Journal économique de Jean-Baptiste André - 32

1790-1842

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Épisode 32

Avril 1793

Avril 1793

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Prix des denrées : froment 68£ ; seigle vendu 61£ ; vin 7£ 5s

1- J’ai fait semer au pré Rougier des lentilles, au jardin du bled de Turquie, des fèves, pois, salades, fèves de marais, pomes de terre, fèves de plusieurs espèces, bêcher les artichauds, planter des framboisiers le long des bâtiments du côté de bise en laissant une allée le long du mur, remplacer les bordures de fraisiers, ratisser les allées, ramer les pois, fossoyer et remplacer le careau de framboisiers, planter les groseilliers, planter du plan d’oignons, semer poireaux et ciboules, persil, cerfeuil, capucines, céleri, choux fleurs, fraises des Alpes, concombres, citrouilles, choux milan et choux raves, cardons.

2- On a fait échalasser la vigne, porter le sable qui était au pré Rougier dans la cour, égaliser le terrain dans la nouvelle saulée, détaupiérer de nouveau.

3- Le rôle d’Aubière de 1792 a été mis en recouvrement ; nous y sommes pour 1430 £ dont … [en blanc].

4- On a reçu de Paris par la voie de Mr Ahorent la somme de 1540£ pour vente d’un effet de 2400£ de principal vendu à 66 ¼ pour cent, 64£ d’intérêt pour les six 1^ers mois 1792, 1590£ pour le prix de la vente, faisant en tout 1644 sur lesquelles il faut ôter 85£ 10 de frais d’un côté 18£ qui ont été retenues pour droit de procuration et qui doivent nous revenir, reste 1540£ 10s qui est la somme qui a été touchée.

5- J’ai fait ressuivre par les maçons les murs des champs-voisins, boucher la petite porte de la garenne, faire dans le fossé un réservoir pour ramasser l’eau de la rue, ressuivre les couverts seulement aux endroits où il y avait des gouttières, refaire le toit du devant de la grange. J’ai payé les journées 40s et la chaux cinquante sols le septier. On a mis 26 journées de maçons et 14 de gougeats (1) à 20 sols.

6- On a fait écarter sous les noyers du petit champ voisin le fumier qui était dans la cour des bœufs. On en a aussi fait mettre du côté de l’allée pour y semer du vessas (2). On en a semé six quartes et 2/3 d’un quarton lequel a coûté 44£ le septier.

7- La municipalité de Clermont nous a mis une tune (3) de quatre mille livres pour les pauvres. Elle a fait une visite à la maison pour la recherche des armes et on a trouvé le bled dans les caves. Elle a ordonné que j’en porte vingt septiers au marché d’après, et ensuite le reste, cinq septiers par cinq septiers. Ce qui a été fait. On en a gardé cinq septiers pour l’usage de la maison. On a payé sur la tune 1500£ à compte et on a présenté une pétition sur laquelle on a passé à l’ordre du jour sans aucune signature. On a donné du temps pour payer le surplus.

8- On a planté aux Vergnes quatre douzaines de sauvageons dans le pré qui est vis-à-vis la maison. Il n’en faudrait pas autant pour finir de la planter. On les a mis à trente pieds de distance en échiquier. On a planté aussi environ deux cent plançons dans les endroits vides où on a arraché à peu près autant d’arbres morts qui doivent s’exploiter et se partager.

"La procession de st Marc a passé dans l’allée de la garenne."

9- On a fait quelques dégâts dans le foin de la garenne et même du pré Rougier. On s’est plaint à la municipalité qui a promis d’y tenir la main. La procession de st Marc a passé dans l’allée de la garenne (4).

10- J’ai été cité au bureau de conciliation par les fils de la barre (5) en désistement de la terre de ce nom située à la foissas. On leur a dit qu’ils étaient non recevables attendu la possession trentenaire.

11- Il a fait dans ce mois une gelée qui a emporté les fruits à noyau abricots et les pèches, a fait du mal aux poires et un peu aux noyers. L’année heureusement n’est pas avancée.

[on trouve dans la marge, face au paragraphe 8, les mots suivants : Vergnes, dégâts, Labarre, douves, gelée]

Annotations de Pierre Bourcheix :

(1) – Gougeat : lire goujat, ouvrier maçon.

(2) – Vessas : déformation régionale de vesce, plante légumineuse fourragère.

(3) – Tune : sorte de mesure de capacité en vigueur au XVIII^ème siècle.

(4) – Procession de st Marc : cette procession de Saint-Marc (25 avril) a été instituée par le pape saint Grégoire le Grand, en 590, à l'occasion d'une horrible calamité qui ravageait Rome. Les eaux ayant croupi longtemps après une furieuse inondation, elles corrompirent l'air, ce qui causa une peste cruelle qui fit périr une multitude considérable de monde, de tout âge et de tout état.

(5) – Les fils de la barre : « la barre » est le sobriquet d’Annet Gioux, époux de Jeanne Chèse. Il est le second, connu, à porter ce sobriquet après son père Jean Gioux. Les fils sont ceux de la première épouse d’Annet, Antoinette Dourdouille : Jean l’aîné et Jean cadet, nés respectivement en 1769 et 1770.

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