1790-1842
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exceptionnel
Épisode 16
Décembre 1791
Décembre 1791
[Page 19]
Prix des
denrées : bled seigle vendu 24£ ½ d’argent ; vin 4£ 10 sols
1- Anne Mouli, veuve
Flagea, est entrée ici en qualité de gouvernante. Elle est de St Julien de
Copel. Elle gagne vingt écus.
2- André … [en
blanc] le sourd, qui a déjà demeuré ici
en qualité de jardinier, y est rentré en la même qualité. Il gagne 78 £. Il ne
doit avoir aucuns restes de plans ni jardinage.
3- On a vendu à Jeanne
Begon de Gersat toutes les pommes qui sont dans le grand cuvage à trente sols
la bertée moitié argent et moitié assignats. Elles doivent se mesurer entre
noël et le premier de l’an. On excepte que les pourries. Il y en a eu 289
bertées, ce qui fait 433£ 10s.
4- On a écarté du
fumier sur les careaux d’asperges et on les a bêchées. On a planté de la salade
chicorée et capuce ; planté des pois ; rétabli les bordures en
fraises, que j’ai fait venir de St-Cirgues ; mis les choux de Milan en
couche dont on doit conserver la graine.
5- On a battu les
fèves noires. Il n’y en a eu que deux septiers. Il y a eu cinq coupes de pois
verts.
6- J’ai donné à
abattre à prix fait le mur du fossé moyennant 7 £. Ils y ont mis … [en
blanc] journées.
7- On a tué la gore.
Elle pesait 260 livres. La viande en revient à peu près à trois sols.
8- On a battu le bled
de la dixme de Noyers. Il y en a eu dix septiers trois quartes, que l’on a mêlé
avec le bled vieux. On en fera autant de celui qui n’est pas battu.
9- Le 23, les voleurs
sont entrés dans la cave. Ils ont fait un trou à la 1ère porte pour
passer un homme, ont forcé avec des pinces la serrure de la seconde, ont volé
environ 60 bouteilles de vin blanc vieux, et 5 ou 6 pots d’un tonneau de vin
rouge. On a mis depuis 2 cabanes de bois dans la grange et on y couche.
10- Le 25 et 26,
l’inondation a fait beaucoup de mal. Le ruisseau s’est divisé au-dessus du pré
Rougier, et une partie passait dans le chemin. Il en est entré dans le jardin
par le canal que je ferai boucher. La saulée du pré Rouger, nouvellement
plantée, a été fort endommagée ; le mur qui la défendait a été emporté. On
a détourné l’eau au moyen d’une forte chaussée en pierres. Quelques pierres de
la levée ont été entraînées.
11- On a fait battre à
la grange le seigle d’ici ; les rats commençaient à l’endommager beaucoup.
J’ai donné à abattre à prix fait le mur du fossé derrière le bâtiment. Il m’en
a coûté 7£ pour le démolir jusqu’au fossé, et 4£ pour avoir le fondement. Ils
doivent charger la pierre sur les tombereaux.
12- Les cochons à
l’engrais ont mangé ou mangeront sept septiers de la pamoule de Noyers. L’émine
de surplus a été moulue pour les poulets.
13- On a reçu les
gages de la cour des Aides (1),
montants à 1012 £. Le tout en assignats.
14- On a achevé de
vendre toutes les pommes aux filles d’Aubière. Les femmes de Gerzat ont mesuré
les leurs. Cela fait en tout de vendues 500 environ, ce qui a fait d’argent 734
£.
15- Ayant cité au
bureau de conciliation tous ceux qui n’avaient pas payé la percière à
vendanges, ils sont venus payer amiablement, à l’exception de Jean Aligro le
maçon.
16- Le feu a consumé
une maison dans le quartier près du jardin. J’ai prêté la maison du four de la
halle à Bourcheix drevou à qui ce malheur est arrivé (2).
17- On a refendu le
bois mort : vergne, saule et pomier ; et on l’a bargé (3) dans les granges. Il y a quelques piles de
vergne dont on fera des planches. Le jardinier a trié des fèves pour semer,
ainsi que des pois hatifs.
18- Les gens de
Beaumont, qui avaient affermé les pommes, m’ont cité devant le juge de paix.
Ils réclament 24 £ d’harres et 21 £ pour frais d’obligation et leurs journées.
Je leur oppose la compensation des pomes tombées jusqu’au 5 octobre. Il a été
ordonné qu’elles seraient estimées par le juge de paix d’Aubière. Elles ont été
portées à la quantité de cinquante hotées, valeur de douze sols la hotée, ce
qui faisait dix écus. On a compensé le surplus avec seize livres qu’ils me
devaient pour […] de deux poiriers,
et j’ai payé 25 sols pour la citation.
19- Dans le courant de
ce mois, la municipalité d’Aubière a fait signifier à mon père le décret de
soit oui qui avait été rendu par la sénéchaussée au sujet d’un prétendu
enlèvement de papiers. Après le délai des 27 jours, Mr Desribes, également
décrété, a subi le premier son interrogatoire, après lequel on a eu communication
de l’information. Mon père a ensuite subi le sien assisté de Mr Desaunats, et
Jean Mallet également (4). J’ai voulu
présenter ensuite une requête pour être admis à la preuve des faits
justificatifs, mais cela n’a pu se faire sans en venir à l’audience, ce que
l’on n’a pas voulu faire dans ce moment (5).
Annotations de Pierre
Bourcheix :
(1) - Cour des Aides : Pierre André, le père de
Jean-Baptiste, était conseiller à la cour des Aides, et percevait donc des
gages.
Entre autres choses, la Cour des Aides jugeait
certaines affaires fiscales, des privilèges fiscaux, et des crimes et délits en
violation des lois fiscales.
(2) – Bourcheix drevou : c’est mon sosa 64, mon ancêtre
de la sixième génération. Souvenez-vous, au mois de janvier 1790 déjà, Antoine
Bourcheix drevou et sa famille recevaient les secours en pains (voir Épisode 1). En plein hiver 1791, sa
maison du quartier du château brûle ! La galère…
(3) – Bargé : du verbe barger, qui signifie, dans le
Puy-de-Dôme, mettre du bois ou du foin en tas.
(4) – Jean Mallet : Il s’agit en réalité de Jean Cohendy
dit Mallet.
(5) - Enlèvement de papiers : C’est une histoire
bien connue que vous lirez sur ce blogue
dès demain. Le Baron André d’Aubière aurait fait fracturer le coffre des consuls sis en l’église
d’Aubière…
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Journal économique de J-B. André > Retour à l’épisode 1
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