Grâce à la publication du
terrier de 1764, ou Terrier Tiolier, vous pouvez retrouver la maison, grange ou
cuvage de vos ancêtres dans le bourg d’Aubière.
Vivaient-ils dans le même
quartier ou dans la même maison deux siècles plus tôt ?
Un moyen de le savoir :
étudier les actes notariés du début du XVIIème siècle ! Vous
apprendrez ainsi où ils habitaient, depuis quand ils vivaient dans tel ou tel
quartier, peut-être même la date de l’achat de la maison… Mais ce n’est pas
toujours facile.
Je publierai régulièrement sur
ce blog, au fur et à mesure de mes lectures des actes notariés d’Aubière, le
résultat de mes recherches.
Les actes notariés : une
source d’informations incomparable ! Pour cette quatrième chasse aux
maisons et autres granges nous ferons un retour en arrière, en 1586, avec les
actes de maître Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, puis en 1587, dans
l’office notarial de maître Amable Reynaud, notaire royal à Clermont, avant de
reprendre avec maître Guillaume Aubeny.
Au quartier du Verdier
Le testament du 2 février 1586 d’Annet Ramain (ou Rancon), « malade de maladie corporelle »,
nous apprend beaucoup de choses sur cette famille Ramain borias ou boriage qui
vivait au quartier du Verdier. « …Il lègue à Jehanne Goye sa femme, une maison
située dans le lieu d’Aubière et au quartier du Verdier, joignant une autre
maison aud. testateur de midy d’une part, la rue à bout d’autre, le chezal dud.
testateur d’autre de bize, et la maison des hoirs de feu Jehan Feulhade d’autre
partie ; plus a donné et lègue à Blaize et François Ramain ses enfants,
une maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier du Verdier, joignant à
la maison cy dessus de bize d’une part, la maison de François Carmantrand de
midy d’autre, la rue ou passaige à bout d’autre de nuict, et la maison des
hoirs de feu Jehan Esclany de jour, et lad. maison ; de laquelle maison
led. testateur a donné et lègue aud. Michel son fils aisné un chezal situé dans
led. lieu d’Aubière et aud. quartier du Verdier, joignant à la maison cy dessus
de midy, la rue ou passaige à bout d’autre, le jardin d’Anthoine Charrier
d’autre, et la maison d’Annet Gioux d’autre… » (Me
Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 1 – A.D. 63).
Ramain, Ramen, Ramay ou
Rancon : selon les époques, même rapprochées, et les notaires, même
contemporains, on trouve ce patronyme sous diverses formes. Après avoir brassé
ces dernières sur près d’un siècle, on peut sans aucun doute affirmer qu’elles
forment un seul et même patronyme. En 1586, on connaît peu de choses sur cette
famille qui devient aubiéroise aux alentours de 1500. Par d’autres actes plus
anciens (1530 et 1548), nous savions qu’Annet Ramain avait un frère
Jehan ; leur père est même cité sans être nommé (dommage !). En 1586,
si on connaît les enfants d’Annet, on ne lui connaît pas alors d’épouse. Ce
testament va être très révélateur ! Son épouse, au moment de son
testament, est citée : il s’agit de Jehanne Goye, prénommée également dans
le même document Amable. On apprend aussi cela : « Michel Ramain, son
fils aisné, du premier lict, d’Anthoinette Fosson, sa première femme… Et Blaize
et François Ramain, ses aultres fils, de Marthe Gaultier, sa seconde
femme… » D’un coup, d’un seul, nous lui découvrons trois épouses !
Curieusement, ce testament ignore complètement ses deux filles, Françoise et
Anna. En revanche, on parle de « Gabriel Legay, son beau frère ».
Françoise Fosson, sœur de sa première épouse Anthoinette Fosson, avait
effectivement épousé Gabriel Legay (déjà mentionné dans le Volet 3).
La rue ou « passaige à
bout » est l’actuelle impasse Job dans le quartier du Verger.
Au quartier de la Font
Annet Ramain sort indemne de sa maladie puisqu’un an plus
tard il fait une donation entre vifs : lui-même et son fils, Blaize. Nous
sommes le 14 janvier 1587. « Annet
Rancon [Ramain ou Ramen], laboureur
d’Aubière, en reconnaissance des bons et agréables services à luy faicts par
Blaize Rancon son fils, laboureur dudit lieu, pour l’amitié paternelle qu’il
luy porte, car ainsy luy plaict de son bon gré et franc vouloir, a donné par
ces présentes à tiltre de donation faicte entre vifs, une grange couverte de
pailhe, et jardin tenant ensemble avec leurs droicts et appartenances
quelconques, situés dans la justice dud. Aubière et au terroir de la Font,
joignant la voye commune de midy, la grange de Michel Bellard de jour, le
ruisseau [béal] du molin [moulin]
du Sgr d’Aubière de bize, et
le jardin de Guilhaume Noellet de nuict ; plus une vigne… » (Me Amable Reynaud, notaire à
Clermont, 5 E 11 1121 – A.D. 63). Il est intéressant de noter qu’en 1587
le futur quartier de la Font (ou
Fontaine) n’est encore qu’un terroir,
au moins pour le notaire Reynaud…
Au quartier de la Place Fauchère
Notre chasse nous fait entrer pour la première fois dans le
quartier de la Place Fauchère, située entre le château et l’église d’Aubière.
