Les billets du docteur
Kyslaw – 7
Kyslaw, prononcez « qui
s’lave ». C’est le pseudonyme que se donnait le bon docteur Casati qui n’avait pas de cabinet médical à Aubière, mais
qui était malgré tout soucieux de la santé de ses concitoyens aubiérois et
aimait prodiguer des conseils par l’intermédiaire du Bulletin paroissial
d’Aubière, dans les années 1908-1913.
Nous
allons, au fil des mois prochains, vous distiller quelques-uns de ses billets.
Aujourd’hui,
l’allaitement au biberon…
En janvier
1911 : L’allaitement au biberon
Si pour des raisons spéciales et dont le médecin devrait être seul juge,
l’allaitement artificiel est décidé, comment procédera-t-on ? Il faudra en
ce cas redoubler de précautions car la santé de l’enfant, ne l’oublions pas est
plus en péril désormais que s’il avait pu être allaité par sa mère. Quel lait
emploiera-t-on ? Le lait généralement employé est le lait de vache, non
qu’il soit le meilleur, mais il est le plus facile à se procurer. Le biberon
sera toujours méticuleusement propre de même que la tétine en caoutchouc, l’un
et l’autre doivent être soigneusement lavés après chaque tétée, et, dans
l’intervalle, ils doivent être conservés dans une solution d’eau bouillie,
salée ou boratée, et rincés à l’eau bouillie pure au moment de servir à
nouveau. Inutile de dire que les biberons à tube sont formellement interdits et
il est inconcevable, après tous les méfaits dont ils sont cause, que la vente
n’en soit pas formellement proscrite par les pouvoirs publics.
Ce n’est qu’après le 5ème mois qu’on pourra donner le lait
pur ; jusqu’à cette époque le lait sera toujours additionné d’une eau
potable et autant que possible sans bactérie, c’est-à-dire sans aucun germe ;
"zéro bactérie à l’analyse", tel serait l’idéal d’une eau destinée
aux enfants. A l’eau on ajoute aussi un peu de sucre, ou, mieux, de sucre de
lait ou lactose (20 grammes pour 1 litre d’eau). Voici les proportions à garder
pendant les 5 premiers mois, 10 premiers jours : 1/4 de litre de lait pour
3/4 d’eau stérile ;
puis jusqu’à 1 mois : 1/3 de litre de lait pour 2/3 d’eau ;
au 2ème mois : moitié de chaque ;
aux 3ème et 4ème mois : 2/3 de litre de lait
pour 1/2 d’eau ;
enfin au 5ème mois : 3/4 de litre de lait pour 1/4 d’eau ;
ensuite : lait pur.
Bien entendu il faut que le lait soit parfaitement sain, que la vache
soit reconnue saine et non tuberculeuse: le lait doit être bien crémeux et
jeune (et ici qu’il me soit permis d’ouvrir une parenthèse, car il s’agit d’une
chose trop grave pour n’y point insister. Je veux parler du truquage du lait.
Eh bien ! J’affirme que si la personne qui vend du lait frelaté qu’elle
sait destiné à l’alimentation d’un enfant est doublement criminelle car son vol
peut être aussi un assassinat. Qu’on tourne et retourne la question comme l’on
voudra, que l’on invoque toutes sortes de soi-disant bonnes raisons en cette matière,
il n’y a pas d’excuses ; c’est bel et bien un crime dont elle est
responsable devant Dieu et devant la société, elle est responsable de maladies
qui peuvent être la conséquence de ce truquage et parfois même de la mort du
pauvre petit, elle est coupable d’infanticide !
Il faut dès le début discipliner l’enfant à des tétées régulières, car
l’enfant, autant et même plus que la mère ou la nourrice, a besoin de repos et
de sommeil.
Dès la fin de la première semaine, faites téter l’enfant toutes les 2
heures et seulement 2 ou 3 fois la nuit.
Voici les heures des repas d’un enfant, la 3ème
semaine :
6 h du matin, 8 heures, 10 heures, Midi, 2 heures du soir, 4 h, 6 h, 8
h, minuit, et 3 h du matin.
Apprenez ces heures-là par cœur, soyez ponctuelles, jeunes mamans ! Et
tout sera pour le mieux.
Paru dans le Bulletin
paroissial d’Aubière, 1911
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