1790-1842
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inédit exceptionnel
Le Journal économique du fils du dernier seigneur d'Aubière
Épisode 33
Mai 1793
Mai 1793
[Page 36]
Prix des
denrées : froment 72£ ; seigle vendu 62£ ; vin vendu 7£ 5s
1- L’ancien fermier de
Noyers est sorti du domaine et les nouveaux s’y sont installés.
2- On a vendu à la
foire de Clermont les deux taureaux qui avaient été achetés à st André
moyennant six cents vingt livres. On avait mis en foire les chevaux, des
commissaires du district ont arrêté le petit et il a été estimé par Baldrau
150£, on en trouvait dix sept louis à la foire, on a retiré l’autre fort à
propos.
3- Des trois pièces de
petit vin qui étaient à Clermont on en a rempli deux entières et on a mis le
este dans les quatre poinçons qui sont à Aubière ; ces deux pièces seront
encavées ainsi que treize pièces de vin y en ayant une de vendue. Le marché de
l’encavage est fait à vingt livres. On a … toutes les pièces avec le reste de
celle qui a été vendue. Les deux pièces de vin vieux qui sont dans la grande
cave seront placées dans la petite où il y en a autres deux d’entamées.
4- On a fait faire la
rase de la grande terre le long du chemin de la foissas et on a relevé le
terrain sur le bord, ce qui empêchera les bestiaux d’endommager le bled.
5- On a fait sarcler
la pamoule et l’avoine où il y avait des chassides (1) ; on a payé les journées de femmes dix sols. On a fossoyé la
vigne pour la 2ème fois.
6- La municipalité de
Clermont a écrit une lettre pour annoncer qu’elle voulait se libérer vis-à-vis
ses créanciers, et nous a invité en conséquence à déposer les titres de nos
rentes entre les mains du citoyen Louirette, commissaire nommé à cet effet,
pour en faire la liquidation. Ce remboursement doit se faire sur le seizième
des biens nationaux vendus qui doit lui revenir en vertu de l’option qu’elle a
du faire de conserver ses patrimoniaux en payant ses dettes. Nous n’avons
encore remis aucun titre jusqu’à nouvel ordre.
7- Jacques Monier, à
qui j’ai affermé les quatre lites au-dessous du petit pré Rougier en y
comprenant l’éguille (2), a prétendu
en prendre une de plus qui a été assensée à Paul Jalut. J’ai dit à celui-ci
qu’il eut à la faucher et que Monier me ferait assigner s’il trouvait à redire.
8- On fait toujours
quelques dégâts dans la garenne. Le meunier d’en-bas y avait conduit son cheval
sous le prétexte que c’était autrefois le pré du meunier ; les moutons, en
passant, mangent les bords ; les cochons y entrent souvent ; et les
gens s’y promènent les dimanches.
"...on en a envoyé six septiers au moulin..." |
9- Dans la crainte
qu’on vint à manquer de bled, on en a envoyé six septiers au moulin de Gerzat,
appartenant au fermier des Vergnes, et autres six à celui de Clermont ; il
en reste quatorze dans l’arche qui ont été déclarés à la visite que les
commissaires de la section sont venus faire à la maison. Ils n’en ont pas
encore requis pour le marché. La municipalité d’Aubière a aussi fait une visite
et n’a rien trouvé.
10- Plusieurs
particuliers ont fait des fenêtres sur le jardin et sur la garenne dans l’idée
que les fossés leur appartiennent. Dans la garenne, c’est Charles Dégironde le
paysan (3) ; dans le jardin, ce
sont Jacques Fournier (4), Michel
Bourcheix dit drevou (5). Maumy (6) a aussi fait une petite fenêtre à une
grange qu’il a fait bâtir sur le mur des fossés. Il a aussi pratiqué un trou
pour faire écouler l’eau. Il faudra faire griller (7) toutes ses ouvertures ; j’ai fait avertir pour cela tous ces
particuliers.
11- Le temps a été
assez frais pendant tout ce mois ; il a plu beaucoup et a fait une gelée
fort légère.
Annotations de Pierre
Bourcheix :
(1) – Chassides (?) : mauvaises herbes.
(2) – Éguille : lire aiguille, pièce de bois ronde ou carrée qui sert à ouvrier ou à
arrêter le passage de l’eau.
(3) – Charles Dégironde : comme son père et ses frères,
il porte le sobriquet familial, paysan
ou le paysan. Charles, fils de
Guillaume et Jeanne Gioux, est né le 13 juillet 1764 à Aubière ; il s’est
marié le 11 janvier 1791 avec Anne Monteil.
(4) – Jacques Fournier : fils de Jean et de Françoise
Montel, Jacques est né en 1737, marié en 1760 avec Dauphine Thévenon.
(5) – Michel Bourcheix dit drevou : je soupçonne
fortement Jean-Baptiste André de s’être trompé de prénom, car chez les drevou, il n’y a pas de Michel. C’est un
prénom attaché aux Bourcheix dit Bizolle.
Cependant, les Bourcheix drevou habitent bien ce quartier. On se souvient,
qu’en 1790, leur maison avait brûlé. Est-ce alors un prénom d’usage, sans aucun
lien avec l’état civil ? Mais, dans ce cas, de quel Bourcheix drevou
s’agit-il ?...
(6) – Maumy : sans prénom, c’est assez difficile de
savoir de qui il s’agit. Parmi les Maumy, mâles, vivants en 1793, seuls deux
frères peuvent prétendre être celui-là : fils de François et d’Anne
Pezant, ils se prénomment Antoine (marié en 1770 avec Françoise Fourcaud) et
Jean (marié en 1768 avec Anne Cotterousse).
(7) – Griller : grillager.
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