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vendredi 17 mai 2013

Fondations pour un tombeau



Il fut un temps, et notamment entre 1600 et 1720 environ, où les Aubiérois, un peu aisés, aimaient à se faire enterrer à l’intérieur de l'église romane de la paroisse. Les testaments depuis la fin du 16ème siècle en attestent. La Fabrique et le curé y voyaient un bon moyen d’assurer l’entretien et les travaux d’agrandissement de la dite église. Mais les vœux, aussi pieux que possible, émis et paraphés sur les « fondations », étaient-ils réellement tenus ?…


Fondation et vente de tombeau de Victor TAILHANDIER
par la Luminerie d’Aubière
28 avril 1694

C’est après avoir enterré son père, Antoine, décédé le 25 novembre 1693, et sa mère, Clauda Martin, décédée le 29 mars 1694, que Victor Tailhandier, laboureur, époux de Michelle Chabert, décide d’acquérir un tombeau dans l’église d’Aubière.

« Fut présent, Victor Tailhandier, laboureur de ce lieu d’Aubière, lequel, de gré, a donné et donne, par ces présentes, par forme de fondation, à la Fabrique de l’église paroissiale dudit lieu, cy présents et acceptants, vénérable personne Messire Durand Marie, prestre et curé dudit lieu, Anthoine Turgon, maréchal [1], et Michel Bourcheix, laboureur [2], marguillier de cette église, la somme de vingt sols de rante annuelle et perpétuelle, pour l’entretènement et réparations de la dite église, payable et portable, chacun an, en la Maison des Luminiers ou marguilliers prépozés à la ditte église, à commencer aux Pâques prochaines, et ainssy continuer jusqu’au rachapt de la ditte rante que le dit Tailhandier se réserve pouvoir faire en payant en une seule fois en un seul payement, la somme de vingt livres pour le solde final de la dite rante. Laquelle serait néanmoins employable en un fond certain et purgé d’hypothèque pour produire, à la ditte Fabrique, la ditte somme de vingt sols de rante ; laquelle n’a été donnée par le dit Tailhandier qu’en considération de la permission à luy accordée, par la ditte Fabrique, et lequel […] de pouvoir se faire enterrer, et sa famille, à perpétuité, dans l’église paroissiale du dit lieu et dans un tombeau estant au-devant de l’autel Saint-Roch, lequel, le dit Tailhandier et ses successeurs, seront tenus à entretenir et remettre la tombe toutes et quantes fois qu’ils y fairont ces enterrements, à leurs frais et despenses ; lequel appartiendra entièrement au dit Tailhandier et à ses successeurs sans qu’il y puisse être enterré aucune autre personne, pour quelque cause et occasion que ce soit. Consentant, les dits sieurs curé et luminiers que le dit Tailhandier et les siens en demeurent (seuls) maîtres propriétaires et possesseurs, et au garantage, le dit curé et marguilliers, ont obligé tous les biens de la ditte Fabrique ; et le dit Tailhandier au payement de la ditte rante à chaque an et à chaque terme susdit, a obligé tous ses biens car ainssy l’ont voulu et accordé, obligé et renoncé et soumis de fait et passé au dit lieu d’Aubière, maison du dit sieur curé, le vingt huitième avril mil six cens quatre vingt quatorze, avant midy, en présence de Me Anthoine Beauregard [3], chirurgien et habitant du dit lieu, et de Pierre Morel [4], laboureur, aussy habitant du dit lieu […], les dits Tailhandier, Turgon et Bourcheix ont déclaré ne scavoir signer de ce enquis, et le dit sieur Marie, curé, a signé avec le dit Beauregard ».

Sources : A.D. 63 – 5 E 44 448 – Me Tiolier, notaire à Aubière.


