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lundi 11 novembre 2013

Antoine Alexandre Gioux, mort pour la France



Antoine Alexandre Gioux, fils unique, est mort célibataire et donc sans descendance. C’est le cousin de tous les Aubiérois : je l’ai adopté, vous l’adopterez peut-être. C’est notre poilu, notre héros, discret et magnifique. Voici sa vie, qui m’a été inspirée par le récit de son père.

Antoine-Alexandre Gioux (1887-1918)

Antoine Alexandre Gioux, fils de Martin Gioux et de Marguerite Gioux, est né le 11 juin 1887 à Aubière.
Le milieu familial et rural dans lequel s’écoulèrent ses premières années, façonna, à son insu, son esprit et lui imprima les qualités maîtresses qui le caractérisèrent : amour profond de la nature, attachement au travail, culte du devoir.
Dès l’âge de trois ans, Antoine Gioux fréquente l’école communale d’Aubière qu’il quitte à l’âge de treize ans, pourvu du certificat d’études primaires.
En 1900, il entre en sixième au lycée Blaise-Pascal où, durant six années, il parcourt le cycle d’enseignement secondaire. En 1905, Antoine Gioux obtient le baccalauréat ès-sciences mathématiques qui couronne ses études secondaires. En juillet.1908, ses cycles d’études achevés, il obtient le brevet d’Ingénieur agronome. En 1910, le service militaire terminé, Antoine Gioux est affecté comme chimiste au laboratoire central des fraudes à Paris ; puis, à la station agronomique de Chartres. En 1912, reçu au concours pour le professorat d’agriculture, il exerce à Toul jusqu’en 1914.
La guerre survient et il est mobilisé à Clermont-Ferrand comme caporal à la 13ème section de commis-ouvriers d’armée. En cette qualité, il prend part à la campagne, puis à la triste et pénible retraite de Lorraine. Il passe ensuite dans l’Oise et y séjourne dix mois. Mais ses chefs ont apprécié sa valeur, ses connaissances, et le chargent des achats agricoles pour le ravitaillement des troupes. En 1915, il passe au 1er génie. Il a la satisfaction d’y être affecté à une tâche en conformité avec ses goûts. Il est chargé d’une exploitation forestière à proximité du front.
Antoine Gioux est plus tard versé comme sergent au 91ème régiment d’infanterie. Il y suit des cours spéciaux et est nommé chef de section et incorporé au 367ème régiment d’infanterie. Il apporte au milieu des combats, dans ses nouvelles fonctions qui nécessitent du courage, de l’intrépidité et des connaissances militaires, le calme tranquille, magnifique qui le caractérise.
Dans ses lettres, il relate les vides nombreux qui se font certains jours autour de lui. Le fracas des combats ne lui fait pas perdre de vue la vie active des siens. « Je vous adresse des journaux agricoles, écrit-il en mai 1918 à son père, vous y trouverez un article concernant le mildiou, et quelques idées intéressantes. Où est le temps où nous pouvions nous occuper de ces choses ? » Avec la même tranquillité d’âme il écrit quelques jours après : « Ma première patrouille en avant des réseaux m’a fortement intéressé, et puis on se sentait pour ainsi dire en toute sécurité, tellement notre artillerie, merveilleusement juste, sonnait le boche ! »
D’un mot, quand il écrit, il dépeint le site où il se trouve. « Dans un champ d’avoine, en toute première ligne » ; « En lisière d’un petit bois » ; « Dans un bois près du canal de l’Ourcq » ; « Couché au milieu d’un champ de blé ». Telles sont les indications placées en tête de ses lettres. La censure peut les laisser passer sans crainte : même prises, elles ne fourniront pas de renseignements à l’ennemi.
« Pour sa belle conduite au feu », pendant la journée du 8 juin 1918, Antoine Gioux est nommé adjudant. Deux jours après, il est proposé pour le grade de sous-lieutenant. Dans une lettre datée du 12 juin, il écrit : « qu’il fait bon se retremper des jours où on doit serrer le ceinturon et ne boire que de l’eau boueuse ».
Le 28 juin, un mot écrit en hâte, portant comme indication de lieu : « en contact avec le boche dans l’Aisne », annonce aux parents d’Antoine Gioux qu’il a été nommé sous-lieutenant « pour sa belle conduite aux derniers combats ».
Le 3 juillet, la lutte reprenait violente. Dans la matinée un éclat d’obus blessait grièvement Antoine Gioux au coude. Il fut conduit au poste de secours aux environs de Vinly (Aisne). Là, tandis qu’on procédait à un pansement, un nouvel obus éclatait près de lui, le tuant net.
La citation suivante à l’ordre de la 73ème division rend le plus juste hommage à cet officier fauché à l’aurore de la victoire, dont il fut un artisan irréprochable :
« Gioux Antoine, sous-lieutenant au 367ème R. I. : Officier extrêmement brave, ayant fait l’admiration de tous pendant la période d’opérations du 31 mai au 2 juillet 1918. A été tué à son poste de combat, sous un violent bombardement, le 3 juillet 1918. »
Son corps fut transporté au secteur de Brumetz et inhumé au cimetière de ce village.
Le 7 mars 1921, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.

