commencé le 6 avril 1767
Cet épais registre, issu des
archives communales d’Aubière, rassemble les jugements rendus à Aubière par le
bailly Thoury entre 1767 et 1780.
Le bailli était, dans
l'Ancien Régime français, le représentant de l'autorité du roi dans le
bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler
l'administration en son nom. La juridiction en charge d'un bailli s'appelle un
bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal
et la circonscription la sénéchaussée.
Mais il s’agit ici du
bailliage seigneurial d’Aubière (les baillis royaux ayant perdu leur pouvoir au
XVIème siècle).
Le notaire Thoury, bailli
seigneurial d’Aubière, était néanmoins conseiller du roi en la ville de
Clermont-Ferrand. C’était en quelque sorte un juge de proximité au
service du seigneur d’Aubière.
Le feu aux poutres
Rien d’alarmant, mais les voisins ont pris peur et porté
plainte auprès du bailly Thoury. Un chambarat, juste au-dessus d’une forge sans
cheminée, composé de vieux bois très secs, sur lequel sont entreposés paille,
bois et autres combustibles ; une rue déjà étroite, encombrée par des
arbres et l’atelier de ferrage des bêtes à cornes : il n’en faut pas plus pour
alerter les voisins du danger qui menace au cœur de l’été leurs maisons,
cuvages, granges et écuries…
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Registre d'audiences du bailliage d'Aubière - Page 55 (extrait)
(Archives communales d'Aubière) |
Du jeudy 20 juillet
1780
Entre le procureur d’office et sur « les différentes plaintes cydevant portées
par devant nous présentement par Pierre Herbaud Bontemps, Estienne Herbaud
Bontemps son père, Jean Dégironde, François Martin, Antoine Blanc, Magdelaine
Chalameil veuve d’Antoine Martin, et autre vignerons habitants de ce lieu
d’Aubière, propriétaires et pocesseurs (sic) de maisons, granges et autres
bâtiments voisins de celle d’Antoine Chirol maître charron, habitant de ce même
lieu, d’une part,
et Antoine Chirol,
charron habitant de ce lieu d’Aubière, deffendeur, comparant en personne,
d’autre part,
Ouy les parties, nous
condamnons ledit deffendeur à faire ôter et enlever dans le jour les restant
des harbres (sic) et autre bois qu’il a placé le long du mur de la maison de la
veuve Martin vis-à-vis celle du deffendeur, attendu qu’il a déclaré en avoir
déjà fait enlever une partie, ainsy que le fumier qu’il avait placé contre le
même mur qui embarrassent l’usage libre de la rue d’entre lesd. maisons. Le
condamnons aussy à faire enlever et démolir dans trois jours l’atellier ou
travail à ferrer lesd. bettes à cornes de la largeur de trois pieds quatre
pouces, de sept pieds neuf pouces de longueur sur six pieds neuf pouces
d’autheur (sic) en quatre gros piliers de bois et un cinquième en avant
entièrement pris et placé dans la rue contre le mur de sa maison attendu que la
rue se trouve extrêmement resserrée n’ayant que neuf pieds deux pouces restant
de largeur, non sufisante pour l’usage de la rue et le tournant des voitures
[…] (1)
Le condamnons aussy à
faire vouter ou mettre en toutte autre seureté possible et ort de tous dangers
le dessus de la forge de maréchal qu’il a fait nouvellement construire dans la
grange attenant à sa maison, rue du Chaufour (2), de ce lieu d’Aubière, attendu
que lad. forge peut occasionner un incendy (sic) par les pailles, bois et
autres combustibles qui sont sur le chambaras (3) qui reigne sur lad. forge et
qui n’est composé que de vieux bois et solives sans plancher à peu de distance
en hauteur de lad. forge.
