1790-1842
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exceptionnel
Épisode 11
Juillet 1791
Juillet 1791
[Page 14]
Prix des
denrées : Vin vendu 4£ 8s ; bled 20£-22£ ; froment 24£
1- On a commencé les
moissons le mardi 5 de ce mois. On a coupé ce jour-là et les suivants le bled
de la grande terre. Il n’était pas excellent ; la partie haute était la
meilleure principalement où était le vessat l’année dernière. La partie où avait
séjourné l’eau était fort mauvaise. Dans toute la grande terre, il y a eu 14
pignons et un dans les deux lites (1)
à côté.
"...les gerbes y étaient excellentes..." |
2- Le 15 on a coupé la
pamoule du grand champ-voisin et le bled du petit. La pamoule était assez
bonne ; il y en a eu cinq chars, et l’on a fait trois petits plongeons (2) dans le petit champ-voisin, mais les gerbes
y étaient excellentes et le bled en sera beaucoup plus beau.
3- Le 25 on a coupé le
marsin ou froment trémois qui était dans le haut du grand champ-voisin. Il
était assez joli, un peu clair, mais les moineaux y ont fait du mal, et en
auraient fait bien davantage si on ne l’avait pas fait garder par une petite
fille, environ quinze jours avant de le couper. Il y en a eu un char.
Le même jour on a
coupé l’avoine et maillé (3) les
fèves où il y a presque rien. Il y a eu trois petits chars d’avoine.
4- On a charrié le 26
et le 27 tout le bled qui était en pignons. Le 27 au soir, il y a eu une grêle
qui a fait assez de mal dans la partie du Cézot. Elle a beaucoup haché les
pommes. C’est ce jour où on a fini de charrier. On a fait qu’une maillée (4) de bled dans la grange. La pamoule est sur
le pota [?], l’avoine et le froment
aux deux côtés près du sol.
5- On a perçu à Noyers
la dixme en nature. J’en ai fait mettre les gerbes à part, sur le sol de
l’ancienne grange des dixmes. On a fait six tours de pamoule ou seigle et un
tour de vessat avec la charrette.
6- La gelée du 15 juin
ayant fait beaucoup de mal dans le domaine des Vergnes, on a fait remise au métayer
de la dixme, pour cette année seulement.
7- J’ai acheté par
adjudication la maison de la barrière du Toureau (5). J’ai compensé avec la municipalité de Clermont les arrérages que la
ville nous devait ainsi qu’à ma grand-mère, en outre trois anciennes années qui
n’avaient pas été payées, total : 1202 £ pour aller à 3175 £, prix de
l’adjudication. J’ai donné le surplus en assignats.
8- On a pris un valet
de plus conjointement avec Joseph. Il est de Gerzat ; le métayer des
Vergnes en a rendu témoignage. Il gagne trois louis et se nomme Bonnet Souier [?].
9- On a vendu à un
nommé Tapon le surplus du vin qui nous reste moyennant 4£ 4s le pot, en argent.
Il a donné cinquante louis, prix que doit monter le vin. Il doit être délivré
au mois d’aoust. Nous réservons quatre pièces pour l’usage de la maison. Le vin
a été retiré.
10- On a affermé au
maitre le chanvre du fossé 20 £. Il doit cueillir à la fois mâle et femelle.
11- On a semé des
raves dans la partie basse de la grande terre du côté du mur.
12- Deux poiriers du
pré Rougier ont été affermés 16 £.
13- Le 29 on a donné
une saison (6) à la vigne et au
plantier. La terre était humide.
14- On a affermé les
noix moyennant vingt quintaux mesure du poids du Roi, douze pains de noix, une
émine de noix à choisir. Les fermiers sont Paul Jalut pour deux lots, Etienne
Ebely pour autant, Jean Beneix Langot, François Bayle le Rouge, Jean Dégironde
panissasse, Martin Gioux braguette, André Durand, Michel Bourcheix fils à
Michel. Ils ne doivent abattre aucun bois mort ni vif ; ils avertiront
quand on fera l’huile, et il ne se mesurera que vingt quatre heures après avoir
été fait.
15- On a fait tourner
le bled dans le grainier. Il y en a environ 50 septiers. Il faut avoir ce soin
environ tous les mois pendant l’été.(7)
Annotations de Pierre
Bourcheix :
(1) - Lite : billon
ou ados, bande de terre ménagée pour
faciliter l’écoulement des eaux dans les zones humides.
(2) - Plongeon : meule ou gerbier.
(3) - Maillé : de mailler, couvrir d’engrais ou mettre en meule.
(4) - Maillée : meule de gerbes.
(5) - Barrière du Toureau : lieu-dit de
Clermont-Ferrand.
(6) - Saison : donner une saison, aérer la terre à l’aide d’un fessou (fossoir, houe à lame plate).
(7) - Dans les années 1960, et auparavant a fortiori, mon père pratiquait encore cela. Dans la grange, le blé était déplacé d'un coin à un autre régulièrement pour éviter que l'humidité ne le fasse germer. Mon père conservait du grain chez lui pour deux ou trois raisons : payer ses fermes en nature, nourrir les animaux de la basse-cour, et payer son pain chez le boulanger. Cette dernière raison peut surprendre aujourd'hui, mais elle était fréquente autrefois. Chaque année, après les moissons, mon père livrait un ou plusieurs sacs de blé chez le boulanger, le jour où le minotier apportait la farine. Ce dernier repartait avec le blé. La quantité de blé livré correspondait à la consommation annuelle de pain de la famille. Et lorsqu'on allait chercher du pain chez le boulanger, le pain était pesé et le poids était inscrit sur un carnet. Il n'y avait donc pas de paiement en espèces.
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