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jeudi 17 juillet 2014

Les Aubény, une lignée de notaires



C’est un patronyme qui apparaît à Aubière en 1509, lors du procès concernant les prés de Béaude sur la paroisse de Montferrand, aux confins de celle d’Aubière. Peu de temps après, l’un d’eux est le notaire attitré des Jarrie, seigneurs d’Aubière. Pendant plus d'un siècle, cette famille va se succéder dans l’étude notariale d’Aubière. Dès la seconde génération, Guillaume Aubény est déjà notaire royal !

Rédaction d'un contrat de mariage par le notaire royal

Avant les Aubény, on ne connaît que deux notaires à Aubière : Jamet Dumolin, greffier et notaire ordinaire ; Gabriel Arlaud, un peu plus tard, est cité comme notaire et praticien à Aubière.


  • Ollivier Aubény

Notaire ordinaire, il se marie avant 1570 avec Françoise Dégironde. Il est le père d’une longue lignée de notaires royaux et autres praticiens. Comme nous le verrons par la suite, l’endogamie, chez les notaires aubiérois, est très importante. (1)


  • Guillaume Aubény

Notaire royal, il exerce en tant que tel entre 1586 et 1629 (2). Il est le fils d’Ollivier (qui précède) et de Françoise Dégironde. Il se marie successivement à Jehanne Bellot (avant 1590), Jehanne Froment (avant 1610) et Jehanne Seaulme (avant 1630). Il y aura une descendance des trois épouses. Je descends des deux dernières. Sa petite-fille, Blanche Aubény, fille d’Anthoine et de Marie Raynaud, épousera Jehan Dufraisse, notaire royal à Romagnat.


  • Gilbert Aubény

Fils du précédent et de Jehanne Bellot, il succède à son père en son étude d’Aubière. Il y exerce, comme greffier et notaire royal, de 1629 à 1672. Il épouse Antonia Taravant avant 1620.


  • Géraud Aubény

Frère du précédent, il est fils de Guillaume et de Jehanne Froment. Il n’exercera qu’en tant que praticien avec son père et son frère Gilbert qui rachètera la charge de notaire royal de Guillaume. Il est l’époux de Marie Serin depuis 1640.


  • Julien Aubény

Il est né vers 1620 de Gilbert et Antonia Taravant. Notaire royal, il succède à son père à partir de 1672. Il est l’époux depuis 1660 environ de Françoise de Becayne. (3)


  • Maurice Aubény

Frère du précédent, il est d’abord praticien à l’étude de son frère Julien, puis notaire royal et avocat en parlement à Clermont. Il a épousé, le 4 février 1676 par contrat passé chez Me Ducret à Clermont (5 E 2 129), Amable Jesseaume. Le mariage religieux a eu lieu le 17 février à Aubière.
Sa fille, Catherine, épousera, le 13 juin 1702 à Aubière, Antoine Laborieux, praticien et notaire à Aubière.

Notes :
(1) – Notaire ordinaire : on le trouve surtout sous l’appellation notaire seigneurial. Il est commis par un seigneur pour instrumenter en ladite qualité dans l'étendue de la justice de ce seigneur, et il prête serment devant le juge de ce dernier. Ainsi, seuls les seigneurs hauts justiciers ont droit de tabellionage, cest-à-dire le droit davoir un ou des notaires. Le notaire seigneurial ne peut instrumenter que dans le ressort de la justice seigneuriale. Le notaire seigneurial n'existe pas dans chaque paroisse. Du fait qu'il ne peut instrumenter que dans les limites de la seigneurie, il ne traite que de petites ventes de quelques quartonnées de terre, quelques baux à moitié ou fermages, et son revenu est faible. En fait, il doit compléter ses maigres revenus en prenant d'autres charges comme fermier (intendant) d'un bien seigneurial, etc... On parle aussi de notaire subalterne ou ordinaire. Même s'il est plus cultivé que les autres, il n'est pas plus riche que le meunier ou le boucher. Pas étonnant qu’il nous arrive de trouver des enfants et des petits enfants de notaire ordinaire ne sachant pas écrire !
(2) – Notaire royal : Il est celui qui tient ses provisions du roi, à la différence des notaires des seigneurs ou subalternes, qui tiennent leur commission du seigneur de la justice où ils sont reçus. Le notaire royal peut instrumenter sur toute la province, et traite des affaires plus nombreuses et plus importantes. Les ventes de métairie, les obligations de 1 000 L et au dessus, sont toujours chez lui. Les seigneurs s'adressent à eux pour les baux à ferme de leur seigneurie, etc... Seuls les notaires du Châtelet peuvent instrumenter dans toute la France.
(3) – Sa fille Anne épousera par contrat du 9 janvier 1682, passé chez Me Maloet à Clermont (5 E 37 836), Pierre Tiolier, fils de Jean et de Françoise Celme, qui fut notaire royal et procureur d’office à Aubière entre 1689 et 1712.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)

Suivez l'histoire et la généalogie d'Aubière sur :  http://www.chroniquesaubieroises.fr/
 
