La chaux est utilisée depuis fort
longtemps. Les monuments romains en sont un exemple et, probablement, elle
s’est retrouvée en Auvergne au moment de la conquête romaine.
Les anciennes maisons d’Aubière,
étaient bâties avec des moellons, souvent d’origine volcanique, liés entre eux
par un mélange de chaux et de sable, ce que l’on retrouve sous le crépissage
des bâtiments actuels.
La chaux est obtenue par la
calcination du calcaire Ca CO 3 qui produit du gaz carbonique et de la chaux
vive, Ca CO 3àCa O + C O². Pour être utilisable, cette dernière
doit être « éteinte » par hydratation et on obtient Ca (O H)2.
Mélangée à du sable, elle constitue un mortier qui augmente de volume en se
solidifiant, et assure un lien très solide entre les moellons.
Même si ce matériau est utilisé,
depuis longtemps à Aubière, on ne trouve pas de traces très anciennes de cette
technique de fabrication ni de trace de four ou de carrière de calcaire.
Cependant, dans certains actes notariés apparaissent des
« chaufourniers », spécialistes de cette fabrication, comme Martin
Tisserange, répertorié en 1773 et 1775.
Four à chaux à Romagnat chez Rouchon |
D’après Lucien GACHON, il est probable qu’à cette époque,
lorsqu‘on avait besoin de chaux, nos ancêtres entassaient du calcaire et du
bois et la produisaient à la demande, mais ils n’éprouvaient pas le besoin de
bâtir un four permanent.
Il y a suffisamment de calcaire à Aubière pour que ces
carrières provisoires n’aient laissé aucune trace.
On pourrait pourtant penser qu’à Aubière il puisse y avoir
un lien entre les carrières de calcaire et les cavités qui ont été creusées
pour la construction des caves, mais une étude systématique de 400 actes
notariés portant sur l’achat et le creusement de caves, s ‘échelonnant de
1656 à 1850, ne permet pas d’établir un lien entre les deux. On sait que le
propriétaire d’une cave n’était pas toujours celui du terrain en surface, et
très souvent, il était stipulé que les déblais évacués devaient être répandus
sur la surface de la parcelle. Il n’est nulle part question d’anciennes carrières
ou de l’utilisation de ces matériaux.
Les coteaux de la Limagne sont souvent constitués de marnes forte
teneur en calcaire, protégées de l’érosion par une couche de lave ou de débris
volcaniques, permettant l’extraction facile de ces pierres.
Dans les communes voisines, il en était de même, sauf à
Romagnat où des traces de ces anciens fours ont été repérées. Toutefois les
lieux-dits ont souvent gardé le souvenir de cette exploitation. Comment
expliquer autrement le nom de ‘Lachaux’, donné au faubourg de Clermont,
dominant Aubière, où l’on trouve une rue ‘du creux de Lachaux’. Vers le
quartier Saint-Eutrope, il existe une rue ’des chaufours’ ; il en est
ainsi un peu partout sur les coteaux de la Limagne. On trouve des mentions similaires
dans les communes environnantes.
Le XIXème siècle a été une ère de prospérité sans
précédent pour les vignerons de la région ; elle s’est accompagnée de
beaucoup de constructions nouvelles. Ce fut aussi une période
d’industrialisation et les artisans chaufourniers éprouvèrent le besoin
d’installer des fabriques de chaux permanentes, à côté des gisements de
calcaire. C’est ainsi que l’on a vu, dans tous ces villages la construction de
fours plus élaborés et plus fonctionnels, avec une entrée par le haut, appelée gueulard,
où l’on introduisait le calcaire et le charbon, et une ouverture vers le bas,
servant de système d’aération, en fournissant l’oxygène nécessaire à la
combustion. La chaux vive ainsi produite se récoltait à la base du four et était
hydratée pour obtenir la chaux éteinte et livrée à la clientèle.
Ces installations eurent lieu d’abord à Cournon, Romagnat,
La Roche- Blanche. C’est ainsi qu’en 1852, lorsqu’on envisagea de rebâtir l’église
d’Aubière, le cahier des charges stipule : ‘les moellons employés pour la maçonnerie des murs seront des matériaux
en provenance de la démolition de l’ancienne église ou des bâtiments
particuliers acquis par la Commune pour cet agrandissement, et la chaux sera prise
à Cournon et devra être de bonne qualité ; le sable ne sera pas mélangé de
terre’.
