1790-1842
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exceptionnel
Épisode 9
Mai 1791
Mai 1791
[Page 12]
Prix des
denrées : vin 3 £ 15 s – 4 £ ; seigle 16 17 £
1- On a encavé le vin
qui n’était pas vendu au nombre de vingt pièces. On a soutiré avant celui qui
était de pressoir. On a pris pour cela sept hommes de ceux qui ont les vignes
des thiers (1) ou autres qui doivent.
Les journées d’encavage sont de vingt sols et nourri. On a tout encavé dans un
seul jour et plus quatre pièces de petit vin dont trois ont été mises dans la
grande cave et une dans la petite avec le vin.
2- On fait javeler (2) le bled du petit champ-voisin qui est
extrêmement clair. L’herbe y aurait pris beaucoup de force et aurait empoisonné
la terre. Il y a surtout de la riboule et de l’hièble qui repousse dans la
partie bêchée.
3- On a fossoyé les
fèves noires du grand champ voisin. Elles sont belles.
J’ai terminé toute
difficulté avec ceux qui ont pris pour 29 ans les terres de la barre et la
laborieuse. Il y avait une erreur dans le bail par rapport à la contenue.
Nous nous sommes
accomodés pour les noyers qui se trouvent dans celle de la barre à tant d’huile
par an.
4- On a fait sortir
des cuves le mat (3) qu’on y avait
mis pour les vaches. Elles en ont fort peu mangé cette année. Ce mat s’était un
peu corrompu.
5- On a fait vendre,
le jour de la foire, les vieux bœufs, quinze louis, et un taureau qui a passé
l’hyver 135 £. Il ne coûtait à la St-Martin que 90 £.
6- On a monté à la montagne,
samedi 14, la vache rouge qui était tarie avec celles de M. Derribes. Le
surplus de ses vaches a été vendu, les autres retirées. Il n’y a plus dans la
maison que la seule jeune vache noire qui a fait le veau depuis peu.
7- J’ai fait porter du
sable dans le jardin pour les allées qui ont été égalisées. J’ai fait semer
dans le fond deux carreaux entiers en fèves. J’ai fait remplacer les artichaux
qui manquaient dans le grand caveau au nombre de 70 qui m’ont coûté quarante
sols. On a semé des fèves dans le fossé du côté du chanvre. Les melons ont péri
en partie par les bizes très fortes qu’il y a eu pendant plusieurs jours.
8- On fossoye les
pommes de terre blanches du pré Rougier qui sont fort belles.
"On a commencé de donner du pain aux pauvres..." |
9- On a commencé de
donner du pain aux pauvres, comme l’année passée. Depuis le milieu de ce mois,
on en donnera en tout dix ou douze septiers. On avait acheté du froment pour
mêler avec le seigle (4).
10- On a ouvert la
taverne à Clermont : le vin rouge à 10 sols, le vin gris à 12 sols.
11- On a sarclé la
pamoule du champ voisin. Douze femmes ont employé chacune deux journées. La
pluie survenue sur le champ lui aura fait grand bien.
Les fèves du champ
voisin ont beaucoup de poux. C’est, cette année, un mal général.
12- On a fait sortir
du cuvage toutes les pièces vides qui avaient tenu du vin cette année. Et après
les avoir un peu laissées sécher, on les a défoncées et mis sous […].
24 mai
13- J’ai plaidé au
district une affaire contre Gilbert Mazin, au sujet d’une prétendue vente de
vin qu’il prétendait lui avoir été faite (5). Le jugement a ordonné la preuve des faits articulés.
14- J’ai fait faire
par Mazin le charpentier la tonne du jardin qui était abattue (6).
15- On a fait botteler
le foin qui était au-dessus de l’étable, et nettoyer ce grainier à foin, qui
aurait grand besoin d’arranger. On a acheté une charretée de tuiles pour la
grange de Noyers dont un coin s’est abattu, contenant 480 à 36 sols le cent.
16- On a bottelé le
regain qui était dans la grange afin de pouvoir y placer le foin nouveau, y en
ayant trop de vieux dans la fenière.
17- On a affermé les
pommes du pré Rougier et de la garenne moyennant 1800 £ payables moitié en
argent et moitié en assignats ? Ce sont des gens de Beaumont.
Annotations de Pierre
Bourcheix :
(1) – Thiers : lire tiers.
(2) - Javeler : Mettre les blés en javelles ; coucher sur le sol,
séparées et étendues, pour les faire sécher pendant quelques jours, les
poignées de céréales. Une javelle est
une poignée de céréales coupées et qu’on lie ensemble par quatre ou cinq pour
former la gerbe.
(3) - Mat ou mate : fourrage. Ce peut être, dans certaines régions, du vin bourru, mais je vois mal des vaches "manger" du vin, même bourru... Ce mot peut également être compris dans le sens de marc de raisin.
(4) – Distribution des pains : on notera que l’an
dernier, celle-ci avait commencé en janvier pour se terminer en juillet (voir l’épisode 1) ; cette année, pas de
distribution en hiver (!) puisqu’elle débute à la mi mai.
(5) – Gilbert Mazin : il s’agit du courtier en vins et,
accessoirement, cabaretier ; né le 14 janvier 1753, il a épousé Marguerite
Bevin, le 9 février 1779.
(6) – Mazin le charpentier : Antoine Mazin, né le 5
juillet 1758, époux de Jacquette Bourcheix, depuis le 23 janvier 1782.
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