Actualités


mercredi 30 mai 2012

Filiation Turgon - Deffarges [2/2]



Les Goubelin

La personne décédée le 13 octobre 1661, dite « …femme de… maréchal », n’est pas la femme d’Antoine Goubelin. Nous verrons plus loin la raison.

Claude Goubelin est maître maréchal et hoste du logis Saint-Anthoine, cotisé en 1610, au quartier de la Vacherie à Montferrand.
Sa femme est Anne Rognat (Rougnat ou Rouyat). Il lui fait une vente testamentaire le 31 mai 1610, dans laquelle est décrit son matériel professionnel. Il ne mourra pas à cette date-là.
Nous connaissons ses enfants :
- Bernard (ou Benoît) époux d’Anthonia Villevaud (Me Aubény – 19/02/1613) ;
- Marie, épouse d’Anthoine Blanzat, maréchal ;
- Antoine, époux de Louise Eymery, fille de Jehan et Marquize Laurens.

[Un arrangement (du 11/09/1627 – 5 E 37 1134 - compromis entre Anna Rouya et Louise Eymery, mère de feu Antoine Goubelin, Benoît Goubelin pour Anna Rouya sa mère) et une transaction (du 06/10/1627), portant partage des biens d’Antoine Goubelin, maréchal, fixent approximativement la date de décès d’Antoine.]

Chez Claude Goubelin, il y a deux serviteurs, dont une chambrière, Benoite Curabot, originaire d’Auzon (Haute-Loire).

Bernard Goubelin vient s’installer à Aubière. En effet, le 20 juin 1640 (Aubény - 5 E 44 56), Blaise Ceaulme épouse Marie Goubelin, fille à Bernard, habitant d’Aubière, et d’Anthonia Villevaud.
En octobre 1642, vente de Hugues Dumolin de Clermont à Bernard Goubelin maréchal, habitant d’Aubière, mari d’Anthonia Villevaud.
Bernard Goubelin a également deux fils, Anthoine et François ; c’est le testament de Marie Goubelin qui nous l’apprend : testament du 01/09/1652 (Dégironde 5 E 0 3341). Ses héritiers particuliers sont :
- Anthoine et François Goubelin, ses frères ;
- Agnès Ceaulme, fille à Jacques, pour les bons et agréables services qu’elle lui a rendu ;
- Marie Vedel, fille à Chatard.

Son héritier universel est Blaise Ceaume, son mari. Elle a requis à témoins : Anthoine Roussel, Amable Falateuf, François Terrioux, Jean Broly l’aîné, Jean Bousset et Marin Mazel d’Aubière, et François Fournoy d’Orcival, demeurant en service à Aubière.

Anthoine Blanzat et Marie Goubelin ont un fils, Louis, qui épouse, le 15 septembre 1658 (Aubény – 5 E 44 74), Jeanne Mallet, fille à Michel et Anne Jallud.

Le 1er mai 1650, le curé de Montferrand donne congé à Anthoine Goubelin et Anne Ribeyre pour épouser à Aubière, et, le 8 mai 1650 (Dégironde – 5 E 0 3339), Anthoine Goubelin, fils à deffunct Anthoine, natif de la ville de Montferrand, majeur de 25 ans, épouse Anne Ribeyre, fille à François et défunte Jehanne Vedel. Les témoins sont :
- Ligier Ribeyre, frère à la future ; Anthoine Goubelin, maître maréchal à Montferrand (que l’on retrouve dans un autre acte, chez Baptiste – 5 E 11 101 – subrogation consentie par Blaise Montel d’Aubière à Antoine Goubelin, maître maréchal à Montferrand) ; Michel Emery ; Etienne Pérol, maître pâtissier à Montferrand ; François Morel ; Chatard Vedel ; Michel Deperes ; Antoine Chastanier ; Antoine Beaufort ; Antoine Terringaud ; Léonard Deffarges et François Pérol. Deux signatures : Perol – Emery.

Anne Ribeyre décède peu après. Et le 17 décembre 1654 (Dégironde – 5 E 0 3343), Anthoine Goubelin, maréchal et hoste, pour luy et Gilbert Mallet pour Marye Mallet sa sœur, fille de feu Guillaume et Magdelaine Jallat. Témoins : Anthoine Mallet, fils à défunt Michel, Jean Mallet, Anthoine Jallut, Michel Bourchier, fils à défunt Martin, Anthoine Théringaud et Chatard Vedel.
Dans le contrat inventaire des biens de François Ribeyre « et le dit Goubelin, le 1er juin 1650, a apporté à la dite communauté l’arche fermant à clefs garnie du linge, robe et autres choses… »

[Petite parenthèse sur les Eymery (beaux-parents de Antoine Goubelin), outre Louise, il y a deux filles : Etienne (épouse d’Antoine Argellet) et Jehanne (épouse d’André Frezet) ; et quatre garçons : Antoine (qui deviendra chanoine), Jacques (parrain en juillet 1624 de sa nièce, Anthoinette Goubelin, fille d’Antoine et Louise Eymery ; la marraine est la tante côté paternel, Anthoinette Villevaud), Michel (témoin au mariage de son neveu, Antoine Goubelin) et Jehan.]

La personne décédée le 13 octobre 1661 n’est pas la femme d’Antoine Goubelin, parce qu’il est décédé avant elle. En effet :
Le 26 août 1668 (Me Dégironde), Antoine Burande, maréchal originaire de Colamine, paroisse de Vaudable, épouse Marie Mallet, veuve d’Antoine Goubelin.

