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mardi 4 mars 2014

1914-1918 : Des prisonniers de guerre allemands



Dans les marais de Sarliève

De 1915 à 1919, le syndicat des Marais de Sarliève va bénéficier d’une aide inespérée : celle des prisonniers allemands, cantonnés dans la région.
Sous la direction de 1903 à 1923, de Jean Noëllet dit le Rapide, maire d’Aubière, ce syndicat va, à force de travaux réguliers et colossaux, entretenir l’assèchement des marais de Sarliève, propriétés des Aubiérois, Cournonais et autres…

1914-1918 : Prisonniers allemands

Le 20 mars 1915, le Directeur informe les syndics qu’il y aurait intérêt à prendre des prisonniers de guerre et d’intéresser les militaires chargés de leur surveillance, à une petite indemnité journalière.

Le 31 mai, le syndicat demande au Général Commandant la 13ème Région, de bien vouloir leur prêter un cheval de l’armée, réformé, pour le transport de matériel et d’outillage. Il fait valoir que cet assainissement intéresse une surface de 1.500 hectares possédée par plus de 1.200 propriétaires, et que c’est un devoir imprescriptible de maintenir la production agricole aussi élevée que possible, étant donné les circonstances, et demande d’affecter la totalité des prisonniers à la disposition des agriculteurs, pendant les moissons et la fenaison, moyennant une rétribution de 0,20 Franc par heure de travail. Cette indemnité étant versée au syndicat. Les prisonniers devaient être nombreux, puisque cette location de main-d’œuvre rapporta, en 1915, 2000 francs.

Paradoxalement, grâce à cette main-d’œuvre étrangère, la guerre de 1914-1918 représente une époque très dynamique pour le Syndicat d’assainissement. Les réunions des syndics ont été nombreuses, portant sur la gérance du groupe de prisonniers affectés à ces travaux. Il faut s’entendre avec les autorités militaires, l’Association et ceux à qui on la loue, et fixer les modalités de l’entretien de cette main-d’œuvre. Par qui et comment payer les vêtements, le vin (à Aubière personne ne peut travailler s’il n’a pas sa ration de vin), le coucher et même une indemnité à ces travailleurs particuliers ?
Dans la foulée, on fait savoir aux autorités civiles qu’il serait bon de reprendre l’attribution d’une allocation en faisant ressortir qu’en cette époque où on a bien besoin de terres cultivées pour nourrir le pays, et que l’on ne peut pas laisser tomber en friches la terre des combattants qui risquent leur vie pour notre pays.
Puis la guerre se termine. Les prisonniers restent encore tant que le Traité de Versailles n’est pas signé (28 juin 1919). Puis tous les belligérants rentrent chez eux, bien moins nombreux qu’ils sont partis. La France souffle.

Le sergent Weirich rabroue le maire d’Aubière !
Au début du mois de mai 1915, Jean Noëllet, en sa qualité de Directeur du Syndicat du Marais de Sarliève, décide de visiter le chantier. Sans doute fit-il une remarque ou peut-être donnât-il un ordre au prisonnier Weirich. Ce dernier le prit mal et envoya paître le maire d’Aubière !
Aussitôt rentré en mairie d’Aubière, Jean Noëllet, bien décidé à ne pas laisser passer cet affront public, s’en plaint au Commandant du détachement de prisonniers de sa plus belle plume. Ce dernier lui répond :

« Aulnat, le 6 mai 1915,
Le lieutenant P. Jaubert, Commandant les détachements de Prisonniers de Guerre travailleurs, Région d’Aulnat, à Monsieur le Maire d’Aubière,

Weirich ne me paraît pas être animé de mauvais sentiments et est, d’après le Chef de chantier civil, bien courageux, ainsi que tous les travailleurs du cantonnement de Sarliève, excepté le sergent Nuger.
Ce dernier est consigné au cantonnement afin d’y faire tous les nettoyages difficiles.
J’ai lavé la tête de Weirich et lui ai donné des ordres au sujet de l’autorité civile.
A l’avenir, les employeurs pourront donner des ordres aux prisonniers. Ces ordres seront exécutés comme ceux donnés par le lieutenant. Il y aurait cependant intérêt, de la part de l’autorité civile qui est appelée à les commander et qui n’est pas connue des prisonniers de se faire connaître d’eux au préalable.
Tout est bien qui finit bien.
Tout dévoué et cordialement à vous, »
Signé : Lieutenant Joubert

La veille, Jean Noëllet avait reçu ce mot :

Cliquez sur les images pour les agrandir

Lettre d'excuses du sergent Wierich
(Archives communales d'Aubière)

D’autres archives nous livrent des patronymes…

1916 - Feuille de travail
(Archives communales d'Aubière)
Inventaire du cantonnement de Sarliève en 1916
(Archives communales d'Aubière)

Chantier d'Aubière
État des centimes de poche alloués aux prisonniers de guerre en 1916
(Archives communales d'Aubière)
Chantier d'Aubière - 1ère quinzaine d'avril 1917
Vous noterez l'émargement des prisonniers allemands
(Archives communales d'Aubière)
Chantier d'Aubière - 2ème quinzaine d'avril 1917
Les prisonniers allemands refusent d'émarger, sauf un !
(Archives communales)

 
Sources : 1) Archives privées – Registre du Syndicat d’assainissement du Marais de Sarliève, concernant Aubière, où nous pouvons suivre, de 1903 à 1927, les travaux nécessaires pour le maintien de ces zones en bon état. En 1903, le nom exact du syndicat était : “Syndicat des carrés du Gourgat, de la ceinture, et du carré fourchu de la Commune d’Aubière”.
2) Archives communales d’Aubière.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (M.-J. C. et P.B.)

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