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mardi 21 août 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 23


1790-1842

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Épisode 23
Juillet 1792


Juillet 1792
[Page 26]

Prix des denrées : vin 6£ 10s ; froment 35£ ; bled 30£

1- On a donné le prix fait des moissons à André Belard, Ligier Chossidon, Martin Cassière, Jean Davaud, Gabriel Frecaud, Giraud Olier, moyennant 50 £, 30 pots petit vin et 6 quartes bled ; ils doivent plonger ou charrier et faire le gerbier (1).

2- Michel et François Teringaud, qui avaient été saisis par la gendarmerie munis du fer du portail, ont été mis en état d’accusation et envoyés à Riom. La décision des jurés est du 10 de ce mois ; il n’y a eu d’entendus que Mr Desribes, Michel (2) et moi.

3- J’ai fait tailler et palisser mes arbres par le Martre et son fils ; ils ont passé sur le mur du fossé, le fil d’archal dans la partie du parterre et un peu à l’autre bout. Ils ont mis six journées que j’ai payé quarante sols.

4- On a affermé en dix lods tout le regain du grand pré Rougier moyennant 623 £ payables aux provisions. On s’est réservé le petit pré. Les 4 lites du côté de jour 80£, les deux lites après 38£, les six lites après 100£, les trois lites après 51£, les trois lites après 51£, les trois lites après 51£, les deux lites après 34£, la lite après 17£, les six lites après 105£, les reste jusqu’au petit pré 95£.

5- On perçoit la dime à Noyers. Nous avons eu une demi charretée de vessas, trois chars de bled seigle, deux de pamoule, un ½ de froment, 60 manons (3) chanvre femelle.

6- On a planté à Noyers un careau d’artichaux. On y a coupé douze piquets d’ormeau de huit pouces de diamètre et douze pieds de long pour une pélière (4) à St-Cirgues.

"Les moissons ont été commencées à Aubière le lundi 16."

 7- Les moissons ont été commencées à Aubière le lundi 16. On charrie sur le champ et sans faire de pignons. Dans la grande terre, qui était moitié en bled, il y a eu onze chars, dans le grand champ voisin autant, dans le petit cinq, en tout 27.

8- Il y eu le 12 de ce mois un orage de vent très violent et qui nous a cassé beaucoup de branches de noyers et autres arbres. On en a volé beaucoup. On a donné plusieurs peupliers pour planter l’arbre de liberté, et on est venu en couper jusque vers le Rossignol.

9- On a réglé l’indemnité pour le cinquième des thiers de las foissas. Le juge de paix a estimé la somme de vendanges : 35£. On a déduit les écus qu’ils devaient.

10- La récolte des seigle a été en général très mauvaise cette année, les bleds de mars beaux, les froments passables. Nos moissons ont été finies le samedi 21.

11- On a comblé le fossé que l’on avait fait dans la grande terre. Il en a coûté sept francs pour cinquante deux toises. Le reste ne peut se faire que quand il n’y aura pas d’eau.

12- On a semé des raves dans le petit champ voisin ; environ une septérée et demie.

13- On a perçu à Paris les arrérages des rentes de l’état du roi, montant 140£. Mr de Lorme fils qui y va nous remet cette somme et la touchera à Paris des mains de Mr Couvert. Nous avons donné procuration à Mr Dingin que Mr Desaunats nous a procuré pour vendre l’effet de 2400 £, l’autre ayant été employé pour la contribution patriotique.

14- On s’est présenté à la caisse de l’extraordinaire (5) pour toucher le remboursement du cens et droits de lods, suivant la liquidation faite par le département. On a refusé.

15- Bonnet Sonier de Gerzat, qui a demeuré onze mois en qualité de valet, est sorti. On lui a payé son année entière à cause des assignats. (6)

16- Les chevaux et les bœufs labourent dans le grand champ voisin. Il y a encore beaucoup d’hyèble (7) qu’il faudra suivre avec la bêche.

17- Antoine Bourcheix, qui a une maison sur le jardin, laquelle doit une rente, avait donné depuis l’année passée l’écoulement de son toit du côté du jardin. Il a fait cette année une ouverture. Je l’ai cité devant le juge de paix pour deux objets. Il lui a dit qu’il pouvait faire un jour en le faisant griller (8) et araigner (9) ; à l’égard de l’écoulement des eaux, il a demandé quels étaient mes droits à cet égard. Le contrat ne le défendant point, on en est resté là.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) – Plonger : faire le gerbier, composé de plongeons. En Basse-Auvergne, les gerbes se partageaient au plongeon entre le propriétaire et le métayer, c’est-à-dire sur le tas de gerbes.
(2) – Michel : il s’agit de Michel Chaboissier (voir Chronique de la maison Decorps).
(3) – Manon (ou menou) : poignée de chanvre. Contrairement aux tiges mâles du chanvre qui servaient uniquement à faire de la filasse, les tiges femelles portaient les graines pour les prochaines semences. 60 manons ou menous représentent 5 moyettes, petites meules de chanvre.
(4) – Pélière : barrage pour dériver l’eau.
(5) – Caisse de l’extraordinaire : Une Caisse de l'extraordinaire est créée (décret des 19-21 décembre 1789) pour gérer les fonds provenant notamment de la vente des biens nationaux et pour subvenir aux dépenses du Trésor public ; elle est dissoute le 1er janvier 1793 (décret du 4 janvier 1793). Source : Centre des archives économiques, Ministère de l’économie, des Finances et de l'Emploi.
(6) – Assignat : monnaie fiduciaire qui a eu cours légal entre 1791 et 1797. Sa valeur fluctuant beaucoup (entre 2 et 30 sols), l’assignat n’était pas très apprécié ; on préférait l’or ou l’argent.
(7) – Hièble : sureau à tige herbacée.
(8) – Griller : grillager, poser un grillage de fils de fer.
(9) - Araigner : poser un croisillon de quatre branches de fer (une araignée) sur un « jour », une ouverture, une fenêtre.



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