Si la chasse aux ancêtres est autorisée à quiconque le
désire toute l’année et sur la planète entière, la chasse aux gibiers est
règlementée et nécessite un permis de chasse, comme celui que nous avons trouvé
dans les archives communales d’Aubière.
Permis de chasse de 1855 (Archives communales d'Aubière) |
Halte aux braconniers !
En 1809, des Aubiérois chassaient toute l’année sur un vaste
territoire, comme au temps des seigneurs. Mais les plaintes des cultivateurs et
les procès-verbaux des gardes-champêtres s’amoncelèrent sur le bureau du
Préfet. Son conseiller écrit au maire d’Aubière :
(Archives communales d'Aubière) |
Clermont-Ferrand, le
17 novembre 1809
Le Préfet du
département du Puy-de-Dôme au maire de la commune d’Aubière,
Je suis instruit,
Monsieur le maire, et j’ai sous les yeux la preuve écrite que les nommés
Chabosy, Noëllet et Tailhandier, cultivateurs de votre commune, se permettaient
de chasser continuellement non seulement dans les territoires de votre commune
mais encore dans celles de Cornon (1), Romagnat et autres environnantes, sans
respect pour les propriétés et foulant aux pieds les récoltes ; déjà
plusieurs plaintes m’ont été portées, desquelles il résultait encore une
nouvelle preuve que ces particuliers seraient des braconniers de profession qui
feraient de la chasse leur principale occupation et se rendraient redoutables
aux petits propriétaires qui n’osent se plaindre des dommages qu’ils éprouvent
par les courses continuelles de ces individus. A la vérité, ils sont pourvus de
permis de port d’armes, mais les permis, qui ne leur ont été accordés que pour
surveiller avec plus de sureté leurs propriétés, ne peuvent les authoriser à en
abuser au point de ravager les récoltes d’autruy, et surtout dans d’autres
communes que la vôtre.
Déjà un jugement du 21
septembre 1808 les a condamnés à l’amende pour avoir été surpris chassant dans
la plaine de Sarliève ; d’un autre côté les procès-verbaux les dénonçant
comme chassant suivis de plusieurs chiens et parcourant indifféremment les
communes, cette conduite, Monsieur le maire, n’est pas celle de la simple
surveillance des propriétés personnelles, mais bien celle d’un chasseur décidé
et d’un braconnier de profession.
Il résulterait donc
que l’avis favorable que vous avez donné lors de leur demande en permis de port
d’armes serait un avis surpris à votre religion et donné sans connaissance de
cause.
Je vous invite,
Monsieur le maire, à faire venir ces particuliers devant vous pour les blamer
sur leur conduite journalière, et les assurer que si de pareilles plaintes me
reviennent encore, je retirerai les permis et leurs armes ; vous leur
observerez que le permis de porter un fusil de chasse ne leur donne pas le
droit de chasser sur le terrein d’autrui, s’il s’y refuse, et encore moins dans
une commune étrangère à celle de leur résidence, mais seulement de surveiller
leurs propriétés et d’empêcher que rien ne les endommage. Vous ferez surveiller
ces particuliers par votre garde-champêtre qui devra vous rendre compte du
résultat de sa surveillance, et vous voudrez bien me rendre celui des mesures
que vous aurez pris pour obliger ces particuliers à ne plus donner lieu à des
plaintes dont l’effet retomberait infailliblement sur eux.
J’ai l’honneur de vous
saluer,
Le conseiller en
préfecture remplaçant le Préfet,
signé illisible
(Archives communales d’Aubière)
Notes :
(1) - Cornon : Ancienne graphie de Cournon d'Auvergne.
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