Baptême de Michel Malet du 18 juin 1671
(A.D. 63)

Antoine Goubelin, époux de Marie Chambon (x du 05/02/1686 à Aubière).
Deux minces indices, les témoins : Gaspard Deffarges, procureur, et Michel Cohendy, laboureur. Mon intime conviction est qu’il est le fils d’Antoine et de Marie Mallet. Ceci expliquerait la présence de Michel Cohendy, mais pas celle de Gaspard Deffarges, que je ne peux expliquer…
Michel Cohendy, fils à André, a épousé, le 21 janvier 1666, Madeleine Mallet, fille à Antoine et Françoise Gasne. Et le lien possible, c’est bien les Mallet.
Examinons le testament d’Antoine Mallet. Il requiert à témoins : Michel Mallet, Guillaume Mallet, Jean Recoleine, Antoine Jallut, Saturnin Bringauvat et Gilbert Jallut.
Michel Mallet, fils à Etienne, a épousé, le 20 février 1612, Anne Jallut, fille à François. Leur fille, Jeanne, épouse Louis Blanzat. Nous voilà dans le clan des Goubelin.
Guillaume Mallet peut fort bien être le frère de Michel, au regard de sa position dans la citation. Et que dire d’Antoine Mallet, fils à Michel, dont un des fils, Jean (un des témoins cités), épousera Jeanne Tourgon, fille à Antoine, maréchal.
Le 18 juin 1671, Michel Cohendy est parrain de Michel Mallet, fils à Gilbert, le beau-frère d’Antoine Goubelin ; et le 17 décembre 1686, le premier enfant (d’une paire de jumeaux) d’Antoine Goubelin est Michel, dont le parrain est… Michel Cohendy.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière, 2003 – Georges Fraisse.




mardi 29 mai 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 11


1790-1842

Toutes les semaines retrouvez ce document exceptionnel

Épisode 11
Juillet 1791

Juillet 1791
[Page 14]

Prix des denrées : Vin vendu 4£ 8s ; bled 20£-22£ ; froment 24£

1- On a commencé les moissons le mardi 5 de ce mois. On a coupé ce jour-là et les suivants le bled de la grande terre. Il n’était pas excellent ; la partie haute était la meilleure principalement où était le vessat l’année dernière. La partie où avait séjourné l’eau était fort mauvaise. Dans toute la grande terre, il y a eu 14 pignons et un dans les deux lites (1) à côté.

"...les gerbes y étaient excellentes..."

2- Le 15 on a coupé la pamoule du grand champ-voisin et le bled du petit. La pamoule était assez bonne ; il y en a eu cinq chars, et l’on a fait trois petits plongeons (2) dans le petit champ-voisin, mais les gerbes y étaient excellentes et le bled en sera beaucoup plus beau.

3- Le 25 on a coupé le marsin ou froment trémois qui était dans le haut du grand champ-voisin. Il était assez joli, un peu clair, mais les moineaux y ont fait du mal, et en auraient fait bien davantage si on ne l’avait pas fait garder par une petite fille, environ quinze jours avant de le couper. Il y en a eu un char.
Le même jour on a coupé l’avoine et maillé (3) les fèves où il y a presque rien. Il y a eu trois petits chars d’avoine.

4- On a charrié le 26 et le 27 tout le bled qui était en pignons. Le 27 au soir, il y a eu une grêle qui a fait assez de mal dans la partie du Cézot. Elle a beaucoup haché les pommes. C’est ce jour où on a fini de charrier. On a fait qu’une maillée (4) de bled dans la grange. La pamoule est sur le pota [?], l’avoine et le froment aux deux côtés près du sol.

5- On a perçu à Noyers la dixme en nature. J’en ai fait mettre les gerbes à part, sur le sol de l’ancienne grange des dixmes. On a fait six tours de pamoule ou seigle et un tour de vessat avec la charrette.

6- La gelée du 15 juin ayant fait beaucoup de mal dans le domaine des Vergnes, on a fait remise au métayer de la dixme, pour cette année seulement.

7- J’ai acheté par adjudication la maison de la barrière du Toureau (5). J’ai compensé avec la municipalité de Clermont les arrérages que la ville nous devait ainsi qu’à ma grand-mère, en outre trois anciennes années qui n’avaient pas été payées, total : 1202 £ pour aller à 3175 £, prix de l’adjudication. J’ai donné le surplus en assignats.

8- On a pris un valet de plus conjointement avec Joseph. Il est de Gerzat ; le métayer des Vergnes en a rendu témoignage. Il gagne trois louis et se nomme Bonnet Souier [?].

9- On a vendu à un nommé Tapon le surplus du vin qui nous reste moyennant 4£ 4s le pot, en argent. Il a donné cinquante louis, prix que doit monter le vin. Il doit être délivré au mois d’aoust. Nous réservons quatre pièces pour l’usage de la maison. Le vin a été retiré.

10- On a affermé au maitre le chanvre du fossé 20 £. Il doit cueillir à la fois mâle et femelle.

11- On a semé des raves dans la partie basse de la grande terre du côté du mur.

12- Deux poiriers du pré Rougier ont été affermés 16 £.

13- Le 29 on a donné une saison (6) à la vigne et au plantier. La terre était humide.

14- On a affermé les noix moyennant vingt quintaux mesure du poids du Roi, douze pains de noix, une émine de noix à choisir. Les fermiers sont Paul Jalut pour deux lots, Etienne Ebely pour autant, Jean Beneix Langot, François Bayle le Rouge, Jean Dégironde panissasse, Martin Gioux braguette, André Durand, Michel Bourcheix fils à Michel. Ils ne doivent abattre aucun bois mort ni vif ; ils avertiront quand on fera l’huile, et il ne se mesurera que vingt quatre heures après avoir été fait.

15- On a fait tourner le bled dans le grainier. Il y en a environ 50 septiers. Il faut avoir ce soin environ tous les mois pendant l’été.(7)


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Lite : billon ou ados, bande de terre ménagée pour faciliter l’écoulement des eaux dans les zones humides.
(2) - Plongeon : meule ou gerbier.
(3) - Maillé : de mailler, couvrir d’engrais ou mettre en meule.
(4) - Maillée : meule de gerbes.
(5) - Barrière du Toureau : lieu-dit de Clermont-Ferrand.
(6) - Saison : donner une saison, aérer la terre à l’aide d’un fessou (fossoir, houe à lame plate).
(7) - Dans les années 1960, et auparavant a fortiori, mon père pratiquait encore cela. Dans la grange, le blé était déplacé d'un coin à un autre régulièrement pour éviter que l'humidité ne le fasse germer. Mon père conservait du grain chez lui pour deux ou trois raisons : payer ses fermes en nature, nourrir les animaux de la basse-cour, et payer son pain chez le boulanger. Cette dernière raison peut surprendre aujourd'hui, mais elle était fréquente autrefois. Chaque année, après les moissons, mon père livrait un ou plusieurs sacs de blé chez le boulanger, le jour où le minotier apportait la farine. Ce dernier repartait avec le blé. La quantité de blé livré correspondait à la consommation annuelle de pain de la famille. Et lorsqu'on allait chercher du pain chez le boulanger, le pain était pesé et le poids était inscrit sur un carnet. Il n'y avait donc pas de paiement en espèces.



