C'est donc pour rendre hommage aux 104 Aubiérois morts durant la Grande Guerre que les paroissiens d'Aubière décidèrent de leur offrir, à titre posthume, une cloche de 500 kilos. C'est ce que relate "L'avenir du Puy-de-Dôme et du Centre" dans son article ci-dessous, daté du 3 février 1923.
Les archives communales d'Aubière nous en offre aujourd'hui le devis.
Nos
bons voisins d’Aubière étaient dimanche dernier en fête : une fête
familiale et magnifique, de celles qui rappellent les grandes solennités
d’antan, faisant époque dans l’histoire des vieux bourgs provinciaux, de celles
que les aïeules aimaient à évoquer autour de l’âtre.
Voici :
Aubière,
qui fait bien les choses quand cela lui dit, avait jugé bon, à l’occasion d’une
fort belle Mission qui vient de se terminer, de s’offrir un royal cadeau qui
célébrait, d’une façon, les 104 de ses enfants tombés pour la patrie lors de la
Grande Guerre, tout en commémorant le souvenir ému de leurs ancêtres.
Et
il fût décidé que l’airain mêlant sa voix à celle de la population, une cloche
d’allure impressionnante, serait offerte à la paroisse et inaugurée le jour de
la clôture de Mission.
En
quelques semaines, une dizaine de mille francs, bientôt récoltés par les soins
d’un pasteur zélé, s’en allèrent vers le creuset d’un de nos meilleurs
fondeurs, pour revenir bientôt sous la forme la plus noble et la plus
symbolique qu’ait jamais revêtu le métal.
Et
c’est ainsi que la superbe cloche : “Marie-Fanny-Victoire“ vibra,
dimanche, pour la première fois, en l’église d’Aubière, sous la main de Mgr
Marnas, évêque de Clermont, qui avait tenu à venir présider, en personne, la
cérémonie, entouré d’un nombreux clergé et en présence de plus de seize cents
fidèles, à ne compter que les privilégiés qui avaient pu pénétrer dans l’église
étincelante et parée avec une profusion de fleurs et de lumières,
harmonieusement disposées.
La cloche fut réalisée par le fondeur Georges Farnier
à Robécourt dans les Vosges.
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Les
parrain et marraine, ce sont les enfants de deux de nos sympathiques médecins,
et l’un d’eux revint même, tout exprès, de son collège d’Arcachon, remplir sa gracieuse
fonction et sonner, après Monseigneur, les trois coups liturgiques.
Voici l’inscription gravée sur la
cloche :
“Je
m’appelle Marie-Fanny-Victoire“
“Je
sonne en souvenir des 104 soldats morts pour la France.“
“J’ai
été bénite par Mgr Marnas, évêque de Clermont, le 28 “janvier 1923.
“Bienfaiteurs
: les paroissiens, les Américains“.
“J’ai
eu pour parrain Pierre Casati de
Montgolfier et pour marraine Marie-Antoinette
Sahut“.
Parrain
et marraine se glissèrent bientôt à travers l’assistance et ce fut une ample
distribution de blanches dragées, tâche quelque peu difficile étant donné
l’affluence, mais rôle combien “goûté“.
Que
le digne et dévoué pasteur d’Aubière, Mr l’abbé LAVIGNE soit ici remercié pour
son dévouement et sa générosité et aussi pour la façon magistrale avec
laquelle, aidé de son vicaire, Mr l’abbé BARODY, et de paroissiens zélés, il
avait organisé cette cérémonie où l’on se demande ce qu’il fallait le plus
admirer : les ors, les lumières et les plantes, les chœurs, les soli de
violoncelle d’un vibrant artiste, les partitions de la célèbre “Gauloise“,
l’ordre parfait, ou le recueillement ému de toute une cité...
Triomphal
début et heureux augure : Mercredi 31 janvier, comme on achevait de la
hisser en sa svelte demeure aérienne, la cloche “Marie-Fanny-Victoire“ carillonnait joyeusement le baptême de
deux enfants jumeaux. Est-il plus belle coïncidence, en même temps que la plus
touchante affirmation de la tradition chrétienne, transposant magnifiquement la
symbolique scène burinée à l’envie sur les marbres des plus célèbres monuments
de l’Antiquité : les coureurs sacrés, messagers de l’âme des peuples, se
transmettant pour la postérité le flambeau de la vie.
“ Et
vitae lampada fradunt”
(signé :)
J.C.M.
Sources :
“L’Avenir du Puy-de-Dôme et du Centre”
du Samedi 3 février 1923
© - Cercle
généalogique et historique d’Aubière
Suivez l'histoire et la généalogie d'Aubière sur : http://www.chroniquesaubieroises.fr/
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