commencé le 6 avril 1767
Cet épais registre rassemble
les jugements rendus à Aubière par le bailly Thoury entre 1767 et 1780.
Le bailli était, dans
l'Ancien Régime français, le représentant de l'autorité du roi dans le
bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler
l'administration en son nom. La juridiction en charge d'un bailli s'appelle un
bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal
et la circonscription la sénéchaussée.
Mais il s’agit ici du
bailliage seigneurial d’Aubière (les baillis royaux ayant perdu leur pouvoir au
XVIème siècle).
Le notaire Thoury, bailli
seigneurial d’Aubière, était néanmoins conseiller du roi en la ville de
Clermont-Ferrand. C’était en quelque sorte un juge de proximité au
service du seigneur d’Aubière.
Ce troisième jugement met en scène un couple de
migrants. Ils arrivent à Aubière chacun de leur côté, s’y marient plusieurs
fois ; leurs enfants naissent à Aubière. Jusqu’au jour où… Nous sommes
durant l’été de l’an de grâce 1768.
Registre d'audience du bailliage d'Aubière (1767-1779) (Archives communales d'Aubière) |
du 22ème
aoust 1768
Nous sommes au début du mois d’août 1768, le procureur
d’office d’Aubière surprend le couple Priest Chabre/Françoise Boisset en
possession d’un crochet et de deux poids « desfectueux ». Un
procès-verbal est dressé contre ce couple de « marchands débitants » ;
les objets litigieux sont saisis.
Françoise Boisset naît aux alentours de 1710 à
Saint-Ours-les-Roches (Puy-de-Dôme). Elle va se marier quatre fois à Aubière entre
1728 et 1761, date de son mariage avec Priest Chabre (1).
Priest Chabre est né vers 1738 d’Antoine et Anne Vaschier à
Villars (Puy-de-Dôme) où il devient cultivateur. Arrivé à Aubière, il devient
journalier (2).
Jugement : « …ordonnons
que le petit crochet et les deux poids saisis sur les deffendeurs comme
desfectueux demeureront confisqués et avons condamnés les deffendeurs en l’amande
de trois livres et aux dépens que nous avons liquidés à la somme de trois
livres. Et attendu que du consentement des parties le grand crochet et la
mesure de farine aussy saisis par notre procès-verbal ont été mis en état et
marqués à la mesure matrisse de police de Clermont. Ils ont été présentement
remis par notre greffier aux deffendeurs auxquels fesont deffences de se servir
à lavenir de poids et mesure qui ne soient marqués. »
Signé : Thoury
Notes [tous les actes ont
eu lieu à Aubière, sauf mention contraire] :
(1)- Françoise Boisset ou
Boissy, fille de François et de Marie Longleix. Premier mariage, le 9 septembre
1728 avec Ligier Thévenon, laboureur, qui meurt en 1746 ; second
mariage : le 2 octobre 1746 avec Thomas Tartarat, laboureur, qui meurt
quelques mois plus tard ; troisième mariage : le 26 février 1748 avec
Georges Gardette, tisserand. Veuve pour la troisième fois, Françoise Boisset
convole une quatrième fois, le 30 juin 1761 avec Priest Chabre, cultivateur et
tisserand. Ses seuls enfants sont issus de son premier mariage.
(2)- Priest Chabre : qu’est-ce
qui a bien pu rapprocher Priest de Françoise, son aînée de 30 ans ? Sans
doute le travail : Priest, journalier, ne travaille ni tous les jours ni
toute l’année ; Françoise est veuve d’un tisserand et il faut faire « chanter
le métier ». Priest devient tisserand. Il finit par épouser Françoise, le
30 juin 1761. Veuf, il se marie le 9 juillet 1776 à Jeanne Derouger, avec
laquelle il aura au moins trois fils.
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