Dans les marais de Sarliève
De
1915 à 1919, le syndicat des Marais de Sarliève va bénéficier d’une aide
inespérée : celle des prisonniers allemands, cantonnés dans la région.
Sous
la direction de 1903 à 1923, de Jean Noëllet dit le Rapide, maire d’Aubière, ce syndicat va, à force de travaux
réguliers et colossaux, entretenir l’assèchement des marais de Sarliève,
propriétés des Aubiérois, Cournonais et autres…
1914-1918 : Prisonniers allemands |
Le
20 mars 1915, le Directeur informe les syndics qu’il y aurait intérêt à prendre
des prisonniers de guerre et d’intéresser les militaires chargés de leur
surveillance, à une petite indemnité journalière.
Le
31 mai, le syndicat demande au Général Commandant la 13ème Région,
de bien vouloir leur prêter un cheval de l’armée, réformé, pour le transport de
matériel et d’outillage. Il fait valoir que cet assainissement intéresse une
surface de 1.500 hectares possédée par plus de 1.200 propriétaires, et que
c’est un devoir imprescriptible de maintenir la production agricole aussi
élevée que possible, étant donné les circonstances, et demande d’affecter la
totalité des prisonniers à la disposition des agriculteurs, pendant les
moissons et la fenaison, moyennant une rétribution de 0,20 Franc par heure de travail.
Cette indemnité étant versée au syndicat. Les prisonniers devaient être
nombreux, puisque cette location de main-d’œuvre rapporta, en 1915, 2000
francs.
Paradoxalement,
grâce à cette main-d’œuvre étrangère, la guerre de 1914-1918 représente une époque
très dynamique pour le Syndicat d’assainissement. Les réunions des syndics ont
été nombreuses, portant sur la gérance du groupe de prisonniers affectés à ces
travaux. Il faut s’entendre avec les autorités militaires, l’Association et
ceux à qui on la loue, et fixer les modalités de l’entretien de cette
main-d’œuvre. Par qui et comment payer les vêtements, le vin (à Aubière
personne ne peut travailler s’il n’a pas sa ration de vin), le coucher et même
une indemnité à ces travailleurs particuliers ?
Dans
la foulée, on fait savoir aux autorités civiles qu’il serait bon de reprendre
l’attribution d’une allocation en faisant ressortir qu’en cette époque où on a
bien besoin de terres cultivées pour nourrir le pays, et que l’on ne peut pas
laisser tomber en friches la terre des combattants qui risquent leur vie pour
notre pays.
Puis
la guerre se termine. Les prisonniers restent encore tant que le Traité de
Versailles n’est pas signé (28 juin 1919). Puis tous les belligérants rentrent
chez eux, bien moins nombreux qu’ils sont partis. La France souffle.
Le
sergent Weirich rabroue le maire d’Aubière !
Au
début du mois de mai 1915, Jean Noëllet, en sa qualité de Directeur du Syndicat
du Marais de Sarliève, décide de visiter le chantier. Sans doute fit-il une remarque
ou peut-être donnât-il un ordre au prisonnier Weirich. Ce dernier le prit mal
et envoya paître le maire d’Aubière !
Aussitôt
rentré en mairie d’Aubière, Jean Noëllet, bien décidé à ne pas laisser passer
cet affront public, s’en plaint au Commandant du détachement de prisonniers de
sa plus belle plume. Ce dernier lui répond :
« Aulnat, le 6
mai 1915,
Le lieutenant P.
Jaubert, Commandant les détachements de Prisonniers de Guerre travailleurs,
Région d’Aulnat, à Monsieur le Maire d’Aubière,
Weirich ne me
paraît pas être animé de mauvais sentiments et est, d’après le Chef de chantier
civil, bien courageux, ainsi que tous les travailleurs du cantonnement de
Sarliève, excepté le sergent Nuger.
Ce dernier est
consigné au cantonnement afin d’y faire tous les nettoyages difficiles.
J’ai lavé la tête
de Weirich et lui ai donné des ordres au sujet de l’autorité civile.
A l’avenir, les
employeurs pourront donner des ordres aux prisonniers. Ces ordres seront
exécutés comme ceux donnés par le lieutenant. Il y aurait cependant intérêt, de
la part de l’autorité civile qui est appelée à les commander et qui n’est pas
connue des prisonniers de se faire connaître d’eux au préalable.
Tout est bien qui
finit bien.
Tout dévoué et
cordialement à vous, »
Signé :
Lieutenant Joubert
La
veille, Jean Noëllet avait reçu ce mot :
Cliquez
sur les images pour les agrandir
Lettre d'excuses du sergent Wierich (Archives communales d'Aubière) |
D’autres archives nous livrent des
patronymes…
1916 - Feuille de travail (Archives communales d'Aubière) |
Inventaire du cantonnement de Sarliève en 1916 (Archives communales d'Aubière) |
Chantier d'Aubière État des centimes de poche alloués aux prisonniers de guerre en 1916 (Archives communales d'Aubière) |
Chantier d'Aubière - 1ère quinzaine d'avril 1917 Vous noterez l'émargement des prisonniers allemands (Archives communales d'Aubière) |
Chantier d'Aubière - 2ème quinzaine d'avril 1917 Les prisonniers allemands refusent d'émarger, sauf un ! (Archives communales) |
Sources : 1) Archives
privées – Registre du Syndicat
d’assainissement du Marais de Sarliève, concernant Aubière, où nous pouvons
suivre, de 1903 à 1927, les travaux nécessaires pour le maintien de ces zones
en bon état. En 1903, le nom exact du syndicat était : “Syndicat des carrés du Gourgat, de la
ceinture, et du carré fourchu de la Commune d’Aubière”.
2) Archives communales
d’Aubière.
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (M.-J. C. et P.B.)
Suivez l'histoire et la généalogie d'Aubière sur : http://www.chroniquesaubieroises.fr/
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