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mardi 3 juillet 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 16


1790-1842

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Épisode 16
Décembre 1791

Décembre 1791
[Page 19]

Prix des denrées : bled seigle vendu 24£ ½ d’argent ; vin 4£ 10 sols

1- Anne Mouli, veuve Flagea, est entrée ici en qualité de gouvernante. Elle est de St Julien de Copel. Elle gagne vingt écus.

2- André … [en blanc] le sourd, qui a déjà demeuré ici en qualité de jardinier, y est rentré en la même qualité. Il gagne 78 £. Il ne doit avoir aucuns restes de plans ni jardinage.

3- On a vendu à Jeanne Begon de Gersat toutes les pommes qui sont dans le grand cuvage à trente sols la bertée moitié argent et moitié assignats. Elles doivent se mesurer entre noël et le premier de l’an. On excepte que les pourries. Il y en a eu 289 bertées, ce qui fait 433£ 10s.

4- On a écarté du fumier sur les careaux d’asperges et on les a bêchées. On a planté de la salade chicorée et capuce ; planté des pois ; rétabli les bordures en fraises, que j’ai fait venir de St-Cirgues ; mis les choux de Milan en couche dont on doit conserver la graine.

5- On a battu les fèves noires. Il n’y en a eu que deux septiers. Il y a eu cinq coupes de pois verts.

6- J’ai donné à abattre à prix fait le mur du fossé moyennant 7 £. Ils y ont mis … [en blanc] journées.

7- On a tué la gore. Elle pesait 260 livres. La viande en revient à peu près à trois sols.

8- On a battu le bled de la dixme de Noyers. Il y en a eu dix septiers trois quartes, que l’on a mêlé avec le bled vieux. On en fera autant de celui qui n’est pas battu.

9- Le 23, les voleurs sont entrés dans la cave. Ils ont fait un trou à la 1ère porte pour passer un homme, ont forcé avec des pinces la serrure de la seconde, ont volé environ 60 bouteilles de vin blanc vieux, et 5 ou 6 pots d’un tonneau de vin rouge. On a mis depuis 2 cabanes de bois dans la grange et on y couche.

10- Le 25 et 26, l’inondation a fait beaucoup de mal. Le ruisseau s’est divisé au-dessus du pré Rougier, et une partie passait dans le chemin. Il en est entré dans le jardin par le canal que je ferai boucher. La saulée du pré Rouger, nouvellement plantée, a été fort endommagée ; le mur qui la défendait a été emporté. On a détourné l’eau au moyen d’une forte chaussée en pierres. Quelques pierres de la levée ont été entraînées.

11- On a fait battre à la grange le seigle d’ici ; les rats commençaient à l’endommager beaucoup. J’ai donné à abattre à prix fait le mur du fossé derrière le bâtiment. Il m’en a coûté 7£ pour le démolir jusqu’au fossé, et 4£ pour avoir le fondement. Ils doivent charger la pierre sur les tombereaux.

12- Les cochons à l’engrais ont mangé ou mangeront sept septiers de la pamoule de Noyers. L’émine de surplus a été moulue pour les poulets.


13- On a reçu les gages de la cour des Aides (1), montants à 1012 £. Le tout en assignats.

14- On a achevé de vendre toutes les pommes aux filles d’Aubière. Les femmes de Gerzat ont mesuré les leurs. Cela fait en tout de vendues 500 environ, ce qui a fait d’argent 734 £.

15- Ayant cité au bureau de conciliation tous ceux qui n’avaient pas payé la percière à vendanges, ils sont venus payer amiablement, à l’exception de Jean Aligro le maçon.

16- Le feu a consumé une maison dans le quartier près du jardin. J’ai prêté la maison du four de la halle à Bourcheix drevou à qui ce malheur est arrivé (2).

17- On a refendu le bois mort : vergne, saule et pomier ; et on l’a bargé (3) dans les granges. Il y a quelques piles de vergne dont on fera des planches. Le jardinier a trié des fèves pour semer, ainsi que des pois hatifs.

18- Les gens de Beaumont, qui avaient affermé les pommes, m’ont cité devant le juge de paix. Ils réclament 24 £ d’harres et 21 £ pour frais d’obligation et leurs journées. Je leur oppose la compensation des pomes tombées jusqu’au 5 octobre. Il a été ordonné qu’elles seraient estimées par le juge de paix d’Aubière. Elles ont été portées à la quantité de cinquante hotées, valeur de douze sols la hotée, ce qui faisait dix écus. On a compensé le surplus avec seize livres qu’ils me devaient pour […] de deux poiriers, et j’ai payé 25 sols pour la citation.

19- Dans le courant de ce mois, la municipalité d’Aubière a fait signifier à mon père le décret de soit oui qui avait été rendu par la sénéchaussée au sujet d’un prétendu enlèvement de papiers. Après le délai des 27 jours, Mr Desribes, également décrété, a subi le premier son interrogatoire, après lequel on a eu communication de l’information. Mon père a ensuite subi le sien assisté de Mr Desaunats, et Jean Mallet également (4). J’ai voulu présenter ensuite une requête pour être admis à la preuve des faits justificatifs, mais cela n’a pu se faire sans en venir à l’audience, ce que l’on n’a pas voulu faire dans ce moment (5).


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Cour des Aides : Pierre André, le père de Jean-Baptiste, était conseiller à la cour des Aides, et percevait donc des gages.
Entre autres choses, la Cour des Aides jugeait certaines affaires fiscales, des privilèges fiscaux, et des crimes et délits en violation des lois fiscales.
(2) – Bourcheix drevou : c’est mon sosa 64, mon ancêtre de la sixième génération. Souvenez-vous, au mois de janvier 1790 déjà, Antoine Bourcheix drevou et sa famille recevaient les secours en pains (voir Épisode 1). En plein hiver 1791, sa maison du quartier du château brûle ! La galère…
(3) – Bargé : du verbe barger, qui signifie, dans le Puy-de-Dôme, mettre du bois ou du foin en tas.
(4) – Jean Mallet : Il s’agit en réalité de Jean Cohendy dit Mallet.
(5) - Enlèvement de papiers : C’est une histoire bien connue que vous lirez sur ce blogue dès demain. Le Baron André d’Aubière aurait fait fracturer le coffre des consuls sis en l’église d’Aubière…



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