En savoir plus sur le Journal économique de J-B. André > Retour à l’épisode 1


vendredi 25 mai 2012

Filiation Turgon - Deffarges [1/2]



Il s’agit d’établir la filiation du couple Gilbert Turgon x Charlotte Deffarges, marié le 8 février 1678 en l’église d’Aubière. Nous n’avons pas connaissance d’un contrat de mariage. Par contre, comme nous allons le voir, nous avons tous les éléments pour assurer leur ascendance.

Mariage Turgon-Deffarges du 8 février 1678
(BMS Aubière - A.D. 63)

Charlotte DEFFARGES :
Examinons d’abord l’acte des BMS d’Aubière du 8 février 1678. Les témoins sont Gilbert Deffarges, procureur, et Guillaume Chatanier. Le second témoin, chirurgien de son état, est habitant de Clermont. Nous le connaissons bien. Sa présence à ce mariage témoigne d’un niveau social correspondant à la petite bourgeoisie (artisans, petits commerces, notaires, procureurs…) ; son père était chirurgien, son grand-père procureur à la cour des aides et baillage de Montferrand.
Le premier témoin est par tradition un proche parent de l’un des mariés (père, oncle, frère) ; ici, c’est un proche de la mariée, puisqu’il porte le même nom.
Ce sont encore les BMS d’Aubière qui vont nous apporter des précisions : 12 août 1659, baptême de Françoise Charlotte Deffarges, fille de Gilbert et de Marie Mosnier ; parrain : noble François de Bard, écuyer ; marraine : demoiselle Charlotte Baurosier, fille à M. François. Le parrain est bien identifié, appartenant à une vieille famille de Chanonat : une de ses sœurs est alliée à la famille Gueyton, autre vieille famille originaire de Chanonat, dans laquelle se succèdent notaires et procureurs. On ne sort pas du même milieu…
Intéressons-nous au couple Gilbert Deffarges/Marie Mosnier. Leur mariage religieux ne nous est pas connu pour l’instant, par contre leur contrat de mariage a été établi chez Me Michel Rasfard, notaire à Cournon (dont un des fils, Jean Gabriel, a été confié en apprentissage chez Jean Chatanier, le père de Guillaume… Le monde est petit), ainsi que le confirme le répertoire de cette famille de notaire, en date du 25 décembre 1656. Malheureusement, à la cote 5 E 0437 des AD63 correspondant à cette année, on ne peut que constater la disparition du document. Les BMS d’Aubière nous livrent l’existence de deux autres enfants du couple :
- 7 août 1662 : baptême de Françoise Deffarges, fille de Gilbert et Marie Mosnier ; parrain : Charles Aubeny, tailleur, habitant de Clermont ; marraine : Françoise Deffarges, femme de Jacques Gioux. Charles Aubeny est fils de Guillaume Aubeny, notaire à Aubière ; Jacques Gioux est un Gioux « Braguette », traditionnellement tailleurs d’habits… les fréquentations sont sans surprises.
- 1er janvier 1664 : baptême de Gaspard Deffarges, fils de Gilbert, procureur du lieu d’Aubière, et de Marie Mosnier.

Les BMS nous ont donné les noms de trois enfants du couple Deffarges/Mosnier, encore vivants en 1675. Nous ne connaissons pas la date du décès de Marie Mosnier, postérieure à 1664 (lacunes des BMS).
Le 27 décembre 1675, honnête femme Anne Gayte, épouse de Gilbert Deffarges (vraisemblablement d’un quatrième mariage) teste chez maître Savoreux, notaire à Clermont (AD63 – 5 E 59 160) et nomme pour héritiers : Gaspard, Charlotte et Françoise Deffarges, enfants audit Gilberte Deffarges.
Charlotte épouse Gilbert Turgon. Françoise épouse à Aubière Blaise Bourdier (BMS du 30 janvier 1685 et contrat du 8 janvier 1685 passé à Clermont chez Savoreux – AD63 - 5 E 59 171).
Gaspard épouse Marie Besse, puis Charlotte Chabert, fille d’Etienne, notaire à Ceyrat et de Jacquette Gioux… pas de surprise.
De ces mariages naissent des enfants, et un chassé-croisé des parrains et marraines qui ne fait que confirmer ce que nous avons établi précédemment :
- 12 octobre 1681 : baptême de Françoise Turgon fille à Gilbert et Charlotte Deffarges ; parrain : Antoine Turgon ; marraine : Françoise Deffarges.
- 16 janvier 1688 : baptême de Gilberte Turgon fille de Gilbert et Charlotte Deffarges ; parrain : Gaspard Deffarges ; marraine : Gilberte Turgon femme à Antoine Fineyre.
- 29 décembre 1688 : baptême de Charlotte Deffarges, fille de Gaspard et Charlotte Chabert ; parrain : Etienne Chabert, notaire de Ceyrat ; marraine : Charlotte Deffarges femme à Gilbert Turgon.
- 20 octobre 1690 : baptême d’Antoine Turgon fils de Gilbert et Charlotte Deffarges ; parrain : Antoine Fineyre ; marraine : Charlotte Chabert femme à Gaspard Deffarges.

Gilbert TURGON :
Citons quelques actes faisant mention de l’époux de Charlotte Deffarges.
- 9 octobre 1680, chez Coustet, notaire à Romagnat (AD63 – 5 E 44 521) : traité entre Gilbert, Giraud et Antoine Turgon frères ; il est question d’une maison au quartier de la Razette, que le père se réserve.
- 14 janvier 1692, chez Thiollier, notaire à Aubière (AD63 – 5 E 44 446) : partage entre Antoine, maréchal, Giraud, habitant de Montferrand, et Gilbert Turgon.
- 25 juillet 1694, chez Coustet, notaire à Romagnat (AD63 – 5 E 44 528) : Gilbert Turgon, laboureur d’Aubière, mari de Charlotte Deffarges, fait son testament. Il nomme pour tuteurs de ses enfants : Giraud Turgon son frère, et Blaise Bourdier son beau-frère.

