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mardi 21 août 2012

À couteau tiré au quartier du Petit Vergier (1799-1801)_02



Fait divers

C’est pour une banale histoire de fille qu’une rixe, qui aurait pu avoir un dénouement tragique, a éclaté ; mais, peut-être, y avait-il un contentieux entre les divers acteurs de cette bagarre.

2 – Procédure de contumax et Audition des témoins

La procédure se poursuit.

Tribunal correctionnel
Procédure 1687 - CONTUMAX
Contre
Amable PIGNOL, cultivateur de la Commune d’Aubière,
Prévenu d’excès et mauvais traitements

24 Fructidor An 7 (10 septembre 1799)
Procédure contre Amable PIGNOL, fils d’autre Amable, cultivateur, habitant la Commune d’Aubière, prévenu d’avoir gravement maltraité à coups de couteau Guillaume CEBERET et Sébastien BAYLE, tous deux d’Aubière ; ce dernier étant en danger de perdre la vie.
Témoins :
- Guillaume Cassière, dit "Gaulot", cultivateur
- Jean Monnet, dit "Maculet", cultivateur (1)
- la femme de Jean Monnet (2)
- Antoine Arnaud, Président de ladite Municipalité d’Aubière
- Jean Cougout, fils à Blaize le cadet, actuellement aux Cazernes
- la fille de la femme de Jean Monnet, dit "Maculet" (3).


Procès-verbal d’audition de témoins
contre
Amable et autre Amable PIGNOL, père et fils, cultivateurs à Aubière

Aujourd’huy Vingt quatre Fructidor An 7 de la République Française Une et Indivisible, Nous, Gilbert Jalladon, Directeur du Jury de l’arrondissement de Clermont-Ferrand, assisté de Hugues Achard, notre greffier, en exécution du jugement de renvoye devant nous, rendue cematin par le Tribunal Correctionnel de l’arrondissement de Clermont-Ferrand et encore en vertu des articles 140 et 141 du code des délits et peines, exerçant les fonctions immédiates d’officier de police judiciaire, avons procédé à la réception des déclarations des témoins assignés sur la plainte rendüe par Guillaume DECITRE et Sébastien BAYLE, cultivateurs, habitans la Commune d’Aubière, contre Amable PIGNOL fils et autre Amable PIGNOL père. L’un et l’autre cultivateurs habitans ladite Commune d’Aubière. Les dites déclarations reçues en présence de Amable PIGNOL père, le fils PIGNOL étant en fuite - le dit Amable Pignol père ayant été arrêté à l’audience de ce matin . Les dits témoins entendus séparément les uns des autres ainsy qu’il suit :

