1790-1842
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inédit exceptionnel
Le Journal économique du fils du dernier
seigneur d’Aubière
Épisode 35
Juillet 1793
Juillet 1793
[Page 38]
Prix des
denrées : froment 100£ ; seigle 80£ ; orge 60£ ; vin 10£
1- On a labouré pour
la quatrième fois le guéret du petit champ voisin. On a fossoyé la vigne pour
la troisième fois et on l’a relevée.
2- Le sr
Vergne s’étant présenté au tribunal de Clermont, on a répondu qu’il était
contre les décrets qu’il put cumuler un revenu qui doublerait son traitement
comme curé, et que ce traitement était le seul salaire qu’il put exiger.
3- Des particuliers de
Lempdes, qui devaient solidairement une rente de 50£ à ma grand-mère, ont fait
un acte d’offre pour en rembourser les deux cinquièmes, faisant 400£ de
principal. On a pas reçu les offres. Ils ont depuis cité au bureau de
conciliation où on n’a pas paru. Il faut qu’ils rapportent les quittances de 29
ans et qu’il soit vérifié si la portion qu’ils jouissent équivaut aux deux
cinquièmes du total.
4- On a commencé les
moissons le 15. Il y a eu une contestation avec les prifaitiers. Ils ont
prétendu qu’ils ne devaient faire les mailles ni décharger les chars. On est
allé devant le juge de paix où on est convenu d’une augmentation de 40£ sur le
prix fait, à raison de la grande cherté des journées. Ils ont mis une
soixantaine de journées. Il y a eu seize chars de bled dans la grande terre et
neuf de pamoule ; il y a eu dix-neuf chars de bled dans le grand champ
voisin ; … [en blanc] chars de
veissas dans le petit et … [en blanc]
chars d’avoine. Le tout s’est fermé bien sec et à propos. Mr Derribes a tout
fait faire. On a mis à part la pamoule qui avait été semée vers le bled ;
elle n’a pas de chalaveine [?].
5- La Marguerite a
perçu à Noyers la dixme et les moitiées (1) que les anciens fermiers nous devaient. Il y a eu … [en blanc] chars de dixme conduits par les bestiaux
des nouveaux fermiers, qui ont aussi donné deux journées pour les moissons
d’Aubière. Il y a eu … [en blanc]
chars pour les moitiées. Le tout a été fermé dans la grange de Noyers. On n’a
pas payé la dixme des moitiées, cela n’ayant pas été convenu, mais ils doivent
la moitiée de la taille.
"Il a fait le 18 un vent très violent..." |
6- Il a fait le 18 un
vent très violent qui a cassé des branches, tombé beaucoup de noix, égrené les
pamoules et gâté beaucoup les chanvres. Il a peu donné à Noyers.
7- Les Longchambons
ont fait un acte d’offre pour rembourser une portion de leur rente et ils en
sont restés là.
8- Les nouveaux
fermiers de Noyers ont peu de bestiaux, peu de monde pour travailler. Jacques
Pomier veut se retirer. Ils ne paraissent pas être ci avancés et il est à
craindre que tout en souffre.
9- On a affermé le
regain du pré Rougier. Les 2 1ères lites 88£, les deux autres 86£,
les quatre autres 160£, les quatre autres 160£, l’autre ensuite 36£. Ce sont
Ant. Chirol, Paul Gioux, Amable Thevenon, Jacques et François Arveuf, Jean
Chossidon. Le petit pré Rougier 120£ à André et Jacques Mazin.
…
[C’est bien sûr la Terreur qui provoque
« l’absence » de Jean-Baptiste André. Même si cette période terrible
de la Révolution française dure moins de 18 mois (mars 1793 à juillet 1794),
Jean-Baptiste André s’exile pendant près de deux ans (d’août 1793 à juillet
1795). C’est durant cette sombre période que le baron Pierre André d’Aubière,
père de Jean-Baptiste, est dénoncé par Amable Girard, notaire à Aubière, puis
condamné à mort et exécuté aux Brotteaux à Lyon, le 17 février 1794.
Le paragraphe ci-dessous est sans doute écrit en août 1795,
même s’il se trouve au bas de la page et à la suite des paragraphes du mois de
juillet 1793]
10- Ce journal a été
interrompu pendant deux années entières pendant lesquelles les malheurs affreux
dont nous avons été victimes m’ont forcé de m’absenter. Les biens, pendant cet
intervalle, ont été séquestrés, et ce n’est que par un arrêté du département du
22 juin [1795] que j’ai été remis en
possession, conjointement avec mes sœurs, à la charge de rendre compte et en
donnant caution en vertu de la loi du 13 ventôse.
[Le prochain épisode reprendra en Août 1795]
Annotations de Pierre
Bourcheix :
(1) – Moitiée : lire moitié, se dit aussi méteil.
Mélange de froment et d’une autre céréale semés et récoltés ensemble.
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