La Roche Blanche, Cournon et surtout Romagnat bâtirent des
fours industriels dès le second Empire. Ils contribuèrent à la prospérité de
ces villages. Des sociétés se formèrent : Cournol et Lèbre à
Romagnat ; Sabatier, Mme Rigaud-Bonsans à La Roche Blanche. Aubière ne
devait pas tarder à suivre cet exemple. Il ne faut pas oublier qu’au XIXème
siècle, avant 1873, notre Commune englobait Pérignat-lès-Sarliève ; et
c’est ici que tout a commencé. Le 22 mai 1846, le notaire, Me
Foulhouze, établit un bail à ferme entre Mr Antoine Fleury, propriétaire au
Petit-Pérignat, qui délaisse à François Raymond et Ligière Cristal, sa femme, -le
dit Raymond, de l’état de chaufournier- habitant le même lieu. Mr Fleury leur
donne le droit d’extraire de la pierre calcaire dans sa vigne, à la Croix-Saint-Michel, et d’y faire
construire un seul four à chaux.
A cette occasion, on s’aperçoit que ce four ne fut pas le
premier construit puisque « M. Fleury
jouit actuellement de deux fours à chaux, appartenant aux héritiers de Mr de
Pérignat et situés à peu de distance de la dite vigne ».
Le 15 mai 1847, le maire d’Aubière, Mr Noëllet, reçoit
l’autorisation par la Préfecture du Puy-de-Dôme d’édifier un four à chaux au
même lieu-dit La Croix-Saint-Michel,
au bord de la Route Royale N°9, après une enquête de commodo et incommodo, auprès des habitants de la Commune.
Puis plus rien jusqu’au 16 décembre 1853 où le Préfet du
Puy-de-Dôme, annonce au maire d’Aubière que le sieur Etienne Brun, habitant à
Romagnat, a demandé l’autorisation d’établir un four à chaux au lieu de La
Croix-Saint-Michel, sur la route nationale n°9, entre les bornes kilométriques
n°6 et 7 de la Commune d’Aubière, et Mr le Préfet demande au préalable de son
autorisation, une enquête commodo et
incommodo auprès de la population locale.
Le 28 mai 1854, le Préfet donne son autorisation, à la suite
de l’enquête et elle définit les conditions d’exploitation.
J’ai aussi en ma possession un document de 1848, demandant à
un maire (d’Aubière ou d’ailleurs) de dresser un procès-verbal parce que l’on
avait trouvé un inconnu asphyxié dans un four à chaux et d’essayer de
comprendre s’il s’agit d’une imprudence ou d’un suicide.
En ce qui concerne la ville d’Aubière, une demande
adressée au maire d’Aubière d’autorisation de construire un four à chaux à Malmouche, par Mr Joseph Richard,
fabricant de chaux, demeurant à La
Pradelle, commune de Clermont, est datée du 5 janvier 1911.
Après quelques années de prospérité l’industrie de la chaux
fut fortement concurrencée par les cimenteries et disparut petit à petit. Les
fours d’abord achetés par la société Charles Boulard, puis par la Société des
Ciments Vicat. Les fours s’éteignirent peu à peu.
En ce qui concerne le four d’Aubière, tous les Aubiérois se
souviennent de l’avoir vu fonctionner jusque vers 1970, puis il fut laissé à
l’abandon, et, avant la construction du quartier de Malmouche, les passants, sur la route nationale 9, ont pu voir, sur
la colline, la coupe d’un four à chaux. Malheureusement, je ne possède aucune photographie de ces
vestiges.
Références : Bulletin de l’Association du Site de
Gergovie, n°29 - ‘’Les ressources du sous-sol’’, ‘’Les fours à chaux’’ - pages
71 à 83.
- Romagnat au fil du temps : ‘’Les fours à chaux’’
pages 263 à 268.
- Archives communales d'Aubière.
© Cercle généalogique et historique d’Aubière (Marie-José Chapeau)
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