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mercredi 25 avril 2012

Les familles de maçons aubiérois [1/3]


Du 16ème au 20ème siècle, voici les familles de maçons qui se sont succédées à Aubière. (1er volet)



Les précurseurs
  • Symon Fanaud. Le premier maçon connu à Aubière est François Symon FANAUD. Il n’a malheureusement pas laissé beaucoup de renseignements sur sa vie. Il meurt vers 1586-1587, et laisse une veuve, Catherine FAYFEU, qui se remarie par contrat à Aubière, le 24 avril 1587 avec Pierre SALLYGAYR. Sans descendance connue.
  •  Léonard Charmeau. Sans doute de la famille des tisserands que l’on retrouvera plus tard sous la graphie Chalamaud. Il épouse le 1er avril 1593, la veuve du tisserand Annet LABBAT. Comme le précédent, il n’a pas laissé de descendance connue à Aubière.
  •  Antoine Guillon. Il apparaît à Aubière par son contrat de mariage avec la veuve de Pierre ROUX, Anthonia AUREILHE, le 9 novembre 1648. Sans descendance connue.
  •  Michel Dubreu. Voilà qu’avec lui réapparaissent les maçons de la Creuse ! Il est en effet originaire de La Celle Barmontoise (1) où il naît vers 1659. On ne sait quand il débarque à Aubière. On ne lui connaît pas d’épouse non plus. Il semble néanmoins qu’il ait exercé son métier de maçon à Aubière où il meurt, à l’âge de 60 ans, le 9 décembre 1719.

La lignée des Mazière, maçons de la Creuse
Michel MAZIERE est né vers 1670 à Ménec, paroisse de Néoux, dans la Creuse, au sud-est d’Aubusson. Il est le fils de Claude, un maçon, et de Jeanne CHAZOTTE. Et il devient maçon à son tour. Les années 1693-1694 apportent la famine en Creuse, comme partout en France. La vie, la survie, dirais-je, devient difficile. Comme beaucoup de ses congénères, il est obligé de s’expatrier, et dès qu’il termine sa formation auprès de son père, il prend son baluchon et va sur les routes.
Elles le conduisent, en cette fin de XVIIème siècle, à Clermont, puis à Aubière. Là, il trouve du travail, en bâtissant caves et maisons. Il trouve également une épouse. C’est sur une Aubiéroise, Jeanne VEDEL, que se porte son choix. Elle est fille d’Antoine et de Marie CHAMBON. Les registres paroissiaux ne nous sont pas d’un grand secours (lacunes), mais les deux promis sont passés devant le notaire d’Aubière, le 27 juin 1699, pour un contrat de mariage en bonne et due forme.
Le bonheur est de courte durée, Jeanne meurt en 1703 sans descendance. Michel se remarie dans l’année avec Marthe MONTAIGNE, qui mettra au monde quatre enfants :
  • François, né le 29 mai 1704 ;
  • Catherine, née le 26 octobre 1706 ;
  • George, née le 18 août 1711 ; tous les trois sans alliance ni descendance connue ;
  • Michel, né le 24 mai 1718, dont on reparlera plus loin.

