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samedi 30 juin 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 15


1790-1842

Mardi dernier, l'épisode 15 du Journal économique de Jean-Baptiste André n'a pu paraître. Le voici aujourd'hui, avec nos excuses. Parution du numéro 16 dès mardi prochain.

Toutes les semaines retrouvez ce document exceptionnel

Épisode 15
Novembre 1791

Novembre 1791
[Page 18]

Prix des denrées : seigle 21£ 22£ ; froment 24£ 25£ ; vin nouveau 5£

1- On a tiré le 3 le petit vin de la grande cuve qui était tant soit peu aigre ; on l’a jetté sur celui de la seconde cuve pour le mêler, et on a mis sur le même mat (1) de la grande cuve un peu de petit vin poussé de l’année dernière avec six bacholées d’eau.

2- On a battu la pamoule de Noyers où il y avait beaucoup de folle avoine. Il y en a eu six septiers trois quartes. On a aussi battu le froment tremois (2) dont il y a eu 3 s 1

3- J’ai fait mesurer une portion de noix des assenseurs (3) : il y en a neuf septiers une quarte, ce qui, à vingt livres par septier, ferait 185 livres ; ils en ont à donner chacun 160.

4- J’ai fait concasser environ cent bertées de pommes pour faire du cidre. Quatre hommes en cassent par jour environ 14 ou 15 bertées. J’en ai fait près de 100 pots de cidre, qui a été cuvé.

5- On a acheté à la foire deux cochons pour nourrir dont l’un 54£ et l’autre 48£.

6- On a achevé le 16 d’ensemencer les terres. Des gelées fortes ont interrompu plusieurs jours.

7- J’ai présenté une nouvelle pétition au département pour forcer la municipalité à fournir réponse.

8- On a vendu un millier de verges fort belles à douze sols le cent.

9- On a battu la pamoule d’Aubière ; elle est fort belle. Il y en a eu 23 septiers émine.

10- On a fait arracher les soies (4) dans le gosier à un des cochons qui sont à l’engrais.

11- On a cueilli les raves qui étaient dans la grande terre et on les a mises au cuvage des cachots.

12- On a acheté une gore (5) à la Rodade (6) 62 £ en assignats dont on a vendu le cuir 15 £.

13- On a émotté les deux bords le long de l’allée des Noyers et on a semé du bled dans les deux lites à l’exception d’un petit coin où on mettre des pommes de terre.

14- On a achevé tous les petits vins ; il y en a tout compris cinq pièces et demie. Il y en a trois dans le grand cuvage qui sont destinées à être encavées. Les autres sont aux cachots pour l’usage de la maison pendant l’hiver. On a mis à part le vieux qui a été repassé sur le mat avec le dernier du pressoir ; il est destiné à être bu le premier.

15- On a fait au pré Rougier une pélière à l’endroit où le mur avait été emporté deux fois. Elle est construite de bois de vergne ou de peuplier que l’on a fait couper au jardin, bien chevillée, pavée sur le devant et bien appuyée sur le derrière. On a recouvert les bois de pierres ou de gravier pour qu’ils ne fussent pas endommagés.

16- On a achevé de labourer la partie de la grande terre qui est en guéret ; on y écartera le fumier qui se trouvera dans les cours pour y mettre de la pamoule au printemps.

17- Le troupeau de vaches est composé cette année des trois taureaux achetés à Besse, de six vaches appartenantes au vacher de La Vedrine dont il paye dix francs d’hyvernage, de six à Mr Desribes et d’une à la Marguerite ; avec les deux vaches à lait et les bœufs cela fait vingt bêtes à corne. Les bœufs, les vaches à lait et les taureaux mangent du regain, les autres ne sont nourries que de paille. On a échangé pour cela de la paille de seigle contre de la paille de pamoule. Le vacher que l’on a pris est celui qui demeure avec celui de La Vedrine. On en paraît assez content.

18- Le jardinier Gilbert Salfour a été renvoyé. Il a demeuré ici depuis le mois de juillet 1790.

19- On a vendu les pommes tombées de rebut 25 sols la hotée ; celles de rochelle 28 sols ; les autres se vendent jusqu’à présent trente sols la hotée. Il y en a eu de vendues 594 bertées.

20- On a fait retailler le bois mort des vergers. On a aussi fait les creux prêts à recevoir les sauvageons et on a coupé les arbres morts du pré Rougier, de la garenne et du jardin.

21- Au moyen de 480 £ que j’ai donné sur le role du compte de 1791, j’ai obtenu du Département une ordonnance de surséance jusqu’à la confection du role définitif.
 
Ordonnance de surséance de 1791 - Page 1
(Archives communales d'Aubière)
Ordonnance de surséance de 1791 - Page 2
(Archives communales d'Aubière)

22- Sur une ordonnance de département, j’ai déposé au district les titres de propriété de la dixme, savoir un partage de la terre de 1622 (7), le contrat d’acquisition, un arrêt du parlement et sept nommées (8). La municipalité doit en prendre connaissance dans la huitaine.

23- J’ai donné à faire à prix fait la rase du fossé depuis le parterre jusqu’au canal, moyennant 3£ 10s.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Mat : vin bourru ; peut être aussi entendu sous le sens de marc de raisin.
(2) - Froment trémois : froment de printemps.
(3) - Assenseur ou acenseur : personne qui prend un bail à ferme, à rente ou à cens, c’est-à-dire un acens ou un acense. En Auvergne, un acens est un bail annuel consenti par les propriétaires des dîmes, dont le montant est fixé quelques jours avant la récolte, qui permet aux propriétaires de se décharger du souci de perception, et qui est le plus souvent fixé en argent.
(4) - Soie : maladie du porc.
(5) - Gore : dans le Puy-de-Dôme, une vieille vache.
(6) - La Rodade : place de Montferrand.
(7) - Partage de la terre : Ce document, intitulé « Dévolution de la terre d’Aubière », est conservé aux archives communales d’Aubière. Il nous a servi pour les articles de ce blogue « Seigneurs et seigneurie d’Aubière », après la mort de Gilbert de Jarrie d’Aubière en 1622.
(8) - Nommée : description des terres et des bois dans les documents seigneuriaux.



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