Fondation de Michelle DEPERES
pour la Luminerie d’Aubière
26 juin 1697

« Fut présente Michelle Deperes [5], veuve de Guillaume Gioux, habitante du lieu d’Aubière, laquelle, de son gré, a donné et donne, par ces présentes, pour forme de fondation, à la Fabrique de l’esglize parroissialle de ce lieu d’Aubière, cy présents et acceptants, vénérable personne Messire Durand Marye, prestre et curé de ce lieu, autres […] Decorps et François Jallut, luminiers l’année présente, la somme de vingt sols de rente annuelle et perpétuelle pour l’entretenement et réparations de la dite esglize, payable et portable chacun an en la maison des luminiers qui se trouveront préposés pour la dite églize, à commencer au jour et feste de Saint Jean-Baptiste de l’année prochaine 1698, et ainssy continuer jusques au rachapt de la dite rente que la dite Deperes se réserve de pouvoir faire quand bon luy semblera, en payant aux dits marguilliers, en une seule fois et en un seul payement, la somme de vingt livres, principal de la rente, laquelle sera néantmoins employable en un fonds certain et purgé d’hypothèques pour produire à la dite Fabrique la dite somme de vingt sols de rente ; laquelle n’a été donnée qu’en considération de la permission à elle accordée par le dit sieur curé et la Fabrique, de se faire enterrer et ses successeurs, à perpétuité dans l’esglize paroissialle du dit lieu et dans un tombeau estant au-dessoulz de la seconde fenestre de la dite esglize, à la droite en entrant ; lequel tombeau la dite Deperes et ses successeurs seront tenus entretenir et remettre le pavois d’icelle à niveau du pavois de la dite esglize, à leurs frais et despans, toutes et quantes fois qu’ils y feront des enterrements, et le dit tombeau leur appartiendra entièrement sans qu’il y puisse être enterré aucune autre personne pour quelque cause et occasion que ce soit.
Consentant, les dits sieur curé et marguilliers que la dite Deperes et les siens en demeurent à perpétuité vrays sieurs propriétaires en possession, et au garentage les sieur curé et marguilliers ont obligé tous les biens de la dite Fabrique, et la dite Deperes, au payement de la dite rente chacun an et à chacun terme susdit, a obligé tous ses biens car ainsy en oblige un […] soulzmis et
Fait et passé au dit lieu d’Aubière, maison du dit sieur curé, le vingt sixième juin mil six cent quatre vingt dix sept, apprès midy en présence de autre Dutemple et Guillaume Martin, laboureurs habitants du dit lieu d’Aubière, qui, et la dite Deperes ont déclaré ne sceavoir signer de ce enquis, et le dit sieur Marye, curé, a signé.
Fondation de vingt sols de rente. »

Signatures : Marye, curé ; Tiolier, notaire royal


Pierre tombale

Les fondations qui suivent n’apportent rien de nouveau par rapport aux deux précédentes. Elles sont aussi négociées à 20 livres. Mais il est intéressant de rapporter les lieux de « séjour » choisis par nos ancêtres. Plusieurs ont souhaité être inhumés sous la chaire du sieur curé : ses prônes étaient-ils si prisés ? Même si l’un d’entre eux préfère... le son des cloche. Notons que des travaux d’agrandissement de l’église avaient déjà eu lieu à cette époque.


Fondation de Georges Valleix
pour la luminerie d’Aubière
24 juin 1697

« … […] … un tombeau estant au-dessous de la pille où est la cheze où le sieur curé fait ses prones, du costé d’en bas, proche les fondements de la muraille de l’esglize, laquelle muraille a esté abbatue lors qu’on a fait les chapelles pour agrandir la dite esglize, lequel tombeau est dans l’ancienne esglize et non dans ces chappelles… […] … ». [6]


Fondation de Catherine Mallet

pour la luminerie d’Aubière
23 juin 1697

« … […] … un tombeau qui est au-dessous de la chaize en laquelle le sieur curé fait ses prones… […] … ». [7]


Fondation de Chatard Aubeni l’aisné

pour la luminerie d’Aubière
26 juin 1697

« … […] … un tombeau estant au-dessous du clocher de la dite esglize… […] … ». [8]


Sources pour tous les textes de 1697 : A. D. 63 – 5 E 44 450 – Notaire Tiolier.


© Cercle généalogique et historique d’Aubière. (Marie-José CHAPEAU).

Vers le lexique paroissial : Luminerie et Fabrique, etc...


[1] - Anthoine Turgon : maréchal ferrant, né vers 1650, fils d’Antoine et de Catherine Aubeny, époux de Catherine Cohendy.
[2] - Michel Bourcheix : laboureur et marguillier, dit Bizolle, fils d’Antoine et de Jeanne Breuly, x1 21/01/1687 Agnès Vauris, x2 07/02/1696 Marguerite Chaussidon.
[3] - Anthoine Beauregard : chirurgien à Aubière, époux de Suzanne Astorgue.
[4] - Pierre Morel : laboureur, né le 24 février 1658, fils de Paul et de Marie Pyronnet.
[5] - Michelle Deperes : née vers 1635, fille de Michel et d’Isabeau de Jarrie d’Aubière, veuve de Guilhaume Gioux, vivant marchand. Elle décède le 14 juin 1707.
[6] - Georges Valleix : laboureur, originaire de Saint-Genès-Champanelle, fils de Guilhaume et de Catherine Poughol, il se marie à Aubière, le 13 octobre 1693 à Anthonia Mazen. Il décède le 25 avril 1722.
[7] - Catherine Mallet : fille de Chatard et de Marguerite Legay, veuve de François Borrand le jeune, laboureur, décédé le 25 février 1693.
[8] - Chatard Aubeni : Il ne s’agit pas de Chatard l’aisné mais de Chatard le jeune, fils de Chatard l’aîné (décédé avant 1693) et de Benoiste Arveuf. Il décède le 22 octobre 1714, à l’âge de 70 ans, et inhumé le lendemain dans l’église d’Aubière.

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