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mardi 18 décembre 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 40



1790-1842

Toutes les semaines retrouvez ce document inédit exceptionnel
Le Journal économique du fils du dernier seigneur d’Aubière

Épisode 40
Décembre 1795


Décembre 1795
[Page 43]

Prix des denrées : froment 5000£ ; seigle vendu 4300£ ; vin 4 ou 500£

1- J’ai passé bail avec Etienne Rochere devant Chatelut, pour 29 années, de la vigne de Neyrat contenant 9 œuvres pour la quantité de quinze pots de vin blanc, comme elle était ci-devant ; il paye l’impôt.

2- J’ai fait un voyage à St Cirgues pour faire payer le bled des fermes et des rentes qui était en arrérages. Les choses sont à peu près en règle ; à cet égard, les rentes en argent ne peuvent être payées encore, les choses étant encore indécises pour les payements de cette nature. J’ai fait ratifier la rente de  Babut, et j’ai donné à Mr Derribes les articles 30, 31 et 57 des rentes en argent pour être ratifiées.

3- On a fait passer tout mon petit cidre sur le mat ; il a pris assez de couleur. J’en ai près de trois pièces que je vendrai.
On a fini de passer sur les couverts à Noyers. On y a mis quarante huit journées de maçons à raison d’un qon (1) grain pour 4 journées.

4- On a fait porter à Aubière les meubles qui étaient à ma grand-mère dans la maison de Mr Duranquet, consistant en armoires, meubles de cuisine.

5- Belard a mis jusqu’au 1er janvier à compter du 2 8bre (2) soixante douze journées, et il a reçu onze quartons bled et quatre quartons de pamoule. Je ferai une cotte mal taillée avec lui pour les journées qu’il avait mis depuis moissons jusqu’à cette époque.

6- A compter du 16 novembre jusqu’au 1er janvier, il s’est mis à Aubière ou à Noyers 89 journées [d… - illisible] non compris celles de Belard.

La mouche cantharide (Lytta vesicatoria)

7- J’ai fait panser mon cheval qui avait depuis longtemps beaucoup d’échauffements. On l’a frotté dans toutes les parties malades avec un onguent composé de trois onces d’onguent mercuriel double, une demie once de mouches cantharides (3) en poudre et trois onces de vieux oing. On l’a oint ensuite avec de l’huile de chènevis (4). Ce remède a assez bien réussi. J’ai donné au maréchal.

8- J’ai fait bêcher à Aubière dans tous les endroits qui se sont trouvés libres dans le jardin et le fossé. On a bêché les allées du jardin en ne laissant qu’un chemin tout autour.

9- J’ai donné aux journaliers de la maison la mayère de la garenne à faire au quart. Ils auront les pelures des échalas à la charge par un de faire la grande rase du fossé de la garenne. Ils ne feront point la mayère le long du ruisseau pour ne point entamer de discussion avec la commune. (5)


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) – qon : lire quarton ou carton, ancienne mesure de capacité pour les grains (20 litres).
(2) – 8bre : abréviation de octobre.
(3) – Mouche cantharide : ou mouche espagnole ou encore mouche de Milan, bien que ce ne soit absolument pas une mouche d'un point de vue scientifique. La cantharide officinale, Lytta vesicatoria, est un coléoptère de la famille des méloïdés. Il mesure de 12 à 21 mm de long, son corps est allongé et d'une couleur vert brillant. La cantharidine est une substance très toxique sécrétée par cette mouche. Ce poison violent provoque des brûlures sur la peau et est très dangereux pour les yeux. La cantharidine est encore employée aujourd'hui en pharmacopée comme emplâtre vésicant pour soigner de nombreuses affections. Cette mouche espagnole a de plus une propriété aphrodisiaque : depuis l'Antiquité, une poudre faite avec l'insecte est reconnue comme étant un stimulateur de l'érection (plus de détail sur Wikipédia).
(4) – Chènevis : graine du chanvre servant à fabriquer de l’huile d’éclairage.
(5) – Commune : depuis deux ou trois ans, certains Aubiérois poussaient les municipaux à revendiquer des territoires appartenant au seigneur, aujourd’hui, simple citoyen. Ils étaient situés aux Ramacles et à l’ouest du bourg à la garenne, le long du ruisseau.



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