Nous savons maintenant que Gilbert Turgon a deux frères vivants dans les années 1680-90 (Giraud et Antoine), mais cela ne nous a guère renseigné sur l’identité de leurs parents. Par bonheur, nous possédons le contrat de mariage d’Antoine Turgon du 1er janvier 1679 chez Rasfard, notaire à Cournon, contrat de mariage entre Antoine Turgon, fils d’Antoine et de feue Catherine Aubeny, et Catherine Cohendy, fille de feu Etienne et de Louise Morel ; témoins : messire Antoine Marge, curé de Pérignat, Jean Trallat, Ypolite Guittard, Jean Jargat, Andieu Boudemeuf, Claude Mosnier, Antoine Dessaut de Pérignat, Michel Cohendy, Antoine Mallet, maître Antoine Dutemple, Gilbert Turgon, Blaize Morel, Michel Aubeny habitants d’Aubière, et, selon la formule consacrée, « tous parents et amis des époux ».
Reste le doute sur l’identité de la mère de Gilbert.
Le mariage de Gilbert est « encadré » par celui d’Antoine (1679) et celui d’un frère plus âgé, Amable, en 1665 (contrat chez Dégironde, AD63 – 5 E 0 3354) : le 20 janvier 1665, contrat de mariage entre Amable Turgon, fils d’Antoine, maréchal, et Catherine Aubeny, avec Louise Chatanier, fille à Ligier et Marguerite Thévenon.
Les lacunes des BMS ne nous permettent pas de connaître avec certitude la date du décès de Catherine Aubeny.
Le curé Deliesse a relevé, le 14 octobre 1661, un décès de la veille 13 octobre, de : « … femme à … maréchal ». Mais c’est bien Catherine Aubeny qui est marraine de Catherine, fille de Giraud Turgon et de Suzanne Deperes, le 28 mars 1671.
Le décès du 13 octobre 1661 est peut-être celui de la femme d’Antoine Goubelin, également maréchal. Le décès de Catherine Aubeny est donc à placer dans une des lacunes des BMS : 1672 ou 1677.
Antoine Turgon a donc eu pour épouse jusqu’en 1672, Catherine Aubeny. La mère de Gilbert Turgon est donc assurément Catherine Aubeny.

A noter que l'on trouve indifféremment ce patronyme sous les formes Turgon ou Tourgon.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière, 2003 – Georges Fraisse.



jeudi 24 mai 2012

Carnet de rôles des consuls (1720-1721)_02



Ce carnet de rôles d’un consul aubiérois est issu d’archives privées. Il est en assez bon état malgré quelques pages manquantes ou déchirées.
En 1720, on pouvait déjà payer ses impôts en plusieurs fois. C’était en fonction des moyens de chacun.
Rappelons que les consuls, élus par l’ensemble de la population (chefs de foyer), devaient recouvrer la totalité de l’impôt, sous peine de payer la différence avec leurs propres deniers.
Les 4 consuls en 1720 étaient : François Aubeny, Michel Bourcheix, Blaise Bourdier et Chatard Chaussidon. On ignore l’identité de l’auteur de ce carnet.

Carnet de rôles des consuls (1720-1721) - page 15
(Archives privées)
 
Page 15

François Faure                        quarante sols
Crues                                      huit sols quatre deniers
Capitation                                treize sols
payé dix sols le 19 février 1720
payé saize sols le 7 octobre 1720
payé trante cinq sols le 27 janvier 1721


Guilhaume Aurigne                  quatre livres
Crues                                      douze sols six deniers
Capitation                                dix neuf sols six deniers
payé trois livres le quinzième aoust 1720
payé quarante sols le 29 janvier 1721
payé douze sols le même jour


Renet Lence                           douze livres seize sols
Crues                                      cinquante trois sols
Capitation                                quatre livres trois sols
payé quarante sols le 26 février 1720
payé cinquante quatre sols le 21 may 1720
payé cinq livres le 12 aoust 1720
payé six livres le 20 novembre 1720
payé trois livres et neuf sols le 17 mars 1721


François Pessant                    quatorze sols
Crues                                     trois sols
Capitation                               quatre sols six deniers
payé vingt un sols six deniers de main de Blaize Decors
le 11 may 1721


La veuve de François Pessant jeune      six sols
Crues                                      deux sols
Capitation                                trois sols trois deniers


Jacquette Finaire veuve de Jacques Gioux et Ligier Gioux son fils            huit livres six sols
Crues                                      trante trois sols six deniers
Capitation                                cinquante trois sols
payé trante sols le quatorze avril 1720
payé quarante sols le 17 janvier 1721
payé six livres le 28 avril 1721
payé quarante sols le 11 may 1721
payé veux deux sols six deniers le 12 aoust 1721


Vers Page 1   <>   Page 3


mardi 22 mai 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 10


1790-1842

Toutes les semaines retrouvez ce document exceptionnel

Épisode 10
Juin 1791

Juin 1791
[Page 13]

Pris des denrées : bled vendu 18£ 10s ; vin vendu 3£ 18s en argent

1- On a commencé à faucher le 7 de ce mois le foin de la garenne. On l’avait donné à prix fait, moyennant 14 £ deux quartes de vin une fois données et le petit vin. Ils étaient cinq faucheurs et ont mis 15 journées. Il s’en est fermé les deux thiers environ le samedi 11 bien préparé. Le surplus a été un peu mouillé et s’est fermé le vendredi d’après. Le mardi 14, on a fait faucher le petit pré Rougier à prix fait moyennant 3 £. La garenne a fait seize chars de foin. Il a été fermé dans la ci-devant grange du […] après l’avoir faite bien nettoyer. On a mis de la paille dessous pour éviter l’humidité. Le reste du regain mêlé qui s’y trouvait a été bottelé et mis dans la fenière des bœufs qui avait été bien nettoyée.

"On a acheté une paire de bœufs"

2- On a acheté à la foire de St-Amable (1) une paire de bœufs. Ils coûtent seize louis et huit francs. On n’a donné qu’un seul assignat de 50 £. Ils sont assez bien pris et tirent bien. On avait emprunté les bœufs de Noyer pour les foins.

3- Le 14 de ce mois, il a gelé la nuit. Les pommes de terre du pré Rougier en ont été grillées. Le jardin n’a cependant pas de mal, ce qui fait présumer que le reste n’en aura pas non plus. Quelques vignes en ont eu assez.

4- On a ressuivi les arbres de la garenne et désempierré le pré. Il paraît bien y avoir des chenilles aux pommiers. On en a prévenu les fermiers des pommes. Ils ont dit que dans cette saison, elles avaient perdu leur force et qu’on ferait plus de mal que de bien.

5- On a donné le prix fait des bleds moyennant 55 £ argent quatre pots de vin et quarante pots de petit vin. Les prix-faitiers, au nombre de six, sont le fils d’André, le fils de la guerre, deux golos, Bony jeune et Frecaud.

6- On a continué d’émandroner la verge (2) de temps en temps. On a relevé la vigne.