Pierre Bourcheix, d'après Martin Gioux


La Montagne du 13 novembre 2013




vendredi 8 novembre 2013

Registre d’audience du Bailliage d’Aubière_08



commencé le 6 avril 1767

Cet épais registre, issu des archives communales d’Aubière, rassemble les jugements rendus à Aubière par le bailly Thoury entre 1767 et 1780.

Le bailli était, dans l'Ancien Régime français, le représentant de l'autorité du roi dans le bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration en son nom. La juridiction en charge d'un bailli s'appelle un bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal et la circonscription la sénéchaussée.
Mais il s’agit ici du bailliage seigneurial d’Aubière (les baillis royaux ayant perdu leur pouvoir au XVIème siècle).

Le notaire Thoury, bailli seigneurial d’Aubière, était néanmoins conseiller du roi en la ville de Clermont-Ferrand. C’était en quelque sorte un juge de proximité au service du seigneur d’Aubière.

Guillaume Dutemple, mauvais payeur ?

C’est ce qui transparaît de cette audience du bailly Thoury, en ce mois d’août 1767. L’affaire dure, semble-t-il, depuis près de dix ans !
Guillaume Dutemple est né en 1724 et il est l’époux de Gilberte Moins depuis 1743. Une rente, due à deux frères chapeliers à Clermont, serait impayée…

Sentence du 3 août 1767 - Registre d'Audience du Bailliage d'Aubière
(Archives communales d'Aubière)

Du 3 aoust 1767

Les parties :

Françoise Mangot, veuve de Michel Lavigne, chapelier de Clermont, à présent femme de Jean Polliet, aussi chapelier de Clermont, qui l’autorise. Les deux époux, demandeurs, sont représentés par leur procureur, Me Jean Baptiste Barry.
Germaine Laloix, femme à François Lavigne, maître chapelier à Clermont. Elle comparaît par Me Antoine Cellier son procureur.
François Lavigne, maître chapelier de Clermont, défaillant faute de comparaître, époux de la précédente.
Guillaume Dutemple, laboureur habitant d’Aubière, défendeur, représenté par Guillaume Geneix, son procureur. [1]


La cause :

Défaut de paiement d’une rente annuelle de sept livres dix sols.
Deux saisies arrêts ont eu lieu les 26 mai 1758 et 19 juin 1766. Confirmation de saisie, suivant exploit et requête du 22 juillet 1767.

Jugement :

« Ledit Dutemple sera tenu de payer les arrérages de la rente de sept livres dix sols qu’il doit annuellement à François Lavigne, à compter puis le terme échu le jour de la saint Jean-Baptiste de 1758 jusques et y compris celui de la saint Jean-Baptiste dernière, jusqu’à concurrence de ce qui est dû aux demandeurs, tant en principal, intérests que frais et le surplus sur le principal ; à continuer à l’avenir le payement de ladite rente jusqu’à ce que les parties de Barry [les époux Françoise Mangot et Jean Polliet] seront entièrement payés de leur créance… »
Signé : Thoury.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière – Pierre Bourcheix






[1] - Guillaume Dutemple, fils d’Amable et de Gabrielle Chatanier, est né le 6 août 1724 à Aubière. Il est l’époux, depuis le 15 janvier 1743 à Aubière, de Gilberte Moins, fille de Guilhaume et d’Anne Montel.