En 1720, Michel MAZIERE père, passe un contrat avec François BAILE, qui vient d’acheter une maison à Aubière. Ce dernier lui donne « la somme de soixante six livres pour avoir fait et construit une cheminée entremée de pierre de tailhe, cendriere, avoir aussy construit deux fenestres dans le cuvage de lad maizon, une du cotté de nuit et l’autre du cotté de midy, grossoyier les plus gros trous dud cuvage, crespir la chambre, resuivre le couvert d’icelle ou pour avoir bouché une breche du cotté de la maizon du guilliaume jallus, fournir tous les thuilhes necessaires, pierre, chaud, sable, ou pour les journées de l’ouvrier qui l’auroit servy ». (2)
Michel MAZIERE est à cette époque maître maçon, puisqu’il emploie un ouvrier.
Quelques années plus tard, il est encore en affaire avec le même François BAILE, laboureur et tisserand. Il reconnaît avoir reçu de ce dernier la somme de quatre-vingt-dix livres pour avoir « construit un degré [escalier] à une maison ou cuvage ; avoir fait la porte dicelle maison de pierre de tailhe, un estable a pourceau au dessous dud degré dont la porte d’icelluy est aussy de pierre de taille, ou pour avoir fait la porte du cuvage delad maison aussy de pierre de taille, avoir fourny chaud, sable, toute la pierre de taille et autre tant dud degré que desd portes pour ses journées ou pour celles des ouvriers quy l’auront servy ». (3)
Les affaires semblent bien marcher pour ce maître maçon qui a maintenant plusieurs ouvriers.

Deuxième génération :
Michel MAZIERE (°24 mai 1718 ; +4 septembre 1763), maçon, fils de Michel et de Marthe MONTAIGNE, épouse le 27 janvier 1739, Michelle ARNAUD (°1er avril 1714 ; +22 novembre 1786), fille de Guillaume et de Antoinette JOZAT. Ensemble, ils auront cinq enfants :
  • Louis, né vers 1744, qui suit ;
  • Anne, née le 17 février 1750 ;
  • Marguerite, sa jumelle, née le 17 février 1750 ;
  • Antoinette, née le 2 mars 1752 ;
  • Marie, née le 31 août 1756 ; les quatre filles sans alliance ni descendance connue.

Troisième génération :
Louis MAZIERE, né vers 1744, mort le 3 novembre 1807, deviendra maçon et complètera ses revenus avec la profession de cultivateur-vigneron, comme la plupart des Aubiérois. Le 27 janvier 1767, il se marie avec Antoinette BAIL, fille d’Antoine et de Françoise NOELLET. Quatre enfants naîtront de leur union :
  • Antoine, né le 26 mars 1768 (sad = sans alliance ni descendance connue) ;
  • Marie, née le 26 juin 1770 (+9 mars 1838), épouse le 29 mai 1797, Amable BOURCHEIX, d’où sept enfants ;
  • Jean, né le 20 décembre 1772, sad ;
  • Antoinette, née le 24 juin 1775, mariée le 28 juillet 1799, à Jean COHENDY, d’où deux enfants.
 (à suivre…)

NOTA : Tous les actes ont eu lieu à Aubière, sauf mention contraire.

(1) -  Aujourd’hui : La Villetelle (Creuse).
(2) -  Quittance passée le 25 avril 1720 devant maître Courtes à Aubière (A.D.63 - 5 E 44 171).
(3) -  Quittance du 14 mars 1729 devant maître Courtes à Aubière (5 E 44 180).

© Cercle généalogique et historique d’Aubière – (Pierre Bourcheix)





mardi 24 avril 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 6


1790-1842

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Épisode 6
Février 1791

Février 1791
[Page 9]

Prix des denrées : vin nouveau vendu 3 £ 10s-12s ; pamoule venu 19 £ ; bled trémois (1) acheté 27 £

On a fait une jetté de 41 septiers. On avait fait compter les gerbes pour savoir ce qu’elles rendraient. Ces 41 septiers sont provenus de 4140 gerbes ou de 69 paillades (2) de soixante gerbes chacune. Les autres gerbes ont fait à peu près le septier.

On a donné à arracher à prix fait et à exploiter un noyer de la garenne que le vent avait fendu moyennant 50 £ dix sols. Ils y ont employé environ dix journées.