7- J’ai fait faire à neuf la tonne du jardin, partie en sapin, partie en échalas, et je la ferai mettre en couleur.

8- On a fait refoncer les pièces qui avaient été défoncées et on les a remis dans le cuvage ; on a aussi sorti les foudres de la cave pour les faire défoncer.

9- On a fait marché pour la réparation de la grange des Vergnes avec Dupisci. Il y en a eu pour 16 £ et la main-d’œuvre a été donnée à prix fait moyennant 34 £. Il y a … [en blanc] toises de mur à faire.

10- On a reçu le remboursement de la charge de la cour des Aides. Il a monté avec compris les intérêts depuis le 4 mars à 24.933 £, que l’on a reçu en assignats. On a remboursé dix mille francs à Mr de Lempdes, et 342 £ de […] non compris 72 £ qu’il en a coûté pour la quittance.

11- On a mis dans le gour (3) le chanvre provenant de la dixme de l’année dernière. On l’en a sorti, fait sécher, et mis au grainier.

12- Les maçons ont passé sur tous les toits, tant ici qu’à Noyers (4).

13- Le four de la halle n’allant plus, on a suspendu jusqu’aux moissons le payement du bail, et l’on verra à cette époque le parti à prendre.

14- On a fait faire pour les chevaux une charrue par le charon, des colliers et des harnais pour le labourage.

15- On a fini la taverne à Clermont ; on y a vendu … [en blanc] pièces de vin vieux, y compris … [en blanc] pièces de vin gris. Il en reste une pour l’usage de la maison.

16- Les maçons ont fini de crépir le devant de la grange du bois.

17- On a remboursé 4 mille francs en assignats à Mesdames Domat.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Saint-Amable : fêté en Auvergne le 11 juin. La foire devait avoir lieu à cette date-là.
(2) – Verge : propre à la Basse-Auvergne, brin d’osier pour lier la vigne. Émandroner : ébourgeonner.
(3) - Gour : trou d’eau.
(4) – Ici et à Noyers : se rappeler que Jean-Baptiste André désigne les domaines dont il parle dans ce journal par « ici » pour Aubière, « Noyer(s) » pour le domaine d’Aulnat, et « Vergnes » pour le domaine de Montferrand.



En savoir plus sur le Journal économique de J-B. André > Retour à l’épisode 1
 
Suivez l'histoire et la généalogie d'Aubière sur :  http://www.chroniquesaubieroises.fr/
 

lundi 21 mai 2012

Patronymes aubiérois – 1507-1509


Noms de famille et Onomastique

A partir des textes dont nous disposons, issus des Archives nationales, départementales ou communales, nous allons vous présenter les noms de famille des Aubiérois qui y sont cités, entre 1358 et 1770 environ.
Nous abordons succinctement l’onomastique, science des noms propres, afin de vous éclairer sur certains patronymes ou matronymes de vos familles aubiéroises.

1507

Grâce aux terriers anciens, tel que le terrier latin de 1460 ou celui de Cousserand, réalisé entre 1507 et 1528, nous découvrons l’existence de personnages aubiérois. En 1507, un seul patronyme est cité :

Dumoulin : Tout comme Moulin, il désigne le meunier. On trouve aussi Dumolin.


1509

Deux documents de 1509 nous donnent des patronymes aubiérois.
Le premier n’a pas de date précise mais le texte nous indique qu’il a été rédigé entre le 18 août 1508 et 8 juin 1509 (Les prés de Béaude, Archives communales de Clermont-Ferrand – FF.41). On peut retrouver de larges extraits ici.
Voici les patronymes cités :

Aubeny : comme Auby ou Oby, dérivé d’Aubin, forme populaire d’Albin, du latin Albinus dont la racine albus signifie blanc. On trouve aussi Obeni ou Obeny.
Bourgeois : désigne le citoyen des villes.
Cordier : nom de métier, fabricant de cordes.
Couty : représente Coutil, surnom probable de marchand.
Esclarzit : déformation d’Esclavy, qui est une variation d’escavi, échevin. On retrouve d’ailleurs plus tard ce patronyme sous la forme Esclavy ou Esclany.
Lafont : désigne une fontaine dans la moitié sud de la France.
Legay : variation régionale de le Gay, le Gai, Leguay. De Gay qui est une variation de Gai, de bonne humeur.
Merlin : ancien de nom de baptême, du nom du personnage des romans bretons : Merlin l’Enchanteur, qui est une altération de Myrddhin, prophète et sorcier gallois.
Mosnier : forme altérée de Monier. 1- nom de métier, forme ancienne de monnayeur. 2- forme dialectale de meunier.
Oby : ou Auby, de Aubin, qui vient d’Albinus, surnom romain, dérivé de l’adjectif albus, blanc. On trouve aussi Obi.
Pérol : nom de localité d’origine, Pérol (Cantal, Puy-de-Dôme).
Rancon : de Rançon.
Roddier : dérivé de rode, du latin rota, roue. Surnom d’un charron. On trouve aussi Roudier, Rodier ou Roudeix (voir la Place du Roudet).
Solier : de Soler, du latin solarium, étage exposé au soleil.
Thévenon : dérivé d’Etienne.


Le second document est une sentence du baillage de Montferrand rendue par Jehan Pradal, licencié en chacun droit, conseiller et avocat du Roi audit baillage, en l’absence du lieutenant général et particulier dudit siège. Elle est datée du 18 février 1509.

Résumé manuscrit du 18ème siècle
de la Sentence de 1509
(Archives communales d'Aubière)

Voici un extrait du résumé de la sentence :
« Entre Etienne Rancon et Pierre Desgironde auxquels se sont adjoints Jehan Bourrachier drevo, Pierre Juge, Durand Querelet, Antoine Morel, Michel Obby, Jacques Roddier, Jehan Redon, Jehan Moliner, Robert Bonnabri, Antoine Bonnabri, Simon Martin, Antoine Rodier, Pierre Macheniat, Jehan Luce, Antoine Dutour, Pierre Chatagnier, Gilbert Lance, Pierre Legay, Gilbert Bonnet, Jehan Parrot, Jehan Aureilhe, Etienne Taillandier le vieux, Jehan Desgironde Penchon, Michel Solier, Jehan Bourrachier, Antoine Feulhade et Etienne Taillandier, tous habitants du lieu d’Aubière
et dame Gabrielle d’Aubière, dame du lieu (1)… »

Ce texte manuscrit, d’une écriture du 18ème siècle, accompagne le texte de la sentence de 1509 (Archives communales d’Aubière). C’est la transcription résumée du document original.