 -1- Jean PEZANT, fils à Annet PEZANT tailleur habitant la Commune d’Aubière, âgé de 19 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare avoir vû, le quinze fructidor présent mois, à entour huit heures du soir, Sébastien BAYLE, un des plaintifs, tout ensanglanté disant qu’il perdait son sang et qu’il seroit estropié et qu’il le conduisit dans cet état chez le citoyen BARDELOT, officier de santé à Aubière, et a , le témoin, déclaré ne pas savoir signer de ce enquis, et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -2- Bertrand CHALAMET, cordonnier habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 22 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le dit jour quinze Fructidor présent mois, à entour huit heures du soir, étant chez luy , il entendit un grand bruit , qu’il sortit pour voir ce que c’étoit, qu’il vit Sébastien BAYLE, un des plaintifs qui étoit tout ensanglanté et perdoit beaucoup de sang du bras droit; qu’aussitôt le déclarant et Jean PEZANT prirent le dit BAYLE sous le bras et le menèrent chez le dit Bardelot, officier de santé, pour le faire penser, et que le dit BAYLE se plaignit que c’étoit Amable PIGNOL fils d’autre Amable, de la Commune d’Aubière qui l’avoit blessé d’un coup de sabre ou de couteau, et a déclaré ne pas savoir signer et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -3- Marie CHATANIER, fille de Ligier, cultivateur, habitante la Commune d’Aubière, âgée d’entour 28 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le quinze du courant , a entour huit heures du soir, se disposant à se coucher, elle entendit un grand bruit, qu’elle descendit et entendit qu’une fille appelloit Amable PIGNOL père , qui étoit dans sa maison, luy disant de venir que son fils se disputoit, que devant la maison dudit Amable PIGNOL père étoit Sébastien BAYLE, l’un des plaintifs, qui parloit et plaisantoit avec la fille du dit mable PIGNOL père, que de suite le dit BAYLE et la fille PIGNOL accoururent au lieu de la dispute. La déclarante y alla aussi, mais elle ne courru pas, de manière que le dit BAYLE et la fille PIGNOL y étoient avant elle, déclarante, et qu’aussitôt qu’elle se fut rendüe au dit lieu elle trouva le dit Sébastien BAYLE qui rependoit beaucoup de sang d’un coup qu’il avoit reçu au bras droit, mais la déclarante n’a pas vû donner le dit coup, ny n’a pas vû le père PIGNOL dans la dite querelle, la dite déclarante aida à conduire BAYLE chez l’officier de santé d’Aubière et déclare ne pas savoir signer , et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -4- François LAGARDE, cultivateur habitant la Commune d’Aubière, âgé de 36 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare qu’au moment de la querelle il étoit couché, qu’ayant entendu crier "On a saigné Sébastien BAYLE et Guillaume DECITRE" il s’étoit levé et étoit allé à l’endroit d’où partent les cris, qu’il avoit apperçu Guillaume DECITRE qui perdoit beaucoup de sang du flan gauche, qu’il disoit que c’étoit "PIFRAT" fils qui l’avoit frappé d’un couteau ou d’un autre instrument, que le déclarant, transporté d’indignation étois alors allé à la porte de PIGNOL père, en luy criant "descend donc, vient achever de tuer le dit Citre" , qu’aussitôt le dit PIGNOL père s’étoit armé d’un fusil, avoit visé le déclarant et avoit tiré trois fois sur luy, le dit fusil qui heureusement avoit manqué.
Interpellé, le témoin pourquoy il alloit chercher le dit Pignol père et s’il est de sa connoissance que le dit père eut participé aux mauvais traitements , soit de BAYLE, soit de Guillaume DECITRE, a répondu qu’il n’avoit aucune connoissance que le dit PIGNOL père fut l’auteur ou le complice des mauvais traitements dont il s’agit et que c’est par un effet seulement de sa sensibilité qu’il étoit allé à la porte du dit Pignol père, et a déclaré ne savoir signer et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -5- Jean MARTIN, cultivateur habitant la Commune d’Aubière, âgé de 22 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le quinze de ce mois, à entour l’heure de huit du soir, il a entendu du bruit, aussitôt il est allé au lieu où il se faisoit, que s’y étant, il a trouvé Amable PIGNOL fils et Guillaume DECITRE qui se tenoient aux collets, DECITRE promettoit à Amable PIGNOL de le maltraiter s’il revenoit faire du bruit à sa porte, pendant ce moment est arrivé au lieu de la querelle la sœur du dit Amable PIGNOL fils, qui, voyant son frère aux prises avec le dit DECITRE, a sauté au collet du dit DECITRE, alors le dit Amable PIGNOL fils a lâché le collet du dit DECITRE et luy a donné un coup de couteau qui l’a blessé dans le flanc gauche, mais le déclarant n’a pas vu frapper Sébastien BAYLE. Le dit déclarant ne sait pas si c’est un couteau de poche ou un couteau de chasse qu’avoit le dit PIGNOL fils, et a déclaré ne pas savoir signer, et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -6- Catherine TAILLANDIER, fille majeure, habitante à Aubière, âgée d’entour 37 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare que le quinze de ce mois, à entour l’heure de huit du soir, étant allé au lieu où elle entendoit du bruit, elle vit Guillaume DECITRE et Amable PIGNOL fils se tenant au colet. Dans le même moment survint la sœur du dit Amable PIGNOL fils qui se fâcha après le dit DECITRE, alors ce dernier répondit à la ditte PIGNOL fille que c’étoit une simple réprimande, qu’il fesoit à Amable PIGNOL son frère, qui étoit venu la veille occasionner du bruit près de sa maison, l’ayant fait assassiner à coups de pierres ; pendant cette explication Amable PIGNOL fils lâcha le collet du dit Guillaume DECITRE. Il passa derrière cellui-ci et fit un mouvement avec son bras qui se dirigea sur la personne du dit DECITRE. Aussitôt la déclarante vit jaillir le sang du côté du dit Guillaume DECITRE, mais elle ignore l’instrument dont PIGNOL étoit armé. A déclaré ne pas savoir signer de ce enquis et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -7- Mary MARTIN, boucher, habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 20 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare qu’il est arrivé à l’endroit de la dispute au moment que la sœur d’Amable PIGNOL fils tenoit au collet Guillaume DECITRE, en luy reprochant qu’il vouloit tuer son frère ; dans ce même moment Amable PIGNOL fils a passé derrière le dit Guillaume DECITRE et l’a frappé au flanc gauche sans que le déclarant sache avec quelle arme, mais, de suite, il a vû sortir le sang du dit DECITRE de l’endroit où il avoit été frappé par Amable PIGNOL ; et a déclaré ne pas savoir signer et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -8- Michel BREULY, cultivateur, habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 56 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité, déclare qu’il étoit chez luy, couché, lorsqu’il entendit François LAGARDE, crier au bas de la maison d’Amable PIGNOL père, luy dire, ainsy qu’à Amable PIGNOL fils, "Descendez, foutu gueux, foutu canaille, venez finir de tuer Guillaume DECITRE que vous avez saigné". À quoy PIGNOL père a répondu : "Attend, attend, je viens". Alors le déclarant s’est mis en chemise à sa fenêtre et a vu Amable PIGNOL père qui est venu armé d’un fusil, en a visé le dit LAGARDE, l’a tiré mais heureusement le coup n’a pas atteint le dit LAGARDE. Le déclarant a encore vu Amable PIGNOL fils suivre le dit François LAGARDE avec une arme à feu avec laquelle il a tiré deux fois, mais heureusement le coup n’est pas parti. Le déclarant a ensuite été invité. L’officier de santé de penser Guillaume DECITRE qui étoit blessé au côté d’une manière si grave qu’il a vu l’officier de santé entrer son doigt dans la playe, mais le déclarant ignore quel est l’auteur du coup qu’a reçu le dit DECITRE ; ajoute le déclarant qu’au moment où le dit LAGARDE étoit armé d’un sabre avec lequel il donnoit des coups sur le mur de la maison des dits PIGNOL, toujours en les provoquant à descendre ; et a le déclarant dit ne pas savoir signer de ce enquis, et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -9- Martin DUTEMPLE, cultivateur, habitant la Commune d’Aubière, âgé d’entour 26 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité :
Déclare n’avoir rien vu de ce qui s’est passé le quinze Fructidor, présent mois, qu’il a seulement vu, le seize de ce mois, François LAGARDE et Amable PIGNOL père se disputer et se tenir réciproquement des propos injurieux. François LAGARDE reprochoit au dit PIGNOL de l’avoir voulu tuer d’un coup de fusil qu’il luy avoit tiré la veille, a quoy le dit PIGNOL père répondit qu’il étoit fâché que le coup ne fut pas parti ; et a le déclarant dit ne pas savoir signer, et avons signé avec le greffier. Jaladon Achard

