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mardi 21 août 2012

À couteau tiré au quartier du Petit Vergier (1799-1801)_01



Fait divers

C’est pour une banale histoire de fille qu’une rixe, qui aurait pu avoir un dénouement tragique, a éclaté ; mais, peut-être, y avait-il un contentieux entre les divers acteurs de cette bagarre.

1 - Les faits et Citation à comparaître

Voici les faits tels qu’on peut les lire à travers les documents de la série U TRA/87, aux Archives départementales du Puy-de-Dôme.

Le 15 Fructidor an 7, vers 8 heures du soir, Amable PIGNOL, fils d’autre Amable, discutait avec une jeune fille - Marie COUSSERAND (ou Marie TIXERON ?) - dans le bourg d’Aubière « au devant de la maison du citoyen Montel, arpenteur à Aubière, quartier du petit vergier... ».

[voir la situation du quartier du Petit Vergier sur le cadastre de 1831]

Cette jeune fille était, semble-t-il, la cousine du dénommé Guillaume DECITRE (DESSITRE) (dit Ceberet ?).
Parmi les témoins de la scène, Sébastien BAYLE (Besle ou Belle) « s’approcha pour porter secours et appaiser les personnes qui y donnaient lieu ... » et, dans cette action, fut blessé par un coup de couteau, au bras droit, que Amable PIGNOL fils lançait vers Guillaume DECITRE ; ce dernier a été grièvement blessé au flanc gauche.
Les blessures de Sébastien BAYLE et de Guillaume DECITRE, soignées par l’officier de santé BARDELOT, sont décrites dans l’acte d’accusation du 3 Brumaire an 8.
Cette bagarre, malgré ses conséquences douloureuses, n’était qu’entre les participants, mais les choses risquèrent de devenir tragiques lorsque un autre témoin, François LAGARDE,- qui se trouvait armé d’un sabre - vint tenir des propos injurieux et provocateurs à Amable PIGNOL père, et à son fils, réfugié dans sa maison, semble-t-il, à grand renfort de coups de sabre sur les pierres de la maison.
Amable PIGNOL père sortit, armé de son fusil, et mit en joue François LAGARDE. Heureusement, le fusil ne fonctionna pas, soit par son mauvais état, soit qu’il ne fut pas chargé. Cela évita probablement plusieurs victimes.
L’enquête initiale se fit sur les déclarations des témoins. On ne retrouve, dans les papiers archivés, ni déclaration de la jeune fille (Cousserand ou Tixeron), ni celle d’Amable PIGNOL fils, "déserteur des armées de la République".
Amable PIGNOL fils, fut néanmoins interrogé, assisté de Vital Allary, le 17 Prairial an 9, au cours de son procès. Ses déclarations n’ont pas satisfait le jury, qui le condamna, à 2 ans de détention.
Son père, Amable PIGNOL, qui avait été arrêté à l’audience, fut remis en liberté après sa déposition.

Voici la citation à comparaître, du 22 Fructidor an 7 (8 septembre 1799), présentée au domicile d’Amable PIGNOL fils :

Aujourd’huy vingt deux Fructidor, An Sept de la République Française, une et indivisible, à la requette de Guillaume DECITRE et de Sébastien BAILE, cultivateurs, habitant de la Commune d’Aubière, lesquels font élection de domicile en leur maison, Je, François Mambet, huissier au Tribunal de Commerce de Clermont, y résident, soussigné et patenté n° 30 ...
Me suis transporté au domicile d’Amable PIGNOL fils, et d’autre Amable PIGNOL, son père, cultivateur communs et demeurant ensemble, habitants de la dite Commune d’Aubière, auxquels en parlant à leurs personnes.
- J’ai fait citation à comparoir le Vingt quatre du courant, heure de neuf du matin, pardevant et à l’audience du Tribunal de police correctionnelle de l’arrondissement de Clermont Ferrand, pour voir donner acte audit.....(jurants ?) de la plainte qu’ils rendent contre les dits compris, résultante de ce que le Quinze du courant, sur les sept à huit heures du soir, les requérants, étant au devant de la maison du citoyen MONTEL, arpenteur à Aubière, quartier du Petit Vergier, et Guillaume DECITRE, un des dits jurants, ayant voulu faire retirer Marie Cousserand, sa cousine, qui était retenue par ledit Amable Pignol fils, ce dernier irrité contre ledit Guillaume DECITRE de ce qu’il fesait retirer cette fille, saisit, et à l’instant ledit Decitre lui tint des propos injurieux et finit par lui donner un coup de sabre ou de couteau en forme d’un couteau de boucher dont il l’atteignit au côté gauche et lui fit une profonde blessure avec effusion de sang, que le dit Sébastien BAILE , autre des dits jurants, s’étant apperçu qu’il y avait une rixe, sans en connaître ni le sujet, ni les autheurs, s’approcha pour porter secours et appaiser les personnes qui y donnaient lieu, étant arrivé, il vit le dit Amable Pignol fils, armé d’un sabre ou couteau , qui cherchait à en frapper ledit DECITRE, et ayant voulu s’opposer et appaiser la querelle il fut lui-même atteint d’un coup de cet instrument, au bras droit, et duquel il éprouva une profonde blessure avec effusion de sang, que ce mauvais procédé de la part dudit PIGNOL n’a eu ni causes ni motifs ; cependant ledit Amable PIGNOL père, au lieu de retenir son fils, est rentré chez lui, en est sorti avec son fusil, et a cherché à tirer sur les citoyens qui étaient assemblés, et notamment sur un nommé LAGARDE qui ne cherchait qu’à s’enfuir, que vraisemblablement plusieurs personnes auraient été tuées ou dangereusement blessées, mais heureusement que ce fusil manqua pendant les trois fois que ledit PIGNOL père le fit mouvoir, qu’au lieu , pour ledit PIGNOL père de s’être repenti de cet acte, il a témoigné avoir eu du regret que son fusil ait manqué.
- être présent à la disposition des témoins qui seront entendus sur la dite plainte les récuser s’il y a lieu, en produire de sa part, si bon lui semble, et au fond, se voir condamner à payer aux dits jurants, la somme de deux mille francs, à laquelle ils se restreignent pour leurs dommages intérêts, avec les intérêts. Se voir faire deffense de récidiver à l’avenir, et se voir en outre condamner aux dépens, dans lesquels entreront les frais de pansement et incidemment de l’officier de santé, sans préjudice à autres conclusions et sauf au Commissaire du Directoire exécutif à prendre pour la vindicte publique telles conclusions qu’il avisera.
Fait et laissé copie à chacun desdits compris, parlant comme dessus du présent exploit, les dits jour et an.
(original) Vu par nous Directeur du Jury de l’arrondissement de Clermont-Ferrand pour en venir à l’audience du Tribunal Correctionnel du Vingt quatre du présent. Fait à Clermont-Ferrand le Vingt Fructidor, An sept de la République Française Une et Indivisible.
(A.D.63 - U TRA - 87/1687)

© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière - André Chapeau



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