Note :
(1) – Gabrielle d’Aubière : il s’agit de Gabrielle Dalmas, dame d’Aubière et de Peyrols, veuve depuis 1497 de Charles de Montmorin.


Voici les patronymes cités dans la sentence :

Aureilhe : Variation de Oreille, sobriquet d’un homme aux grandes oreilles.
Bonnabri : on trouve aussi Bonnabry ou Bonabric, bon abri, nom topographique.
Bonnet : représente le nom latin Bonitus, dérivé de bonus, popularisé par saint Bonnet, évêque de Clermont au VIIème siècle) ; ou bien le porteur d’une certaine sorte de coiffure.
Bourrachier : Voir 1496
Chatagnier : chastagnier, châtaignier, nom d’arbre caractéristique de la propriété. On trouve aussi Chatanier.
Desgironde : originaire de Gironde. L’accent sur le premier e s’imposera par la suite : Dégironde.
Dutour : l’homme du tour, le tourneur.
Feulhade : variation de feuillade, équivalent occitan de feuillée.
Juge : sobriquet plus qu’un nom de profession.
Lance : Sobriquet qui désignait le porteur de lance.
Legay : de Gay qui est une variation de Gai, de bonne humeur.
Macheniat : dérivé de mâcher.
Martin : nom de baptême.
Moliner : ou molinier, nom de métier, meunier.
Morel : dérivé de More ou Maure, sobriquet de celui qui est brun de peau comme un Maure.
Obby : ou Auby, de Aubin, qui vient d’Albinus, surnom romain, dérivé de l’adjectif albus, blanc. On trouve aussi Oby ou Obi.
Parrot : issu du terme préroman perr, bélier. Peut être aussi un nom de localité d’origine : village de Parrot, commune de Saint-Pardoux dans le Puy-de-Dôme.
Querelet : variation de l’occitan querela, sobriquet d’un homme peu sociable qui cherche querelle.
Rancon : de Rançon.
Redon : rond en occitan. Sobriquet d’un homme rond.
Roddier ou Rodier : dérivé de rode, du latin rota, roue. Surnom d’un charron. On trouve aussi Roudier.
Solier : de Soler, du latin solarium, étage exposé au soleil.
Taillandier : artisan qui fait toutes sortes d’outils tranchants. On le trouvera sous la forme Tailhandier.


© Cercle généalogique et historique d’Aubière


Pour consulter les autres listes, cliquez sur les dates ci-dessous :




Sentence du baillage de Montferrand_18-02-1509



Sentence du baillage de Montferrand (1509)
(Archives communales d'Aubière)
 
Transcription du document du 18ème siècle qui résume la sentence représentée ci-dessus :

« Sentence du baillage de Montferrand rendue par Jehan Pradal licencié en chacun droit, conseiller et avocat du Roi aud. baillage, en l’absence du lieutenant général et particulier dud. siège en datte du 18 février 1509.
Entre Etienne Rancon et Pierre Desgironde auxquels se sont adjoints Jehan Bourrachier drevo, Pierre Juge, Durand Querelet, Antoine Morel, Michel Obby, Jacques Roddier, Jehan Redon, Jehan Moliner, Robert Bonnabri, Antoine Bonnabri, Simon Martin, Antoine Rodier, Pierre Macheniat, Jehan Luce, Antoine Dutour, Pierre Chatagnier, Gilbert Lance, Pierre Legay, Gilbert Bonnet, Jehan Parrot, Jehan Aureilhe, Etienne Taillandier le vieux, Jehan Desgironde Penchon, Michel Solier, Jehan Bourrachier, Antoine Feulhade et Etienne Taillandier, tous habitants du lieu d’Aubière
et dame Gabrielle d’Aubière, dame du lieu (1), qui en prononçant défaut contre elle faute de défendre, maintient les habitants précédament nommés dans le droit [en marge : d’empêcher les forains et non habitants du lieu d’Aubière] de faire paccager leurs bestiaux gros et menus dans les prés, terres, vignes et autres pachers communs (2) dud. lieu et justice d’Aubière, la condamne aux dépens sauf l’opposition dans huitaine, si non déchue.
Il paraît que lesd. Rancon et Desgironde avaient obtenu des lettres du roy qui faisaient défense à tous forains et étrangers de faire paturer leur bestiaux gros et menus dans les prés, terres, vignes et pachers communs situés dans la justice d’Aubière, sur lesquelles lad. dame d’Aubière, Jehan Chanonat et Etienne Parrot son domestique formèrent opposition.
Led. Chanonat, ne voulant plus suivre son opposition, reconnut soit pour lui soit pour son domestique le droit desd. habitants et de son consentement fut rendu une sentence qui le condamne aux dépens.
La dame d’Aubière, sentant par cet acquiesement une partie de ses forces perdues, laissa rendre contre elle la sentence cy-dessus rapportée. »

Ce texte manuscrit, d’une écriture du 18ème siècle, accompagne le texte de la sentence de 1509 (Archives communales d’Aubière). C’est la transcription résumée du document original.


Notes :
(1) – Gabrielle d’Aubière : il s’agit de Gabrielle Dalmas, dame d’Aubière et de Peyrols, veuve depuis 1497 de Charles de Montmorin.
(2) – Pacher : en basse-Auvergne, pacage, pâturage commun. On trouve aussi pascher, pachier.

© Cercle généalogique et historique d’Aubière




Réunion du 23 mai 2012

La prochaine réunion mensuelle du C.G.H.A. aura lieu le mercredi 23 mai 2012 à 15 heures au siège social, 6, rue du Petit-Verger.

vendredi 18 mai 2012

La propreté des rues



Les billets du docteur Kyslaw – 2

Kyslaw, prononcez « qui s’lave ». C’est le pseudonyme que se donnait le bon docteur Casati qui n’avait pas de cabinet médical à Aubière, mais qui était malgré tout soucieux de la santé de ses concitoyens aubiérois et aimait prodiguer des conseils par l’intermédiaire du Bulletin paroissial d’Aubière, dans les années 1908-1913.
Nous allons, au fil des mois prochains, vous distiller quelques-uns de ses billets.