 -10- Thomas JULLIEN, cultivateur habitant a Aubière, âgé de 51 ans, après avoir promis parler sans haine ny crainte et de dire vérité, déclare que le quinze de ce mois, à huit heures du soir il a vû François LAGARDE venir , armé d’un sabre, avec lequel il frappoit la pierre de la porte d’Amable PIGNOL avec tant de violence qu’il en faisoit sortir des étincelles de feu ; le dit François LAGARDE a provoqué pendant trois fois le dit PIGNOL à descendre et à venir achever de tuer Guillaume DECITRE. Le dit François LAGARDE tenoit même des propos injurieux contre le dit PIGNOL, le traitant de gueux et de canaille et de voleur. Le dit Amable PIGNOL père qui étoit chez luy répondit au dit LAGARDE qu’il alloit venir. Enfin le déclarant a vû descendre le dit PIGNOL père sur le pallier de son escalier, armé de son fusil, qu’il a couché en joue sur le dit LAGARDE et l’a tiré par trois fois sans que le coup soit parti ; le déclarant a vû très distinctement à trois différentes reprises le feu de la baterie du dit fusil alors le dit LAGARDE s’est enfuy ; et a, le déclarant, dit ne pas savoir signer et avons signé avec le greffier. Jaladon - Achard


Notes :
(1) – Jean Monnet dit Maculet : Beau-père de Guillaume Cassière dit Golaud.
(2) – La femme de Jean Monnet : Françoise Decorps, seconde épouse de Jean Monnet.
(3) – La fille de la femme de Jean Monnet : Marie Belle, fille d’Henry Belle et de Françoise Decorps.

© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière - André Chapeau





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