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jeudi 20 novembre 2014

Les maisons de vos ancêtres_04



Grâce à la publication du terrier de 1764, ou Terrier Tiolier, vous pouvez retrouver la maison, grange ou cuvage de vos ancêtres dans le bourg d’Aubière.
Vivaient-ils dans le même quartier ou dans la même maison deux siècles plus tôt ?
Un moyen de le savoir : étudier les actes notariés du début du XVIIème siècle ! Vous apprendrez ainsi où ils habitaient, depuis quand ils vivaient dans tel ou tel quartier, peut-être même la date de l’achat de la maison… Mais ce n’est pas toujours facile.
Je publierai régulièrement sur ce blog, au fur et à mesure de mes lectures des actes notariés d’Aubière, le résultat de mes recherches.

Les actes notariés : une source d’informations incomparable ! Pour cette quatrième chasse aux maisons et autres granges nous ferons un retour en arrière, en 1586, avec les actes de maître Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, puis en 1587, dans l’office notarial de maître Amable Reynaud, notaire royal à Clermont, avant de reprendre avec maître Guillaume Aubeny.

Au quartier du Verdier
Le testament du 2 février 1586 d’Annet Ramain (ou Rancon), « malade de maladie corporelle », nous apprend beaucoup de choses sur cette famille Ramain borias ou boriage qui vivait au quartier du Verdier. « …Il lègue à Jehanne Goye sa femme, une maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier du Verdier, joignant une autre maison aud. testateur de midy d’une part, la rue à bout d’autre, le chezal dud. testateur d’autre de bize, et la maison des hoirs de feu Jehan Feulhade d’autre partie ; plus a donné et lègue à Blaize et François Ramain ses enfants, une maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier du Verdier, joignant à la maison cy dessus de bize d’une part, la maison de François Carmantrand de midy d’autre, la rue ou passaige à bout d’autre de nuict, et la maison des hoirs de feu Jehan Esclany de jour, et lad. maison ; de laquelle maison led. testateur a donné et lègue aud. Michel son fils aisné un chezal situé dans led. lieu d’Aubière et aud. quartier du Verdier, joignant à la maison cy dessus de midy, la rue ou passaige à bout d’autre, le jardin d’Anthoine Charrier d’autre, et la maison d’Annet Gioux d’autre… » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 1 – A.D. 63).

Ramain, Ramen, Ramay ou Rancon : selon les époques, même rapprochées, et les notaires, même contemporains, on trouve ce patronyme sous diverses formes. Après avoir brassé ces dernières sur près d’un siècle, on peut sans aucun doute affirmer qu’elles forment un seul et même patronyme. En 1586, on connaît peu de choses sur cette famille qui devient aubiéroise aux alentours de 1500. Par d’autres actes plus anciens (1530 et 1548), nous savions qu’Annet Ramain avait un frère Jehan ; leur père est même cité sans être nommé (dommage !). En 1586, si on connaît les enfants d’Annet, on ne lui connaît pas alors d’épouse. Ce testament va être très révélateur ! Son épouse, au moment de son testament, est citée : il s’agit de Jehanne Goye, prénommée également dans le même document Amable. On apprend aussi cela : « Michel Ramain, son fils aisné, du premier lict, d’Anthoinette Fosson, sa première femme… Et Blaize et François Ramain, ses aultres fils, de Marthe Gaultier, sa seconde femme… » D’un coup, d’un seul, nous lui découvrons trois épouses ! Curieusement, ce testament ignore complètement ses deux filles, Françoise et Anna. En revanche, on parle de « Gabriel Legay, son beau frère ». Françoise Fosson, sœur de sa première épouse Anthoinette Fosson, avait effectivement épousé Gabriel Legay (déjà mentionné dans le Volet 3).
La rue ou « passaige à bout » est l’actuelle impasse Job dans le quartier du Verger.

Au quartier de la Font
Annet Ramain sort indemne de sa maladie puisqu’un an plus tard il fait une donation entre vifs : lui-même et son fils, Blaize. Nous sommes le 14 janvier 1587. « Annet Rancon [Ramain ou Ramen], laboureur d’Aubière, en reconnaissance des bons et agréables services à luy faicts par Blaize Rancon son fils, laboureur dudit lieu, pour l’amitié paternelle qu’il luy porte, car ainsy luy plaict de son bon gré et franc vouloir, a donné par ces présentes à tiltre de donation faicte entre vifs, une grange couverte de pailhe, et jardin tenant ensemble avec leurs droicts et appartenances quelconques, situés dans la justice dud. Aubière et au terroir de la Font, joignant la voye commune de midy, la grange de Michel Bellard de jour, le ruisseau [béal] du molin [moulin] du Sgr d’Aubière de bize, et le jardin de Guilhaume Noellet de nuict ; plus une vigne… » (Me Amable Reynaud, notaire à Clermont, 5 E 11 1121 – A.D. 63). Il est intéressant de noter qu’en 1587 le futur quartier de la Font (ou Fontaine) n’est encore qu’un terroir, au moins pour le notaire Reynaud…