Aujourd’hui, un ch’ti du Nord donne la leçon à l’Auvergnat…

Février 1909
Le Bulletin, qui est un aimable "pince sans rire", faisait dernièrement une discrète allusion à l’état peu réjouissant des rues de certaine petite ville que vous connaissez bien. Il citait le proverbe chinois "Si chacun nettoyait devant sa porte les rues seraient propres". À plus forte raison si chacun ne salissait pas devant sa porte... On se demande vraiment si chacun, non content de la saleté naturelle des rues, ne s’ingénie pas à les rendre encore plus hideuses et inaccessibles en y déversant les ordures les plus inimaginables. Ce ne sont pas des rues, ce sont des égouts, et il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre ce que cette extraordinaire façon de procéder est pernicieuse et malsaine pour la santé publique (odeurs pestilentielles, puits souillés, etc...) en même temps que néfaste pour le porte-monnaie des habitants, car le touriste et le promeneur, éléments de richesse, se détourne avec dédain.
Précisément voici l’hiver, avec « son manteau de vent, de froidure et de pluie » la boue est devenue reine. Pourquoi ne pas s’insurger contre sa crasseuse tyrannie ? Pacifique et bienfaisante révolution qu’un peu de bonne volonté commune suffirait à accomplir.
Dans le train qui m’emmène, et où j’écris hâtivement ces quelques réflexions, j’ai rencontré un ancien camarade habitant le Nord, et qui fuit les brouillards de son pays, pour les cieux plus aimables de la Côte d’azur. Je ne manquai pas de le railler sur les brumes de son pays et de lui opposer les attraits irrésistibles de ma belle Auvergne, qui, non contente d’être séduisante l’été, a l’ambition de devenir un centre de tourisme pour les sports d’hiver et les cures d’altitude.
Comme je lui vantais aussi la beauté de son ciel aux aspects si variés, la pureté de l’air et la rareté des brouillards : « Vous avez la mémoire des yeux, me dit-il, mais pas celle de l’odorat ». Interloqué, ahuri, je le laissai continuer « Votre Auvergne, que je connais bien pour l’avoir parcourue en tous sens, est sans doute un des pays les plus attrayants qui soient ; mais elle n’est pas hospitalière ». Pour le coup, je sursautai d’indignation et la statue de Vercingétorix elle-même, si elle eût entendu ces paroles eût louché d’inquiétante façon.

Le fumier dans les rues...
Il y a cent ans, cela aurait pu être Aubière
(Il y avait déjà l'électricité en 1910)

Mai 1909 - « Je sais, je sais, ajouta mon ami, vous êtes accueillants, très accueillants, en Auvergne. Vos villages eux-mêmes sont si coquets, si riants, perchés si gentiment, qu’ils vous invitent aussi et semblent dire : “Voyez comme nous sommes jolis, venez nous rendre visite et nous admirer de plus près”. Comment ne pas se laisser séduire ». On approche et voici que peu à peu l’enchantement disparaît, le charme fait place à la plus cruelle déception : c’est le nez qui parle ! Pas pour longtemps, car, vite on le cache dans son mouchoir. Quels effluves ! Quelle peste ! Des ordures, du fumier partout, dans les rues, autour des maisons, contre les murs, et c’est à croire que les tas de fumier font un concours de hauteur, sous les artistiques balcons en fer forgé ; çà et là de petites mares croupissantes qui lancent leurs prolongements jusque dans les maisons ; des déchets animaux et végétaux de toutes sortes, des débris de repas - et autre chose aussi, que je n’ose pas dire - comme dans la chanson.
Vous ne savez pas où poser les pieds, votre tête, elle-même n’est pas en sureté et vous vous croyez au XIIIème siècle, du temps où le bon roi Saint-Louis « se rendant à matines » reçut sur son chef, le contenu d’un orinal « qu’un escholier laissa tomber dans la rue ».
La vieille légende qui le raconte ajoute que le bon roi, au lieu de le punir, lui fit accorder la prébende de Saint-Quentin-en-Vermandois « pour ce qu’il estoit coustumier de soy lever à ceste heure pour étudier ». Mais s’il fallait accorder une prébende à tous ceux de vos compatriotes qui en font autant en plein jour, plusieurs planètes comme la Terre n’y suffiraient pas !
Enfin, pataugeant, suffocant, affolé, vous tentez de vous précipiter n’importe où pour vous abriter. Justement, voici une porte ouverte. Vous essayez d’entrer. Halte-là ! On ne passe pas ! C’est un planton de service, sous forme de tas d’immondices juste sur le seuil qui vous hurle cela... à plein nez ! Défense d’entrer ! Ce n’est pas inscrit sur la porte, même en espéranto et cependant les étrangers de toutes nations et de toutes langues, comprennent.
Et vous appelez cela de l’hospitalité ! Voyons ! Vous n’êtes pas sérieux ! Citez-moi une seule bourgade en Flandre, en Artois ou en Normandie qui vous ait produit la même impression !

Juin 1909 - Ce violent réquisitoire contre un pays que j’aime m’humilia profondément. Je me creusais la tête pour y chercher une réponse péremptoire, mais ce fut en vain. Hélas ! oui, mon ami avait raison et j’eus beau essayer de riposter en lui demandant si c’était parce que nous venions de passer en gare d’Avignon qu’il se croyait permis, lui, l’homme calme par excellence, d’emprunter l’exagération méridionale ; je fus obligé de convenir qu’il disait vrai.
En vain lui exposai-je que les conditions climatiques et géographiques n’étaient pas les mêmes, ni les conditions de travail et de culture « En effet, dit-il, les conditions sont différentes, car chez nous il pleut neuf jours sur dix, nos paysans travaillent dans les terres à moitié détrempées : ils ont plus de bestiaux que les vôtres ; nous avons en plus mines et usines qui occasionnent dans nos rues un roulage excessif ; la fumée et la poussière de charbon nous envahissent, enfin notre sol n’est pas accidenté comme le vôtre et nous n’avons pas vos jolis torrents et vos couzes pour laver nos bourgs. Ce sont donc bien nos villes et nos villages et non les vôtres qui auraient des raisons d’être malpropres et malodorants, si tant est que l’on puisse excuser la saleté ».