Et sur les plaintes
portées en notre audiance par Antoine Delonchambon et Martin Baile, vignerons
habitants de ce lieu d’Aubière, que pour servir à la sortie de la fumée de lad.
forge led. Chirol a fait faire une petite ouverture ou brêche au mur de la
grange dans lad. forge du cotté de la rue où sont les granges desd. Lonchambon
et Baile, que cette ouverture se trouvant extrêmement basse, la fumée qui en
sort incommode extrêmement les voisins et peut occasionner un insendy,
condamnons le deffendeur à pratiquer et construire un tuyeau (sic) de cheminée
depuis lad. ouverture jusqu’au dessus du toit de sa grange pour conduire et
recevoir la fumée de lad. forge. Et en attendant lesd. réparations faisons
deffence aud. Chirol et à son locataire d’alumer du feu à lad. forge, et à
l’amande de six livres. »
Notes :
(1) – Pied et pouce : anciennes mesures de longueur. Le
pied fait environ 32,50 cm (arrondi à 33 cm) ; le pouce fait 27 mm environ
(arrondi à 3 cm).
(2) – Rue du Chaufour : sachant que la maison du
roudeir (ou roudet, c’est-à-dire
charron)
se trouve au quartier du Roudeix, qui longeait à l’est l’actuelle rue Béranger,
on peut situer avec assez de certitude cette rue, surtout si l’on a connu le
trou du Roudet (était-ce un nom officiel
ou bien le greffier du bailly appelle-t-il cette rue du nom où se trouve le
four banal, situé entre la rue du Chaufour et la place de la Halle ?). A
moins que ce soit la forge qui ait donné ce nom. Auquel cas, cette rue pourrait
se trouver dans un autre quartier…
(3) – Chambaras(t) : un chambaras ou chambarat, en
Basse-Auvergne, est un fenil, un grenier à foin ou une chambre au-dessus d’une
écurie ou d’une étable.
Notes généalogiques
[tous les actes ont eu lieu à Aubière] :
Antoine Chirol : Nous avons une dynastie
d’Antoine Chirol, charrons de profession dans la seconde moitié du XVIII
ème
siècle à Aubière : Antoine François puis François Antoine, dit le Roudait,
lequel donnera naissance à un Antoine et à un François, tous charrons. Celui
qui nous intéresse aujourd’hui est le grand-père, Antoine François Chirol,
charron et charpentier, arrivé à Aubière vers 1750, avec son épouse, Jeanne
Bouchaudy. On lui connaît sept fils, tous nés à Aubière entre 1760 et 1774,
dont le fameux François,
percepteur indélicat. Antoine François fut par ailleurs consul d’Aubière en 1776, ce
qui le classe parmi les gens aisés. Il meurt le 5 novembre 1809.
Pierre Herbaud Bontemps et son père
Estienne : Pierre est né le 27 mai 1757, d’Estienne (Né le 6 février 1725)
et de Marie Finayre, mariés depuis le 4 février 1749. Pierre est marié à
Antoinette Baille, depuis le 9 février 1779 ; leur fils Etienne se mariera
en 1803 avec la petite-fille …d’Antoine Chirol, Anne Chirol. Pas rancunière la
demoiselle !
La veuve d’Antoine Martin : elle est
appelée ici Magdelaine Chalameil ; il s’agit en réalité de Magdelaine
Chalameau, née le 14 mai 1725, épouse d’Antoine Martin depuis le 5 mars 1753.
Ils ont 6 enfants entre 1754 et 1765.
Jean Dégironde : beaucoup trop
d’homonymes pour être sûr de ne pas se tromper.
François Martin : né le 7 septembre 1717,
marié le 12 janvier 1751 à Françoise Blanc. Six enfants connus nés entre 1751
et 1764.
Antoine Blanc : 4 homonymes mariés à
cette époque. Je ne choisis pas.
Antoine Delonchambon : né le 1er
juin 1717, marié le 9 février 1751 à Catherine Brugère. Quatre enfants connus,
nés entre 1751 et 1760.
Martin Baile : beau-frère du précédent,
né le 21 août 1725, marié le 25 septembre 1749 à Anne Delonchambon. On leur
connaît neuf enfants, nés entre 1751 et 1766.
© - Cercle généalogique et historique d’Aubière –
Pierre Bourcheix