubière, laquelle, de son gré, a donné et donne, par ces présentes, pour
forme de fondation, à la Fabrique de l’esglize parroissialle de ce lieu
d’Aubière, cy présents et acceptants, vénérable personne Messire Durand Marye,
prestre et curé de ce lieu, autres […] Decorps et François Jallut, luminiers
l’année présente, la somme de vingt sols de rente annuelle et perpétuelle pour
l’entretenement et réparations de la dite esglize, payable et portable chacun
an en la maison des luminiers qui se trouveront préposés pour la dite églize, à
commencer au jour et feste de Saint Jean-Baptiste de l’année prochaine 1698, et
ainssy continuer jusques au rachapt de la dite rente que la dite Deperes se
réserve de pouvoir faire quand bon luy semblera, en payant aux dits
marguilliers, en une seule fois et en un seul payement, la somme de vingt
livres, principal de la rente, laquelle sera néantmoins employable en un fonds
certain et purgé d’hypothèques pour produire à la dite Fabrique la dite somme
de vingt sols de rente ; laquelle n’a été donnée qu’en considération de la
permission à elle accordée par le dit sieur curé et la Fabrique, de se faire
enterrer et ses successeurs, à perpétuité dans l’esglize paroissialle du dit
lieu et dans un tombeau estant au-dessoulz de la seconde fenestre de la dite
esglize, à la droite en entrant ; lequel tombeau la dite Deperes et ses
successeurs seront tenus entretenir et remettre le pavois d’icelle à niveau du
pavois de la dite esglize, à leurs frais et despans, toutes et quantes fois
qu’ils y feront des enterrements, et le dit tombeau leur appartiendra
entièrement sans qu’il y puisse être enterré aucune autre personne pour quelque
cause et occasion que ce soit.
Consentant, les dits
sieur curé et marguilliers que la dite Deperes et les siens en demeurent à
perpétuité vrays sieurs propriétaires en possession, et au garentage les sieur
curé et marguilliers ont obligé tous les biens de la dite Fabrique, et la dite
Deperes, au payement de la dite rente chacun an et à chacun terme susdit, a
obligé tous ses biens car ainsy en oblige un […] soulzmis et
Fait et passé au dit
lieu d’Aubière, maison du dit sieur curé, le vingt sixième juin mil six cent
quatre vingt dix sept, apprès midy en présence de autre Dutemple et Guillaume
Martin, laboureurs habitants du dit lieu d’Aubière, qui, et la dite Deperes ont
déclaré ne sceavoir signer de ce enquis, et le dit sieur Marye, curé, a signé.
Fondation de vingt
sols de rente. »
Signatures : Marye, curé ; Tiolier, notaire royal
Pierre tombale |
Les fondations qui suivent n’apportent rien de nouveau par
rapport aux deux précédentes. Elles sont aussi négociées à 20 livres. Mais il
est intéressant de rapporter les lieux de « séjour » choisis par nos
ancêtres. Plusieurs ont souhaité être inhumés sous la chaire du sieur
curé : ses prônes étaient-ils si prisés ? Même si l’un d’entre eux
préfère... le son des cloche. Notons que des travaux d’agrandissement de l’église
avaient déjà eu lieu à cette époque.
Fondation
de Georges Valleix
pour la
luminerie d’Aubière
24 juin 1697
« … […] … un tombeau
estant au-dessous de la pille où est la cheze où le sieur curé fait ses prones,
du costé d’en bas, proche les fondements de la muraille de l’esglize, laquelle
muraille a esté abbatue lors qu’on a fait les chapelles pour agrandir la dite
esglize, lequel tombeau est dans l’ancienne esglize et non dans ces chappelles…
[…] … ». [6]
Fondation de Catherine Mallet
pour la
luminerie d’Aubière
23 juin 1697
« … […] … un
tombeau qui est au-dessous de la chaize en laquelle le sieur curé fait ses
prones… […] … ».
[7]
Fondation de Chatard Aubeni l’aisné
pour la
luminerie d’Aubière
26 juin 1697
« … […] … un
tombeau estant au-dessous du clocher de la dite esglize… […] … ». [8]
Sources pour tous les textes de 1697 : A. D. 63 – 5 E 44 450 – Notaire Tiolier.
©
Cercle généalogique et historique d’Aubière. (Marie-José CHAPEAU).
Vers le lexique paroissial : Luminerie et Fabrique, etc...
[1] - Anthoine Turgon : maréchal ferrant,
né vers 1650, fils d’Antoine et de Catherine Aubeny, époux de Catherine
Cohendy.
[2] - Michel
Bourcheix : laboureur et marguillier, dit Bizolle, fils d’Antoine et de
Jeanne Breuly, x1 21/01/1687 Agnès Vauris, x2 07/02/1696
Marguerite Chaussidon.
[3]
- Anthoine
Beauregard : chirurgien à Aubière, époux de Suzanne Astorgue.
[4]
- Pierre
Morel : laboureur, né le 24 février 1658, fils de Paul et de Marie
Pyronnet.
[5]
- Michelle
Deperes : née vers 1635, fille de Michel et d’Isabeau de Jarrie d’Aubière,
veuve de Guilhaume Gioux, vivant marchand. Elle décède le 14 juin 1707.
[6]
- Georges
Valleix : laboureur, originaire de Saint-Genès-Champanelle, fils de
Guilhaume et de Catherine Poughol, il se marie à Aubière, le 13 octobre 1693 à
Anthonia Mazen. Il décède le 25 avril 1722.
[7]
- Catherine
Mallet : fille de Chatard et de Marguerite Legay, veuve de François Borrand
le jeune, laboureur, décédé le 25 février 1693.
[8]
- Chatard
Aubeni : Il ne s’agit pas de Chatard l’aisné mais de Chatard le jeune,
fils de Chatard l’aîné (décédé avant 1693) et de Benoiste Arveuf. Il décède le
22 octobre 1714, à l’âge de 70 ans, et inhumé le lendemain dans l’église
d’Aubière.
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