Au quartier de la Place Fauchère
Notre chasse nous fait entrer pour la première fois dans le quartier de la Place Fauchère, située entre le château et l’église d’Aubière. Cette occasion est provoquée par le testament du 7 mai 1591 d’Anthoinette Charrier, veuve de feu Jehan Feulhade. Cette dernière lègue à Clauda Chastanier, femme à Pierre Martin, « une maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier de la Place Fauchère, joignant à la maison et cuvaige de Me Jacques Dumolin, greffier d’Aubière, d’une part, le cuvaige de lad. testatrisse d’autre de midy, et la rue commune de jour […]. Elle lègue et donne à Jehan et Jacques Chastanier frères, un cuvaige estant au dos de lad. maison donnée et léguée à lad. Clauda Chastanier, joignant à deux rues communes de deux parties, et lad. maison donnée à lad. Clauda. » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 6 – A.D. 63).

Au quartier du Chasteau
Coincé entre l’enceinte du château à l’ouest, et le quartier de la Quaire à l’est, ce quartier se situe au nord du bourg fortifié. Nous y entrons pour assister à une donation originale entre un père et son fils, lequel se destine à la prêtrise. Vous lirez avec intérêt le billet traitant d’une donation pour un prêtre filleul. Cette donation du 2 mars 1594 a l’air d’un brouillon, et elle est particulièrement difficile à déchiffrer, tellement maître Guillaume Aubeny, le notaire, s’est ingénié à en bâcler la rédaction. « Guillaume Noellet, laboureur d’Aubière, considérant les bons et agréables services, amour et hobéissance (sic) filiale de François Noellet, son fils naturel et légitime, et d’Halips Esclany sa femme, a vollu, par l’amitié paternelle qu’il luy porte, luy donner les moyens de l’estat de prestrize auquel, avec l’ayde de Dieu, il aspire, et affin qu’il ne tombe en mandicitté, et luy a donné par donation faite entre vifs, une maison et sa cave estant au dessous, située dans le lieu d’Aubière, et au quartier du Chasteau, jouxte la maison des hoirs de Barthélemy Reddon d’une part, la maison de Jacques Brolly d’autre, et deux rues communes d’aultres deux parties… » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 9 – A.D. 63).

Extrait de la donation d'Halips Fontfreyde du 27 août 1605
(5 E 44 20 - Archives départementales du Puy-de-Dôme)

Au quartier du Roudeix
Encore un quartier dans lequel on pénètre pour la première fois : le quartier du Roudeix, que l’on trouve aussi sous les formes graphiques de Roudet, Roudeir, Rodier, Rodeir ou Rodeyr… Autrement dit le quartier du charron qui pouvait être aussi forgeron [voir Le feu aux poutres].
Après deux testaments, nous ouvrons une troisième donation entre vifs, celle d’Halips Fontfreyde, en date du 27 août 1605. « Honneste femme Halips Fontfreide, veufve de Blaize Tailhandier, vivant marchand de Clermont, considérant les bons et agréables services de Victor Tailhandier son fils et dud. defunct, luy a donné et donne par donation entre vifs, […] un cuvaige, colombier, chambres et estable au dessous, joignant le tout ensemble, aussi avec leurs aizes et appartenances, situés dans le lieu d’Aubière, au quartier du Rodeyr, siné dessous le four, jouxte le mur dud. Aubière d’une part, le cuvaige et grange de Jehan Chastanier par sa femme d’autre, la rue commune d’autre, et la maison de … [un blanc] avec le passaige à bout d’autre partie » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 20 – A.D. 63). Nous avons confirmation, s’il en est besoin, que le four est proche du quartier du Roudeix, lui-même situé entre l’enceinte est du bourg et l’actuelle rue Bérenger prolongée par l’actuelle rue Voltaire, au centre duquel quartier se trouvait le trou du Roudeix, démoli il y a un peu plus de quarante ans.

Ces Tailhandier ont fait fortune à Clermont. Un des fils de feu Blaize et de Halips Fontfreyde fera sa vie à Aubière où il exercera la profession de laboureur-vigneron.
La femme de Jehan Chastanier est Anna Salignat.

Sources : Archives départementales du Puy-de-Dôme.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)

Vers Volet 3 ou Volet 5

Suivez l'histoire et la généalogie d'Aubière sur :  http://www.chroniquesaubieroises.fr/
 
 

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