 

vendredi 28 décembre 2012

Un curieux personnage, le sieur Goughon, notaire royal à Beaumont



         Il y a bien longtemps, alors que je fréquentais la Bibliothèque municipale de Clermont, j'eus l'occasion d'y lire un opuscule daté de 1767, intitulé "Mémoire en défense pour Jean Goughon, Notaire Royal et Procureur Fiscal à Beaumont", concernant un curieux procès (cote A 10800). L'intéressé était accusé de subornation de témoin, de déplacement de borne et d'avoir incendié une grange appartenant au sieur Champflour.
         Le Sieur Champflour d'Allagnat appartenait à une famille de robe clermontoise récemment anoblie. Potentat local, il nourrissait une haine profonde envers Goughon, car il convoitait une terre dont ce dernier avait hérité de ses parents. Le mémoire rédigé pour la défense du sieur Goughon relate les péripéties de cette affaire et présente des faits qui sont bien évidemment de nature à discréditer le nommé Champflour : entre-autres, la récupération « musclée » d'un chien qu'il prétendait lui appartenir, chez un particulier où l'on s'introduisit nuitamment, par effraction, ledit particulier étant sorti « nud en chemise », se voyant « le mousqueton sur la poitrine » !
         Je note que ces affaires faisaient suite à une autre, tout aussi curieuse, dont on trouve le dossier aux Archives Départementales, Série B, justice seigneuriale de Beaumont : il s'agit d'un vol de dindons perpétré chez ce même Goughon en 1757, qui motiva une procédure menée à sa requête contre les trois personnes ayant tué ses dindons !
         Les péripéties rapportées dans le mémoire de 1767 commencèrent dès 1752 : il fut accusé par les nommés Herbault et Cohendy d'avoir arraché et déplacé nuitamment une borne marquant la limite de l'une de ses propriétés. Il fut avéré que ses accusateurs, manifestement à la solde de Champflour, l'avaient eux-mêmes déplacée !


         Champflour habitait le château du Petit Allagnat, à l'entrée est du bourg, alors que Goughon demeurait à l'extrémité ouest... La Révolution vint opportunément venger Goughon de toutes les misères endurées, car Champflour fut surveillé et se fit très discret, alors que Goughon, notaire, se porta acquéreur des biens de l'abbaye. Il partagea les bâtiments conventuels en de nombreux lots pour les transformer en logement et fit tracer de nouvelles rues dans le clos abbatial de Las Verias pour y faire construire des maisons. On peut voir là un précurseur de nos promoteurs immobiliers...
         Ce mémoire évoque ensuite l'affaire de l'incendie de la grange du sieur Champflour, et cela prend un tour rocambolesque...
         En effet, on assiste à une série de rebondissements judiciaires, chacune des parties, produisant ses témoins, et étant accusées tour à tour de subornation. Il apparaît, tout au long des procédures, que les juges furent pour le moins complaisants à l'égard de Champflour qui était d'ailleurs apparenté à certains d'entre eux !...
         Goughon ayant été pris au corps, « les deux huissiers qui l'accompagnaient après son interrogatoire frappèrent inutilement à deux différentes portes de la prison sans pouvoir s'en procurer l'ouverture. N'ayant pris aucune précautions pour prévenir la fuite de leur prisonnier, il profita de leur négligence, leur souhaita le bon soir, et se retira à Beaumont » !... Les huissiers furent mis à l'amende.
         Il en profita pour mettre tous ses papiers (y compris ses minutes notariales) et surtout les pièces du procès à l'abri dans le château d'Aubière.
         Il décida ensuite de se rendre à Paris et fit étape à l'abbaye de Sainte-Menehould, près de Moulins, où il apprit qu'on avait perquisitionné chez lui et interrogé sa femme. Craignant que l'endroit où étaient cachés ses papiers fut découvert (il y avait des quittances sous signature privée du sieur Champflour...), il demanda conseil à l'Abbesse, à des religieuses et à l'aumônier : on le déguisa avec le manteau et le capuchon de l'aumônier.et il parti à l'aube (le 18 mars 1760), dans cet équipage avec Étienne Bouchet, valet de l'abbaye (tiens, un Beaumontois !) ; les deux compagnons chevauchèrent par des chemins de traverse jusqu'au Mayet où ils passèrent la nuit. Le lendemain, ils dînèrent à Riom à l'auberge du « Lion d'Or » (cette enseigne existe toujours...).
         A Montferrand, curieusement, il acheta « les ustensiles nécessaires pour se procurer du feu pendant la route. Cette précaution lui était nécessaire soit pour allumer sa pipe dont il faisait un usage très fréquent, soit pour se procurer de la lumière pour la recherche de ses papiers à Obière [lire : Aubière] ». Il eut beau s'envelopper dans son manteau, il fut reconnu. Ayant soupé avec Bouchet à Montferrand, ils prirent tous les deux le chemin d'Aubière, où Goughon avait déclaré se rendre. Arrivé sous un noyer, il demanda au valet de l’attendre car, dit-il, les chemins étaient trop mauvais pour qu'il pût continuer à cheval… Il laissa au valet sa redingote et son capuchon, partit à pied, et revint au bout d'une demi-heure. En fait, expliquera-t-il plus tard, arrivé à Aubière, il ne put pénétrer dans le château dont les portes étaient fermées et dut rebrousser chemin.
         Au moment où il rejoignait Bouchet, il y eut une grande lueur provoquée par l'incendie et Bouchet précisera qu'« il pouvait distinguer les échalas dans les champs ».
         Enfin, « les deux compagnons de voyage remontés à cheval, allèrent coucher à Riom, où ils arrivèrent environ une heure après minuit. Le lendemain, ils couchèrent au Mayet, et le surlendemain à Sainte-Menehould où le sieur Goughon séjourna deux jours, d'où il vint à Paris ».
         Naturellement, Champflour accusa Goughon d'avoir mis le feu à sa grange.

         J'ajoute que ces faits se passaient à Beaumont à une époque où l'atmosphère était déjà bien détestable, avec un procès assez sordide qui opposait les religieuses de l'abbaye à leur abbesse, Marie-Françoise de Lantilhac, que l'on trouve rapporté dans d'autres mémoires, que l'on trouve également à la bibliothèque de Clermont (A10542, 10542-1, 10589, 10589-15,10589-17).

Rapporté par Jacques Pageix