A l’approche de l’hiver, en novembre, quelques malheureux
commencent à souffrir de la faim. Le prix des denrées a considérablement
augmenté et cette situation risque de conduire à la famine une fraction
importante de la population aubiéroise. Les municipaux sont alertés. Le 10
novembre, la municipalité réunit son conseil.
Il s’agit de fixer le prix maximum des denrées de première
nécessité. Le blé manque non seulement pour la nourriture mais aussi pour
l’ensemencement des terres des journaliers et des plus démunis. Le
procès-verbal du conseil révèle des décisions sans précédant :
« Considérant qu'une pareille
disette de grains deviendrait dangereuse pour le maintien de la paix et de la
tranquillité publique, le conseil décide de donner aux ouvriers et aux pauvres
des bons, grâce auxquels ils pourront s'approvisionner chez ceux qui ont du
grain ; attendu qu'un certain nombre de cultivateurs ont plus de blé qu'il
ne leur en faut pour leur usage. Le conseil leur enjoint de battre ou de faire
battre les grains en paille sinon il les y contraindra conformément à la loi. Ils
devront en outre porter leurs grains au marché de Clermont à raison de 10
setiers pour Aubière et de 20 pour Pérignat ». De plus, le conseil
décide qu’il sera donné du blé à ceux qui n'en ont point, pour ensemencer, et
qui n'ont pas d'autres ressources. En cela, le conseil applique des décisions
légales : on sait que Clermont a pris des mesures similaires (voir Journal
économique de Jean-Baptiste André – épisodes 32 et suivants).
Au sortir de la maison commune, les municipaux réunissent
l’ensemble de la population sous la halle. Devant cette assemblée générale,
lecture est faite des décisions du conseil. Des huées s’élèvent de la
foule ; beaucoup d’Aubiérois s’opposent à l’application de ces mesures.
Les municipaux s’émeuvent de cette "bronca" et se plaignent de rencontrer tant de
difficultés pour faire appliquer la loi et les décrets. Cependant, ils restent
fermes et proclament que tout sera fait pour que ces décisions soient
respectées, quitte à condamner les récalcitrants aux peines et châtiments
prévus.
Cette résolution n'a pas le don de plaire à tous, en particulier au citoyen
Louis Mazière qui invective la municipalité, traitant les membres du conseil de
« voleurs et coquins », etc. Les femmes elles-mêmes ne font pas
preuve de plus de modération ni de plus de douceur, témoin la nommée Gilberte
Dégironde qui se « permet d'insulter
la municipalité ». A l’issue de cette assemblée, Michel Chatanier agrippe
et frappe du poing le municipal Guillaume Arnaud et le traite de voleur.
Heureusement, les voisins séparent les deux hommes.
Dès le lendemain, Arnaud réclame contre le coupable une punition sévère en
exécution du décret de la veille.
Tout semble rentré dans l’ordre lorsque, le 14 novembre, le citoyen Montel
fait sa déclaration de grains. Il prétend n'avoir de blé que pour sa
subsistance et celle de sa famille, et certifie n'en avoir pas à vendre. Mais
le conseil soupçonne que le citoyen Montel a fait une fausse déclaration et
ordonne qu'il soit fait à son domicile une perquisition par la municipalité
accompagnée des quatre citoyens les moins fortunés.
La perquisition a lieu le 18 novembre chez les frères Amable et François
Montel et elle révèle que leur déclaration de grains était frauduleuse. Le
conseil décide de confisquer la quantité de grains excédant la déclaration
faite par les frères Montel.
Sources : registres des
délibérations municipales, Archives communales d’Aubière. (P.B.)
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