J’allais m’avouer vaincu. Soudain je songeai à un dernier argument, décisif celui-là, pensai-je, qui allait enfin me sauver. : « Il n’y a pas de quoi être si fier ! m’écriai-je, vous êtes riches, voilà tout. Avec de l’argent on fait de la bonne voirie. Tandis que nos communes n’ont pas d’argent, ou si peu pour la voirie ».
« Encore une erreur ! fit-il, les services publics de la voirie ne sont ni mieux ni plus mal faits chez nous que chez vous. D’ailleurs vous savez comme moi qu’en tout pays ce qui est administratif se fait mal, notamment la voirie. Seulement nous y suppléons individuellement. C’est l’initiative individuelle qui fait à peu près toute la besogne. D’abord nous évitons de salir nos rues et les déchets de chaque maison, au lieu d’être jetés devant la porte, sont placés dans un récipient spécial que possède même la plus pauvre maison de la plus humble bourgade. Chaque matin on jette ces détritus dans les charrettes ou les brouettes qui s’en vont aux champs, un coup de raclette ou de balai et chacun charge aussi la boue ou les poussières de rue qui se trouvent devant sa maison : ça dure bien deux minutes ; ça fertilise les champs. On en a tellement l’habitude qu’on le fait sans y penser. Et voilà comment les rues sont propres. C’est simple comme bonjour. Chacun y met du sien de la bonne volonté et tout le monde y gagne ».
Je restai rêveur, songeant au charme captivant et ensorceleur de nos gracieux villages d’Auvergne, si leurs habitants en faisaient autant.


Nota : Parution de ces textes dans le Bulletin paroissial d’Aubière des mois de février, mai et juin 1909.



mardi 15 mai 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 9


1790-1842

Toutes les semaines retrouvez ce document exceptionnel

Épisode 9
Mai 1791

Mai 1791
[Page 12]

Prix des denrées : vin 3 £ 15 s – 4 £ ; seigle 16 17 £

1- On a encavé le vin qui n’était pas vendu au nombre de vingt pièces. On a soutiré avant celui qui était de pressoir. On a pris pour cela sept hommes de ceux qui ont les vignes des thiers (1) ou autres qui doivent. Les journées d’encavage sont de vingt sols et nourri. On a tout encavé dans un seul jour et plus quatre pièces de petit vin dont trois ont été mises dans la grande cave et une dans la petite avec le vin.

2- On fait javeler (2) le bled du petit champ-voisin qui est extrêmement clair. L’herbe y aurait pris beaucoup de force et aurait empoisonné la terre. Il y a surtout de la riboule et de l’hièble qui repousse dans la partie bêchée.

3- On a fossoyé les fèves noires du grand champ voisin. Elles sont belles.
J’ai terminé toute difficulté avec ceux qui ont pris pour 29 ans les terres de la barre et la laborieuse. Il y avait une erreur dans le bail par rapport à la contenue.
Nous nous sommes accomodés pour les noyers qui se trouvent dans celle de la barre à tant d’huile par an.

4- On a fait sortir des cuves le mat (3) qu’on y avait mis pour les vaches. Elles en ont fort peu mangé cette année. Ce mat s’était un peu corrompu.

5- On a fait vendre, le jour de la foire, les vieux bœufs, quinze louis, et un taureau qui a passé l’hyver 135 £. Il ne coûtait à la St-Martin que 90 £.

6- On a monté à la montagne, samedi 14, la vache rouge qui était tarie avec celles de M. Derribes. Le surplus de ses vaches a été vendu, les autres retirées. Il n’y a plus dans la maison que la seule jeune vache noire qui a fait le veau depuis peu.

7- J’ai fait porter du sable dans le jardin pour les allées qui ont été égalisées. J’ai fait semer dans le fond deux carreaux entiers en fèves. J’ai fait remplacer les artichaux qui manquaient dans le grand caveau au nombre de 70 qui m’ont coûté quarante sols. On a semé des fèves dans le fossé du côté du chanvre. Les melons ont péri en partie par les bizes très fortes qu’il y a eu pendant plusieurs jours.

8- On fossoye les pommes de terre blanches du pré Rougier qui sont fort belles.

"On a commencé de donner du pain aux pauvres..."

9- On a commencé de donner du pain aux pauvres, comme l’année passée. Depuis le milieu de ce mois, on en donnera en tout dix ou douze septiers. On avait acheté du froment pour mêler avec le seigle (4).

10- On a ouvert la taverne à Clermont : le vin rouge à 10 sols, le vin gris à 12 sols.

11- On a sarclé la pamoule du champ voisin. Douze femmes ont employé chacune deux journées. La pluie survenue sur le champ lui aura fait grand bien.
Les fèves du champ voisin ont beaucoup de poux. C’est, cette année, un mal général.

12- On a fait sortir du cuvage toutes les pièces vides qui avaient tenu du vin cette année. Et après les avoir un peu laissées sécher, on les a défoncées et mis sous […].

24 mai
13- J’ai plaidé au district une affaire contre Gilbert Mazin, au sujet d’une prétendue vente de vin qu’il prétendait lui avoir été faite (5). Le jugement a ordonné la preuve des faits articulés.

14- J’ai fait faire par Mazin le charpentier la tonne du jardin qui était abattue (6).

15- On a fait botteler le foin qui était au-dessus de l’étable, et nettoyer ce grainier à foin, qui aurait grand besoin d’arranger. On a acheté une charretée de tuiles pour la grange de Noyers dont un coin s’est abattu, contenant 480 à 36 sols le cent.

16- On a bottelé le regain qui était dans la grange afin de pouvoir y placer le foin nouveau, y en ayant trop de vieux dans la fenière.

17- On a affermé les pommes du pré Rougier et de la garenne moyennant 1800 £ payables moitié en argent et moitié en assignats ? Ce sont des gens de Beaumont.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) – Thiers : lire tiers.
(2) - Javeler : Mettre les blés en javelles ; coucher sur le sol, séparées et étendues, pour les faire sécher pendant quelques jours, les poignées de céréales. Une javelle est une poignée de céréales coupées et qu’on lie ensemble par quatre ou cinq pour former la gerbe.
(3) - Mat ou mate : fourrage. Ce peut être, dans certaines régions, du vin bourru, mais je vois mal des vaches "manger" du vin, même bourru... Ce mot peut également être compris dans le sens de marc de raisin.
(4) – Distribution des pains : on notera que l’an dernier, celle-ci avait commencé en janvier pour se terminer en juillet (voir l’épisode 1) ; cette année, pas de distribution en hiver (!) puisqu’elle débute à la mi mai.
(5) – Gilbert Mazin : il s’agit du courtier en vins et, accessoirement, cabaretier ; né le 14 janvier 1753, il a épousé Marguerite Bevin, le 9 février 1779.
(6) – Mazin le charpentier : Antoine Mazin, né le 5 juillet 1758, époux de Jacquette Bourcheix, depuis le 23 janvier 1782.



Retour à l’épisode 1