On a fait vers un angle du pré Rougier, que l’inondation avait endommagé, un mur en pierres sèches le long du ruisseau ; et on abat le terrain pour y planter une saulée qui se joindra avec et fera encore suite avec celle qui touche le rutoir (3). On a employé pour ce mur les grosses pierres sorties de la vigne dont la fouille a été faite l’année dernière. Il y a eu 19 journées de maçons à 20 s.
On a planté de petits vergnes derrière le mur, et on a fait couper à la hauteur des plançons (4) tous les joncs qui sont le long du ruisseau.
On a fait des rases de la profondeur de l’eau pour planter les saules. On a porté au pied de chacun du terrain le meilleur. On en a planté en tout … [en blanc]

On a semé dans la partie du grand champ voisin, au-dessous des vignes, la quantité d’un quarton et demi de rachelas (5) ou froment marsin. Ce grain se sème fort clair ; on n’a point semé à raies.

"On avait, pour battre ou pour vanner cette jetté, une cinquantaine de journées."

On a fait la dernière jetté de la grange, qui a été de 34 septiers une quarte. On avait, pour battre ou pour vanner cette jetté, une cinquantaine de journées.
Le bled des terres se monte en seigle à 130 septiers ; celui de la dixme à 40, en tout : 170, qu’il y a dans le grainier, parce que celui que l’on a reçu d’ailleurs équivaut à peu près à celui que l’on a consommé en semailles ou autrement. Le bled a rendu cette année entre le grain six et le grain sept. Il y a aussi dans le grainier soit du dixme soit des terres 44 septiers de pamoule.

J’ai obtenu au district l’ordonnance pour la liquidation des dixmes (voy. le mémoire que j’ai présenté). Les experts nommés sont Mrs Besse et Ducrohet. Mr Parouty, fermier de la directe, ayant fait assigner quelques particuliers, attendu qu’on ne se présentait point pour payer les uns, ils se sont présentés à Clermont, au bureau de conciliation, et ont demandé à voir les titres. Ils ont été portés au bureau et visités par Mr Perrin leur féodiste, en présence de beaucoup de gens d’Aubière. Ils ne se sont pas contentés de cette 1ère inspection, ils ont fait faire par Mr Perrin un relevé général de tous les terriers, pour apparemment les [… ?] et les comparer. Je ne me suis prêté à cette dernière opération qu’à condition qu’ils me donneraient une copie de ce travail qui nous sera nécessaire si l’on refait le terrier.

J’ai fait bêcher à fond les deux grands quarreaux du parterre. On laissera autour de chacun une plate bande pour y mettre des fleurs, et le milieu se mettra en jardinage. J’y ai fait planter environ cinq cents renoncules.

On a semé dans le grand champ voisin, dans la partie qui a été bêchée, trois septiers de fèves noires. Le terrain bêché n’étant pas entièrement employé, on met le surplus en pois verts.

Une des bourretes de Mr Desaunats ayant prix beaucoup de pous, on lui avait appliqué de l’onguent gris. Cet onguent ayant fait un assez mauvais effet, j’ai prié Mr Desaunats de la faire venir à St Genès. Depuis huit jours qu’elle y est, elle s’y est refaite. Il a envoyé chercher les cinq autres pour les mettre au fourrage. J’ai écrit à Mr Teillard pour lui conseiller d’en faire autant des siennes.
On a vendu la vache noire que l’on engraissait depuis quelques temps 18 pistoles (6) à un boucher de Clermont. Il a donné cinquante écus (7) en assignats.

On a semé dans le haut du champ voisin où l’on a mis les fumiers qui étaient entassés dans la cour la quantité de trois septiers une quarte pamoule.

Notre portion de la mayère du pré Rougier a fait … [en blanc] milliers d’échalas.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Trémois : blé de printemps.
(2) - Paillade : alignement de gerbes à battre.
(3) - Rutoir : routoir ou rouissoir.
(4) - Plançon : bouture.
(5) - Rachelas : sorte de petit froment de printemps ou marsin.
(6) -  Pistole : en France, monnaie de compte qui valait 10 livres tournois (ou dix francs).
(7) – Ecu : monnaie d’or ou d’argent, un écu valait 5 francs, mais sans doute beaucoup moins en assignat, monnaie de papier…



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