Cette occasion est provoquée par le testament du 7 mai 1591 d’Anthoinette
Charrier, veuve de feu Jehan Feulhade. Cette dernière lègue à Clauda
Chastanier, femme à Pierre Martin, « une
maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier de la Place Fauchère,
joignant à la maison et cuvaige de Me Jacques Dumolin, greffier
d’Aubière, d’une part, le cuvaige de lad. testatrisse d’autre de midy, et la
rue commune de jour […]. Elle lègue et donne à Jehan et Jacques Chastanier
frères, un cuvaige estant au dos de lad. maison donnée et léguée à lad. Clauda
Chastanier, joignant à deux rues communes de deux parties, et lad. maison
donnée à lad. Clauda. » (Me
Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 6 – A.D. 63).
Au quartier du Chasteau
Coincé entre
l’enceinte du château à l’ouest, et le quartier de la Quaire à l’est, ce
quartier se situe au nord du bourg fortifié. Nous y entrons pour assister à une
donation originale entre un père et son fils, lequel se destine à la prêtrise.
Vous lirez avec intérêt le billet traitant d’une donation pour un prêtre filleul. Cette donation du 2 mars 1594 a
l’air d’un brouillon, et elle est particulièrement difficile à déchiffrer,
tellement maître Guillaume Aubeny, le notaire, s’est ingénié à en bâcler la rédaction.
« Guillaume Noellet, laboureur
d’Aubière, considérant les bons et agréables services, amour et hobéissance (sic) filiale de François Noellet, son fils
naturel et légitime, et d’Halips Esclany sa femme, a vollu, par l’amitié
paternelle qu’il luy porte, luy donner les moyens de l’estat de prestrize
auquel, avec l’ayde de Dieu, il aspire, et affin qu’il ne tombe en mandicitté,
et luy a donné par donation faite entre vifs, une maison et sa cave estant au
dessous, située dans le lieu d’Aubière, et au quartier du Chasteau, jouxte la
maison des hoirs de Barthélemy Reddon d’une part, la maison de Jacques Brolly
d’autre, et deux rues communes d’aultres deux parties… » (Me
Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 9 – A.D. 63).
Extrait de la donation d'Halips Fontfreyde du 27 août 1605 (5 E 44 20 - Archives départementales du Puy-de-Dôme) |
Au quartier du Roudeix
Encore un quartier dans lequel on pénètre pour la première
fois : le quartier du Roudeix, que l’on trouve aussi sous les formes
graphiques de Roudet, Roudeir, Rodier, Rodeir ou Rodeyr… Autrement dit le
quartier du charron qui pouvait être aussi forgeron [voir Le feu aux poutres].
Après deux
testaments, nous ouvrons une troisième donation entre vifs, celle d’Halips
Fontfreyde, en date du 27 août 1605. « Honneste
femme Halips Fontfreide, veufve de Blaize Tailhandier, vivant marchand de
Clermont, considérant les bons et agréables services de Victor Tailhandier son
fils et dud. defunct, luy a donné et donne par donation entre vifs, […] un cuvaige, colombier, chambres et estable
au dessous, joignant le tout ensemble, aussi avec leurs aizes et appartenances,
situés dans le lieu d’Aubière, au quartier du Rodeyr, siné dessous le four,
jouxte le mur dud. Aubière d’une part, le cuvaige et grange de Jehan Chastanier
par sa femme d’autre, la rue commune d’autre, et la maison de … [un blanc] avec
le passaige à bout d’autre partie » (Me Guillaume Aubeny,
notaire à Aubière, 5 E 44 20 – A.D. 63). Nous avons confirmation, s’il en est
besoin, que le four est proche du quartier du Roudeix, lui-même situé entre
l’enceinte est du bourg et l’actuelle rue Bérenger prolongée par l’actuelle rue
Voltaire, au centre duquel quartier se trouvait le trou du Roudeix, démoli il y
a un peu plus de quarante ans.
Ces Tailhandier ont fait
fortune à Clermont. Un des fils de feu Blaize et de Halips Fontfreyde fera sa
vie à Aubière où il exercera la profession de laboureur-vigneron.
La femme de Jehan Chastanier
est Anna Salignat.
Sources : Archives départementales du Puy-de-Dôme.
© - Cercle généalogique et
historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)
Suivez l'histoire et la généalogie d'Aubière sur : http://www.chroniquesaubieroises.fr/
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